Montillot, village du Vézelien aux confins du Morvan
Histoire locale et régionale, généalogie, lieux dits, faune et flore … Pour que la mémoire ne s'arrête pas et pour construire au quotidien l'histoire de demain
Montillot, de son nom ancien Monteliot, autrement dit monte liais, ou mont liais, tirerait son nom de ces roches calcaires du jurassique, dont le sous-sol ici est fait , bien que l’on soit à deux pas du massif granitique du Morvan. Autrefois ce calcaire était exploité à des fins de construction: de carrières à ciel ouvert ( par exemple au lieu dit, de nos jours, Le Crot Blanc), étaient tirées ces pierres qui ont servi entre autres, à la construction de la Basilique de Vézelay. Deux autres communes portent en Bourgogne un nom approchant, probablement pour la même raison (Montoillot, et Montliot, en Côte d’Or).
Cette étymologie est néanmoins controversée, et l’on en connaît quelques autres, citées par Mr Pernod dans sa monographie de 1908:
– l’interprétation paysanne: dérivé de par monts et par vaux, le nom signifierait « le mont et le vaux »
– l’interprétation scientifique (étude manuscrite de J. Pro à la bibliothèque municipale d’Auxerre): le nom dériverait de « Mont Hayot », littéralement le mont, et les petites haies (les haillères)
– l’interprétation noble: de la famille Bataille de Bourgogne sont issus les seigneurs du Tillot et de Mandelot. Les Tillot auraient eu des propriétés sur le mont?
– l’interprétation religieuse: au XIe siècle, on désignait les monastères par le nom « Montil ». Un cultivateur du village a autrefois trouvé, en cultivant ses champs, des chemins d’accès à un ancien couvent, dont il ne reste rien d’autre que la tradition orale.
Données géologiques
Avallon, non représentée ici, se trouve à l’extrême N-E de cette carte; la ville et ses alentours (Pontaubert, Pierre-Perthuis, Domecy-sur-cure) se trouvent dans une zone de roches métamorphiques (granites, micashistes) et de failles de direction NE-SW, dont on ne voit que la plus occidentale, et qui passe par Domecy-sur le Vault, Fontette, Foissy-les-Vézelay, . Elle est croisée par la faille « supposée » plus qu’observée, suivant la Cure (Gué-Pavé, Asquins, St-Père, Pierre-Perthuis, Dommecy-sur-Cure, Bazoches. Cette région constitue la limite nord du massif du Morvan.
Le Vézelien est en revanche composé de roches sédimentaires. On retrouve le long de la Cure la zone des alluvions anciens ou récents. Puis en remontant vers les plateaux, les calcaires oolithiques et les marnes. A Montillot et aux Bois de la Madeleine on trouve des limons des plateaux. A Montillot enfin s’étend une zone de calcaires marneux (Callovien Moyen); la carrière du « Crot-Blanc » en fait partie. En rouge, est tracé le trajet suivi par les pierres extraites de cette carrière, vers Vézelay, lors de la construction de la Basilique (il n’y a pas d’autre zone plus proche d’extraction possible de ce type de calcaire dans la région), qui suivait probablement la voie romaine, via Les Champs Gringaux et Asquins.
Montillot, village du Vézélien, n’a pas laissé de traces dans l’Histoire… Peut-on supposer que son relatif éloignement des vallées de l’Yonne et de la Cure, voies de circulation les plus proches, lui ait évité de participer directement à de grands événements?
Vézelay, vu du Côtat de Blannay, en limite de la commune, côté vallée de la Cure, qu’il domine.
Le cadastre établi sous le 1er Empire, avec le « chemin de ronde », qui fait tout le tour du village, et les « portes d’Emond » et de la « Chally », évoque les murailles qui ont dû être dressées au milieu du 16ème siècle, comme autour des autres villages de la région… Certain pense qu’un reste de ces murailles persiste, surplombant un puits, le long du chemin de ronde, côté Farges.
Il semble bien que cette muraille ait été demandée à François Premier par les habitant du village, en 1526, et accordée par Lui, comme en atteste le document récemment exhumé des archives nationales
Peu de vestiges anciens : on note seulement la base du clocher, reste d’une construction fortifiée, qui, munie d’archères, meurtrières permettant le tir à l’arc, daterait du 13ème siècle.
le clocher
détail
base du clocher et archères
Le château
où avaient été conservées les archives nous ayant permis de compléter la reconstitution généalogique et historique du village.
Les croix:
La croix de Chaly, la croix Bouché, la croix de la Dévotion, la croix du crot du Charme, la croix des Hérodat, la croix Blanche. Témoignage ancien d’une dévotion qui n’est plus. Le prêtre officiant à Montillot est celui de Chatel-Censoir.
Le paysage rural actuel ne peut pas demeurer tel qu’il est et il doit évoluer. Mais faut-il pour autant radicalement le modifier?
La haie alliée de l’agriculteur
Arbres? Haies? Boqueteaux? Certains estiment qu’ils gênent le passage des machines agricoles, qu’ils nuisent aux cultures en prélevant l’eau et les éléments fertilisants, qu’ils représentent une perte du sol cultivable.
Les recherches des ingénieurs agronomes cependant montrent qu’après arasement, il y a reprise de l’érosion, baisse du rendement laitier d’animaux exposés au vent ou privés d’ombre, diminution rapide des réserves en eau du sous-sol: les haies et petites surfaces boisées non seulement limitent la propriété individuelle, mais aussi protègent le sol, les cultures et les animaux.
En surface, les brise-vent maintiennent l’humidité du sol et favorisent les pluies en ralentissant le vent et en évaporant l’eau puisée dans les couches profondes du sol.
En profondeur, les haies retiennent l’eau en saison humide, la restituent en saison sèche. C’est une lutte efficace contre les crues, la sécheresse.
En surface, les brise-vent maintiennent l’humidité du sol et favorisent les pluies en ralentissant le vent et en évaporant l’eau puisée dans les couches profondes du sol.
En profondeur, les haies retiennent l’eau en saison humide, la restituent en saison sèche. C’est une lutte efficace contre les crues, la sécheresse.
Les haies limitent la verse des céréales et la chute des fruits dans les vergers.
Les haies protègent du vent
Pour qu’une haie soit un bon brise-vent, on doit voir le ciel à travers, elle doit être régulièrement garnie, elle doit être la plus élevée possible, sa hauteur sera proportionnelle à la longueur de la parcelle à protéger.
Un obstacle plein, mur talus ou palissade jointive, ne constitue pas un bon brise-vent. Le vent escalade l’obstacle et il se forme à l’arrière une zone tourbillonnaire très défavorable aux cultures.
Une bande boisée, perméable et large est le brise-vent le plus efficace. L’air s’engouffre presque totalement dans la bande boisée, et s’élimine progressivement par le haut des arbres, ne provoquant aucune turbulence à l’arrière.
Les haies, occupant moins de surface au sol, représentent une solution dont l’efficacité dépend de leur perméabilité. Celle-ci évite qu’une trop forte proportion de l’air escalade l’obstacle et ne crée une zone tourbillonnaire.
Les haies et l’équilibre animal
Les haies limitent les invasions de parasites. De vastes étendues de monoculture favorisent la prolifération d’espèces indésirables: campagnols ou insectes. Par contre, de telles multiplications sont très rares ou très atténuées en zone de polyculture et de bocage.
Les haies favorisent les alliés de l’agriculteur. Les arbres, boqueteaux, haies leur offrent un abri pour nicher et chasser. En bocage, les espèces d’oiseaux sont beaucoup plus nombreuses.
Les haies servent de refuge aux prédateurs des parasites des cultures, depuis les coccinelles qui déciment les pucerons, jusqu’aux chouettes qui se nourrissent de mulots.
Où replanter? dans des haies insuffisantes, des bordures de routes et de chemins, à la limite des propriétés, en bordure de rivières, canaux et fossés, en limite naturelles entre terres labourables et non labourables…
Pour qu’une haie soit efficace, il faut une hauteur minimale (à partir de 5m), une base fournie et sans trous, un maillage suffisant, une haie de 5m abritant une zone de 50 à 80m (la distance abritant deux haies parallèles de ce type peut être au maximum 50 à 80m), et une bonne orientation tenant compte des vents dominants et de la pente du terrain.
Pascal Collin, Maison Régionale de l’Environnement de Franche-Comté, Espace Naturel Comtois, 15 rue de l’Industrie 25000 Besançon
couriel : cren-fc@wanadoo.fr
Les champignons sont des organismes curieux, qui ont des éléments communs à la fois avec le règne végétal et le règne animal. Si bien qu’ils constituent un, voire plusieurs règnes, à part entière. On compte aujourd’hui plus de 120000 espèces dans le monde sans compter les lichens qui constituent un exemple parfait de symbiose (environ 25 000 espèces). Parmi tous ces champignons, seule une infime partie peut être facilement observée grâce aux carpophores qu’ils produisent. C’est cette partie, habituellement constituée d’un pied et d’un chapeau, que nous ramassons pour le plaisir de nos papilles gustatives. Cet organe permet la propagation et la survie de l’espèce. Les spores qui sont produits par la partie fertile du carpophore, qui revêt diverses formes (lamelles, plis, pores, etc.), vont germer pour donner naissance à des filaments qui vivent dans le sol ou le bois. Ces filaments constituent le mycelium. Sous l’action de certains facteurs, en particulier climatiques, ces filaments vont entrer en phase de reproduction. Après fusion des cellules constitutives de deux filaments (notés « plus » et « moins » par les scientifiques, et non pas mâles et femelles !) un nouveau mycelium verra le jour et c’est lui qui produit les carpophores que nous ramassons. Celui-ci a une durée de vie bien supérieure au précédent et la présence de certains ronds de sorcières est attestée depuis plus d’un siècle (Marasme des Oréades, Tricholome de la Saint-Georges).
Rond de sorcière, voila une expression bien mystique qui atteste de l’incompréhension et de l’émerveillement de l’homme face au « mystère » de la poussée fongique ! Les croyances les plus folles courraient sur leur origine ; on pensait par exemple que les crapauds et les grenouilles pouvaient engendrer des champignons. D’ailleurs, les Anglo-saxons qui sont presque mycophobes appellent les champignons toad-stool, c’est à dire « tabouret de crapaud ou chaise de la mort ». Et puis, champignon c’est un mot rigolo qui agrémente de nombreuses comptines pour enfants, « mironton, champignon, tabatière ». Bref, les champignons ont tout pour plaire, intérêt scientifique, culturel, économique (pas de vin, pas de pain, pas de fromage, pas d’antibiotique sans champignon) et culinaire évidement. C’est ce qui nous amène à nous lever parfois très tôt pour satisfaire notre gourmandise. Pourtant, sur les quatre mille espèces françaises, à peine une centaine est mangeable et environ vingt sont dignes d’être mangées. La plupart des ramasseurs du dimanche collectent moins d’une dizaine d’espèces (rosé des prés, girolle, trompette des morts …); il est donc facile, pour celui qui n’est pas matinal, moyennant quelques efforts intellectuels, de ramasser des espèces souvent délicieuses que le « commun des mortels » ignore.
Mais prudence, un certain nombre d’espèces sont toxiques, voire mortelles. Le respect de quelques règles simples évitera qu’une balade dominicale ne se transforme en une soirée aux urgences :
Ne jamais manger un champignon au prétexte qu’il ressemble drôlement à la photo du dictionnaire (qui mesure moins de 1 cm).Ne pas croire un certain nombre de sornettes courant sur les champignons ( la couleur plus ou moins sympathique n’est pas un critère de comestibilité, c’est pas parce que une limace ou un écureuil mange un champignon qu’il est bon, etc.) ;L’odeur n’est pas non plus un critère fiable, certaines espèces très toxiques (Tricholome tigré) ont une odeur très appétissante.Ne pas faire de récolte sur des sites pollués car les carpophores peuvent accumuler certains polluants de façon importante. Il faudra éviter par exemple les talus routiers (présence de métaux lourds).Ne pas utiliser de sacs en plastique qui favorisent les fermentations, on leur préférera un panier en osier.Ne récolter que des exemplaires sains ; il faut éviter par exemple les individus trop vieux et gorgés d’eau, même si on n’a rien ramassé !Ne récolter que des champignons entiers, certains éléments important pour la détermination peuvent être localisés dans la terre (par exemple la volve des amanites).Eviter une consommation trop importante et répétée, même avec des espèces réputées très bons comestibles (l’accumulation de particules radioactives lors de l’accident de Tchernobyl est de ce point de vue un réel problème, voir à ce sujet le document réalisé par la CRII-RAD, 471 avenue Victor Hugo, 26000 Valence).
D’autres règles relèvent simplement du respect :
De la nature (ne pas jeter de papiers gras, faire attention aux mégots de cigarettes, faire attention à la faune, en particulier au moment de la reproduction, faire attention à la flore, etc.).
Des autres ramasseurs de champignons, qu’ils soient mycophiles ou mycophages (c’est agaçant de trouver des champignons écrasés, sous prétexte que l’individu au bout des chaussures écrabouilleuses n’y connaît rien!).
De la propriété privée (divagation des chiens, respect des plantations, fermeture des parcs, etc.) ; une attention particulière devra être portée quant à la présence d’animaux potentiellement dangereux, un taureau irascible court toujours beaucoup plus vite que vous !).
Bref, si tous ces conseils ne vous ont pas dissuadé, vous voila paré pour de belles promenades mycologiques. De nombreux renseignements complémentaires pourront être obtenus par la lecture d’ouvrages spécialisés (voir quelques éléments de bibliographie plus loin) et par la fréquentation des sociétés mycologiques qui sont nombreuses en France (http://www.mycofrance.org ).
Montillot et ses environs présentent une grande richesse mycologique qui est le reflet des conditions écologiques contrastées régnant sur ce territoire. On notera en particulier d’importants massifs forestiers allant de la Chênaie pubescente à la Hêtraie à Leucobryum glauque (oui c’est un peu abscons, mais il en faut pour tous les goûts!). Seules les zones humides sont peu représentées, encore que de nombreuses petites mares très intéressantes parsèment les prairies qui ont échappé au retournement.
A noter d’ailleurs qu’une fougère très rare serait à rechercher sur le territoire de la commune puisqu’elle y était signalée autrefois : La Fougère des marais (Thelypteris palustris, protection nationale). A l’occasion allez herboriser les mares et étangs de la région et n’oubliez pas de transmettre vos informations !
L’Anthurus d’Archer (Anthurus archeri) : cette curieuse espèce est également facile à repérer par l’odeur fétide qu’elle dégage. Son fumet particulier la fera sans doute rejeter, de toute façon, sa comestibilité est inconnue. L’Anthurus nous vient d’Australie, d’abord dans les balles de laine de mouton importées, puis dans les bottes de foin qui ont accompagné les chevaux australiens lors de la première guerre mondiale. L’espèce a d’abord été vue dans les Vosges, depuis elle a conquis toute l’Europe. Période d’observation : de juillet à octobre Milieu : forêts, friches.
Cèpe des pins (Boletus pinophilus), Cèpe d’été (Boletus aestivalis) et Cèpes de Bordeaux (Boletus edulis) : ces trois belles espèces sont d’excellents comestibles, très recherchés. Les cèpes, ou bolets, sont facilement identifiables grâce à leur surface fertile constituée de pores plus ou moins gros. Ces deux espèces sont faciles à identifier avec leur pied massif, en massue, parcouru par un fin réseau et leur chapeau chamois ou brun noir. Toutefois, la distinction de certains bolets n’est pas toujours aisée. Période d’observation : de juin à octobre. Milieu : forêts.
Bolet Satan (Boletus satanas) : il fait partie des bolets à chair bleuissante, à pores rouges et à pied réticulé teinté de rouge. Le chapeau est gris blanchâtre. C’est un champignon toxique, il provoque de sévères gastro-entérites. Cette espèce est fidèle à ses stations mais elle n’apparaît qu’après de fortes chaleurs. Période d’observation : de juillet à octobre Milieu : forêts claires et lisières sur sols calcaires.
Marasme des Oréades (Marasmius oreades) : c’est un excellent champignon malgré sa petite taille, qui se sèche très facilement. Dans les pâturages faiblement amendés il forme souvent des ronds de sorcière. Un des critères de reconnaissance est son pied qui peut se tordre sans se rompre. L’espèce à disparu de nombreux prés du fait de l’usage d’engrais chimiques. Période d’observation : de mai à octobre Milieu : pâturages.
Lépiste à odeur d’iris (Lepista irina) : comme son nom l’indique, ce Lépiste se distingue par une odeur complexe de fleur d’orangé et d’iris qui n’est pas toujours perceptible par temps frais (attendre alors que le champignon se réchauffe). Le chapeau et les lamelles sont de la même couleur, c’est à dire d’un beau beige clair un peu translucide. A noter le bord du chapeau souvent enroulé, surtout à l’état jeune. Il forme parfois des ronds de sorcière spectaculaires. C’est un bon comestible à condition de bien le faire blanchir, certaines personnes pouvant mal le digérer. Période d’observation : de septembre à mi-novembre Milieu : pâtures, forêts de résineux, lisières, friches.
Rosé des prés (Agaricus bisporus): il se reconnaît de loin dans les pâturages lors des premières pluies succédant aux chaleurs de l’été. Il est invisible lorsque l’été a été pluvieux. C’est un champignon facilement reconnaissable avec son chapeau blanc, ses lamelles roses (noircissants avec l’âge) et son pied blanc pourvu d’un anneau. Son odeur est particulière, rappelant le pain sortant du four. C’est un excellent comestible et il vaut largement le champignon cultivé. Période d’observation : de la mi-août à la fin septembre Milieu : pâtures.
Agaric anisé des Bois (Agaricus sylvicola) : c’est le rosé des bois, son chapeau blanc jaunit au frottement et il exhale une douce odeur d’anis. Les lamelles sont toutefois beaucoup plus pâles que celles des autres agarics. Elles deviennent pourpres en vieillissant. Deux autres espèces sont très voisines : l’agaric bulbeux et l’agaric des forêts. Ce sont de bonnes espèces, à ne pas confondre avec l’agaric jaunissant qui est fortement indigeste. Un jaunissement plus intense et une odeur d’iode assez marquée (surtout à la cuisson) permettent de distinguer cette dernière. Période d’observation : de août à octobre Milieu : forêts de feuillus et de résineux.
Morille blonde (Morchella rotunda) : dans la série des grands classiques la, ou plutôt, les morilles tiennent une place de premier choix. Toutefois sa recherche n’est pas aisée car elle apparaît aussi soudainement qu’elle disparaît. C’est un champignon qui affectionne, dans la région de Montillot, les coupes de pin de deux ans. Il disparaît ensuite après quelques années, une fois que la végétation naturelle reprend le dessus. Les morilles sont d’autant plus abondantes que le sol à été remué et les pins écorcés lors du débardage. L’espèce ne se confond avec aucune autre, si ce n’est d’autres morilles. Quelques espèces sont toutefois assez régulières sous certains arbres avec lesquelles elles forment des mycorhizes (le Frêne en particulier). Période d’observation : avril, mai Milieu : bosquets de frênes et d’ormes, coupes de pins, talus, chemins …
Girolle (Cantharellus cibarius) : c’est sans aucun doute le champignon le plus récolté dans la région et il est pour moi associé aux flonflons du quatorze juillet. Ce sont également des souvenirs de casse-croûte matinaux pris au pied d’un hêtre gigantesque quelque part entre Asnières-sous-Bois et Chatel-Censoir. Souvent, ces libations matinales attiraient plus de monde que la recherche des girolles proprement dites. Sa couleur jaune, sa surface fertile constituée de plis et non de lamelles ainsi que son odeur rappelant l’abricot font de la girolle un champignon facile à reconnaître. Encore que des confusions sont toujours possibles avec des individus atypiques. Si le nom de girolle est bien connu en Bourgogne et dans le bassin parisien, ailleurs on utilise plutôt le nom de chanterelle. D’où l’utilité des noms scientifiques qui eux ne changent pas d’une région à l’autre, du moins en principe…..A noter également que la girolle est victime de son succès et elle fait l’objet de véritables razzias. Deux solutions s’offrent alors au mycophage : se lever très tôt et parcourir des dizaines d’hectares ou apprendre à reconnaître de nouvelles espèces. Outre le fait que l’on pourra désormais se lever plus tard, on aura la satisfaction de découvrir de nouveaux goûts et on passera alors petit à petit du statut de mycophage à celui de mycophile. Période d’observation : de mi-juin à septembre Milieu : forêts de feuillus et de résineux.
Amanite tue-mouche (Amanita muscaria) : toute description paraît inutile avec ce champignon tant il a été utilisé par les illustrateurs de contes pour enfants ou les réalisateurs de dessins animés. Ceci n’est pas sans conséquence, j’ai longtemps cru enfant que ce champignon était comestible…..C’est bien évidemment une espèce toxique qui entraîne transpirations, diarrhées, vomissements et hallucinations (d’où son utilisation par les chamans en Sibérie). Les symptômes apparaissent trente minutes à deux heures après ingestion. Cette espèce pousse exclusivement à proximité des bouleaux et des épicéas avec lesquels elle forme des mycorhizes. Période d’observation : de mi-juin à septembre Milieu : forêts contenant des bouleaux et des épicéas.
Amanite panthère (Amanita pantherina) : c’est un peu le négatif de l’Amanite tue-mouches avec son chapeau brun foncé et ses écailles d’un blanc pur. C’est un champignon très toxique entraînant des troubles digestifs sévères, une hypersudation et une phase d’excitation. Ce champignon est néanmoins facilement reconnaissable et les risques de confusion sont faibles. Période d’observation : d’août à octobre Milieu : forêts de résineux et parfois sous feuillus.
Coprin chevelu (Coprinus comatus) : c’est un champignon bien caractéristique avec sa forme cylindrique, blanche, couverte de mèches, son pied creux et ses lamelles qui se liquéfient en vieillissant (autrefois utilisé comme encre). Cette espèce souvent méconnue est un excellent comestible, à condition d’être récoltée jeune. On le trouve ça et là ; il forme parfois des ronds importants dans endroits fumés et plus ou moins remués. Période d’observation : de mi-juin à octobre Milieu : pâtures, talus, cours…
Satyre puant (Phallus impudicus) : bizarre, extravagant, improbable, répugnant, voici après un bref sondage quelques adjectifs caractérisant ce champignon. Inutile de le décrire, il est facilement reconnaissable par sa forme et son odeur si particulière de cadavre. Ainsi attirées, les mouches viendront de très loin pour dévorer la substance verte portée par le pied qui contient les spores ; elles assureront ainsi la dissémination de l’espèce. Le Satyre puant est parfois donné comme comestible à l’état jeune… Période d’observation : de juin à octobre Milieu : forêts de feuillus.
Amanite impériale (Amanita inaurata) : c’est l’une des plus grande espèce de ce genre et elle fait partie des amanites sans anneau (groupe des Amanitopsis). Elle n’est pas très commune. L’espèce est comestible à condition d’être bien cuite. Période d’observation : de juin à octobre. Milieu : forêts contenant du hêtre.
Quelques ouvrages utiles :
Becker G. & Sabatier R. 1986. Le gratin des champignons, Glénat.
Becker G. 1974. La mycologie et ses corollaires, Maloine.
Heim R. 1963. Champignons toxiques et hallucinogènes, N. Boubée et Cie.
Bon M. 1988. Champignons d’Europe occidentale.
Phillips R. 1981. Les champignons, Solar.
André M. & Moingeon J.M. 2002. Les champignons de la montagne jurassienne, Néo éditions.
Quelques sociétés mycologiques :
Société mycologique de la Côte-d’Or, Faculté des Sciences, Boulevard Gabriel, 21000 Dijon.
Société mycologique Auxerroise, M. Mathez, 5 rue Marcellin Berthelot, 89000 Auxerre
Société mycologique de France, 18 rue de l’Ermitage, 75020 Paris.
L’article ci-dessous a été publié en tant que compte rendu de sortie dans le Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle du Doubs (référence bibliographique : P. Collin. 1998. Les pelouses à Orchidées de la région de Vézelay (Yonne). Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle du Doubs. 86 : 13-17).
P. Collin était à l’époque Attaché d’enseignement et de recherche au Laboratoire de Sciences Végétales de l’Université de Franche-Comté. Il est aujourd’hui directeur du Conservatoire Régional d’ Espace Naturel de Franche-Comté qui a pour mission de gérer les milieux naturels les plus remarquables de Franche-Comté.
Cet article fait suite à une sortie organisée par la S.H. N. D. au mois de mai 1992. Les endroits visités étaient situés dans la vallée de la Cure et à proximité de Vézelay où l’on peut observer quelques formations végétales de type mésoxérophile à xérophile sur les versant ensoleillés de la vallée et des collines environnantes. Ces milieux recèlent de nombreuses espèces peu communes et en particulier des Orchidées.
Géographie et géologie
Les deux pelouses sont situées sur les plateaux de basse Bourgogne : l’une dans la vallée de la Cure avec une orientation sud-est sur la commune de Montillot ; l’autre d’orientation sud-ouest à proximité de Vézelay .
Dans chaque cas l’altitude est peu élevée et de l’ordre de 200 à 300 m. La pente de ces deux stations est forte, de 30 à 40 %, surtout à Montillot. La région est bordée au sud par le morvan granitique. A l’ouest et au nord-ouest l’auréole infracrétacée de la Puisaye délimite le plateau calcaire de basse bourgogne. A l’est et au nord-est s’étend la cuesta oxfordienne et la montagne chatillonnaise. La roche mère des deux stations étudiées est constituée par un calcaire appartenant au Bathonien inférieur.
Aperçu climatique
La vallée de la Cure est caractérisée, à cet endroit, par de faibles précipitations qui sont de l’ordre de 600 à 700 mm par an et par une température moyenne annuelle de 10°C. La zone peut être qualifiée de thermophile et les sécheresses estivales sont fréquentes (Royer, 1972a). Les données concernant le climat de la station de Vézelay ne sont pas accessibles par l’analyse de la bibliographie.
Pédologie (nota: étude des sols)
Les sols observés sur la station de Montillot et, dans une moindre mesure à Vézelay, rendent compte de la nature carbonatée de la roche mère et de leur position topographique. Schématiquement, deux types de sol sont distingués : les rendzines et les sols bruns calcaires. Les sols situés en position sommitale ou la roche affleure sont peu épais car une partie des éléments fins est entraînée en contrebas. Les sols des sommets sont donc rajeunis en permanence, ceci a pour conséquence une faible épaisseur et une grande richesse en carbonate. D’une manière générale, la distribution des rendzines reste liée aux affleurements de roches calcaires tendres. Les potentialités de ce type de sol sont conditionnées par l’alimentation en eau. Dans les cas les plus favorables une forêt thermophile peu s’établir.
Lorsque l’épaisseur du sol augmente on observe une décarbonatation de l’horizon de surface et il en résulte un sol plus évolué de type brun calcaire. A Vézelay, en bas de pente, la présence d’un calcaire plus ou moins marneux induit des modifications de la végétation avec l’apparition par exemple de Blackstonia perfoliata et Listera ovata (Poinsot, 1972) qui sont des espèces classiques des sols marneux.
Végétation
D’après Royer (1972a), la flore de la Bourgogne appartient au domaine médioeuropéen. Toutefois des nuances sont observées suivant les districts étudiés. Celui de Basse-Bourgogne dans lequel se trouve les deux pelouses est caractérisé par un appauvrissement relatif en espèces médioeuropéennes, par la disparition des espèces submontagnardes (Aconitum pyramidale, Ribes alpinum, Carex montanaetc…)
L’inule de Montagne est l’une des deux espèces des pelouses de Montillot qui soit protégée en Bourgogne. Cette plante de la famille des marguerites est ici en limite Nord de son aire de répartition.
On y trouve une grande richesse en plantes subméditerranéennes (Inula hirta, Inula montana (ci-contre), Hyssopus officinalis, Artemisia camphorata etc.). Il faut noter également l’apparition de quelques espèces subatlantiques comme Festuca gallica et Polystichum setiferum (Royer, 1972a).
Ces deux pelouses sont remarquables par la diversité des espèces qui s’y développent. Les orchidées sont très présentes dans chacune des stations étudiées avec dix neuf espèces à Vézelay et seize à Montillot (tableau1). Ces plantes exercent un attrait important sur le naturaliste et elles constituent un élément essentiel des pelouses sèches. Une forêt composée presque exclusivement de Chêne pubescent, de Cornouiller mâle et d’Alisier blanc constitue le milieu naturel qui est en contact avec les pelouses.
orchis mâle habituellement assez vivement coloré de carmin, ici dans sa forme albinos qui existe aussi chez les fleurs.
L’orchis militaire doit son nom aux pièces du calice et de la corolle qui forme un casque au dessus du label qui a la forme d’un petit bonhomme.
Dans ces deux stations l’Orchidée dominante est l’Orchis homme pendu suivie de près par l’Orchis mâle, l’Orchis pourpre et l’Orchis militaire.
Les Ophrys sont moins nombreux mais la plupart des espèces sont présentes : on peut observer l’Ophrys araignée, l’Ophrys bourdon, l’Ophrys abeille et l’Ophrys mouche. L’Ophrys bécasse serait à rechercher puisqu’un individu en très mauvais état à été observé en 1990.
Toutes ces espèces préfèrent le plein soleil, tandis que d’autres semblent chercher l’ombre ou du moins la fraîcheur tels le Céphalanthère rouge et l’Orchis à deux feuilles que l’on trouve en bordure de la forêt où l’ombre est la plus importante.
A la fin du mois de mai et au début du mois de juin la pelouse de Montillot est envahis par l’Orchis moustique, c’est la dernière Orchidée à fleurir car le Spiranthe d’automne n’y a jamais été observé.
L’ophris abeille est une magnifique orchidée présente dans de nombreuses pelouses bourguignonnes. Elle est protégée dans de nombreuses régions dont la Franche-Comté.
L’Ophris araignée est un des plus communs des pelouses bourguignonnes.
Parmi les Orchidées plus rares, on notera en particulier l’Orchis singe et le Limodore à feuilles avortées. Ce dernier n’est pas une rareté mais il est très irrégulier dans ses apparitions (Landwehr, 1983). Comme il possède très peu de chlorophylle, il est très dépendant du champignon symbiotique avec lequel il se développe, ce qui explique en partie son irrégularité. Le limodore à feuille avortée est une curieuse orchidée plutôt forestière. L’espèce est protégée en Bourgogne.
Le nom « Orchis brulé fait allusion au fait que le sommet de l’inflorescence semble brulé.
L’Orchis singe s’hybride avec l’Orchis militaire, ce qui cause parfois quelque embarras pour la détermination de l’espèce. Le sens de progression de la floraison est un critère de reconnaissance utile : chez l’Orchis singe elle se fait du haut vers le bas (Landwehr, 1983).
Pour en terminer avec les orchidées, des individus albinos de l’Orchis mâle, de l’Orchis brûlé et de l’Orchis pyramidal ont été observés sur les deux pelouses.
Parmi les autres plantes, à coté des espèces banales comme le Genévrier, la Germandrée petit-chêne, le Cornouiller mâle et le Brome dressé, on notera la Garance des teinturiers, la Phalangère à fleur de lys, le Géranium sanguin, l’Anémone pulsatille et l’Hélianthème des Appenins. Certaines plantes comme le Muscari à toupet et l’Ail à tête ronde nous rappellent l’origine viticole de ces terrains. A Montillot, quelques pieds de vigne sont encore visibles. Toutes ces plantes, bien que relativement communes contribuent à caractériser ce remarquable milieu qui mérite une protection et un suivi scientifique. D’autres plantes méritent une mention particulière : il s’agit des espèces à affinité méditerranéennes telles que l’Inule de montagne et l’Orobanche de la germandrée. La station d’Inule de montagne située sur la commune de Montillot semble nouvelle puisqu’elle n’a pas été citée par J. M. Royer (1971 ; 1972 a et b). D’autres espèces à affinité méditerranéenne ont été observées en Basse Bourgogne à proximité du site de Montillot (Royer, 1970) : il s’agit par exemple, du liseron cantabrique (Convolvulus cantabricus) et de la Renoncule graminée (Ranunculus gramineus).
L’anémone pulsatile est sans doute la première fleur à s’épanouir sur les pelouses dès le mois de Mars. Ses pétales donnent une teinte bleue et servaient pour la coloration des oeufs de Pâques.
L’hélianthème des Apennins bien que commun en Bourgogne est rare dans le Nord et l’Est de la France. Elle est protégée en Franche-Comté.
La présence du Muscari commun traduit la présence ancienne du vignoble sur ces pelouses.
Faune
En ce qui concerne l’avifaune, on note la présence de l’Engoulevent d’Europe, du Hibou petit duc et du Circaète jean-le-blanc qui est ici à la limite nord de son aire de répartition.
Parmi les reptiles le Lézard vert est très abondant à Montillot mais n’a pas été vu à Vézelay.
Lézard vert: espèce typique des pelouses buissonneuses. Ce reptile est protégé en France.
L’Ascalaphe est sans doute l’insecte le plus caractéristique et le plus spectaculaire de ce milieu avec le Grand machaon et la Mante religieuse.
Les Orthoptères et les hyménoptères sont également très nombreux, surtout en fin d’été.
Une étude exhaustive de la faune serait bien évidement souhaitable.
L’ascalphe est un des insectes les plus typiques des pelouses. Ce n’est pas un papillon.
Menaces
Plusieurs carrières ont été ouvertes à proximité de la station de Montillot dans lesquelles on extrait un matériaux calcaire très fragmenté. L’éventuelle extension de ces carrières serait préoccupante pour la pérennité de la station.
Ces deux milieux correspondent à d’anciennes vignes d’où la présence de quelques ceps dans ces stations. L’action de l’homme a donc marqué le paysage à une époque récente et a ainsi favorisé l’installation de nombreuses espèces. Les orchidées seraient sans doute très rares dans ces milieux si l’homme n’était pas intervenu sur ces sites. De ce fait ces stations sont fragiles et le retour à l’état de forêt ou de fruticée semble inévitable. En particulier la plantation du Pin noir suite à l’arrachage des vignes est une réelle menace pour le milieu car cette espèce colonise rapidement le terrain et y étouffe la végétation. D’un point de vue sylvicole, lorsque le sol s’y prête, les bouquets de sorbiers domestiques sont préférables aux plantations de pins.
La pratique « sauvage » du motocross a été observée sur les deux sites avec à chaque fois des conséquences désastreuses sur la végétation. La surveillance régulière, plusieurs fois par an, des deux pelouses est donc nécessaire.
La disparition des haies enfin provoque un remaniement profond de la flore et de la faune, tel le Gazé (ci-dessus), encore assez commun dans les pelouses mais en déclin partout ailleurs.
Liste alphabétique des espèces présentes sur les deux sites.
La présence sur la pelouse de Vézelay est notée par V tandis que les espèces de Montillot sont notées M. L’inventaire est loin d’être complet et il est par exemple tout a fait possible que des espèces notées M se trouvent en V et inversement, en outre de nombreuses découvertes sont possibles.
Nom français
nom latin
lieu
Acéras homme pendu
Aceras anthropophorum
MV
Alisier blanc
Sorbus aria
MV
Anémone pulsatille
Pulsatilla vulgaris
MV
Anthyllide vulnéraire
Anthyllis vulneraria
M
Arabette des collines
Arabis collina
M
Asperule à l’esquinancie
Asperula cynanchica
V
Avoine élévée
Arrhenatherum elatius
M
Bardanette
Lappula squarrosa
M
Brize intermédiaire
Briza media
MV
Brome érigé
Bromus erectus
MV
Brome mou
Bromus mollis
MV
Céphalantère blanche
Cephalanthera damasonium
MV
Céphalantère rouge
Cephalanthera rubra
MV
Cerisier de Sainte Lucie
Prunus mahaleb
M
Chêne pubescent
Quercus pubescens
MV
Chlora perfolié
Blackstonia perfoliata
V
Compagnon blanc
Melandrium album
M
Cornouiller mâle
Cornus mas
M
Cornouiller sanguin
Cornus sanguinea
MV
Dompte venin
Vincetoxicum hirundinaria
MV
Eperviére piloselle
Hieracium pilosella
MV
Fétuque sp
Festuca sp
M
Fumana couché
Fumana procumbens
MV
Gaillet mou
Galium mollugo
M
Garance des teinturiers
Rubia tinctorum
MV
Genêt des teinturiers
Genista tinctorum
V
Genêt sagitté
Chamaespartium sagittale
M
Genêt poilu
Genista pilosa
M
Genévrier commun
Juniperus communis
MV
Géranium sanguin
Geranium sanguineum
M
Germandrée des montagnes
Teucrium montanum
V
Germandrée petit chêne
Teucrium chamaedrys
MV
Gesse à large feuille
Lathyrus latifolius
M
Gesse aphylle
Lathyrus aphaca
M
Globulaire vulgaire
Globularia punctata
MV
Hélianthème des Apennins
Helianthemum appeninum
M
Hélianthème des chiens
Helianthemum caninum
MV
Hélianthème jaune
Helianthemum nummularium
MV
Hellébore fétide
Helleborus foetidus
MV
Hippocrépis à toupet
Hippocrepis comosa
MV
Inule des montagnes
Inula montana
M
Knautie des champs
Knautia arvensis
MV
Laîche de haller
Carex hallerana
MV
Laser à feuille large
Laserpitium latifolium
M
Limodore à feuilles avortées
Limodorum abortivum
MV
Lin à feuilles menues
Linum tenuifolium
MV
Lin purgatif
Linum catharticum
M
Listère à feuilles ovales
Listera ovata
V
Lotier corniculé
Lotus corniculatus
MV
Muscari à toupet
Muscari comosum
MV
Myosotis des champs
Myosotis arvensis
M
Ophrys abeille
Ophrys apifera
MV
Ophrys araignée
Ophrys sphegodes ssp. sphegodes
MV
Ophrys frelon
Ophrys fuciflora
MV
Ophrys litigieux
Ophrys sphegodes ssp. litigiosa
MV
Ophrys mouche
Ophrys muscifera
MV
Orchis à deux feuilles
Platanthera bifolia
MV
Orchis bouc
Himantoglossum hircinum
MV
Orchis bouffon
Orchis morio
MV
Orchis brûlé
Orchis ustulata
V
Orchis mâle
Orchis mascula
MV
Orchis militaire
Orchis militaris
MV
Orchis moucheron
Gymnadenia conopsea
MV
Orchis pourpre
Orchis purpurea
MV
Orchis pyramidal
Anacamptis pyramidalis
MV
Orchis singe
Orchis simia
M
Orobanche de la gérmandrée
Orobanche teucrium
M
Orobanche giroflée
Orobanche caryophyllacea
M
Orpin blanc
Sedum album
MV
Panicaut champêtre
Eryngium campestre
MV
Petite coronille
Coronilla minima
V
Petite pimprenelle
Sanguisorba minor
M
Phalangère à fleur de lys
Anthericum liliago
M
Pin noir
Pinus nigra
MV
Poirier sauvage
Pyrus communis
M
Polygala commun
Polygala vulgaris
MV
Potentille rampante
Potentilla reptens
M
Réséda jaune
Reseda lutea
MV
Sarriette des champs
Acinos arvensis
V
Sauge des prés
Salvia pratensis
M
Sceau de Salomon multiflore
Polygonatum multiflorum
MV
Sceau de Salomon odorant
Polygonatum odoratum
MV
Serpolet à feuilles étroites
Thymus serpyllum
MV
Silene enflé
Silene vulgaris
M
Troène
Ligustrum vulgare
MV
Viorne mancienne
Viburnum lantana
MV
Bibliographie:
Landdwehr J. 1983. Les orchidées sauvages de France et d’europe. Tome 1. Lausanne. 287 p.
Landdwehr J. 1983. Les orchidées sauvages de France et d’europe. Tome 2. Lausanne. 585 p.
Poinsot H. 1972. Flore de Bourgogne. Dijon, 401 p.
Royer J. M. 1971. Reconnaissance phytosociologique en basse-Bourgogne : I. La vallée de la Cure de Givry à Arcy (Yonne). L’Eduen. 57. 28-32.
Royer J. M. 1972a. Essai de synthèse sur les groupements végétaux de pelouses, éboulis et rochers de Bourgogne et Champagne méridionale. Extrait du fascicule 13. An. Sci. Univ. Besançon. série 3. 316p.
Royer J. M. 1972b. Reconnaissance phytosociologique en basse-Bourgogne : II. A propos des inules de la vallée de la cure. L’Eduen. 62. 19-21.
« Les noms font rêver. Tous les noms : les noms dits communs et les noms dits propres, les noms de choses et les noms de personnes comme les noms de lieux. D’où vient ce nom ? D’où viennent le nom que je porte, et celui du village qui m’accueille, de ce lieu-dit où je passe ? Pourquoi a-t-on nommé ainsi cet objet, ce sentiment, ce lieu ? D’épais traités, ou des livres plus légers, sont consacrés à l’étymologie, science des sens, des origines, des racines. L’étymon est un mot d’origine grecque qui a pour sens : ce qui est, et sous-entend : ce qui est vrai parce qu’il est. On dit aussi : authentique, grec autos (soi-même) et hentes, étant, ce qui est par lui-même.
Les noms de lieux sont comme des projections des sociétés humaines. Celles-ci ont nommé les lieux selon leurs besoins, leurs représentations et leurs croyances, leur culture et leur mode de vie.
La tentation est d’inventer des interprétations, d’imaginer des légendes, qui ensuite se colportent en s’enjolivant. Ces étymologies populaires existent depuis très longtemps. Des scribes médiévaux y ont participé en réinterprétant des noms dont ils ne comprenaient pas le sens, mais auxquels ils voulaient un sens. De nos jours, tout un chacun peut écrire à son gré et le diffuser sur « la toile », jusqu’à la débauche. Ce qui, bien entendu, n’a rien à voir avec le sens originel d’étymologie : ce n’est plus l’être – vrai, c’est l’être imaginé, la fantaisie de chacun, voire le fantasme. » [1]
Si les études du bâti et du patrimoine naturel, faune et flore, relèvent de sciences exactes, il n’en est pas de même pour la toponymie ; science faite d’hypothèses plus que de certitudes, de reconstitutions souvent hasardeuses, cherchant des appuis non en elle-même (l’évolution linguistique est trop soumise à la phonétique de patois qui font varier les prononciations d’un même terme d’un village à l’autre), mais dans l’histoire, la géographie, la géologie. Un toponyme révèle un paysage disparu, parfois sans rapport avec les cultures actuelles, qui peut avoir connu en dix siècles trois ou quatre états du paysage agricole au gré des cultures dominantes.
Ajoutons que les arpenteurs et géomètres, scientifiques férus de géométrie plus qu’historiens ou linguistes, en dépit de leur dévouement à aller nicher des bornes dans les climats les plus reculés, ont largement contribué à déformer et rendre méconnaissable bien des toponymes parmi ceux qu’ils n’ont pas délibérément rayé des cartes. Prenons pour exemple la croix de Montjoie[2], en limite de Tharoiseau et de Saint-Père, que les arpenteurs de la fin du XVIIIe siècle s’obstinent à dénommer Croix Mangeoire, en parfaite méconnaissance de son origine, de l’esprit du pèlerinage compostellan et magdalénien, et cherchant sans doute à rapporter une information orale mal saisie à un terme rural.
Pour clore cette introduction, écoutons ce qu’en dit le Professeur Gérard TAVERDET[3], de l’université de Dijon : « Il faut admettre dès le départ qu’une telle étude a des limites : les noms de lieux ne forment pas un système cohérent dont les parties évidentes pourraient éclairer les parties obscures… Parfois on est réduit à de simples hypothèses qui sont loin de faire l’unanimité des spécialistes. On est tributaire de formes anciennes qui, parfois, sont bien connues, qui, le plus souvent, sont absentes, mal connues ou même contradictoires ».
Voyons, à Montillot, comment les recherches de Gilbert DUCROS † contribuent à enrichir ces bases de données toponymiques[4]. Les verbes souvent employés au conditionnel, rappellent l’incertitude des hypothèses avancées.
Les origines toponymiques de Montillot et de ses hameaux
MONTILLOT :
Une bulle du Pape Alexandre III datée de 1169, sous le règne du roi de France Louis VII le Jeune, fait mention du plus ancien nom connu de Montillot ; il s’agit de « Montirucht ». En vieux français, le rucht est une carrière de pierres. Rucheter ou Rocheter, c’est extraire de la pierre. A cette époque où l’on reconstruit le monastère de Vézelay et le chœur de la Basilique, il fallait trouver de la bonne pierre et le site carrier de Montillot était propice à cette extraction. C’est par la suite qu’apparaîtra le nom de « Montillot » qui fait plus précisément allusion à la nature géologique de la roche extraite.
Les actes notariés des siècles passés écrivent « Montéliot », toponyme dont nous avons deux exemples dans le département de la Côte-d’Or : Montliot près de Chatillon-sur-seine, et Montoillot non loin de Sombernon.
« Montillot » est formé de deux éléments : « Mont » : colline, hauteur ; et « liot » : ce mot d’origine gauloise désigne une pierre blanche de construction, de nature calcaire et marbrière, d’époque secondaire (130 millions d’années), à laquelle les carriers anglais, à la fin du XVIIIe siècle, ont donné le nom de Lias (« layer »). La carte géologique nous montre qu’il existe en effet à Montillot un affleurement de ces calcaires, contrairement à la région environnante. C’est ainsi que des carrières furent ouvertes dès le moyen-âge autour de Montillot.
LE VAUDONJON :
L’orthographe « Vaux-Donjon » ou « Vau-Donjon » est apparue dans les actes notariés depuis plus d’un siècle, et figure aussi dans la carte de Cassini, un peu plus ancienne. Il n’y a pourtant jamais eu de Donjon connu à proximité ! Il se peut que se soit une déformation de l’écriture ancienne. Ce nom proviendrait du Germanique « Waidanjan », infinitif substantivé signifiant « exploitation de prairies » (allemand weide, le pâturage).
Le hameau a été fondé lors des grandes invasions germaniques du Ve siècle et le cimetière voisin, au lieu-dit « les cercueils », fouillé au début du XXe siècle par l’abbé Parat, a livré des centaines de sarcophages mérovingiens.
Le Vaudonjon souffrit beaucoup de la guerre de Cent ans. On rapporte que presque toute la population fût massacrée et que, pour repeupler le village, les moines de Vézelay firent venir des paysans du Val d’Aillant, près d’Auxerre.
Le hameau dépendit jusqu’à la révolution de la paroisse d’Asquins et de la justice de Montillot. En Juin 1792, par pétition, il fût rattaché à la toute nouvelle commune de Montillot. Ce rattachement ne fût pas du goût de tous les Vaudojonnais dont beaucoup se sentaient socialement plus proches des vignerons d’Asquins que des cultivateurs des terres argileuses de Montillot. Asquins se vengea de cette défection en refusant le 5 Mars 1910 la pétition des habitants tendant à faire entretenir le chemin. Rares furent pendant longtemps les mariages entre garçons et filles du bourg et de son hameau
LES HERODATS :
Le nom de ce hameau provient de l’évolution de « hébergeages », généralement employé au pluriel. L’évolution philologique du mot conduisit aux formes « hébeurgeats » puis « héreugeats », du germanique « hari » (armée) et bergeon (protéger). Ce mot a désigné initialement un campement militaire. Sa racine est la même que le verbe « héberger » et que le nom « auberge ». Puis il a désigné un ensemble de bâtiments agricoles. La valeur sémantique du terme a échappé aux copistes modernes qui ont cru bon de l’assimiler à « hérodats » nom ancien des hirondelles.
LA BERTELLERIE :
Ce hameau voisin des bois de la madeleine porte le patronyme de Claude Bertholet, né en 1748 en Savoie, alors province du royaume de Piémont-Sardaigne. Médecin, il se réfugie en France où il demande sa naturalisation. Il s’intéresse aussi à la chimie, est élu à l’Académie des sciences, et devient collaborateur de Lavoisier. En 1784 il est nommé directeur des teintures de la manufacture des tapisseries des Gobelins à Paris. Il participe à l’invention de l’eau de Javel, qui connut tout de suite un grand succès.
Les Bertholleries, apparues un peu partout en France à la fin du Premier Empire, blanchissaient les toiles écrues produites par les ateliers villageois. C’est le souvenir d’une blanchisserie fondée en ce lieu que commémorerait le nom du hameau
TAMERON :
Du latin « taxonaria » le « gîte du blaireau » qui a donné le nom tanière en français. La terminaison « ron » induit une valeur péjorative avec le sens de pauvres maisons en un lieu isolé.
BAUDELAINE :
Ce nom gracieux est la corruption du patois poyaudin « baudetaine » qui désigne une masure.
Mais le sens n’en est pas toujours péjoratif car dans la région de Tannerre-en-Puisaye une simple maisonnette est appelée bobitaine. L’origine de ce mot est inconnue.
MAROT :
Ce nom de lieu est assez fréquent en Bourgogne… mais avec des orthographes différentes.
Citons l’exemple du hameau de Marault, près d’Avallon. Son origine serait francique : « marisk » devenu « maraticum » en latin ecclésiastique, et « marais » en français moderne.
Le nom du hameau est donc associé à la présence du petit étang alimenté par un ruisseau.
LE GUE PAVE :
C’est l’extrême limite de la commune, son seul accès à la Cure. Les hommes ont toujours éprouvé des difficultés pour traverser les cours d’eau. Comme la construction des ponts est onéreuse, on lui préféra longtemps le passage à gué. A un endroit où la rivière est large et peu profonde, on établissait dans son lit un dallage, un « pavé », qu’utilisait le voyageur, le cavalier, l’attelage. C’est ainsi qu’on a aménagé au gué pavé un passage qui permettait d’aller presque en ligne droite de Montillot à Avallon en passant par Domecy-sur-le-Vault. A noter que le pont de Blannay n’a été réalisé que sous le second empire, et qu’auparavant on guéait au confluent de la Cure et du Cousin. Pour la petite histoire, rappelons que la diligence qui reliait la gare de Sermizelles à Vézelay a été en service jusqu’au lendemain de la première guerre mondiale, et que la dernière diligence a sombré dans la Cure, corps et biens, au tournant de la Vernée, un jour d’hiver où le postillon n’avait plus la maîtrise de son équipage.
MALFONTAINE :
Hameau aujourd’hui disparu, entre Fontenille et Bouteau, son nom indique une source. La source de Malfontaine se trouve aujourd’hui au croisement de trois routes, l’une allant vers l’ancien moulin de Marot et vers le village d’Asnières, les deux autres vers Brosse et Montillot. Personne n’habite plus à proximité depuis au moins un siècle, et on a peine à croire qu’il y eut là une agglomération, dont il est question dans des actes notariés datant de 1650. Il ne subsiste, dans le triangle de la jonction des trois routes, qu’un édicule marquant la captation de cette source, qui alimentait en partie la commune de Montillot depuis 1950. Et pourtant les actes notariés et les registres paroissiaux confirment que ce coin était habité sous Louis XIV, et qu’il y avait aussi quelques maisons un peu plus loin, de l’autre côté du « ru de Brosses », après un petit pont, au lieu-dit le gué de Combre.
Etude des Lieux-dits parcellaires de la commune
Certaines appellations, à connotation géographique, font florès dans la région. Il s’agit d’ « oronymes », noms attribués à des accidents de relief.
LA COME : Tenue par Lusigny (1964) comme issue de combe, le mot affecte les orthographes come, comme, caume, et localement coume, prononciation qui rejoint curieusement celle du Lot, mais aussi le mosellan coume que Vial (1983) veut faire dériver de l’allemand « kumme », écuelle, donc creux, donc vallée. Mais c’est un probable latin « cumba » (Campagnac, 1991) qui en serait plutôt à l’origine ; le proche Morvan a ses « commes ». Toutefois le mot se distingue chez nous de « combe » en ce qu’il s’est spécialisé pour désigner le versant ensoleillé d’un vallon, une pente assez rapide, une côtière en somme plus qu’un creux, dévolu souvent aux friches.
Montillot a ainsi ses Come chemeneu, Come au roi, Come botillon
Nos comes sont finalement des variantes de » « CÔTATS » ou « COUTATS » (JOSSIER 1882) dont nous gardons le coutat de Blannay, le cotat borne
La toponymie des bosses renvoie à celle des creux.
Localement, il s’agit de CROTS, terme généralisé à toute la région Bourgogne, mais avec des variantes : mare en Puisaye (ROUSSET 1977), abreuvoir en basse Bourgogne (JOSSIER 1882), le crot se fait chez nous simple creux (BOUJAT 1980).
Le CROT BLANC, au nord de Montillot, sur la colline de 292m d’altitude surplombant le village, désigne toujours une ancienne carrière de calcaire à ciel ouvert dont furent extraites des pierres ayant servi à la construction de la basilique de Vézelay.
Reste l’homonymie avec les CROS, ou pommiers sauvages, terme auquel se rattache probablement le lieu-dit de même nom, à proximité du château, en Toucheboeuf.
Il y a aussi la famille des VAUX. Le terme désigne explicitement de petites vallées ; la vocalisation semble désigner des toponymes anciens, fixés dès le XIIe siècle. Si l’origine de Vaux-Donjon (Vaudonjon) est controversée, les BOIS DE VAUX LANNES, sur Asquins, ne sont pas mieux définis. Les mentions anciennes portent VAULX L’ASNE ou VAULANES. Ce plateau boisé appartenait au chapître de Vézelay. Le 26 Mars 1575, les abbés avaient donné à ASQUINS 400 arpens sur Vaulanes et les Fontellets, que le chapître contesta, exigeant le 16 Septembre 1586 un bornage. François de Rochefort confirma ces accords en 1635. Plus qu’à l’utilisation d’ânes dans cette vallée, on pourrait penser à une dépression de terrain, du latin « vallanus » ; mais le plateau est ici régulier. Paradoxe de ces vaux en situation dominante ! VAUX CAILLE, lui, correspond bien à une vallée.
De nombreuses références au sol, aux accidents du terrain et aux cours d’eau sont ancrées dans les toponymes.
TOUNE-CUL, ou tourne-cul : pourquoi ne pas rechercher une origine celtique à ce vocable, dans sa version de « Tor quillau » ! « Tor » signifie forte déclivité et « quillau » glissant. On dit aussi que lorsque l’on travaillait aux vignes qui s’étendaient sur les deux pentes du vallon, on se tournait le… « dos ».
LA CÔTE CAFARD : le vieil adjectif « cafard » a le sens de pénible, dangereux. Effectivement, cette côte est pentue et les chariots pouvaient se renverser.
LES BOIS DE L’AIGREMONT : de « aigre », pentu, difficile à gravir. C’est en effet une colline qui domine fortement la vallée de la Cure.
LE MONT CIBOULE : c’est une hauteur en forme de massue, ou d’oignon (du latin « caepulla »)
LA COTE DE LA CLEF : « Clef » est la corruption de « quillée », la glissade en vieux français. En hiver, les enfants du Vaudonjon utilisaient des traineaux pour dévaler cette pente très accusée.
LES CHAMPS GROLON : issu du vieux français « gueurrion », il s’agit de terrains dont certaines pierres semblent avoir été grillées.
VAUX CAILLE : du vieux français « caille » le caillou. (Il en est resté les mots caillasser, caillasse). C’est une vallée caillouteuse, sans grande fertilité.
LES BOIS DES PERRUCHES (prononcer « pruches ») : il s’agit non d’oiseaux mais de terrains très pierreux
LES MEURGERS : les meurgets sont d’énormes amoncellements de pierres. Ils ont deux origines. Il s’agit parfois de sépultures gauloises pourvues d’objets familiers : armes ou pièces d’or ou d’argent (MEURGET D’ARGENT) ; ou alors ce sont d’énormes pierres plus ou moins taillées (MEURGET DE POROT). Les meurgets cependant proviennent le plus souvent de l’épierrement des terrains de culture (vignes) ou de l’extraction des déblais des caves.
LE PRE GOULOISON : du vieux français « goulaison » la source (verbe couler). Une source y apparaît périodiquement.
LA COME AU ROI : il s’agit de la vallée au « rouel », c’est à dire au ruisseau. Effectivement un ruisselet suit une rigole après les grandes pluies.
LES LONGUES RAIES, entre Corbier et Toune-Cul, sont encore les ruels évoqués ci-dessus. Ces terrains longs et pentus sont striés de longues rigoles.
LE PRE DE LA DAME : corruption de « la doualle » qui autrefois signifiait un fossé plein d’eau qui se vide difficilement par manque de pente (latin « doga », le fossé d’écoulement).
LE BOIS DES SOILLOTTES : ce sont de vilaines mares évoquant les gîtes fangeux des sangliers (latin « sus », le porc).
FORET DE CONFLANS : ce terme désignait autrefois le confluent de deux cours d’eau. Deux ruisseaux se rejoignaient dans cette forêt.
LES PRES DE LA MORTE : en patois une morte est une pièce d’eau stagnante qui paraît morte. En fait ce mot est la corruption du vieux français « more », la tourbière.
CHAMP DU PORON : C’est un acte du 14 Août 1732 – trouvé dans la liasse ADY / G2547 : « Cure de Monteliot », acte rédigé par le curé de l’époque Jean-Baptiste FAULQUIER, qui nous donne l’origine du toponyme « le Poron » :
Arpenteur juré de la maîtrise d’Auxerre le 14 février 1732… Ci-après un extrait de cet acte : « …et l’autre borne plantée à l’extrémité de la pièce de terre à moi curé apartenante, vis à vis et a deux pieds et demy au-dessus d’une grosse borne ronde et rouge, appeléeporrond, faisant séparation de long entre moy curé et la veuve Gabriel Pourcheron, laquelle grosse borne ronde a été plantée entre moy curé et la dite veuve P. par le Sieur Delapierre » ,
En annexe à ces toponymes à vocation géologique et géographique, on trouve une série de toponymes inspirés (sans doute récemment) de la faune et de la flore.
Montillot a un « CHAMP AU LIEVRE », bien connu des chasseurs. Et si LA GARENNE nomme une vaste zone sur Asquins, à l’ouest des Champs Gringaux, il en existe une aussi près de Tameron. Le terme désignait sous l’ancien régime des réserves (tout comme varenne).
Le terme est banal et antique à la fois, sans doute issu du germanique « warren », lieu clos, si ce n’est du bas-latin « warenna » lui-même mêlé de gaulois varenna.
LA COME CHEMENEU, LA COME GENET ont la même origine : le terme vient du vieux français « chenève, chenove » : le chanvre. Ce sont des vallées où poussait le chanvre. La culture du chanvre était très répandue au XVIIIe siècle et cette culture a laissé de nombreux toponymes. Le chanvre servait à la fabrication des liens, des cordages, des sacs. Son élaboration nécessitait un grand savoir-faire. Il a été supplanté au XIXe siècle par d’autres textiles d’origine tropicale, moins chers, comme le raphia. De même, une chènevière est une plantation de chanvre. LA CHENEVIERE A ROUGEOT : désignait une plantation de chanvre située dans une terre rouge, de nature argileuse (le rougeot). On peut aussi émettre l’hypothèse d’un nom, ou d’un surnom (« Rougeot »), la formulation « à » signifiant l’appartenance dans le parler morvandiau (au lieu du « de » conventionnel).
BEAUCHARME (sur Asquins) et LA PIECE DU CHARME (sur Brosses) pourraient faire penser, comme le suggère P. HAASE, qu’il s’agit d’une référence à un arbre remarquable ? Il semble plutôt que ces termes fassent référence au « charme » qui pourrait être la corruption du vieux mot « channe », autre nom du chanvre. Que dire alors de LA CANNE, vers Tameron ? Plus qu’une déformation de « channe », il s’agirait là de la « cagne » qui en vieux français désigne une maison misérable tout juste bonne pour un chien (« canis » : le chien).
Et la DAME JOINTE ? Si « Dame » est un adjectif signifiant mauvais, damné, « Jointe » est la corruption de « Chinte », encore un autre nom du chanvre. C’est un endroit où le chanvre était de mauvaise qualité.
LES POMMERATS, du vieux français « pommerets », lieu planté de pommiers. Le nom de la ville d’Avallon (du gaulois « aballo » ) induit le même sens.
LE BOIS DES PETITS FOUTEAUX : c’est le diminutif de « fou », l’ancien nom du hêtre (du latin « fagus »).
LE GROS FOU, et LE BOIS DU FAYS ont la même origine. On en rapprochera le « Faou », de Bretagne.
LES SAUCES : du vieux français « saulces », les osiers (du latin « salix », le saule).
LA COME BOTILLON : corruption de « boquillon », le petit bois.
LE BOIS DU FEUILLARD : les feuillards sont des branches garnies de feuilles sèches qui, les mauvaises années, permettaient d’alimenter les bestiaux pendant l’hiver.
LES CHAMPS GRINGAUT (proches de Vaudonjon mais dépendant d’Asquins) : corruption de « grainiots », adjectif médiéval qualifiant de bonnes récoltes de grains. Ces terrains, aujourd’hui boisés, difficiles à labourer, étaient autrefois fertiles.
LES ROMPIS : ce terme désigne un ensemble d’arbres cassés (du latin rumpare).
Au-delà du fond de Porot, près des Hérodats, le flanc de la colline pourrait avoir été détruit par des intempéries ? Ce terme désigne aussi des cassures de terrains produisant des ruptures de pentes.
LA VALLEE BOULANGER : « Boulanger » est la corruption du patois « poumachée », nom local de la mâche sauvage, la « poumâche ».
LA COMME BOMBARDE (sur Asquins) : la bombarde est une fleur plus connue sous le nom de Julienne.
LES VAUX DE L’ABREUVOIR (sur Asquins) : Corruption de « beurjouée », nom patois de la bruyère.
LE BOIS DE L’OPPIN : c’est le nom local de l’aubépine.
LE BOIS DES BOULATS : pour « poulas » nom local des coquelicots.
LA VALLEE JEAN DEFERT : amusante transformation de « genêtière » (lieu planté de genêts) qu’au hasard d’une réfection cadastrale un habitant du pays a transformé en son nom et prénom ; il était probablement propriétaire de ces terrains.
L’histoire a aussi marqué de son sceau le parcellaire.
La présence possible de remparts, qui expliqueraient le chemin de « ronde » qui circonscrit le village, pourrait expliquer LA PORTE (DE LA CHALLY).
Mais une autre origine à ce toponyme est défendue par G. Ducros : il s’agirait plutôt de l’Apport de la Challie : Au moyen-âge, l’apport est l’actuel champ de foire où exposent maquignons et commerçants. La challie est le fossé d’écoulement des eaux.
LE CHAMP DES EGLISES en amont du gué pavé se trouve sur le site du village disparu de Vergigny (sans doute rayé de la carte au XIIIe siècle). Les églises d’Asquins et de Blannay, ainsi qu’une église St Amâtre dont on peut penser que c’est celle d’Auxerre, y possédaient des terres. Les chemins antiques et médiévaux traversaient ce site.
De l’autre côté de la route actuelle longeant la Cure, des vignes disparues vers 1900 occupaient un revers dit « CHAMP DES CERCUEILS ». Cette appellation date sans doute du XVIe siècle ; les cercueils en question étaient en réalité des « sarqueux » ou sarcophages, fouillés dès 1610 par Erard de Rochefort qui crût y découvrir une ancienne léproserie. Martin reprit les fouilles en 1780 (récupérant au passage des monnaies du temps de Henri IV, sans doute perdues par les fouilleurs de 1610).
Il fallut attendre les trouvailles de Mr de L’ENFERNA, maire de Montillot en 1850, puis les fouilles systématiques de l’Abbé Parat en 1905 pour identifier un cimetière de basse antiquité et des temps mérovingiens, avec plusieurs centaines de fosses.
LE CHAMP DE LA FOURCHE : la fourche était autrefois le nom de la potence où l’on pendait les condamnés. On lui donnait aussi le nom d‘ « arbre sec ».
LE POIRIER DE LA JUSTICE : il évoque la rigueur des juges et les pendaisons.
Evocation des constructions
LA CALABERGE : corruption de la « cagne aux bergeats ». Les bergeats sont les troupeaux de moutons. La calaberge est donc une vieille bergerie, perdue entre Bouteau et les champs Gringaux.
LE BOIS DE MAL APRIS : désigne c’est une maison forestière en mauvais état (pour « abri »).
Les MAGNES sont un terme très utilisé dans la région et représentent des maisons ruinées (du bas latin « mahennari », abattre, mutiler.) BOIS DES MAGNES ; MAGNES VAUTHAIRES
L’adjectif « vathaires » correspond au vieux verbe « vaster », c’est-à-dire dévaster, ruiner. Il est fait allusion ici à des maisons endommagées par des guerres ou des catastrophes naturelles.
De même, la MELOTTE est une déformation de magnottes : les petites ruines.
FARGES (hameau de Brosses) et LA FARGEOTTE sont deux noms provenant du latin « fabrica » : la forge. De nombreuses fonderies existèrent sur le plateau dès l’époque gallo-romaine, utilisant le minerai de fer sous-jacent.
BOUTEAU (hameau de Brosses également) se rapproche de Buteau/Butot…, nom également patronymique, et aurait une origine scandinave (Xe siècle) (de Buo, terrain, et Topt, baraque) : il désignerait un terrain sur lequel une baraque a été ou doit être construite (comme Butot en Caux). Mais si en Normandie on comprend bien l’origine scandinave du nom, en Bourgogne elle est déjà plus hasardeuse. Faut-il alors s’attarder à la racine « Butor », amertume, tristesse ?
LA CROIX DE LA SAINT-JEAN : ce serait la corruption de l’ « assoigement », vieux français désignant la consolation ! Cette croix serait celle de la consolation, le lieu où l’on recherche la douceur du recueillement.
Les activités agricoles
LE BOIS DE L’ESSERTIE : L’essertié est un terrain défriché et mis en culture (latin « exarta »). Le village d’Essert, près de Vermenton, a la même origine.
LES ESSENCES : corruption du vieux mot « aisances » qui étaient des terrains paroissiaux laissés à la disposition des paysans pauvres.
LES PRES MONSIEUR : il s’agirait là du vieil adjectif « meseleu » , du latin « misellum » : misérable. C’étaient des prés fangeux et de mauvaise qualité. Depuis cette époque, le drainage puis le chaulage ont amélioré la qualité de certains terrains.
PLAN DE FOLLE : proviendrait du vieux français « la plante foïée ». Au moyen-âge, une plante est une plantation de jeunes vignes, et parfois une pépinière de pieds de vigne. Au Vaudonjon, on a ainsi deux lieux dits : « la Plante » et « les Plants ». L’adjectif « Foïée » vient du latin populaire « fullare », maltraiter, abandonner, fouler. Il s’agirait donc d’un clos de vigne mal entretenu, et qui donne de mauvais produits.
Et la COTE TOURNELLE ? Comme La Tournelle d’Asquins, ce nom mystérieux pourrait avoir son origine dans la racine « tor /tur/turra », pré-latin : il en existe plusieurs dans la région (Theuriat, Thereau, Thurot) qui toutes sont des éminences, des sommets arrondis ; sur ses pentes, c’est un vignoble de qualité, et le patois garde l’adjectif « étournellé » pour signifier pris de boisson (Meunier, 1977).
Et bien d’autres encore : le Bois Taché, Les Criaux, Letrier, Les Entes, Les Gouleteries, et Rochignard, Corbier… qui sont là pour témoigner qu’un tel exposé est toujours partiel. La recherche toponymique est une aventure toujours en évolution et faite de bonnes fortunes : instinct, graphies décodées à la lumière des patois, traditions orales, rapprochements fructueux. Ce sont souvent des conjectures qui sont fournies, plus que des certitudes. Peu de ces étymologies sont définitives, et tout apport pour les affiner, les confirmer ou les remettre en question sont les bienvenues.
BIBLIOGRAPHIE
Roger BRUNET, 2016 : « Trésor du terroir : les noms de lieux de la France », CNRS EDITIONS, Paris, 616pp.
Pierre HAASE, 2001 : « Sur les Chemins du terroir ; noms de lieux à Asquins ; Esquisse d’une recherche de microtoponymie », monographie.
Gérard TAVERDET : 1975-1984 : Atlas linguistique et ethnographique de Bourgogne, Ed CNRS, CRDP Dijon, 4 volumes.
Gérard TAVERDET : 1996 : Les Noms de Lieux de l’Yonne, Dijon, CRDP 1983 ; nouvelle édition revue, Dijon, ABDO.
MONTILLOT est un village du Sud du département de l’Yonne, à 32 km au SSE d’Auxerre, et à 15 km à l’Ouest d’Avallon, chef lieu de l’arrondissement et ville la plus proche. Il se trouve sur la ligne droite reliant Auxerre à Vézelay, à 6 km de cet autre village, chef-lieu du canton et site touristique bien connu. Le territoire de la commune couvre 2245 ha, et sa population, recensée en 2006, est de 280 habitants, répartis entre le bourg et 3 hameaux, Tameron, le Vaudonjon et les Hérodats.
Le premier document citant Montillot date de 1169 ; c’est une bulle du pape Alexandre III qui définit le territoire placé sous la juridiction de l’Abbaye de Vézelay. Depuis l’origine, agriculture et élevage constituent les ressources de base des familles de ce village. La couverture végétale dépendant de la nature du sol et du sous-sol, il nous a paru nécessaire, avant de nous plonger dans l’histoire de ces familles, de décrire le contexte géologique actuel et son histoire, à partir des travaux des chercheurs bourguignons des 19ème et 20ème siècles. Les sols des alentours de Montillot se sont constitués au cours de l’ère secondaire des géologues, dans sa deuxième phase, le « jurassique moyen », il y aurait entre 170 et 150 millions d’années. Plus de 4 milliards d‘années s’étaient alors écoulés depuis la formation de la « planète Terre ». Initialement en fusion, la « croûte terrestre » s’est refroidie lentement . Des continents se sont formés, puis se sont disloqués, et se sont recombinés plus tard , en glissant sur le « manteau terrestre » sous-jacent, visqueux et agité de mouvements de convection, car chauffé par le noyau terrestre en fusion… Conséquence de ces mouvements : des compressions et des chevauchements de « plaquestectoniques » voisines qui créent des chaînes de montagnes. C’est ainsi qu’au cours de la période « carbonifère » de l’ère primaire apparaissent les Monts Apalaches de la future Amérique du Nord, ainsi que, dans la future Europe, les Ardennes, le Harz, le Massif Armoricain, le Massif Central, les Vosges, la Forêt Noire …( il y a environ 300 millions d’années). C’est le « plissement hercynien » essentiellement dû au « rapprochement » de 2 supercontinents, l’un dans l’hémisphère Sud, le GONDWANA, l’autre un peu plus au Nord, l’EURASIE. Leur soudure se termine au cours du « Permien », dernière période de l’ère primaire pour constituer la PANGÉE avec au Nord une mer froide et au Sud-Est la THETIS, océan chaud.
Noter qu’à cette époque la France aurait été située au niveau de l’Equateur.
Les géologues placent le début de l’ère secondaire vers – 245 millions d’années et la partagent en trois périodes : le Trias, le Jurassique et le Crétacé. Au cours du Trias, on a, sous un climat désertique, un début d’érosion de la chaîne hercynienne. Des débris gréseux (sable aggloméré) alimentent les fosses apparues entre les nouveaux reliefs, par exemple entre le Morvan, les Ardennes, les Vosges et les Monts de Bretagne, – le futur « BassinParisien » – et de même pour le Bassin Aquitain. Mais, phénomène plus important, le nouveau supercontinent subit des pressions internes d’origine volcanique qui provoquent une nouvelle cassure, cette fois entre la partie Est et la partie Ouest. Une grande faille sépare les futurs continents Afrique et Amérique et ouvre l’Océan Atlantique-Nord. La plus grande partie du continent de la future Europe de l’Ouest est submergée par des mers tropicales et peu profondes
Au début du Jurassique, la mer envahit l’ensemble de la France ; seules quelques régions émergent, Massif Armoricain, Ardennes, Massif Central… Les mouvements successifs de la mer ont déposé des sédiments durant plus de 200 millions d’années dans la cuvette du Bassin parisien, dont le fond s’affaisse sous la charge. ( Ces dépôts , complétés à l’ère quaternaire par les alluvions au fond des vallées atteignent aujourd’hui une épaisseur de 3000 mètres à l’Est de Paris ). Des couches se sont succédé, avec des compositions différentes selon les conditions environnementales propres à chaque époque (hauteur d’eau variable en fonction de la température par exemple), telles des assiettes empilées, la plus grande s’appuyant sur le socle des massifs granitiques du pourtour.
On voit donc sur la carte géologique du Bassin Parisien un ensemble de couronnes concentriques – les bords des « assiettes » -, les plus anciennes , de l’ère primaire, à l’extérieur, et en se rapprochant du centre Paris, on franchit le secondaire, le tertiaire, puis le quaternaire.
coupe du bassin parisien
(d’après Cavelier, Mégnien, Pomerol et Rat -1980)
Application au département de l’Yonne :- à la pointe extrême Sud-Est, depuis le Sud de Quarré-les-Tombes jusqu’à l’intérieur même de la ville d’Avallon, nous sommes dans le Morvan, avec un point culminant à 609 m, On a surtout des roches de granite et de gneiss, composées de quartz, mica et feldspath, qui sont des silicates de divers métaux ( Al, Ca , K, Fe, Mg…). Sous l’effet des pluies acides , ces roches se sont décomposées en surface ; un sable grossier l’arène, les recouvre.- on a un 2ème « bord d’assiette », de largeur 10 à 20 km, à l’Est et à l’Ouest d’Avallon. Le sol de la Terre-Plaine s’est constitué au Lias ( début du Jurassique) par érosion des roches silicatées en argiles et marnes ( roches tendres contenant moitié argile et moitié calcaire) sur les pentes du Morvan baignées par la mer.- puis une bande Sud-Ouest / Nord-Est , large de 30 à 40 km, jusqu’aux abords d’Auxerre et de Tonnerre, couvrant ce qu’on a coutume d’appeler les plateaux deBasse-Bourgogne, relevant du Jurassique moyen et supérieur ( le « supérieur » étant le plus tardif), et où la sédimentation calcaire remplace les dépôts silicatés. Ces dépôts calcaires sont composés essentiellement de « fossiles » c’est-à-dire de débris d’animaux et de végétaux marins.
Selon l’origine de ces dépôts, cette bande est partagée en deux :> la première partie, au Sud, dans laquelle se trouve Montillot, a une largeur moyenne de 15 km, et est limitée grossièrement au Nord par une ligne allant de Lucy-sur-Yonne à Ancy-le-Franc. On a ici des calcaires « à dominante oolithique et bioclastiques ». Les « oolithes » sont des grains sphériques (diamètre de l’ordre du mm en moyenne) formés par dépôt chimique de couches successives de carbonate de calcium, autour d’un « noyau », constitué de débris de roches ou d’origine biologique (« bioclaste »). Le calcaire oolithique, dépourvu de fossiles, est le plus compact et est utilisé en pierre de taille pour les grandes constructions ( pour les églises, voir l’étude de M. Stéphane BUTTNER, du Centre d’Etudes médiévales d’Auxerre, sur « les matériaux de construction des églises dans l’Yonne » publiée en septembre 2010 ). pour plus de détails sur les cartes, aller sur>>>>> GEOPORTAIL ou >>>>> INFOTERRE
> la 2ème partie, au Nord de la précédente, se caractérise par des « récifs coralliens » : dans une mer peu profonde et de température supérieure à 18 degrés, des animaux, les mandrépores, et des végétaux se sont associés et ont fabriqué en commun un support calcaire, le « polypier », à partir des ions « carbonate » et « calcium » contenus dans l’eau de mer (ce phénomène curieux se poursuit de nos jours dans les régions maritimes tropicales, Polynésie, Caraïbes, Australie…). Les récifs de notre région ont été construits au début du « jurassique supérieur – étage oxfordien – » , il y a environ 150 millions d’années, en 500 à 600.000 ans. Ils constituent une masse rocheuse importante, de largeur 2 à 25 km, au Nord d’un ligne approximative Clamecy-Saint-Moré ; l’épaisseur pouvant atteindre 80 à 100 m. Des coupes de ces roches apparaissent en falaises au bord des rivières, à Mailly-le-Château, Merry-sur-Yonne, Châtel-Censoir…( Dans la carrière des Rochers du Parc – actuellement réserve naturelle -, on observe sur les parois les silhouettes de nombreux coraux « en position de vie » ).
Les « récifs de la vallée de l’Yonne » ont été décrits en détail à partir de 1972 par le géologue Pierre RAT dans son « Guide géologique Bourgogne-Morvan » . Il y présente une « construction généralement non stratifiée, orientée W-E » qui « forme barrière entre la mer ouverte, côté Bassin de Paris, et une plate-forme peu profonde, lagon, dont l’extension vers le Sud n’est pas connue du fait de l’érosion ».
L’ « avant-récif », tourné vers le large, serait situé à Mailly-le-Château, la « barrière récifale » aux Rochers du Parc, l’ « arrière-récif » aux Rochers du Saussois. Le « récif tabulaire » (système récifal inférieur, – le plus ancien -) apparaît plus en arrière ; près de Châtel-Censoir : l’examen d’une falaise surplombant la voie ferrée met en évidence les couches correspondant aux étages successifs du jurassique : callovien moyen , callovien supérieur, oxfordien inférieur et moyen…, chacun avec leurs fossiles caractéristiques. Tout en haut affleure le « complexe récifal supérieur », au même niveau qu’aux rochers du Saussois (altitude 180 m).
La carte géologique de la région Yonne-Cure fait apparaître nettement un large massif coté « J6a-5 » = « étage oxfordien supérieur et moyen » avecsa bordure Nord de Mailly-le-Château à Arcy sur Cure, entaillé par les deux vallées. Vers le Sud, il semble s’effilocher en plusieurs plaques, séparées par des zones cotées « mp = miocène-pliocène », donc relevant de l’ère tertiaire
Montillot se trouve donc à peu près au centre de la partie des « Plateaux de Basse-Bourgogne » située entre les vallées de l’Yonne et de son affluent, la Cure. En leurs points les plus proches, les altitudes de ces cours d’eau sont de 136m pour la Cure au Gué-Pavé et de 135 m pour l’Yonne près de Châtel-Censoir, alors que le village est à 227 m. Les routes principales rejoignant Montillot depuis les vallées proches montent donc d’une centaine de mètres, ce qui peut justifier le toponyme (« petit mont » ? ).
Tout près du village on a 2 collines boisées de 300 mètres environ (la montée commence aux dernières maisons…) et une plaine cultivée.
Carte IGN
Les collines=>
a)- Au Sud-Ouest, le « Bois des Perruches » (sommet à 316 m) est classé par les géologues « J3b – étage callovien moyen, calcaires marneux » . Des sondages. de prospection pour alimentation en eau du village, effectués en 1991 par le B.R.G.M ( Service géologique national) ont précisé cette structure . En creusant à partir du sommet, on a rencontré :
– 35 m de calcaire cristallin (J3b = « callovien moyen »
– 100 m de calcaires oolithiques à entroques – pièces calcaires provenant de la désagrégation du corps des « crinoïdes » ou « lys de mer » qui formaient de vraies prairies sous-marines-
– 50 m de marnes et de calcaires marneux jaunâtres (J2a =: « bathonien inférieur »)
– ensuite on atteint les premiers dépôts du jurassique ( l5-6 = lias supérieur, marnes ( le « lias » étant le « jurassique inférieur », le plus ancien ) Toute la partie supérieure de la colline date donc du jurassique moyen, « bathonien » puis « callovien », en gros moins 170 à moins 160 millions d’années (-100 Ma) (c’est la « Grande Oolithe » des anciens auteurs).
b)- au Nord-Ouest, le « Crot blanc » (sommet à 292 m) , classé J6a-5 , jurassique supérieur, comme le massif corallien cité plus haut. Sa partie supérieure affleurante, datant de -160 à -155 Ma, est donc un peu plus récente que celle de la colline voisine des Perruches ( on y trouve les vestiges d’une ancienne carrière). Le Crot blanc se prolonge au Nord sur 3 km, avec la même structure, entre Brosses-le-Haut et son hameau La Perrière. Sur la carte géologique, cet ensemble apparaît comme un morceau détaché de l’arrière-récif dont le front avant est à Mailly-le-Château et Mailly-la-Ville.
Dès 1847, Gustave COTTEAU, géologue réputé pour sa connaissance des fossiles, avait signalé l’étendue arrière de ce massif, qu’il appelait le « coral-rag ». Dans le Bulletin de la Sté des Sciences de l’Yonne, il écrivait ; « Le coral-rag occupe une grande place dans notre département ; il est largement développé depuis Mailly-la-Ville jusqu’à Etais ; sur toute cette bande, la mer corallienne, franchissant les rivages naturels que lui opposait l’oxford-clay moyen (dit aujourd’huile «callovien »), recouvrit sous ses roches madréporiques des formations beaucoup plus anciennes et vint à Montillot et à Andryes, laisser des traces de son séjour jusqu’au milieu de l’étage bathonien »…
On remarque 2 autres « appendices » analogues prolongeant le récif vers le sud , au niveau de Bois d’Arcy-Saint Moré à l’Est et au Sud de Châtel-Censoir à l’Ouest. Des dépressions d’altitude moyenne 200 m, les séparent, résultant peut-être de tassements de la croûteterrestre sous le poids des sédiments. . Mr Denis BAIZE, de l’INRA-Orléans, a émis l’hypothèse en 1991 que ces alluvions anciennes « jalonnent un très ancien cours d’eau le long d’un axe Asquins, Montillot, Bois d’Arcy, Avigny, Bazarnes ».
La plaine=> lieux dits « plaine de la Chally » et « la Canne »
Pratiquement horizontale, entre les cotes 210 et 220 m, elle se situe justement dans une zone de « tassement » signalée entre les vestiges d’arrière-récifs coralliens. Classée « mp » = miocène-pliocène , par les géologues, elle résulterait, d’après la notice BRGM de la carte « Vermenton » au 1/50000, d’alluvions très anciennes et de dépôts « détritiques » (désagrégation de roches par érosion) de l’ère tertiaire, dans une très ancienne vallée (« paléo-vallée ») sur une épaisseur de 10 à 20 m . Des fouilles peu profondes y ont mis en évidence :
– une « matrice argileuse et siliceuse rougeâtre »
– des gravillons, des nodules ferrugineux, de petits quartz venant du Morvan proche
– des « chailles » (ou « cailloux ») plus gros, certaines jaunes en coupe , d’autres de grès ferrugineux, d’autres de quartz.. ;
– quelques éléments plus gros (diamètre 30 cm) de grès ferrugineux.
D’après Mr Denis BAIZE, décrivant ce secteur Montillot-Bois d’Arcy, : ces alluvions occupent une sorte de « poljé » (plaine des paysages karstiques) s’étendant entre des buttes de calcaire récifal pentues et aux sommets arrondis, les « buttes rondes ». Ces alluvions sont déposées sur un socle callovien.
Mr COLLENOT, dans le bulletin de la Société des Sciences de Semur de 1871 signale ce « bassin de l’époque tertiaire dans lequel se trouve au sud le village de Montillot »… « limité par Rochignard, la colline du Bois d’Arcy et la Côterette ; la tuilerie[1] de Montillot emploie des argiles jaunes, tachées de blanc et de rouge, avec quelques gros grains de quartz, qui sont tirées sur une épaisseur de 2 mètres au N-E du village et dans lesquels il y a , çà et là, des nids de sable grossier rouge »
Mr COLLENOT rappelle que Mr MOREAU, autre géologue, avait attiré l’attention en 1864, dans le bulletin de la S.E.Avallon, sur un autre « abaissement très prononcé », qui « passe par-dessus Blannay, Bois d’Arcy et arrive à Mailly-le-Château, près des Roches du Saussois » ; il ajoutait : « il est tellement prononcé qu’on a pensé à y placer un chemin de fer »….
La plaine proche de Montillot est propre à la polyculture, telle que pratiquée jusqu’au milieu du 20ème siècle ; blé, avoine, orge, seigle, betteraves , fourrage – trèfle, luzerne, sainfoin et graminées diverses -, arbres fruitiers, fraisiers, framboisiers… La plupart des pâtures situées autour du village, dans une zone plus limoneuse, disposaient toutes d’un abreuvoir, fouille peu profonde, étanche grâce à la couche d’argile sous-jacente, et conservant l’eau de pluie et de ruissellement proche . A l’intérieur même du village, 4 ou 5 mares, – maintenant comblées – , construites sur le même principe, accueillaient les troupeaux chaque soir… Montillot n’a en effet pas de source sur son plateau ; les eaux de pluie s’infiltrent dans les fissures de couches calcaires et les sources n’apparaissent que dans les vallées : à l’Est dans le hameau du Vaudonjon, près de la Cure ; à l’Ouest à l’étang de Marot qui alimente le « ru de Brosses ». Dans la même zone proche du village, on a cultivé le chanvre jusqu’à la fin du 19ème siècle ; les chénevières exigeaient en effet un sol frais et profond, engraissé au fumier de ferme (bétail et volailles), cette plante à racine pivotante pouvant atteindre plusieurs mètres en 3 mois. Ensuite ces terres ont été utilisées en jardins potagers (cf l’ancien lieudit « Pré du Mitan »)..
Territoire de la commune
Après le premier cycle de sédimentation à dominante calcaire, la mer se retire de nos régions, suite à d’importants bouleversements à la surface de notre planète ; l’Océan Atlantique-Sud s’ouvre, séparant la future Amérique du Sud de la future Afrique, laquelle va commencer à se rapprocher lentement de la future Europe…
pour plus de détails sur les cartes, cliquer ici>>>>> GEOPORTAIL
Si on s’éloigne du village vers le Nord-Est, une pente s’amorce à environ 1 km vers 2 autres collines atteignant également 300 m ; L’une, « Rochignard », présente à son sommet une plaque affleurante de quelques dizaines de mètres d’arrière récif corallien « J6a-5 » sur un sous-sol du callovien ( J3 = « chailles litées et calcaires oolithiques »). L’autre, du Callovien aussi, domine d’un côté le hameau des Hérodats, de l’autre la vallée de la Cure à Blannay. A partir du début de la pente, sur 5 ou 600 mètres, le sous-sol est un peu plus ancien, classé J2c-b = « bathonien supérieur et moyen, calcaires oolithiques et marnes ». Dans cette zone, exposée au Sud-Est, où la couche arable est moins épaisse, la vigne a été cultivée jusque vers 1960 ( il y avait 60 ha de vignes au début du 20ème siècle sur le territoire de la commune).. A 1 km vers le Sud-Est la descente s’amorce vers la vallée de la Cure ; 35 m d’altitude sont perdus au haut du hameau du Vaudonjon et 55 m au bas. Dès le début , on quitte la plaine et on retrouve un sous-sol plus ancien, classé J2a = « bathonien inférieur, calcaires marneux et marnes »., le même rencontré au cours du forage aux Perruches, à -135 m…Les registres d’état-civil du 19ème siècle citent de nombreux vignerons habitant le Vaudonjon ; ils exploitaient les terres pentues exposées au Sud-Est. Moins d’un km après Vaudonjon le Bas, on rejoint la Cure, avec ses alluvions, anciennes (« Fy ») au pied des pentes et plus modernes ( « Fz ») dans le lit même de la rivière ( sables et graviers du quaternaire).. Vers le Sud, le territoire de la commune s’allonge sur 3 à 4 km vers celui de Vézelay. C’est une zone boisée, mis à part les alentours proches de petits hameaux, la Charbonnière et la Bertellerie. Le sous-sol est classé J2b-3a = « callovien inférieur ; bathonien moyen et supérieur; calcaires oolithiques ». En surface, selon la nature du calcaire sous-jacent, on a des formations argileuses d’épaisseur variable appelées « terres d’aubues » – au-dessus des calcaires durs – et « argiles à chailles »[2] – éléments grossiers siliceux, au-dessus des affleurements du callovien -.Nos sous-sols profonds datent donc bien du jurassique, deuxième période de l’ère secondaire.
Au début du crétacé ( -135 millions d’années), retour de la mer, avec une 2ème sédimentation – argilo-sableuse -, après quoi la mer se retire, puis revient au crétacé supérieur causant une 3ème sédimentation.A la fin du crétacé, donc de l’ère secondaire – 65 millions d’années , période où l’on place la disparition des dinosaures –, la mer se retire définitivement de nos plateaux de Basse-Bourgogne.Au cours de l’ère tertiaire se forment les grandes chaînes de montagnes actuelles, des Alpes à l’Himalaya, par suite de la remontée vers le nord des plaques tectoniques des continents africain et indien, de leur collision ( période oligocène, vers – 30 Ma) avec la plaque eurasienne, puis du chevauchement de leurs bordures.
Ce phénomène a pour conséquence de soulever le Morvan et de le faire basculer vers le Nord-Ouest, ce qui provoque des fractures et accentue l’action d’érosion des eaux-vives ., Des limons, des dépôts de sable et d’argile à silex, sans coquillages marins, comblent les creux du relief ( par exemple, la plaine de Montillot au mio-pliocène) et des vallées se creusent.
L’ère quaternaire, débutant il y a environ 2 millions d’années, est caractérisée par des glaciations successives et l’apparition de l’Homme. Les 4 dernières périodes glaciaires se situent vers – 600000, – 480000, – 240000 et – 120000 ans et ont duré de 50 à 100000 ans chacune. La dernière s’est terminée il y a 10000 ans.
Après une longue évolution biologique, en passant par l’australopithèque il y a 2 millions d’années, l’homme arrive à sa forme « moderne » – l’homo sapiens – il y a environ 35000 ans. Des restes de son prédécesseur l’Homme de Néanderthal, ont été reconnus par le professeur Leroy–Gourhan et sonéquipe,au cours des recherches effectuées dans les grottes des massifs calcaires d’Arcy-sur-Cure à partir de 1946. Ces grottes constituaient des abris au cours de la dernière période glaciaire. Le mode de vie et les outils inventés par ces hommes – caractéristiques de l’âge de pierre – ont pu être décrits.
Autres traces de la présence de lointains ancêtres : en 1879, recherchant des pierres pour l’entretien du chemin de Montillot à Tameron, on a trouvé sur le versant Sud de la colline voisine de Rochignard, 4 amas de pierres de 15 à 20 mètres de diamètre et 1m50 à 2 m de haut, qui étaient en fait des sépultures (les « tumuli »). Les objets déposés à côté des squelettes ont été estimés comme relevant du début de l’âge du fer, c’est-à-dire datant d’il y a environ 3000 ans.
Nous sommes très près de l’époque actuelle…En parlant du paléolithique et de l’âge de pierre à Arcy, puis des âges du bronze et du fer à Rochignard, nous ne sommes plus dans l’histoire de la Terre, mais dans celle de l’Homme.
– 1972-1986 – P. RAT – guide géologique Bourgogne-Morvan
– « Sciences du sol 1991 » – Denis BAIZE -sols et formations superficielles S-E du Bassin Parisien.
– BRGM 1991 – rapport Corvet-Gervain- recherches hydrauliques à Montillot
– P.U.Rennes 2009- A .Timbert – e Chevet de la Madeleine de Vézelay.
– 2009 – Claude ALLEGRE et René DARS : « la géologie, passé, présent et avenir de la Terre »
– BUCEMA 2010– CNRS-Auxerre- St. Büttner – matériaux de construction des églises de l’Yonne
[1]– dans les matrices de l’ancien cadastre de Montillot, on trouve qu’en 1844 a été construite une tuilerie sur la parcelle cotée alors D345 ( aujourd’hui en face du 4 rue de la Duite) par son propriétaire Pierre Joseph Alexandre de LENFERNA.
[2] – « chaille » = « caillou » en ancien français