Montillot, village du Vézelien aux confins du Morvan
Histoire locale et régionale, généalogie, lieux dits, faune et flore … Pour que la mémoire ne s'arrête pas et pour construire au quotidien l'histoire de demain
Montillot, de son nom ancien Monteliot, autrement dit monte liais, ou mont liais, tirerait son nom de ces roches calcaires du jurassique, dont le sous-sol ici est fait , bien que l’on soit à deux pas du massif granitique du Morvan. Autrefois ce calcaire était exploité à des fins de construction: de carrières à ciel ouvert ( par exemple au lieu dit, de nos jours, Le Crot Blanc), étaient tirées ces pierres qui ont servi entre autres, à la construction de la Basilique de Vézelay. Deux autres communes portent en Bourgogne un nom approchant, probablement pour la même raison (Montoillot, et Montliot, en Côte d’Or).
Cette étymologie est néanmoins controversée, et l’on en connaît quelques autres, citées par Mr Pernod dans sa monographie de 1908:
– l’interprétation paysanne: dérivé de par monts et par vaux, le nom signifierait « le mont et le vaux »
– l’interprétation scientifique (étude manuscrite de J. Pro à la bibliothèque municipale d’Auxerre): le nom dériverait de « Mont Hayot », littéralement le mont, et les petites haies (les haillères)
– l’interprétation noble: de la famille Bataille de Bourgogne sont issus les seigneurs du Tillot et de Mandelot. Les Tillot auraient eu des propriétés sur le mont?
– l’interprétation religieuse: au XIe siècle, on désignait les monastères par le nom « Montil ». Un cultivateur du village a autrefois trouvé, en cultivant ses champs, des chemins d’accès à un ancien couvent, dont il ne reste rien d’autre que la tradition orale.
Données géologiques
Avallon, non représentée ici, se trouve à l’extrême N-E de cette carte; la ville et ses alentours (Pontaubert, Pierre-Perthuis, Domecy-sur-cure) se trouvent dans une zone de roches métamorphiques (granites, micashistes) et de failles de direction NE-SW, dont on ne voit que la plus occidentale, et qui passe par Domecy-sur le Vault, Fontette, Foissy-les-Vézelay, . Elle est croisée par la faille « supposée » plus qu’observée, suivant la Cure (Gué-Pavé, Asquins, St-Père, Pierre-Perthuis, Dommecy-sur-Cure, Bazoches. Cette région constitue la limite nord du massif du Morvan.
Le Vézelien est en revanche composé de roches sédimentaires. On retrouve le long de la Cure la zone des alluvions anciens ou récents. Puis en remontant vers les plateaux, les calcaires oolithiques et les marnes. A Montillot et aux Bois de la Madeleine on trouve des limons des plateaux. A Montillot enfin s’étend une zone de calcaires marneux (Callovien Moyen); la carrière du « Crot-Blanc » en fait partie. En rouge, est tracé le trajet suivi par les pierres extraites de cette carrière, vers Vézelay, lors de la construction de la Basilique (il n’y a pas d’autre zone plus proche d’extraction possible de ce type de calcaire dans la région), qui suivait probablement la voie romaine, via Les Champs Gringaux et Asquins.
Montillot, village du Vézélien, n’a pas laissé de traces dans l’Histoire… Peut-on supposer que son relatif éloignement des vallées de l’Yonne et de la Cure, voies de circulation les plus proches, lui ait évité de participer directement à de grands événements?
Vézelay, vu du Côtat de Blannay, en limite de la commune, côté vallée de la Cure, qu’il domine.
Le cadastre établi sous le 1er Empire, avec le « chemin de ronde », qui fait tout le tour du village, et les « portes d’Emond » et de la « Chally », évoque les murailles qui ont dû être dressées au milieu du 16ème siècle, comme autour des autres villages de la région… Certain pense qu’un reste de ces murailles persiste, surplombant un puits, le long du chemin de ronde, côté Farges.
Il semble bien que cette muraille ait été demandée à François Premier par les habitant du village, en 1526, et accordée par Lui, comme en atteste le document récemment exhumé des archives nationales
Peu de vestiges anciens : on note seulement la base du clocher, reste d’une construction fortifiée, qui, munie d’archères, meurtrières permettant le tir à l’arc, daterait du 13ème siècle.
le clocher
détail
base du clocher et archères
Le château
où avaient été conservées les archives nous ayant permis de compléter la reconstitution généalogique et historique du village.
Les croix:
La croix de Chaly, la croix Bouché, la croix de la Dévotion, la croix du crot du Charme, la croix des Hérodat, la croix Blanche. Témoignage ancien d’une dévotion qui n’est plus. Le prêtre officiant à Montillot est celui de Chatel-Censoir.
La Fédération Française de Randonnées Pédestres, dans sa brochure « le pays d’Avallon à pied », édité en Mai 2004 (N° 23) décrit un circuit de 14Km, « La boucle de Mal-Fontaine », qui traverse Montillot, et balisée, en jaune.
Démarrons le circuit, de Montillot, place de l’église.
On remonte par la rue des métiers et de la Duite (route d’Asnières) pour obliquer à gauche au réservoir (marqueur 4). Après le pilône, on traverse la D123, puis on descend par le chemin à droite; il traverse la route de Bouteau (zones de chemins souvent humides), et continue jusqu’au vallon. On franchit le ru de Malfontaine par le chemin à droite (marqueur 5). A 350m environ, on se dirige à droite en lisière de forêt (marqueur 6) pour rejoindre Bourg-Basson. Après avoir emprunté à droite la N21, on vire à gauche le long du ru, pour Fontenille (marqueur 7) puis Brosses (la Place des Marronniers) (marqueur 1). La boucle de retour se fait par l’église de Brosses, puis le sentier herbeux qui remonte vers Brosses le Haut et la mairie, puis le chemin forestier, en prolongement, qui s’enfonce dans les bois communaux, puis en haut tourner à droite (marqueur 2): on rejoint ainsi la route de Farges à Brosses, que l’on suit à gauche sur 500m avant d’emprunter à droite le chemin qui part de la cabane de chasse, et rejoint le Croc Blanc (marqueur 3). On prend ensuite à gauche le chemin de Brosses à Montillot (rue des Côtes).
Dans les bois des Perruches (= »pruches », ou pierres)
Plus de haies, plus de clôtures et tellement moins de prés.
Droit de Réponse
Fabienne Péchery, le 15 Novembre 2002
En ce jour de mi-novembre, je pose mon regard par la fenêtre de la « maison commune » sur cette plaine qui a suscité tant de critiques ces mois derniers depuis que « Maître Remembrement a encore frappé ».
Les bois s’illuminent d’une couleur rousse sous le pâle soleil d’automne et se fondent en une douce courbe à l’horizon. Quelques arbres émaillent les champs recouverts du tapis vert tendre des blés qui poussent timidement et qui plus tard deviendront une houle cotonneuse sous la brise du printemps. Et je me dis que je n’ai aucunement l’impression de me trouver devant une Beauce impersonnelle et froide. La douceur de ces lieux apaise l’âme toujours autant et atténue les tracas de la vie quotidienne. Ils semblent encore nous raconter la vie de nos ancêtres que l’on s’imagine travailler , le dos courbé sur leur petit lopin de terre, se mesurant en arpent, et faisant avancer d’un pas lourd et fatigué leurs chevaux dans les sillons profonds de cette terre exigeante.
Car là se situe le vrai problème : l’évolution du monde rural. Vous, spectateurs sans indulgence, qui avez la dent dure envers les quelques paysans qui subsistent , guidés par cet amour viscéral de la terre mais sans cesse montrés d’un doigt accusateur : « destructeur de la nature » « pollueurs » « croqueurs de subventions ». Voulez-vous de notre vie, d’une situation ballottée entre les termes techniques de PAC, CTE, QUOTA, PMVA, PCO, et autres initiales froides inventées par des technocrates qui rédigent chaque année des mesures contradictoires et décident de notre avenir en nous faisant remplir des monticules de dossiers indigestes. Bien sûr, me direz-vous, c’est de votre faute : la course aux rendements a plongé le monde agricole dans une spirale infernale et il nous faut revenir à une « agriculture raisonnée ». Facile à dire, vu de l’extérieur.
Mais ne vous en déplaise, il faut quand même tenter d’aménager l’espace pour au moins faciliter ce travail dont la quintessence même est d’entretenir la nature et non pas de la détruire. De même que les voitures sont de plus en plus puissantes, les tracteurs gagnent en énergie et en technologie et ne se contentent plus de petites surfaces. Pour conclure ce modeste article d’une personne un peu lasse d’entendre des critiques, j’aimerais un peu plus de reconnaissance pour ces travailleurs de la terre qui la respectent quoique vous en pensiez.
« Morne plaine » peut-être mais espérons point encore la « Bérézina » pour nous et nos enfants.
Le paysage rural actuel ne peut pas demeurer tel qu’il est et il doit évoluer. Mais faut-il pour autant radicalement le modifier?
La haie alliée de l’agriculteur
Arbres? Haies? Boqueteaux? Certains estiment qu’ils gênent le passage des machines agricoles, qu’ils nuisent aux cultures en prélevant l’eau et les éléments fertilisants, qu’ils représentent une perte du sol cultivable.
Les recherches des ingénieurs agronomes cependant montrent qu’après arasement, il y a reprise de l’érosion, baisse du rendement laitier d’animaux exposés au vent ou privés d’ombre, diminution rapide des réserves en eau du sous-sol: les haies et petites surfaces boisées non seulement limitent la propriété individuelle, mais aussi protègent le sol, les cultures et les animaux.
En surface, les brise-vent maintiennent l’humidité du sol et favorisent les pluies en ralentissant le vent et en évaporant l’eau puisée dans les couches profondes du sol.
En profondeur, les haies retiennent l’eau en saison humide, la restituent en saison sèche. C’est une lutte efficace contre les crues, la sécheresse.
En surface, les brise-vent maintiennent l’humidité du sol et favorisent les pluies en ralentissant le vent et en évaporant l’eau puisée dans les couches profondes du sol.
En profondeur, les haies retiennent l’eau en saison humide, la restituent en saison sèche. C’est une lutte efficace contre les crues, la sécheresse.
Les haies limitent la verse des céréales et la chute des fruits dans les vergers.
Les haies protègent du vent
Pour qu’une haie soit un bon brise-vent, on doit voir le ciel à travers, elle doit être régulièrement garnie, elle doit être la plus élevée possible, sa hauteur sera proportionnelle à la longueur de la parcelle à protéger.
Un obstacle plein, mur talus ou palissade jointive, ne constitue pas un bon brise-vent. Le vent escalade l’obstacle et il se forme à l’arrière une zone tourbillonnaire très défavorable aux cultures.
Une bande boisée, perméable et large est le brise-vent le plus efficace. L’air s’engouffre presque totalement dans la bande boisée, et s’élimine progressivement par le haut des arbres, ne provoquant aucune turbulence à l’arrière.
Les haies, occupant moins de surface au sol, représentent une solution dont l’efficacité dépend de leur perméabilité. Celle-ci évite qu’une trop forte proportion de l’air escalade l’obstacle et ne crée une zone tourbillonnaire.
Les haies et l’équilibre animal
Les haies limitent les invasions de parasites. De vastes étendues de monoculture favorisent la prolifération d’espèces indésirables: campagnols ou insectes. Par contre, de telles multiplications sont très rares ou très atténuées en zone de polyculture et de bocage.
Les haies favorisent les alliés de l’agriculteur. Les arbres, boqueteaux, haies leur offrent un abri pour nicher et chasser. En bocage, les espèces d’oiseaux sont beaucoup plus nombreuses.
Les haies servent de refuge aux prédateurs des parasites des cultures, depuis les coccinelles qui déciment les pucerons, jusqu’aux chouettes qui se nourrissent de mulots.
Où replanter? dans des haies insuffisantes, des bordures de routes et de chemins, à la limite des propriétés, en bordure de rivières, canaux et fossés, en limite naturelles entre terres labourables et non labourables…
Pour qu’une haie soit efficace, il faut une hauteur minimale (à partir de 5m), une base fournie et sans trous, un maillage suffisant, une haie de 5m abritant une zone de 50 à 80m (la distance abritant deux haies parallèles de ce type peut être au maximum 50 à 80m), et une bonne orientation tenant compte des vents dominants et de la pente du terrain.
(À L’OCCASION DU DEUXIÈME REMEMBREMENT DE MONTILLOT)
Pascal Collin, septembre 2003
P. Collin est directeur du Conservatoire Régional d’ Espace Naturel de Franche-Comté qui a pour mission de gérer les milieux naturels les plus remarquables de Franche-Comté.
Les changements économiques intervenus durant la seconde moitié du XXe siècle ont considérablement modifié les usages des fonds ruraux et le début des années 70 représente un véritable tournant pour les écosystèmes agricoles (Fottorino, 1989 ; Altesor et al., 1998 ; Austad & Losvik, 1998 ; Stampfli & Zeiter M., 1999 ; Alard & Poudevigne, 1999 ; Ihse & Lindahl, 2000 ; Collin et al. 2000). Schématiquement, on peut distinguer deux cas avec, d’une part l’abandon des zones peu productives, et d’autre part l’intensification des autres secteurs.
Montillot est directement concernée par les mutations du monde agricole et le second remembrement ne fait qu’exacerber ce phénomène. Cet article a été réalisé à partir des opérations de suivi des mesures agri- environnementales (MAE, un des nombreux sigles de l’agriculture) menées en Franche-Comté. Son but est d’apporter des éléments de réponse aux conséquences des changements de pratiques agricoles vis à vis des habitats naturels et des espèces que l’on peut rencontrer dans les « écosystèmes agricoles ».
De l’intensification
Plusieurs facteurs ont contribué à l’intensification de l’agriculture avec en particulier une énergie disponible et bon marché qui a favorisé une augmentation des intrants (engrais, pesticides, irrigation, mécanisation) et une refonte des paysages (Pointereau, 1999).
Une des premières conséquences de l’intensification a été de créer un déséquilibre entre les trois grands types d’occupation du sol (Lerat, 1993) : les surfaces en céréales et oléoprotéagineux (SCOP), les surfaces toujours en herbe (STH) et les friches et forêts (la distinction de ces deux formations serait souhaitable). En particulier, la surface toujours en herbe a beaucoup diminué essentiellement au profit des céréales et surtout des oléoprotéagineux.
Tandis que la France perdait 25 % de ses prairies permanentes de 1979 à 2000, la Bourgogne voyait les siennes diminuer de 15% soit une perte de 125 723 hectares ha. Dans le même temps la surface destinée à la culture des oléagineux était multiplié par 5,2 (+ 165 371 ha). Il est également important de noter, durant la même période, la spectaculaire (et inquiétante) progression du drainage par drains enterrés avec un accroissement des surfaces « assainies » de 214 % (+ 108 871 ha) en Bourgogne. La diminution parallèle de la surface agricole utile, environ – 3 % soit 47 112 hectares, est également symptomatique de ce processus.
La perte de biodiversité animale et végétale est une des conséquences de cette intensification (Kornas, 1983). On observe depuis quelques années, à travers l’Europe, une diminution des populations d’oiseaux inféodés aux paysages agricoles et cela même chez les espèces les plus banales.
Par exemple, une étude menée en Angleterre a mis en évidence une diminution de 60 % des populations de Bruant jaune (Emberiza citrinella) et d’Alouette des champs (Alauda arvensis) au cours des 25 dernières années (Crick et al., 1998). Un constat analogue peut être dressé par exemple, pour la Franche-Comté (Piotte et al., 1984 ; François & Michelat, 1996-98).
Ce déclin a été mis en parallèle avec les changements majeurs intervenus dans la conduite des exploitations agricoles qui ont abouti à d’importantes modifications dans la structure des habitats (Rands, 1985 ; Robertson & Berg, 1992 ; Broyer, 1988, 1994, 2000 ; Tucker & Heath, 1994 ; Stroate, 1996 ; Robinson & Sutherland, 1999).
Des changements analogues ont été observés chez diverses populations d’arthropodes avec pour origine essentielle la diminution ou la disparition de la flore naturelle des cultures (Aebischer & Potts, 1990 ; Hald, 1999).
Les plantes des moissons, ou messicoles, font partie des taxons parmi les plus menacés par l’intensification de l’agriculture (Mortimer, 1997 ; Haas & Streibig, 1982). Dans le département du Jura, elles ont fortement diminué puisque 21 % des espèces, sur une liste de 86 plantes, ont aujourd’hui disparu et 42 % d’entre elles ont vu leurs effectifs diminuer de façon significative depuis la fin du 19e siècle (Collin et al., 2000). Les causes de la régression de ces espèces sont aujourd’hui bien connues : mécanisation, tri des semences, utilisation de variétés sélectionnées, épandage de fertilisants et d’herbicides, abandon de l’assolement et utilisation de nouvelles espèces (Haas & Streibig, 1982 ; Aboucaya et al., 2000).
Les prairies n’échappent pas non plus à cette baisse de la biodiversité du fait de (Green, 1990; Broyer, 1988, 1994 ; Magnanon, 1991 ; Daudon, 1993 ; Muller, 1996 ; Grévilliot & Muller, 1995, 1996) : l’augmentation de la fertilisation qui aboutit à une eutrophisation du milieu entraînant alors une disparition des espèces oligotrophes ; l’augmentation du taux de renouvellement de la prairie qui perturbe le milieu et qui cause des difficultés de survie pour certaines espèces vivaces ; l’introduction massive d’espèces génétiquement améliorées qui augmente la compétition interspécifique et entraîne une disparition des espèces non compétitives ; les modifications des propriétés hydriques et physico-chimiques du sol telles que le drainage qui conduit à la disparition des espèces de milieux humides ou le chaulage qui fait disparaître les espèces calcifuge ; la fauche précoce qui empêche la reproduction des thérophytes et des espèces à fructification « tardive » ; l’utilisation de pesticides (anti-mousse, bromadiolone, etc.) et la déprise agricole dans certains cas.
La plupart des paysages européens sont le résultat de corrélations entre l’environnement et l’agriculture (Kornas, 1983).
Outre les effets paysagers, hydrauliques et climatiques, il en résulte une fragmentation des habitats qui affecte la dynamique des populations végétales et animales dans ces processus fondamentaux : migration et colonisation (Giraudoux et al., 1997 ; Hanski, 1999 ; Alard & Poudevigne, 1999).
Une des questions récurrentes posée par les gestionnaires de milieux naturels concerne l’échelle pertinente pour la conservation de la biodiversité. Les niveaux d’interactions entre paysage et agriculture sont dépendants du type d’exploitation mis en place, c’est-à-dire : à quel point les conditions naturelles ont-elles contraint les pratiques agricoles et dans quelle mesure l’agriculture a-t-elle façonné l’environnement ? La détermination de ces corrélations aboutit à une appréciation de l’organisation du paysage qui correspond à un ensemble d’unités agro- environnementales connues en France sous le nom de terroirs chez les agronomes ou d’éco- complexes chez les écologistes. Ces unités paysagères sont elles-mêmes composées de différentes parcelles qui font l’objet de pratiques agricoles homogènes mais qui peuvent parfois présenter une mosaïque de plusieurs communautés végétales. Chacune de ces communautés (ou habitat) constitue l’unité écologique de base à partir de laquelle on détermine la valeur patrimoniale du milieu et son mode de gestion (Muller, 1996 ; Alard & Poudevigne, 1999).
La notion de paysage est indissociable de celle de biodiversité et l’agriculture joue un rôle clef dans leur mise en place, l’intensification des zones productives et l’abandon des secteurs moins rentables sont deux expressions extrêmes de ce processus. Toutefois, intensification et abandon n’ont pas les mêmes effets sur l’environnement et incontestablement, le vrai défi pour l’agriculture consiste à « renaturaliser » les secteurs conduits de façon intensive.
De l’abandon
L’abandon des zones peu productives a de multiples conséquences à la fois écologiques, agricoles, sociales et économiques (Baudry, 1989 ; Bidault et al., 1994 ; Brossard et al., 1997 ; Sciama, 1999 ; Stampfli & Zeiter, 1999). La déprise agricole peut être définie comme étant : « la résultante d’un contexte socio-économique particulier, entraînant l’arrêt de l’utilisation du sol se traduisant par l’apparition de discontinuités spatiales dans l’exploitation et/ou la rupture du système agricole traditionnel, ou encore la reprise biologique sur les territoires abandonnés » (in Bidault et al., 1994).
Cet abandon traduit la diminution du nombre d’exploitations agricoles en France ; l’agriculture ne concerne plus aujourd’hui que 4,8 % de la population active contre 13,5 % en 1970. Toutefois, la déprise agricole de la fin du XXe siècle n’est pas la première que l’ensemble de la Franche-Comté et des autres régions françaises aient connue (Bégeot, 1997). La perte de diversité faunistique et floristique (biodiversité), au moins du point de vue qualitatif, est une des conséquences écologiques à long terme de la déprise agricole lorsqu’elle s’applique à des espaces traités précédemment de façon extensive par le pâturage (Bidault et al., 1994).
Cette perte concerne les espèces inféodées aux milieux ouverts et intervient le plus souvent après une nette augmentation de la biodiversité dans les stades juvéniles et post-juvéniles de la recolonisation (Bidault et al., 1994).
Ce processus est particulièrement frappant dans le cas de l’abandon des terres de qualité moyenne à médiocre, c’est-à-dire dans les pelouses et les zones humides. Le maintien de ces écosystèmes à un stade « bloqué » de leur dynamique est essentiel pour la sauvegarde de certaines espèces patrimoniales (Parnassius apollo, Aster amellus, Saxifraga hirculus, Orobranche bartlingii, etc.). Par exemple, pour les pelouses, la richesse biologique maximale correspond à un équilibre entre les maxima d’abondance et de richesse et les maxima de richesse patrimoniale qui interviennent respectivement pour une fermeture de l’ordre de 50% du milieu par la strate buissonnante et dans les milieux totalement ouverts, mais ayant une structure en mosaïque, ou en début de fermeture (Bidault et al., 1994).
Il convient toutefois de faire ici une remarque importante : l’abandon d’une parcelle conduite de façon intensive aboutit à l’augmentation de sa valeur biologique (biodiversité, paysage, lutte contre l’érosion, lutte contre l’effet de serre, etc.). Un champ cultivé de façon intensive présente une valeur biologique quasi nulle et son abandon se traduirait immanquablement par une augmentation de sa valeur biologique. Néanmoins, l’abandon de terres productives ou susceptibles de le devenir est négligeable, la pression foncière est très forte sur ce type de terrain.
Attention au mot paysage
Les objectifs « paysagers » au sens large sont issus de conceptions normatives liées aux représentations de ce « que doit être » un paysage. Par exemple, la friche, bien qu’étant perçue comme un échec par les agriculteurs, constitue un milieu à part entière abritant de nombreuses espèces spécifiques. Elle est apparue dès que l’homme a appris l’agriculture et fait donc partie intégrante du paysage (Debussche et al., 1993 ; Marty, 1997).
Autre exemple, l’intégration de consignes de gestion des lisières visant à garantir un passage progressif entre la forêt et la prairie permettrait d’augmenter la diversité biologique d’un secteur, par la préservation d’un certain nombre d’espèces inféodées à ces milieux de transition, tout en menant à bien l’objectif paysager de l’opération.
La sensibilisation des exploitants agricoles à l’intérêt biologique de milieux diversifiés doit permettre la mise en oeuvre d’une maîtrise raisonnable de l’extension des ligneux sur une parcelle.
De ce point de vue, la formation d’un public institutionnel (chambre d’agriculture, DDA, etc.) et privé (exploitants, propriétaires) à la gestion conservatoire de la biodiversité est un des éléments clef de la réussite d’une telle opération.
Gestion des lisières après le remembrement à Montillot: en périphérie des cultures, en bordure de forêt, ont été replantées diverses essences connues pour leur adaptation au milieu: merisier, alizier, chêne d’Amérique, acacia ;mais la canicule 2003 rend aléatoire la reprise de ces jeunes plants, cette année.
Deux concepts relativement distincts permettent de mieux percevoir et apprécier l’impact des sociétés sur les paysages/milieux naturels : l’écosystème de référence et le paysage culturel. Le premier pose la question suivante : quelle étape de la dynamique du milieu les mesures de restauration doivent-elles tenter d’atteindre ? Le second met l’accent sur l’importance de l’action humaine dans les paysages qui témoignent des systèmes humains passés.
Les éléments constitutifs d’un paysage peuvent être intégrés de façon très changeante à des argumentaires de gestion. Le cas des actions de boisement entreprises au XIXe et XXe siècles dans le cadre du fonds forestier national est révélatrice de cet état de fait. Par exemple, les paysages caussenards sont tour à tour dénigrés de façon à y promouvoir des reboisements ; puis ces paysages pastoraux sont réhabilités, en particulier dans un souci de conservation du patrimoine naturel (Lepart et al., 2000).
On est alors passé d’un écosystème de référence (la forêt) à un paysage culturel (issu du pastoralisme). Aujourd’hui le paysage culturel tend à devenir le paysage de référence et on a ainsi tendance d’une part à oublier qu’il a été établi par des sociétés dont l’organisation a changé, et d’autre part que l’on supprime la dynamique spontanée du paysage.
Il apparaît alors avec d’autant plus d’acuité que le souci de conservation du patrimoine naturel, au sens de la biodiversité, doit être constamment mis en avant dans les argumentaires liés à la restauration des paysages.
… »l’ère de la grande extermination des plantes est en cours et un vide écologique est en train d’être créé par l’homme »
De la nécessité d’une agriculture durable
Les espèces sauvages qui peuplent les campagnes font partie intégrante du patrimoine naturel et elles justifient tout à fait la mise en place de politiques de conservation de la biodiversité puisqu’elles présentent à la fois un intérêt d’ordre éthique ou culturel, un intérêt économique ainsi qu’un intérêt biologique ou écologique (Barbault, 1993 ; Grime, 1997 ; Aboucaya et al., 2000). Ces espèces sont souvent liées à l’homme et l’agriculture a constitué un formidable outil pour la création d’espèces nouvelles. Par exemple, Les végétaux qui se développent dans les céréales correspondent à des espèces autochtones, recrutées dans des habitats peu stables (éboulis, etc.) et d’espèces allochtones, introduites par l’homme à des époques variées, dont les stations originelles sont le plus souvent localisées dans le bassin méditerranéen, au Moyen Orient ou en Asie centrale. Ces espèces ont accompagné l’homme depuis le début de l’agriculture et certaines d’entre-elles disparaîtraient irrémédiablement sans la survivance d’une agriculture extensive (Kornas, 1983 ; Aboucaya et al., 2000). La flore de France est riche d’environ 7000 espèces (Kerguélen et al., 1987) et pas moins de 1065 d’entre elles réparties en deux groupes avec d’une part, les espèces prioritaires (486 taxons) et d’autre part, les espèces à surveiller (579 taxons), sont menacées (Olivier et al., 1995). C’est donc plus de 15 % du patrimoine végétal national qui est en danger. Un constat analogue peut être fait en Bourgogne et en Franche-Comté. Ce n’est pas la première fois que des changements importants concernant la biodiversité ont lieu en Europe (Kornas, 1983 ; Begeot, 1997). Toutefois, il semble qu’il y ait une grande différence entre ce qui ce passe aujourd’hui et les changements passés : les pertes de biodiversité végétale et animale ne sont pas compensées par les gains et les processus évolutifs ne peuvent égaler les extinctions. En 1983, J. Kornas s’exprimait ainsi : « The era of « great extermination » of plants set in and a manmade ‘ecological vacuum’ is being created » (l’ère de la grande extermination des plantes est en cours et un vide écologique est en train d’être créé par l’homme). L’auteur de ces lignes envisageait alors deux scénarios alternatifs, l’un optimiste, et l’autre pessimiste. Toutefois, une prise de conscience de ce phénomène semble exister aujourd’hui et le maintien de la biodiversité est devenu une nouvelle priorité pour les gestionnaires de milieux naturels. Il nécessite la mise en place de nouvelles pratiques culturales s’inscrivant dans le cadre d’un développement durable du monde agricole (Burel & Baudry, 1995 ; Jones & Hayes, 1999 ; CMED, 1989). L’introduction de paramètres environnementaux dans les pratiques agricoles est une première étape vers la mise en place d’une agriculture durable. La notion de développement durable cherche à concilier les exigences du développement économique avec celles de la protection des ressources et des milieux naturels (CMED, 1989). La préservation de la biodiversité dépend de notre compréhension des phénomènes qui permettent la création de nouvelles espèces et de leur maintien dans les écosystèmes. Les études démographiques à long terme sont, de ce point de vue, essentielles dans la connaissance de la biologie des populations. On peut espérer que la mise en place des Mesures Agriculture Environnement et l’utilisation des corridors et des réseaux biologiques pourra permettre le maintien des espèces patrimoniales en pratiquant une gestion adaptée, compatible avec l’exercice de la profession d’agriculteur.
Conclusion
Le remembrement est une opération qui est assez caricaturale (du moins tel qu’ils ont été réalisés jusqu’à présent) des relations agriculture/environnement.
Toutes les données scientifiques accumulées depuis plusieurs décennies montrent un effet nettement négatif de cette opération d’aménagement du territoire sur le patrimoine naturel.
Un autre aspect des choses est que la déprise et l’intensification qui sont les deux problèmes posés par l’agriculture à l’environnement, en terme de biodiversité, ne sont pas du tout traités de la même façon. Seule l’action sur la déprise semble bien acceptée par le monde agricole ; pourtant, il faudra impérativement que la nature retrouve quelques droits dans les zones d’agriculture intensive. Le maintien de la diversité maximale (en terme de valeur patrimoniale) ne va pas forcément à l’encontre du développement économique (Lepart, 1997).
Aboucaya A., Jauzein P., Vinciguerra L., Virevaire M. 2000. Plan national d’action pour la conservation des plantes messicoles. Rapport final, mars 2000. Ministère de l’Environnement, Direction de la Nature et des Paysages (sous direction de la chasse, de la faune et de la flore). 46 p.
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Le propriétaire actuel du manoir qui fut le « Château de Montillot » a bien voulu nous apporter, d’une part un commentaire, d’autre part une réponse à la question d’une internaute.
1)- le commentaire : notre correspondant a été frappé de la ressemblance entre les aventures de jeunesse de LAVIROTTE et celles de son contemporain Henri BEYLE (1783-1842), devenu plus tard écrivain célèbre sous le nom de STENDHAL
… « Même rôle dans la cavalerie à la suite d’un général protecteur, emploi similaire dans l’intendance, convalescences « au pays », vie mondaine en pays occupés – Italie, Saxe, Autriche…- « il ne manque que l’ennemi », écrit-il à sa sœur ! -. Et pour finir tous deux hauts fonctionnaires, l’un à l’Inspection des Finances et l’autre dans les Chancelleries, après être passé par le Conseil d’Etat du petit Corse… Et les exils à Autun et Civita-Vecchia ont bien des points communs ».
Notons qu’après de nombreux spécialistes « beylistes » et autres auteurs connus, – tels que Prosper MERIMEE (son ami…), André François-Poncet, Léon BLUM, Claude MAURIAC…- Jean LACOUTURE a publié en 2004 une nouvelle biographie, « Stendhal, le bonheur vagabond » (Seuil).
Et notons aussi, que si LAVIROTTE n’a laissé que quelques pages de mémoires, STENDHAL a beaucoup écrit : une abondante correspondance, des récits de voyage, des romans …Mais son œuvre littéraire ne fut reconnue que 50 ans après sa mort.
Avec LAVIROTTE, il avait aussi en commun l’amour des femmes – en particulier des Italiennes – ce qui lui valut, très jeune, une M.S.T. de l’époque qui abrégea sa vie , et une expérience approfondie des passions, qui lui permit une analyse fine de l’éclosion « de l’Amour » , baptisée par lui « cristallisation » ( par analogie aux cristaux brillants qui apparaissent petit à petit sur une branche jetée dans une mine de sel du Salzburg), et que l’on trouve encore dans les ouvrages de psychologie …
2)- la réponse à la question posée par une internaute icaunaise qui connaît Montillot – peut-on retrouver le « long bâtiment presque neuf » de 1793 – cité par César L. – dans les constructionsd’aujourd’hui ? – est fournie par la photo actuelle du manoir et de ses dépendances, annotée et corrigée par le propriétaire selon les indications d’actes notariés anciens et les observations effectuées sur la structure des murs et des fondations.
L’histoire d’une maison.
le château, actuellement
les bâtiments anciens dits du gardien, actuellement
13 juin 1639 :
Devant Me Dieudonné GRINEAU, notaire à Vézelay, Jacques JOYAULT, laboureur à Malfontaine (/Brosses) et sa sœur Anne, épouse DEBUSSET, vendent à Jacques de LONGUEVILLE, « escuyer Sieur de Sarrigny » et à sa femme « Damoiselle Barbe de LA BORDE »,
« ung bastiment assiz aux faubourgs de Monteluot appelé Toucheboeuf, consistant en trois chambres, grenier dessus avec le verger y attenant, et cour devant du gros du dict logis, aysances et apartenances… » Plus « ung verger assiz au dict lieu …tenant d’un long au grand chemin qui va de Monteluot au Faye, d’autre au chemin allant au puitz de Toucheboeuf » …plus quelques autres terres et vignes. Le paiement étant effectué avec une somme héritée d’une aïeule de Barbe de LA BORDE, la propriété « demeure propre à la dicte de LA BORDE ». Ce bâtiment, – le plus ancien – appareillé à la terre d’arène, existe toujours. Jusqu’en 1980, il comprenait trois chambres, – cuisine comprise – grenier et cave. Il était – toiture mise à part – pratiquement dans le même état qu’au 17ème siècle.
30 mars 1648
Devant Me Edme Massé, notaire à Blannay, Jacques de LONGUEVILLE vend pour 1000 livres tournois à son beau-frère Bon de LA BORDE l’ensemble des propriétés qu’il a acquises à Monteluot depuis 1639, dont la maison de Toucheboeuf. Le dit « Sieur de LA BORDE » habite Monteluot à partir de 1649, jusqu’à sa mort, vers 1662. La propriété de Toucheboeuf revient à son fils Dieudonné, né en 1647 à la Borde, dans la paroisse d’Asquins. Lui-même, marié en 1674 avec Elizabeth de BURDELOT, de Brosses, eut 9 enfants, dont 3 survivaient à son décès en 1724.
18 février 1724
Devant les notaires DEFERT et GROSSOT est effectué le partage des biens de Dieudonné entre Magdelenne, Simon et Bon de LA BORDE.
C’est à ce dernier que revient la maison où est décédé son père, « consistante en chambres basses… grenier dessus, cave, granges, étables, batiment de pressoir…colombier, …le tout enfermé dans une cour …vergers, terres labourables, prés, vignes … ». Peut-être y-a-t ’il déjà une prolongation vers l’ouest, amorce du grand bâtiment d’un niveau ? Tout cet ensemble, peu remanié, existe encore, sauf les nouvelles chambres de l’ouest qui seront démolies au 19ème siècle.
Vers 1750
Le bâtiment est prolongé de 30 m vers l’ouest, toujours sur un seul niveau, couvert d’un grenier et de galetas.
La cuisine est reportée à l’extrémité Ouest, jouxtant la salle de séjour.
5 avril 1793
C’est ce « long bâtiment presque neuf au milieu d’une touffe d’arbres » que découvre LAVIROTTE en arrivant à Toucheboeuf. En fait, seule l’aile Ouest est récente.
1810-1820
On dispose – grâce à Napoléon ! – du premier cadastre et de la première information graphique sur le domaine de Toucheboeuf.
Ce plan omet les annexes, tel le colombier, qui existent déjà depuis près d’un siècle, mais figure, isolé sur le côté ouest de la cour, un long bâtiment qui pourrait être « écurie-grange-étable ». Il disparaîtra au 19ème siècle lors de la création du jardin devant la maison principale à la place de la « cour agricole ». L’épaisseur des murs de cette aile (80 à 100 cm) atteste d’une construction du 18ème siècle appareillée à la terre d’arène.
La suite ?
Vers 1850 :
Transformation radicale : la partie Est de la nouvelle aile est démolie pour séparer les vieux bâtiments à destination agricole du corps de logis Ouest destiné à une occupation bourgeoise. Un étage est construit sur la partie restante de la nouvelle aile, comprenant quatre chambres desservies au Nord par un couloir. La toiture est à 4 pans, réutilisant la poutraison ; des mansardes sont ouvertes dans le comble.
Cette maison prend l’allure d’une classique demeure bourguignonne du 19ème siècle. Les anciens bâtiments du 17ème, cernés par une cour privative, gardent leur vocation agricole jusqu’au début du 20ème siècle, lorsqu’ils sont affectés au gardien-jardinier, les domestiques étant logés dans les mansardes de la maison principale. Elles ont remplacé le galetas qu’a connu LAVIROTTE à l’étage inférieur.
En 1923
Construction sur le pignon Ouest de la maison principale d’une tour carrée d’un étage sur cave et citerne, et d’une tourelle semi-circulaire sur la façade Nord, donnant accès à la fois à la cave et à la chambre du 1er étage de la tour.
Fin 20ème siècle : adjonction de 2 pièces en rez-de-chaussée sur la façade Nord, nouveaux hangar et garage et enfin modernisation de l’ensemble Est, devenu le pavillon de la gardienne du domaine.
De l’ensemble des bâtiments qu’a connus LAVIROTTE, subsistent avec des remaniements modérés concernant l’aspect extérieur :
Le groupe du 17ème siècle dans son intégralité (le « pavillon »).
Le rez-de-chaussée de la maison principale, à l’Est de la Tour carrée et de la Tourelle.
A. Buet †, Notes de lecture… « Mémoires d’un Inspecteur des Finances, César Lavirotte (1773-1859) » –
Ed. La Vouivre – 11 rue St Martin – 75004-Paris – 2003.
… « Enfin après trois heures de marche dans ces pays inconnus pour moi, j’atteignis le village de Montillot situé au milieu d’une plaine fertile et adossé à l’Est à de vastes forêts. Je me persuadais que M. de Villenaut devait habiter un château, au moins une gentilhommerie, mais je ne vis rien qui m’offrît cette apparence. Je me décidai donc à demander où était sa demeure. On me dit : « C’est tout là-bas, en Toucheboeuf, un peu plus loin », en me montrant un long bâtiment presque neuf au milieu d’une touffe d’arbres… J’entrai dans une grande cour… puis dans la cuisine, où il trouva quatre dames « vêtues avec une simplicité presque rustique. L’une, d’un âge très avancé, assise dans un grand fauteuil, était la mère de M. de Villenaut, née de Savelly. Je sus que la seconde, fort chargée d’embonpoint était la maîtresse de maison ; à côté d’elle, sa sœur, déjà vieille et d’une maigreur angulaire, qu’on nommait mademoiselle Laborde de Boistaché, filait sa quenouille ; enfin venait une jeune personne, grande, brune, aux traits agréables, bien faite et d’une forte complexion, mademoiselle de Villenaut, qu’en famille on appelait tout bonnement La Villenaute … »
Le maître de maison arriva plus tard : « M. de Villenaut me fit l’accueil le plus cordial, parut fort touché de mon malheur et m’assura que je serais en sûreté chez lui en faisant connaître dans le village que j’étais le fils d’un de ses parents de Bourgogne…… »
Ce jeune homme qui arrive inopinément au « château » de Montillot, pour demander l’hospitalité à un ancien compagnon d’armes de son père, s’appelle César LAVIROTTE. Né à Arnay-le-Duc, en Côte d’Or en 1773, d’une famille de petite noblesse provinciale, il est admis à 18 ans, sur recommandation de son père, capitaine et chevalier de Saint-Louis, à l’école d’artillerie d’Auxonne, avec le grade de sous-lieutenant. Là il côtoie un lieutenant nommé Bonaparte qui lui donne un jour une leçon de maths ; il le trouve « peu élégant de tenue et de manières », et s’éloigne de lui et de sa réputation de « révolutionnaire » ! En septembre 1791, après seulement 6 mois d’école, il manifeste en public ses opinions royalistes, et échappe de justesse à une foule criant « A bas l’aristocrate ! ». Il doit rentrer dans sa famille, à Champignolles, entre Arnay-le-Duc et Beaune. Là il retrouve des amis qui se préparent à émigrer au-delà du Rhin, pour « servir la cause du Roi, auprès des Princes ses frères à l’étranger » . Une pleurésie l’immobilise six mois et l’empêche de les suivre. Nous sommes fin 1792, la Patrie est déclarée en danger, et la Convention appelle 300.000 hommes sous les armes.
Après une manifestation de rue à Arnay-le-Duc, il échappe aux gendarmes en évitant les grandes routes, et se faisant héberger par des familles amies à Châlon puis Lyon. Finalement il rejoint Paris, où il pense se cacher plus facilement. Mais il se fait arrêter dans un attroupement et, aussitôt libéré, décide de rejoindre sa Bourgogne. Il prend donc à Villeneuve-St Georges le coche d’eau pour Auxerre, et là une « patache » l’amène à Vermenton en compagnie d’un ami de rencontre, qui va à Vézelay et lui indique les chemins de traverse pour Montillot. C’est là que nous le retrouvons…
Pendant un mois et demi, le temps s’écoule paisiblement ; il aide ses hôtes aux champs, les accompagne à la chasse – avec chiens ou furet – et aux foires voisines, comme il l’avait fait avec son père. Mais notre César, ayant échappé aux poursuites, est maintenant inscrit sur la liste des émigrés. Une indiscrétion va tout gâcher !
Le 24 mai 1793, au cours du dîner, « une foule en armes, conduite par un chef flotteur de bois, nommé Rousseau, connu et redouté pour son jacobinisme, forçait la porte de la cour » …
César prend ses papiers et s’échappe dans les prés vers les bois voisins ; « je me risquaià la course la plus rapide possiblestimulée par la décharge de quelques mauvais mousquets qui ne m’atteignirent pas » …
A pied il contourne Vézelay, puis Avallon, et passe la nuit dans une auberge près de Lucy-le-Bois. Le lendemain par Vermenton et St Bris il rejoint Auxerre et rend visite à un fils de VILLENAUT à l’Ecole Militaire, tenue par les Bénédictins. Sur les conseils du père supérieur, il prend la sage décision de s’engager dans les armées de la République, et rejoint le 6ème Régiment de hussards à Sedan, 320 km à pied, par Troyes, Reims et Charleville.
Mais il n’est que simple soldat, et dégoûté par le nettoyage des latrines, il réussit à obtenir un emploi de secrétaire. Il attrape la gale d’un camarade de lit, et un « billet d’hôpital » lui permet de se faire soigner où il veut. Il revient donc à Montillot, où ses amis le font soigner par le Dr ROUCHE, de Vézelay. Il a appris entre temps que son père, sa mère et sa sœur étaient emprisonnés à Dijon.
Guéri, il rejoint sa garnison au début du printemps 1794. Il participe à la campagne de Hollande pendant l’hiver 94-95, mais son emploi de secrétaire le protège des batailles. En janvier, la Hollande était conquise, et les Français accueillis comme des libérateurs.
Sa position de secrétaire, sa distinction, ses talents de musicien et de chanteur lui permettent d’approcher les officiers et de se faire admettre dans leur société. Et que la vie est donc joyeuse en Hollande occupée !
Une permission lui donne l’occasion de voir ses parents qui viennent d’être libérés. Il s’arrête à Montillot, pour saluer ses amis, et en particulier la « bonne demoiselle de VILLENAUT », pour laquelle il dit éprouver une « tendre affection », qu’il pense partagée … (Quelques années plus tard, ayant appris la mort récente de Mr de VILLENAUT, et très ému en approchant de Montillot, son premier devoir fut de se rendre « sur la place fraîchement remuée sous laquelle reposait cetexcellent homme »).
Devenu secrétaire d ‘état-major, puis aide de camp d’un chef d’état-major général, il reçoit de plus en plus de missions de confiance : rédaction des rapports d’opérations militaires …et aussi accompagnement de femmes – légitimes ou non – d’officiers supérieurs…
Les hasards des campagnes l’amènent en Bretagne (lutte contre les Chouans), en Italie (commandement militaire des départements annexés au-delà des Alpes), en Suisse (guerre civile), à Boulogne (préparation de l’invasion de l’Angleterre), côtes de la Baltique (hostilités contre le roi de Suède, derrière le maréchal Brune) …
Il se marie en 1804 à Coni avec la fille d’un administrateur civil français.
Après la campagne de Suède, mal conduite aux yeux de l’Empereur, le Maréchal Brune est frappé de disgrâce et LAVIROTTE, soucieux de s’occuper davantage de son foyer familial, démissionne de l’armée en 1808.
Quelque temps après, il obtient difficilement un emploi subalterne dans les bureaux des finances du Piémont, puis profite de la création en 1811 d’un corps d’inspecteurs du Trésor pour y être progressivement incorporé. Sa situation d’ancien militaire lui permet d’accomplir des missions importantes, telles que le convoyage de caisses de monnaies d’une valeur de 2 millions-or de Turin à Varsovie pour les besoins de la Grande Armée. Il revient en octobre 1812 par Vienne, où il rencontre Metternich au cours d’une réception à l’Ambassade de France.
Les nouvelles de la Campagne de Russie sont mauvaises. Prudent, LAVIROTTE obtient sa mutation en France, et vient habiter Châlons. Il conserve son poste après la fin de l’Empire. Dans son récit, il fait à peine allusion aux évènements de 1814 et 1815. Il évoque seulement les ennuis dus aux invasions des troupes étrangères, alors qu’il était devenu maire de Champignolles après la mort de son père…
En 1830, se rendant compte que par suite de restrictions budgétaires, il ne passera pas Inspecteur Général, il prend sa retraite et s’installe à Autun, avec un petit emploi subalterne. Voulant aider un ami, il fait des placements malheureux, et évite la ruine de justesse.
Il occupe ses loisirs à l’archéologie (site de Bibracte) et à l’histoire locale : il trouve dans les annales d’Arnay-le-Duc de quoi, écrit-il, « élever un petit monument historique au lieu qui me vit naître », et la publication de ses travaux est accueillie avec ferveur par les érudits bourguignons.
En 1846, il prend sa retraite complète, après 46 ans au service de l’Etat.
Pendant l’hiver de 1854, il entreprend la rédaction de ses mémoires qu’il intitule « notes intimes et commémoratives de mon pèlerinage à travers les sentiers raboteux que j’ai suivis pendant ma longue et obscure vie ».
Ces pages ne sont sorties d’un placard poussiéreux qu’il y a peu d’années. Elles ont intéressé l’Inspection générale des finances, dont les documents les plus anciens ont disparu dans l’incendie des Tuileries en 1871. Après une « mise en forme », elles ont été éditées en 2003.
Elles se lisent comme un roman, retraçant la vie d’un homme, fidèle serviteur de l’Etat, comme militaire puis fonctionnaire civil, dans une époque particulièrement troublée, allant de la fin du règne de Louis XV à la moitié de celui de Napoléon III.
Le langage est « choisi » et fort agréable, le style des lettrés de cette époque. Il nous présente une suite d’anecdotes de vie quotidienne, relatives à des faits qui l’ont touché personnellement, évitant les considérations de stratégie ou de politique générale.
Ce n’est pas un héros qui parle ; il n’a pas agi sur les évènements – entre lesquels il s’est plutôt « faufilé » ! – et a parfaitement conscience de ses limites ; il n’est d’ailleurs pas plus indulgent pour les autres, et ses portraits sont souvent très caustiques !
C’est un être qui veut d’abord profiter de la vie, quelles que soient les circonstances. Il aime aller au théâtre et à l’opéra, s’amuser avec des amis, danser, chanter, … et apprécie les femmes. Plus de 50 ans après, il se souvient, pour chaque lieu de séjour, de celle qui a attiré son regard. Ses voisines qu’il préférait à 15 ans aux séances de catéchisme, la petite chanteuse de 17 ans qu’il a suivie quelques jours dans sa tournée alors qu’il était à l’école militaire, une inconnue rencontrée dans la diligence de Bruxelles…, toutes charmantes compagnes qu’il a successivement oubliées, …oublis dont il exprime gentiment le regret, avec quelquefois un léger dépit – « elle se laissa marier à une espèce de sot ! » – .
Il faut excepter le cas de celle qui devint son épouse, rencontrée à Coni « remarquable par sa riche et belle taille, son beau teint, son charmant sourire, son embonpoint attrayant, ses yeux si doux, et par infiniment de grâces naturelles répandues sur toute sa personne… »
Notre attention a bien sûr été d’abord attirée par le récit de ses passages par notre village, nous présentant des « instantanés » très vivants de l’intérieur d’une maison de Montillot il y a plus de 200 ans. Les personnages nous sont tous connus :
– le maître de maison Louis Nicolas Marie de VILLENAUT (1733-1805), originaire du domaine du Colombier à Etais-la-Sauvin (domaine resté propriété de cette famille), ancien Capitaine des Grenadiers du Roi, venu épouser Edmée Elizabeth de LA BORDE (1738-1805) en 1771 ; maire de Montillot en 1789 et 1790.
– sa mère Marie-Jeanne SAVELLI (1707-1793), fille de François SAVELLI (1670-1761), seigneur de Maupertuis, époux d’Elizabeth de BURDELOT, de Brosses.
– sa belle-sœur Françoise de LA BORDE DE BOISTACHE (1742-1826), restée célibataire.
– Sa fille Françoise MULLOT DE VILLENAUT (1771-1858), qui capta un moment le cœur de notre César et s’est mariée en 1805 avec Joseph Anne Georges de LENFERNA, venant de Gurgy, près d’Auxerre.
Ce dernier est notre « J.A.G.L. », qui a géré les propriétés de Montillot à la suite de son beau-père, et fut maire sous la Restauration, de 1816 à 1819. Ses livres de comptes, parfaitement tenus, nous ont permis de reconstituer une partie de la vie du village au début du 19ème siècle.
Mais ces mémoires de César LAVIROTTE nous apportent davantage : une vue originale sur l’arrière – plan des évènements historiques de la Révolution et de l’Empire : les rivalités, les intrigues, les passe-droits …Et aussi un éclairage surprenant de la vie mondaine des états-majors entre des batailles souvent sanglantes : les officiers faisant venir leurs femmes et menant joyeuse vie avec réceptions, spectacles et fêtes diverses. Mode de vie qui n’était pas propre à l’armée française : on ne peut oublier cette « mission spéciale » confiée à César en septembre 1799 : « ramasser », soigner et rapatrier 200 femmes anglaises, abandonnées dans la boue de chemins défoncés, par les troupes anglo-russes commandées par le duc d’York en personne, le général Brune ayant repoussé leur incursion en territoire hollandais …
Certains paragraphes de ces mémoires pourraient compléter agréablement les colonnes en petits caractères de nos livres d’histoire !
Merci à César LAVIROTTE pour ce travail qu’il jugeait trop modestement « incohérent et sansutilité », et destiné seulement à « intéresser ses enfants à sa mémoire ». Et merci à ceux qui, en l’éditant, lui ont rendu un hommage bien mérité…