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La révolution à Montillot

A. Buet, 2001

1- rappel historique

     Nous avons déjà saisi la difficulté de reconstituer l’histoire d’un village qui n’a pas de place visible dans l’Histoire, – avec un grand H -…

Lorsqu’un fait remarquable de l’extérieur est survenu en un lieu dans le passé, des historiens se sont déjà penchés sur tous les documents permettant de le décrire, de l’expliquer et d’en analyser les conséquences. Et il  suffit alors de nous reporter à leur travail et de comparer leurs interprétations.

  C’est le cas de Vézelay et Avallon, bien sûr, mais aussi des villages des vallées proches, Asquins, Saint Père, Châtel-Censoir…

Rien de tel à Montillot : pas d’événements majeurs, pas de découvertes archéologiques,  pas de châtelains prestigieux !

Nous devons donc « aller à la pêche » aux faits divers dans les archives diverses, privées et publiques, civiles et militaires, laïques et ecclésiastiques…

L’une des pistes consiste à « sonder » ces documents dans les périodes marquantes de l’Histoire de France, à la recherche des lignes de rubriques où apparaisse Monteliot,…Montilliot, …ou Montillot, et d’en tirer ce qui peut nous faire connaître  nos ancêtres, leur mode de vie, leurs relations avec les divers pouvoirs, et deviner leurs soucis, et quelquefois peut-être, … leurs joies.

La Révolution française est considérée comme un événement majeur dans l’histoire du Monde. Remettant en cause fondamentalement les pouvoirs constitués, elle n’est certainement pas passée inaperçue à Montillot.

Examinons l’un des chapitres, celui des relations du « peuple » et de l’Eglise …

Rappelons  les principaux événements de ce début  de révolution :

–         Août 1788 : le Roi Louis XVI convoque les Etats-Généraux, assemblée des représentants du peuple afin d’en obtenir les ressources financières que ses ministres successifs n’avaient pas pu trouver.

–         5 mai 1789 : dans la salle des Menus-Plaisirs du château de Versailles, s’ouvre la 1ère réunion  avec 1139 députés, dont 270 pour la noblesse, 291 (dont 208 curés) pour le clergé, et 578 pour le Tiers-Etat (par définition, tout homme qui n’est ni prêtre ni noble, fait partie du « tiers état »).

–         Le lendemain, un différend apparaît à l’occasion de la vérification des pouvoirs des députés : les « privilégiés » (noblesse et clergé) veulent que l’on procède « par ordre », alors que les députés du tiers réclament une opération commune, qui préluderait à des délibérations communes et , pour les décisions à prendre, à des votes « par tête » plus avantageux pour eux que le vote « par ordre », systématiquement défavorable.

–         Après 5 semaines de désaccord, le 17 Juin, sur motion de l’abbé Sieyès, député de Paris, considérant qu’ils représentent « les 96 centièmes au moins de la Nation », les membres du Tiers se proclament constitués en Assemblée Nationale et décident que tout impôt devra être soumis à leur accord.

–         Le Roi tente de résister mais se heurte à la détermination des députés ( c.f. serment du Jeu de Paume, apostrophe de Mirabeau – « volonté du peuple » et « force des baïonnettes » -…) et finit par accepter le 27 Juin l’assemblée unique et le vote par tête. Le  9 Juillet l’Assemblée Nationale prend le nom d’Assemblée Constituante et commence à discuter un programme de réformes. ( Elle devait se dissoudre le 30 Septembre 1791, après avoir établi une Constitution définissant les droits et devoirs respectifs du Roi et des citoyens).

–       Emu par des bruits de coup de force militaire, le peuple de Paris se soulève : le 14 Juillet 1789 la forteresse royale de la Bastille, prison d’Etat, est investie par les insurgés. Les 5 et 6 octobre, le peuple parisien marche sur Versailles et contraint le roi à résider à Paris, au château des Tuileries.

–       L’Assemblée travaille : dans la nuit du 4 Août, elle abolit tous les privilèges et proclame l’admissibilité  de tous à tous les emplois 

–       le 26 Août elle vote la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » …Mais on n’avait pas encore remédié besoins croissants du trésor. Ce n’était pas nouveau : à la mort de Louis XIV (1715) , les caisses de l’Etat étaient vides . Sous LOUIS XV, en 1739, le ministre ORRY réussit à équilibrer le budget. Mais les dépenses du roi et de la Cour, ainsi qu’un important programme de constructions, aggravent le déficit. Le ministre MACHAULT veut exiger de tous, privilégiés et roturiers, une contribution commune de 1/20 ème des revenus, mais, devant les protestations, il doit renoncer…A la mort de Louis XV, son successeur hérite d’une situation de banqueroute …

–       Les ministres successifs de Louis XVI, Turgot, Necker, Calonne, Loménie de Brienne,… ne parviennent pas à imposer les réformes nécessaires et suscitent une franche hostilité des « privilégiés » lorsqu’ils proposent l’égalité devant l’impôt. La participation à la guerre d’indépendance des Etats-Unis, de 1778 à 1783, accroît notablement les dépenses de l’Etat

2- Les Biens Nationaux 1

Nous sommes en Juillet 1789 ; nos « Constituants » se trouvent confrontés à un grave problème : la dette de l’Etat s’élève à plusieurs milliards de livres . Les rentrées fiscales déjà affaiblies par suite de mauvaises récoltes, sont rendues plus difficiles en ce début de révolution : évasion de capitaux, refus des contribuables…En août, le ministre NECKER lance 2 emprunts, de 30 et 80 millions, mais sans succès ! L’éloquent MIRABEAU, agitant le spectre de la « hideuse  banqueroute», fait voter en octobre une « contribution patriotique » d’un quart du revenu par tous les citoyens, ressource d’un million environ, hélas  insuffisante…

Certains députés, dont l’évêque TALLEYRAND, reprennent alors une idée déjà émise au 16ème siècle, selon laquelle le clergé est le dépositaire, et non le propriétaire de ses biens, dont une grande partie provient de dons de la masse des fidèles. Or ces propriétés couvrent presque un quart du sol de la France, sont évaluées  à 4  milliards et donnent un revenu d’environ 400 millions de livres.

Une décision s’impose …

Le 2 Novembre 1789, l’Assemblée Constituante décrète : « Tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation, à la charge de pourvoir d’une manière convenable aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres, au soulagement des pauvres, sous la surveillance et d’après les instructions des provinces ». Ils prennent le nom de « biens nationaux ».

Mais la vente de toutes ces terres ne peut se faire qu’en plusieurs années, et on a un besoin immédiat d’argent . On imagine donc de faire de ces domaines nationaux la garantie d’un papier-monnaie. La loi du 19 décembre 1789 crée les assignats, sortes de bons du Trésor de 1000 livres portant intérêt à 5%.  On les achète donc avec la monnaie métallique – or, argent, cuivre -, ayant cours et les sommes correspondantes rentrent immédiatement dans les caisses de l’Etat . Les terres de l’Eglise ne pourront s’acheter qu’avec ces billets, lesquels seront normalement détruits à leur retour dans les mains de l’Etat.

La première émission est de 400 millions de livres et a beaucoup de succès. Malheureusement , la gestion financière de l’Etat ne s’améliorant pas, les guerres entreprises étant coûteuses, on multiplie les émissions, …jusqu’à plus de 45 milliards ; et dès 1796 on doit retirer les assignats, devenus sans valeur !.

Cette opération  permet, – sinon d’éteindre la dette publique -, du moins de réaliser un gigantesque et irréversible transfert de propriétés : les milliers de nouveaux propriétaires,- bourgeois et paysans aisés -, deviennent des partisans inconditionnels de la Révolution !

3- Inventaires et Adjuducations des biens nationaux

Voyons comment ces opérations se passent à Montillot. Les dossiers correspondants sont classés aux Archives départementales de l’Yonne dans la série Q.

On y trouve les procès- verbaux détaillés des inventaires, des estimations et des adjudications, le tout s’étalant sur une dizaine d’années au moins et présentant une comptabilité rigoureuse.

Les biens « nationalisés » appartiennent sous l’Ancien Régime, soit au Chapitre de Vézelay, soit à la cure de Montillot, soit à la fabrique, – organisme de gestion (entretien de la nef et autres biens rattachés à l’église) composé d’un groupe d’habitants élus .

Les acheteurs des biens nationaux sont soit des bourgeois de la région, soit, souvent regroupés, les paysans et laboureurs du village, nos ancêtres, que nous reconnaîtrons au passage , ainsi que certains lieux-dits du territoire de notre commune …

Extrayons quelques exemples de ces volumineuses liasses.

D ‘ abord des inventaires

  •  Inventaire des biens de la cure et de la fabrique de Montilliot  – Le 1er Septembre 1790 (réf : Q324). … Inventaire fait « par nous, officiers municipaux de la commune de Montilliot, en présence du procureur syndic », …réunis « dans la maison curialle du dit lieu », … « en exécution des décrets de l’Assemblée Nationale et de l’arrêté du Directoire du District d’Avallon du 27 Juillet dernier » …demandant « l’inventaire des titres, papiers, enseignements attachés au bénéfice de la cure de cette commune, ainsy que de ceux appartenant à la fabrique de ce lieu, ainsy que des ornements, lainges, vazes sacrés et autres effets qui peuvent en dépendre et qui se trouveront, soit dans l’église, soit dans la sacristie ».… 
  • « avons trouvé Mr DESAUTELS, prêtre-curé, lequel nous a à l’instant apporté tous les titres et papiers qu’il nous a déclaré avoir en sa possession » ( il en a lui-même rédigé une liste, datée du 22 Novembre 1790)
    • « une liasse contenant 6 pièces, 3 en parchemin et 3 en papier, non compris l’enveloppe, qui sont   les titres concernant les quartes de seigle, d’avoine et 5 deniers dus par chaque habitan de cette      commune au curé, qui sont a la date de l’année 1370, sous la cotte A ».
    •  «  un titre fait en 1687 le 13 septembre par Bonne Guion, veuve Barthélemy Defert, d’un demi arpent de terre, a la charge par le sieur curé de dire une messe basse annuellement » …
    • «  la fondation par Jaque Joachim et sa femme d’une messe basse la veille ou lendemain de Saint-Laurent moyennant un arpent de terre situé en Rabadoux, finage de Monteliot, par acte du 9 may 1640, reçu par Pernot, notaire à  Monteliot  » … 
    • «  le 14 mars 1705 fondation pour acquit de deux messes basses par Toussaint Ferrand et sa femme moyennant un journal de terre situé au Buisson Rond »… 
    •  «  un acte d’échange d’un demi arpent de terre entre le curé Guillaume Collas et  le sieur de la Borde, le 30 may 1712 »…
    • « les pièces d’une procédure tenue a la requette du Sieur Brothé, curé, contre messieurs du Chapitre de Vézelay en 1567 »…
    • «  les pièces d’une procédure tenue et concernant le droit prétendu par le Chappitre de Chatel Censoy de célébrer a Montilliot la messe du jour de Saint Laurent, patron de la paroisse ; sentence du présidial d’Auxerre du 11 janvier 1724 »…
    • «  un dossier contenant 13 pièces dont 5 en parchemin et 8 en papier concernant la qualité en grain due par messieurs du Chapitre de Vézelay à Mr le curé de Monteliot pour luy tenir lieu de la portion congrue, dans lesquelles pièces sont sentences du bailliage d’Auxerre et arrest du Parlement de Paris confirmatif d’icelles » …
    • différentes déclarations faites par les Sieurs Faulquier, Goureau et Desautels du revenu de la ditte cure ;
    • un certain nombre de liasses de baux à ferme d’admodiation (= location) de terres, pour exemples :
      • du Sieur Faulquier, curé de Monteliot à Jean Trémeau, le 2 Juin 1724 (par Defert, notaire) , à Edme Rétif le 28 Novembre 1732, à Etienne Trémeau le 22 Mars 1744…
      • du Sieur Goureau, curé, de terres de la cure à Morice Savelly pour 9 années le18 mai 1753 (Pillon, notaire à Vézelay)
      • par Messire Desautels, de terres de la cure à Marie Gutin le 16 avril 1763 (notaire Defert)…
  • Le groupe s’est ensuite « transporté » à l’église paroissiale, et a examiné : dans la sacristie, un petit coffret à double clef, contenant différents documents : la déclaration des biens de la fabrique en 1707, et plusieurs baux …« dans l’armoire, calice, ciboire, vases, chasubles, nappes, ensensoir, chandeliers, bénitiers, … »
  • Ensuite, ils sont allés visiter la « chapelle du  Vaudonjeon » ; leur procès-verbal nous en donne la description intérieure …. « à l’entrée de laquelle chapelle et au-dessus du portail est une petite niche dans laquelle est une petite cloche garnye de sa corde, un hautelle ( = autel ) sur laquelle s’est trouvé deux nappes, une de toille fine et l’autre commune, une couverte rayée, deux chandeliers en cuivre jaune, quatre en bois, un crucifix, quatre bouquets artificiels garnye de leurs pieds en quarton, un grand tableau représentant la Sainte-Vierge, six petits autres tableaux, a cauté de laquelle et a droite est un petit placard, ouverture d’icelui faitte c’est trouvé un missel avec un grand volume de la vie des Saints, deux burettes, une petite clochette, trois quartons pour mettre sur la ditte autelle au dessus duquel placard est un tableau représentant la Sainte-Vierge, autour de la meme chapelle sont placés six grands cadres en papier représentant différents saints, a cauté duquel autel est une croix en cuivre dont le pied est en bois…Dans une petite sacristye est placé une table sur laquelle est une chasuble garnye, une haube garnye de son a…et cordons, trois purificateurs, un corporal, une nappe, qui sont tous les ornements et lainge que nous avons trouvé appartenant a laditte chapelle… » Signé …Dauthereau, Porcheron, Defert fils, procureur syndic, et Villenaut, maire ; Brisdoux, secrétaire-greffier.
  • Inventaire de mobilier par délégué de l’Administration – Les 20 et 21 nivôse An II ( 9 et 10 janvier 1794)  – Réf : Q381.     Eglise de Montillot .…par Jacques Galette, commissaire délégué par l’administration du district d’Avallon …. « où étant en la maison commune de Montillot, la municipalité consultée » … «  je lui ai remis l’arrêté du département de l’Yonne qui supprime toutes les églises du canton de Sensoir sur Yonne à l’exception de celle du chef-lieu de canton » … «  requis la municipalité de nommer un de ses membres pour, avec le procureur de la commune m’accompagner à l’église , a l’effet de m’occuper de ma mission qui est d’enlever toutes les matières d’or, d’argent et de cuivre qui se trouveront dans cette église et d’inventorier les autres objets mobiliers qui doivent rester à la commune . »    … « avec le citoyen Jean Porcheron, officier municipal et Pierre Degoix, procureur de la Commune »…
    • … « un calice, une potence, un ciboire, un soleil dont le pied sert au ciboire, trois boîtes aux huilles, une grande croix de procession, le tout d’argent ; sur le grand hautel, six chandeliers de cuivre, un bénitier, un ensensoir, une navette qui sont des objets en cuivre…en totalité 24 livres et demi »…
    • …  « de suitte j’ai procédé à l’inventaire des objets mobiliers qui restent à la Commune, savoir 9 chasubles de toutes couleurs garnies de tous leurs ustensilles, en partie mauvaises, six autres pour les hommes et enfants, huit lavabos, quatre corporeaux, sept nappes d’autel tant grandes que petites, une mauvaise armoire, trois mauvais …d’autel  »  …
  • … « le dit jour et an que dessus, sur la déclaration qui m’a été faite par la municipalité de Montilliot qu’il y avait une chapelle au Vauxdonjon qui dépendait de la ditte Commune, je me suis transporté »… « en la ditte chapelle pour inventorier et enlever les objets si après a savoir…2 chandeliers, une croix de procession, un criste, le tout de cuivre…en totalité 12 livres que j’ai enlevés  »… « restent à la Commune, deux mauvaises chasubles avec tous ustencilles, un surplus, une aube, un cordon, deux lavabos, deux corporaux sur l’autel, 4 chandeliers de bois, deux vases de fayence surmontés de bouquet  »…

Ensuite des estimations

  • Estimation des biens de la cure de Montillot   – Le 21 juin 1791    –    Réf :  Q 17. «  Jean Baptiste Hurtebise, citoyen de la Commune de Chatel Censoy et expert nommé par le Directoire du District d’Avalon, pour l’estimation des biens nationaux situés dans le report du canton de Chatel Censoir, en vertu de la soumission faite par le Sieur Grossot de Vercy…. »
    • « – 132 perches de terre au « Champ du Lac », d’un long au sieur St Martin, d’autre à Pierre Carillon, d’un bout à Mr de Vercy, d’autre à Mr de Vilnaux et autres …………………………………estimation =>    160 #  (livres tournois)
    • 33 perches de terre aux Champs Gautier ( tenants et aboutissants : Sr de Vercy, Edme Garnier, chemin de Toucheboeuf) ……………………………=>      30  #
    • le tiers de 8 arpents 44 perches de bois que le cidevant Chapitre de Vézelay avait à prendre dans ycelles appelées Magnes Vataires   ( t. et a. :  bois du Vaulasne, chaume appelée Magne Vataire, Sr Tenaille de Versy)……….=>   200 #
    • un demi arpent de terre lieudit La Rue Creuze ( M. de Villenaux, chemin de Montillot au Vaudonjon)……..=>  72 #
    • un arpent de terre « les Sablons » ( Edme Porcheron, Jean Brisdou, chemin de Montillot à Blannay)….=>110 #
    • un demi arpent de terre sur la « Bîme au Loup » (du midi aux héritiers Moreaux)………………………………….=> 30 #
    • un demi arpent de terre « le Pommier viellou » ( Jean Bouchard, héritiers Guttin, Nicolas Colas, chemin de Blannay à  Montillot)……………………………………………..=> 33 #
    • 33 perches de terre aux Oziers  ( Vve Degoix, chemin de Porau – ?- à Montillot)…………………………………….=> 20 #
    • 66 perches de terre au Buisson Ron (Pierre Forgeot, Sr de Versy) ……………………………………………….=> 60 #
    • un arpent de terre en Rabadoux ( héritiers Guilloux, Sr de la Loge, chemin d’Avalon à Brosses)……..=>    100 #
    • 33 perches de terre   les Riaux M…( Edme porcheron, Jean Brisdou, chemin de Montillot au Bois d’Arcy)….=>  21 #
    • un demi arpent de terre au Pré Moreaux (Gutin, Sr de Versy)=>   …………………………………….. 45 #
    • un arpent de terre en Tournemotte (héritiers St Martin, Gutin, chemin de Tameron à Montillot)………=>  110 #
    • un arpent de terre Le Clou ( au levant chemin de Montillot à Vézelay, Edme Porcheron au couchant)…..=>  100 #
    • un arpent de vigne en Meunerie ( Pierre Forgeot, Sr de la Loge, Chemin de Montillot à Blannay)…………………=>   280 #
    • un demi arpent de vigne en Vaubière ( François Montgeon, héritiers Mercier, Estienne Degoix)………….=>   160#

Signé : Badin Hurtebise, expert

  • Estimation de Bien national   – Le 24 Prairial An VII ( 12 Juin 1799) – Réf : Q 17 : Chapelle de Vaudonjon.… « Jean Baptiste Padé, expert …me suis rendu chez le citoyen Tenaille Vaulabelle, commissaire du dit Exécutif près l’Administration municipale du dit canton résidant à Châtel Censoir ……suis allé avec lui, accompagné du citoyen Jaque Etienne Chobert, arpenteur désigné …au Vaudonjon distant de deux lieux… » Après arpentage … « 3 arpents 25 perches de terre en chaume garnis de 80 pieds de noyers de toutes grandeurs, au milieu desquels passe un chemin de charrette du Vaudonjon à Montillot ; et au centre de cette chaume se trouve une chappelle qui a 45 pieds de long, 12 pieds d’auteur sur 25 de large et dont les gros murs ont 2 pieds d’épaisseur ; le dit Bien National tenant à l’est au chemin qui va de Vaudonjon à la métairie du Citoyen Regardin, du midi au dit chemin et à la jonction de celui qui va de Vaudonjon à Montillot ; à l’ouest au même chemin du Vaudonjon à Montillot ; et du Nord en pointe à la jonction du dit chemin de Vaudonjon à Montillot et celui de charrette passant à travers la chaume ; et au delà à des jardins appartenant à différents particuliers et à la terre du Citoyen Regardin… ».
    • Estimations : «  chappelle : 36 F de revenu…….=> 720 Francs
    • 3 arpents 25 perches de terre : 35 F de revenu…..=> 700 Francs

                 Total…………………………………………………….=>      1420 Francs »  

Noter que l’on trouve dans le dossier Réf. Q 243, l’état général des ventes du district, par séance et par canton, et les dates de paiement pour chaque acheteur.

Enfin des adjudications  

Dans l’Yonne, les mises en vente ont débuté en décembre 1790.

  • Adjudication définitive . – Le 29 Décembre 1791 – Réf : Q 158 –  Biens de la Cure de Montillot. «… au lieu ordinaire des séances du Directoire du District d’Avallon… » Cette vente fait suite aux estimations effectuées le 21 Juin précédent. On retrouve donc les parcelles désignées ci-dessus.
    • D’abord les «132 perches de terre au lieudit Champ du Lac » et les «  33  perches  au Champ Gauthier ». Estimées respectivement à 160 et 30 livres, elles sont  « allouées au Sr Grossot de Vercy pour 630 et 175 livres »…
    • Puis le reste de la liste est attribué, de la parcelle sise au lieudit « La  Rue Creuse » à celle de « Vaubière », dans l’ordre, aux dénommés : Nicolas mallot, Vildé, Maupin, Etienne Carillon laboureur, Vildé, Veuve Forgeot, Mercier du Vaudonjon, – la parcelle des Riaux est « conservée par le jardin du curé » -, Claude Guttin, Jean Brisdoux et Edme Degois, Vilnot, Mercier, Grossot de Vercy.
  • Adjudication définitive . – Le 9 Juin 1791 – Réf : Q 159 –  Biens du ci-devant Chapitre de Vézelay. Domaine composé de 76 journaux de terre, un arpent et un quart de pré, appelé « les Corvées du prieuré de Montillot », dont jouissent Pierre Carillon, Pierre Degois et autres, en suite du bail du 17 mai 1787 : offre de 5785 # 17 sols 6 deniers : attribué au Sieur Vildé, notaire à Vézelay, pour 9025 livres.
  • Adjudication définitive . – Le 4 pluviose An III  (23 Janvier 1795) – Réf : Q 162 Biens  de la Fabrique de Montillot.
    • Parcelles situées aux lieux dits  « Champ Poirier, Cros caillot, Faîte de Saulce, Buisson rond, Champ des Poids, Cosme des Pierres, la Canne, la Rabouillerie, Ruisseau, Crot des Joncs, Buisson Roubard. Adjudicataires : Edme Degois, Antoine Jacques Defert, Lazare et Pierre Carillon, Jean Pernot, Claude Forgeot, Pierre Moreau, Claude Guttin, Edme Degois, Pierre Pernot, Etienne Carillon, François Maigrot.
  • Adjudication définitive . – Le 23 Messidor An IV  (11 Juillet 1796) – Réf : Q 207 –  Biens  de la Cure de Montillot (presbytère). «  Nous, administrateurs du Département de l’Yonne, pour et au nom de la République Française, et en vertu de la Loi du 28 Ventôse dernier…avons par ces présentes, vendu et délaissé maintenant et pour toujours, ……au citoyen François Maupin, ……la maison presbytérale de la Commune de Monteliot », …comprenant « 4 pièces de plain-pied, une cuisine y attenant, grenier dessus, un bûche, un petit cellier, une virée et deux étables, cour et jardin entourés de murs en pierres sèches, et un demi arpent de terre,……le tout dépendant de la ci-devant cure de Monteliot et appartenant à la République en vertu de la Loi du 6 mai 1791……évalué par procès-verbal d’estimation du 7 du courant, par les citoyens Pierre Châtelard, entrepreneur de bâtiment demeurant à Vezelai, expert nommé par l’acquéreur, et Charles Morel, charpentier à Châtel-Censoir, expert nommé par délibération du Département du 3 du présent mois …… en revenu net à 72 # (livres) ;  en capital à 1304 #. » .
  • Adjudication définitive . – Le 6 thermidor An VII  (24 Juillet 1799) – Réf : Q 223 Biens  de la Fabrique de Montillot    –    la Chapelle du Vaudonjon  «  une pièce de terre chaume garnie de 80 pieds de noyers, de contenance d’un hectare, 65 ares, 88 centiares ( 3 arpents 25 perches), au milieu de laquelle est un bâtiment, cy devant chapelle, ladite pièce de terre traversée par le chemin de Vaudonjon à Montilliot et située sur ladite commune de Montilliot, tenant du levant au chemin de Vaudonjon à la métairie du Sieur Regardin, du midy audit chemin et à la jonction de celui de Vaudonjon à Montilliot, au couchant au même chemin…, et du Nord en pointe à la jonction du dit chemin… ; provient de la ci devant fabrique et est estimée au revenu annuel de 71 francs, lequel multiplié 8 fois forme une mise à prix de 568 Francs »…   … «  les enchères seront faites à la chaleur et à l’extinction des feux sur l’objet des mises à prix déterminées par l’article précédent »…… « l’acquéreur devra s’acquitter ainsi qu’il suit :
    • 1/12 en numéraire dans les 10 jours   :..………….47 F 33
    • 1/12 en obligation payable à l’expiration des 3 mois 47 F 33
    • 5/6 en 5 autres obligations chacune de 94 F 66, payables de 3 mois en 3 mois, montant ensemble à ……………..479 F 34
    • Total ……………………………………568 F  »
    • « Le 6 Thermidor an VII, à 10 heures du matin, …..au second feu, le prix a  été porté par le citoyen Colas à 595 Francs. Le troisième feu s’est éteint sans mise….….adjugé à Denis Colas, cultivateur, demeurant à Montilliot, pour 595 Francs……a déclaré que la dite adjudication est tant pour lui que pour Antoine Mercier, Edme Mercier, Claude Fèvre, fils de Joseph, cultivateurs demeurant au Vaudonjon, et Edme Boy, propriétaire demeurant à Vermenton ».

 Noter que l’on trouve dans le dossier Réf. Q 243, l’état général des ventes du district, par séance et par canton, et les dates de paiement pour chaque acheteur.

4- La constitution civile du clergé

L’Assemblée Constituante, emportée par son élan réformiste a voulu calquer l’organisation de l’Eglise de France sur celle du royaume ; de plus, beaucoup de ses membres étant imprégnés d’idées philosophiques, gallicanes et jansénistes, elle a voulu « libérer » le Clergé de l’autorité du pape, considéré comme « puissance étrangère ».

Le 13 février  1790, les Constituants s’attaquent au clergé régulier : la loi ne reconnaît plus les vœux monastiques perpétuels et supprime les congrégations où les vœux solennels étaient prononcés. Les moines sont incités à démissionner, et recevront une pension ; ceux qui refusent seront regroupés, l’un des buts étant de vendre les monastères – souvent riches -, comme biens nationaux .  Les religieuses peuvent être autorisées à rester dans leurs couvents,  souvent  moins riches …( ceci jusqu’à la dissolution des congrégations féminines, prononcée en août 1792 ).

Le 12 Juillet 1790, une loi définit « la Constitution civile du Clergé » et réorganise complètement le clergé séculier. Le nombre des évêques est ramené de 134 à 83, un par département, selon la nouvelle division administrative adoptée le 15 janvier précédent. Il est créé 10 « arrondissements métropolitains » avec les « évêques métropolitains » qui accorderont la « confirmation canonique » aux évêques diocésains élus …En effet, à tous les niveaux, de la cure à la métropole, les titulaires deviennent des fonctionnaires de L’Etat, élus par le même corps électoral que les députés . Ils toucheront   un salaire et leur nombre sera limité et parfaitement défini par la loi .  Par exemple, « dans toutes les villes et bourgs qui ne comprendront pas plus de six mille âmes, il n’y aura qu’un seule paroisse ; les autres …seront  supprimées… ».

Il n’y aura plus aucun lien hiérarchique avec le pape : « le nouvel évêque ne pourra s’adresser au pape pour en obtenir aucune confirmation ; mais il lui écrira comme au chef visible de l’Eglise universelle, en témoignage de l’unité de foi et de la communion qu’il doit entretenir avec lui » (Art. 19 de la loi).De plus, les nouveaux élus devront avant leur prise de fonction, « en présence des officiers municipaux…, du peuple et du clergé… », prêter le serment solennel … » d’être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi » (Art.21 et 38).

Le 27 Novembre, il est décidé que les ecclésiastiques en activité qui refuseront le serment seront considérés comme démissionnaires et passibles de poursuites. Ultérieurement on leur demandera de prêter serment à la République et aux Constitutions successives…

Ces mesures ont choqué beaucoup de prêtres : après avoir contribué à faire la Révolution , ils en sont souvent devenus adversaires… D’autant plus que le pape interdit cette prestation de serment en mars et avril 1791 et que les mesures deviennent de plus en plus coercitives , allant jusqu’à l’expulsion de France et la déportation en Guyane en 1792 !

Résultat : sur l’ensemble du territoire national, moins de 10 évêques prêtent serment et seulement la moitié des prêtres ( il y a d’un côté les « jureurs » ou « assermentés », et de l’autre les « insermentés » ou « réfractaires »)…Des troubles sanglants surviennent en Vendée, en Poitou, en Bretagne…

Et dans notre département?

Dans notre département , le clergé se montre beaucoup plus « constitutionnel ». L’évêque d’Auxerre Champion de Cicé, émigre ; mais le Cardinal Loménie de Brienne, archevêque de Sens et ancien ministre des Finances de Louis XVI, prête serment et accepte le titre d’évêque de l’Yonne.

Quant aux prêtres , le nombre des « jureurs » est nettement supérieur à la moyenne nationale : dans le district  d’Auxerre, dès mars 1791,  sur 84 curés et 17 vicaires, 79 % ont prononcé le serment pur et simple, 11  en ont  modifié le texte, et 4 ont refusé …

Dans le district d’Avallon, le nôtre,  7 seulement sur 70 ont  refusé le serment, dont le curé et le vicaire de St Pierre d’Avallon…Les historiens attribuent ce fait, d’une part aux tendances marquées du clergé local vers jansénisme et gallicanisme et d’autre part, à l’influence directe du nouvel évêque de l’Yonne.

Avallon, avec 4300 habitants, n’avait plus droit qu’à une seule paroisse. Le Conseil général de la commune proteste en janvier 1791 et demande le maintien de 2 paroisses, choisissant St Lazare et St Martin . L’administration du département refuse : St Martin ne sera que « succursale » ou oratoire de St Lazare.

Cette décision entraîne la suppression, et quelquefois la destruction ultérieure,  des églises des Capucins et des Minimes, de St Pierre, – voisine de St Lazare -, et de St Julien.

En juin, un nouveau curé est élu, mais ce n’est pas le candidat de la municipalité, et les disputes se prolongeront  plusieurs mois à l’occasion de l’élection des marguilliers de St Lazare.

Un autre différend important survient au sujet de St Julien : en novembre 1791, un charpentier, chargé de descendre les cloches de cette église désaffectée, – afin qu’elles soient envoyées à l’Hôtel des Monnaies de Paris – , en trouve l’accès interdit par un groupe de femmes sonnant le tocsin…Des hommes se joignent à elles et ni les officiers municipaux, ni les gendarmes à cheval, ni la garde nationale, ne les font céder. Pendant 9 jours, l’église reste occupée ; il faudra des troupes venues d’Auxerre, de Vézelay et de Semur, pour que « force demeure à la loi » ! En février 1792, la Commune d’Avallon achète l’église St Julien et entreprend aussitôt sa démolition, afin d’établir un marché sur son emplacement…

Vézelay est devenu chef-lieu de canton (avec les communes de Asquins, Givry, Blannay, Foissy, Pierre-Perthuis, Fontenay, Domecy-sur-Cure, Tharoiseau – Montillot est rattaché au canton de Châtel- Censoir, qui sera supprimé sous l’Empire) .

Fondé et développé autour d’une abbaye, Vézelay est particulièrement pénalisé par les lois révolutionnaires .

Le Chapitre, organe de gestion des villages de la « poté », – dont Montillot -, est dissous. Ses propriétés deviennent « biens nationaux » ; l’inventaire en est fait en mars 1790. Les chanoines ne prêtent pas serment, mais ils ne sont arrêtés qu’en 1793 ; une pétition des habitants demandant leur libération est repoussée. Dix chanoines sont condamnés à la déportation ; avec une centaine d’autres prêtres, ils passent 2 ans sur deux bateaux au large de Rochefort, le blocage du port  par la flotte anglaise empêchant leur transfert en Guyane…La plupart meurent en captivité ; deux de nos chanoines reviendront à Vézelay, plus tard …

Il y avait 2 paroisses à Vézelay , l’une couvrait le « centre-ville » bourgeois, celle de l’église St Pierre, l’autre, St Etienne, les quartiers plus populaires et les hameaux  (on peut consulter en mairie de Vézelay les registres paroissiaux de ces 2 paroisses, parfaitement tenus depuis 1590 environ). Par application de la Constitution Civile, ces 2 paroisses sont dissoutes et leurs églises fermées. Seul l’abbé Lecoq, curé de St Etienne, prête serment. Il est nommé curé de la Madeleine, l’église abbatiale devenant église paroissiale. (l’abbé Lecoq joue ensuite un rôle actif dans le mouvement révolutionnaire local, il abjure la religion catholique, fait marteler les sculptures des portails de la Madeleine, se marie en 1793, est arrêté comme jacobin en 1794, acquitté ensuite …)

St Etienne est d’abord utilisée comme grenier à grains, puis vendue en 1797. Le nouveau propriétaire fait abattre le clocher et , de la nef, fait un magasin, …ce qu’elle est restée de nos jours.

St Pierre a conservé son clocher et son horloge, sur demande expresse de la Municipalité en février 1794 ; la nef a été abattue en 1803, pour établir une place de marché…

Et Montillot dans tout cela ?

Des recherches dans les Archives municipales restent à faire, mais on peut affirmer qu’aucun événement grave ne s’est produit : aucun document d’histoire locale ne cite notre village !

Le curé de la paroisse Jacques Anne DESAUTELS, avait succédé à l’Abbé GOUREAU en janvier 1764. Les actes de baptême, mariage et sépulture sont écrits par lui sur les registres paroissiaux jusqu’en octobre 1792 : l’Assemblée Législative ayant confié aux Municipalités le 20 septembre 1792 la tenue de « registres d’état- civil ».

La municipalité de Montillot ?

Le premier maire élu pour 2 ans en janvier ou février 1790, selon la procédure  définie par l’Assemblée Constituante, fut Louis Nicolas Marie MULLOT de VILLENAUT, « châtelain » du lieu depuis son mariage en 1771 avec Elizabeth de la BORDE, fille de Bon de la BORDE et de Marie Louise de SAVELLY ; Pierre CARILLON lui succède début 1792, et le maire précédent est désigné comme « officier public » chargé de dresser les actes d’état-civil. Ensuite, selon leur disponibilité, on trouve d’autres rédacteurs des actes : Jean PORCHERON, Antoine Jacques DEFERT, Jean BRISDOUX …

En juillet 1795, on retrouve l’écriture du curé DESAUTELS, se présentant comme « secrétaire-greffier, au deffaut de membre du Conseil Général qui sache écrire ». Il meurt le 18 Août 1796 à Montillot à 78 ans.

Il est évident que , comme la majorité des prêtres de l’Avallonnais, notre curé a prêté serment à la Constitution, ce qui lui a évité toute brimade et lui a permis de vivre avec une pension de l’Etat.

Quel fut son rôle ecclésiastique dans cette période troublée ? Des recherches restent à faire…

ll est probable qu’il a pu continuer à officier jusqu’au début 1794, où l’Administration du district d’Avallon a fait enlever les objets du culte ( voir ci-dessus l’inventaire du 20 nivôse An II) : seule était maintenue « en  titre » l’église du chef-lieu de canton, – Châtel-Censoy, devenu « Sensoir sur Yonne »-, les autres églises n’étant  que des « succursales » avec un « desservant »…

A propos de desservants ….On trouve 2 documents intéressant Montillot .

  • L’un aux Archives départementales :…Biens des prêtres reclus, émigrés, déportés ou condamnés  – Le 6 frimaire An VII (26 Novembre 1798) – Réf : Q569 –

… « Pierre Larfeuil, Président de l’ Administration municipale du Canton de Châtel- Censoir, avec Edme Convert, agent municipal de la Commune de Montilliot et Bleniou-Maupin, agent de la Commune de Châtel- Censoir faisant les fonctions de commissaire exécutif,….se sont « transportés en la demeure du sieur Breton à Montilliot  »… « cy-devant deservant la commune de Montilliot, prêtre condamné à la déportation » ; ils ont trouvé «  la maison fermée …les voisins indiquent que le propriétaire est le Sieur Maupin et qu’il devait en avoir la clef … » ; la maison ouverte … « trois petites pièces, une cave et un grenier…tout est déménagé depuis le 2 brumaire dernier, sauf un peu de bois à brûler – un quart de corde –  vendu à Jean Bouchard pour 5 francs… ».

                                                     Envolé sans laisser de traces !

  • … L’autre constitué de quelques lignes des « Recherches sur l’Histoire de Châtel-Censoir » de Emile Pallier, page 148 …

… « les anciens religieux restèrent dans la commune et y prêtèrent serment à la Constitution de l’An III.

…Le curé d’Asnières,Caillat, prête serment le 30 frimaire an IV, ensuite le curé de Brosses, Marizy, puis Claude Tabouillot, desservant de Montillot, ….Edme Convert, Edme Pernot, Jacques Desautels, autres desservants de Montillot…prêtent également serment le 19 floréal An IV… ».

Mystère à éclaicir : on ne voit pas ce que viennent faire les « laïques » Convert et Pernot  dans cette liste ! Il faudra chercher dans les archives du personnel ecclésiastique pour en savoir plus sur  ces  prestations de serments… ainsi que sur le desservant BRETON .

Un sujet pour chercheur débutant ?…

BIBLIOGRAPHIE

Histoire de France – Victor DURUY – Hachette 1881.

La formation du Monde moderne – Hachette –Collection ISAAC –1966

Avallon au 18ème siècle – Pierre TARTAT – Auxerre – 1953

Les paysans de l’Yonne pendant la Révolution – Paysans 89 – 1990

Histoire de Vézelay – Bernard PUJO – Perrin – 2000

Recherches sur l’ Histoire de Châtel-Censoir – Emile PALLIER – Auxerre 1880

Archives Départementales de l’Yonne – Série Q.

La révolution en pays de Vézelay. Pierre Haase. Les amis de Vézelay. 1989.

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Histoire du curé Guillaume Collas, Chapitre 3

L’affaire du banc de l’église de Monteliot.

Dieudonné de La Borde contre le curé Guillaume Collas

1698-1701

A. Buet †

Journal Le Paissiau, N° 29, Décembre 98.

Conservatoire de la Nature Paul-Bert, 5Bd Vauban, 89000 Auxerre. 

Resp.: Dominique Charlot

Les Protagonistes

L’affaire commence en 1698.

Chaque dimanche, la famille de La BORDE, de petite noblesse rurale, dirigée par Dieudonné de La BORDE (51 ans), assiste à la messe dans l’église Saint LAURENT de MONTELIOT.

Il y a là Elizabeth de Burdelot (46 ans), – issue de la famille voisine des « seigneurs » de Brosses, Fontenille et Malfontaine , épouse de Dieudonné depuis 1674 -, Germaine de la BORDE (50 ans), soeur de celui-ci, célibataire, et les enfants mineurs : 2 filles, Françoise (23 ans) et Magdeleine (7 ans); 2 garçons Simon (17 ans) et Bon (5 ans).

Depuis environ soixante ans, la famille De La BORDE fréquente cette église.

On sait en effet (d’après l’exploitation d’actes notariés de l’époque) qu’en juin 1639, Jacques de LONGUEVILLE, époux de Barbe de La BORDE, a acheté une maison et des terres dans le faubourg de TOUCHEBOEUF. C’est ensuite Bon de La BORDE qui acquiert cette propriété et y habite de 1648 à sa mort en 1662; puis sa veuve Antoinette de BEAULIEU et son fils Dieudonné deviennent propriétaires.

Depuis ce temps, une habitude est prise : en tant que seule famille noble du village, les de La BORDE disposent d’un banc dans le choeur même de l’église. Et ceci, – un document de l’époque le rappelle -, quoy que Dieudonné ne soit Seigneur du lieu ny fondateur de laditte église ».

Pourquoi les relations se détériorent-elles en 1698, alors que le curé Guillaume COLLAS lui-même est à Monteliot depuis plus de 20 ans?

Certains motifs transparaissent peu à peu de l’examen des documents, parfaitement conservés depuis  bientôt trois siècles dans les archives du « château » de Montillot.

Le curé COLLAS, se référant à des ordonnances de l’Evêque d’AUTUN concernant les places dans l’église, ainsi qu’à un document « statuts et discipline ecclésiatique », a commencé, écrit-il à son évêque (réf.4), par « honestement remontrer au Sieur de la BORDE et à la damoiselle sa femme que le choeur de son église était fort petit et ne permettait pas d’y souffrir des bancs et des sièges ».

Cette remarque pouvait être justifiée : Bon de LABORDE, père de Dieudonné, n’avait que 2 enfants, donc 4 personnes venaient à la messe; Dieudonné a 4 enfants et sa sœur l’accompagne, donc 7 personnes doivent se serrer dans le chœur …

En conclusion, le curé leur demande de reculer leur banc hors du choeur.

Attachés à leur privilège, les de LABORDE refusent.

Les incidents commencent; le prêtre lance des avertissements du haut de sa chaire devant l’ensemble des fidèles …

Puis un jour, aidé d’habitants du village, solidaires de leur curé, et en particulier de « fabriciens » – ceux qui assurent pour la communauté la gestion de la nef -, le Sieur COLLAS retire le banc du chœur et le place à l’entrée, un peu en arrière.

Indignés, les de LABORDE se réinstallent dans le chœur ; ils « continuent avec indécence de se placer sur le pied du sanctuaire » écrit encore le curé COLLAS, qui parle de violences, de scandale, d’injures … Il lui arrive de quitter le grand autel et d’aller célébrer la messe à un autel latéral. Il interdit aux de LABORDE (autre privilège) le service de l’eau et du pain bénits et confie ce rôle au lieutenant du bailliage…

Les Plaintes

Dès 1698 donc, il a écrit à l’évêque d’AUTUN pour se plaindre. Celui-ci, à deux reprises, en août 1698 et avril 1700 a fait ordonner par ses grands vicaires une enquête auprès des plaignants.

De son côté, en février 1700, Dieudonné de LABORDE adresse une requête au Chapître de Vézelay, dont le doyen et les chanoines étaient les vrais « seigneurs de Monteliot » ( ceux qui levaient les impôts…). Il leur rappelle (réf.1) que sa famille possède à Monteliot « considérables domaines sujets à vostre dîme », qu’ils ont « un ban a l’entrée du chœur duquel ils ont toujours joui paisiblement » et dans lequel les chanoines prennent « place comme seigneurs » lorsqu’il leur plaît « assister au Service de ladite église ». Il les prie de « luy conserver ledit ban dans sa place ordinaire et de faire deffence a toute personne de la paroisse de l’y troubler a l’avenir ».

En réponse, les chanoines « assemblés capitulaires a l’issue de leur grand’messe » le 17 Février 1700, « consentent et accordent » que ce banc « demeure et soit permanent à l’entrée du chœur de l’église paroissiale » et que Dieudonné de LABORDE « continue d’en jouir tranquillement à l’avenir avec sa famille »; ils enjoignent à leur « lieutenant local de céder au Sieur de LABORDE les honneurs de l’eglize ».

Il faut bien noter que le Chapitre de Vézelay, bien que composé de prêtres, représente le pouvoir séculier, dépendant du bailliage d’Auxerre et de la Généralité de PARIS. L’Abbaye, de par sa charte de fondation au 9ème siècle par Girart de Roussillon, dépendait directement de l’Eglise de Rome. Bien qu’appartenant géographiquement à leurs diocèse et comté, elle était en réalité indépendante de l’évêque d’AUTUN, aussi bien que du Comte de Nevers. De plus, elle a été sécularisée en 1538 par le pape PAUL III, et cela a été confirmé par Louis XIV en 1653.

Le 22 Avril 1700, sur ordonnance de l’Evêché d’AUTUN, Mr Léonard PINOT, curé de PRECY le SEC et archiprêtre de Vézelay, se rend à Monteliot pour interroger les plaignants.

A la suite de son rapport, « Gabriel par la permission divine Evêque d’AUTUN, Comte de SAULIEU, Président né et perpétuel des estats de la province de Bourgogne », rend une première sentence le 7 Mai 1700. Le texte de cette sentence (réf.2) présente pour nous un double intérêt:

– étant très circonstancié, il fournit des motifs plus précis de l’attitude du curé COLLAS

– il apporte une solution de compromis qui aurait pu être acceptable par les deux parties.

Sur les motifs, on trouve:

– « les usurpations que prétend faire le SIEUR DE LABORDE dans le choeur »

– mais aussi : ‘l’incommodité et la notable indécence résultant de ce que la dame de LABORDE et les demoiselles ses filles et autres personnes du sexe qui les accompagnent sont placées vis à vis du pulpitre et partant ne peut ledit Sieur curé porter ses yeux du costé du pulpitre sur lequel les livres de chant sont placés sans que sa veue tombe sur lesdites personnes du sexe « .

La solution proposée

Sur la solution proposée : la famille de LABORDE sera partagée en deux groupes; les hommes restent dans le choeur leur banc étant déplacé vers le mur « du coté de l’évangille »; les femmes un peu en arrière dans la nef, sur un autre banc, « pour ne causer ni indécence ni incommodité ».

Le 26 Mai, le Sieur DEBARD, archidiacre d’AVALLON et chanoine de l’eglise d’AUTUN, vient à Monteliot et ordonne (réf.7) au « Sieur COLLAS de tenir la main a l’exécution de la susdite ordonnance de Mgr l’Evêque d’AUTUN » et « luy fait deffence de souffrir qu’aucune femme se place dans le choeur pendant le Service divin ».

Mais la paix n’est nullement rétablie.

Le curé COLLAS affirme que la famille de LABORDE méprise « les avis et remontrances »; qu’ils continuent tous à s’installer dans le choeur « au préjudice même des réglements faits par les supérieurs ecclésiastiques », causant de ce fait « indécences et scandale » en l’église. Des procès verbaux établis par Jehan DEFERT, lieutenant au bailliage, et par le notaire FERRAND, constatent « l’empechement aporté a l’exécution des ordonnances ».

Quant à Dieudonné de LABORDE, il écrit (réf.3) que l’ordonnance de l’Evesque « ne feut point au goust » du curé, et qu’il cherche à « desgoutter son épouse et ses filles » afin de leur faire prendre une place autre que celle prévue; de sorte, dit-il, que « quatre demoiselles qui est mon espouse et nos deux filles et une mienne soeur n’avaient que deux pieds au carré pour leur siège ». Il arriva même que le curé COLLAS ayant fait enterrer un corps à l’endroit réservé aux dames DELABORDE, laissa la tombe non recouverte, avec la terre « de l auteur du genout » pendant plus de quinze jours. En conclusion, le curé ferait « tout pour chagriner le suppliant » et, dit-il, nous sommes comme des « brebis esgarez ne sachant ou prendre place ».

Dans un esprit de conciliation, – ou bien sous la contrainte? -, Dieudonné signe un acte sous seing privé le 21 Juillet 1700 par lequel il reconnaît que l’ordonnance de l’évêque d’AUTUN lui a bien été notifiée et il promet d' »y obeir a l’avenir très fidèlement »; dans un autre procès verbal de visite du Sieur PINOT à Monteliot, le 28 Juillet, il « désavoue une plainte donnée soubs son nom contre ledit sieur COLLAS et se rétracte des injures qu’il pourrait avoir proférées contre luy » (réf.7). C’est une imprudence qui desservira sa cause…

Des procès verbaux établis en janvier et mars 1701 par le Sieur GROSSOT, Lieutenant au bailliage (son prédécesseur Jehan DEFERT est décédé en août 1700), font encore état de la « contravention réitérée par les dits Sieur de LABORDE, sa femme et leurs filles aux dites ordonnances et des indécences commises et scandale par eux causé en ladite église ».

Le curé COLLAS avait donc un « bon dossier » à présenter à l’évêque d’AUTUN dans sa requête du 5 Mai 1701 (réf.4) adressée à « Monsieur GIRAUST, docteur en Téologie, chanoine de l’église Notre Dame de MOULINS et officiale de Mgr l’évêque d’AUTUN pour la généralité de PARIS », pour lui demander d’assigner devant lui « les dits Sr de LABORDE, femme, fils et filles » et de les condamner à ‘reparer les scandales qu’ils ont causé et causent ».

Dans sa propre requête, Dieudonné de LABORDE ne peut que se présenter comme persécuté; il demande à l’évêque d’exiger du curé COLLAS le respect de la sentence du 7 Mai…

Ce n’est qu’en novembre qu’il adresse une autre requête au Lieutenant général du bailliage d’AUXERRE (réf.5), en adoptant une nouvelle tactique. Après avoir exposé les événements, manifestation de « l’ennimosité » que le curé « tesmoigne contre luy en toute rencontre », il dit considérer que la conservation du banc est un fait de « maintenue et garde possessoire« , qui relève de la justice séculière et royale seulement.

Il demande donc que la décision des chanoines de Vézelay, seigneurs incontestés de Monteliot, prise le 17 février 1700, soit confirmée par les juges royaux.

Il est trop tard : les deux institutions, la religieuse et la séculière, vont rendre leurs jugements presque simultanément.

Les Jugements

Le 9 Décembre 1701Pierre Paul COIGNET de la THUILLERIE, chevalier, comte de Courson, seigneur de Mouffy, Migé, Mericeq, Lerezé, Fleury et autres lieux, Bailly et gouverneur d’Auxerre, donne raison à Dieudonné de LABORDE, fait « deffence au dit Sieur COLLAS et tous autres » de « continuer leurs poursuites en ladite officialité de Moulins » à peine de 50 livres d’amende »… »nonobstant oppositions ou appellations quelconques » (réf.6)

Le 17 décembre, c’est le juge Gabriel GIRAULT, prestre docteur en théologie et official de Mgr illustrissime et reverendissime Evesque d’AUTUN, qui officie à Moulins; le curé Guillaume COLLAS est assisté de Guillaume DEFERT, « procureur de la Communauté des habitans et fondé de leur procuration expresse pour les poursuites de la présente instance » et de « Claude GROSSOT, fabricien de la dite église ». Il plaide, assisté de Maître Jean CONTAT, alors que la famille de LABORDE est absente et non représentée.

Se basant sur le fait qu’il s’agit de « discipline ecclésiastique » et que le Sieur de LABORDE « a approuvé et s’est soumis a l’exécution » de la sentence du 7 Mai 1700, il condamne le dit Sieur, la ditte dame BOURDELOT, son épouse, leur fils et filles contrevenans », « pour réparer le scandale par eux causé dont la preuve résulte des dits procès verbaux », à « soixante livres d’aumône applicables aux réparations de la dite église de Monteliot » et leur fait « deffence de rescidiver »; plus les depens à payer « liquidés a la somme de 133 livres 10 sols ». La sentence sera exécutée nonobstant opposition ou appellation quelconque » (réf.7).

EPILOGUE

Il en résulte que 2 jugements coexistent … Quelle en fut l’exacte application? Nous l’ignorons.

Une dernière pièce du dossier apporte seule un élément de réponse; il s’agit d’une quittance établie par le notaire GROSSOT en mai 1724 (réf.8).

 Les deux antagonistes sont morts; le curé COLLAS en novembre 1715, Dieudonné de LABORDE en février 1724.

Ce dimanche 14 Mai 1724, devant l’église sont assemblés les habitants convoqués au prône de la messe par le curé Jean Baptiste Philibert FAULQUIERJean DEFERT, « marchand blastier », « procureur fabricien », entouré d’autres membres de la « fabrique », Lazare ROUSSEAU, Edme BOISSEAU, Pierre DROIN, reconnaît avoir reçu de Simon de LABORDE, fils de Dieudonné, une somme de 80 livres « en espèces d’or et d’argent ayant de present cours suivant les edits et déclarations du Roy »; cette somme correspond à une dette de Dieudonné que lui avait rappelé Me Léonard PINOT, prestre curé de Précy le Secq le 24 Juillet 1719.

Devant la même assemblée, Jean DEFERT donne quittance à Simon de LABORDE d’une somme de 60 livres due à la fabrique depuis la sentence de l’Officialité de Moulins du 17 Décembre 1701…Il semble donc que le jugement ecclésiastique ait prévalu …

 Nous avons ainsi pu raconter l’histoire du différend DELABORDE vs COLLAS dans sa phase aigüe, de 1698 à 1701.

Mais nous ignorons « l’avant » et « l’après » de cet épisode.

Plusieurs questions restent posées :

1)- Avons- nous touché du doigt les vraies raisons de l’hostilité entre les deux parties? Pourquoi les relations se seraient-elles brutalement détériorées en 1698, la population prenant parti pour le curé?

2)- Les deux jugements de décembre 1701 se contredisent. L’un des deux pouvait-il, juridiquement, prévaloir sur l’autre?

Nous savons seulement que le recouvrement des amendes décrétées par l’évêché d’AUTUN s’est poursuivi jusqu’à 1724.    

Mais qui pourra nous dire comment étaient placés les bancs pour la messe de Noël 1701? …

Commentaires de monsieur le chanoine Jacques Leviste (Février 1996), Conservateur du Trésor de la cathédrale de Sens

En principe, le chœur de l’église est réservé au clergé et à ceux qui remplissent des fonctions liturgiques, revêtus d’un costume approprié.

Le règlement  édité en 1738 par Mgr de CAYLUSévêque d’AUXERRE, indique que le choeur de l’église est réservé au clergé et aux officiers de la seigneurie ainsi qu’aux notables, mais à l’exclusion des « filles et des femmes », qui ne peuvent remplir aucune de ces fonctions.

D’après la description qu’en donne le Répertoire archéologique de l’Yonne, le choeur de l’église de Montillot est très petit : 5m30 de large ! De plus il ne faut jamais oublier que sous l’Ancien Régime, le chœur est à la charge du seigneur principal « haut justicier ». C’est lui qui en assure, s’il y a lieu, la construction, l’entretien et les restaurations. C’est ce qui explique que dans la plupart de nos églises, le choeur est différent de la nef, souvent d’une architecture plus recherchée et plus soignée. la nef est la plupart du temps plus modeste et plus simple.

Seul , le seigneur haut justicier ou principal a droit à un banc dans le chœur pour lui et sa famille, donc sa femme et ses filles. Ce banc peut occuper un côté de l’entrée du chœur, mais il ne s’agit pas des stalles qui peuvent se faire face.

C’est là que ce seigneur reçoit les honneurs liturgiques : on lui présente l’eau bénite, on va l’encenser après le clergé, on lui porte la patène du « baiser de  paix », il marche le premier dans les processions, en tête des fidèles…Il est souvent le « patron » de l’église, parce que descendant des lointains fondateurs, c’est à dire qu’il peut proposer un ecclésiatique de son choix pour la cure. C’est tout un ensemble de droits, d’honneurs et de frais qui lui reviennent ou lui incombent.

La « Coutume » d’Auxerre, qui est le « Code Napoléon » de l’époque, a prévu tout cela dans le moindre détail.

Ce seigneur a droit de sépulture dans le chœur avec sa famille à l’exclusion de tout autre, sauf le clergé.

Les autres seigneurs, propriétaires d’un fief sur la paroisse, n’ont que des droits accordés par la coutume. Certains ont pu faire bâtir une chapelle annexe à leur usage, ou ont obtenu un banc plus distingué, mais en dehors du chœur.

Si la seigneurie se trouve partagée entre deux familles héritières, c’est au gouvernement du bailliage à en règler les modalités et les droits.

Revenons au cas de Montillot…

Le seigneur principal et « haut justicier » en est l’abbaye de Vézelay devenue un « Chapitre de chanoines ». Ce sont eux qui ont les charges, l’entretien et les privilèges.

Les De la BORDE n’ont aucun droit dans le chœur de l’église et leurs devanciers n’ont pas fait bâtir de chapelle annexe à leur usage. Les choses se compliquent puisqu’il semble que les chanoines de Vézelay leur ont laissé prendre des habitudes dans le chœur, au point que les honneurs liturgiques leur sont rendus.

Le curé de Montillot trouve que c’est exagéré, et la présence des demoiselles, à côté de lui, quand il est avec ses chantres au lutrin, le gêne. Elles ne sont pas à leurs places; si elles occupent un banc seigneurial, elles le font indûment. Si elles sont dans le choeur, mêlées aux officiers de la seigneurie, – notaire, bailli, lieutenant, syndic, procureur …- , elles désobéissent aux règlements épiscopaux.

Je crois que le curé est dans son droit en voulant mettre de l’ordre et faire respecter les règlements, tant civils que religieux. L’évêque d’Autun le soutient. La décision du comte de COURSON, au bailliage d’Auxerre, me semble bien imprudente, et exagérée.

Cela n’a rien à voir avec l’accession des femmes au sacerdoce; il s’agit là d’un problème de théologie catholique, et de tradition purement ecclésiastique. Quand le « seigneur haut justicier » était une femme, la veuve du seigneur ou son héritière, personne ne songeait à lui contester sa place dans le banc seigneurial du chœur, ni les honneurs liturgiques qui lui étaient dus, ni la prière pour sa personne, nommée, au « prône de la messe ».

…Il faudrait demander, s’il en est encore temps, où les derniers châtelains se tenaient à l’église de Montillot.

Les Archives

DOSSIER de l’AFFAIRE COLLAS – DELABORDE.

                                             1698-1701.

                    (Extrait des archives du « château » de Montillot)

         —————————————————————————

Réf.1)- 17-02-1700 : requête DELABORDE au Chapitre de Vézelay.

Réf.2)-  7-05-1700 : sentence de l’évêque d’AUTUN.

Réf.3)-  (non daté) : requête DELABORDE à l’évêque d’AUTUN.

Réf.4)- 05-05-1701: requête du curé COLLAS à l’évêque d’AUTUN.

Réf.5)-  Nov. 1701: requête DELABORDE au Bailliage d’AUXERRE.

Réf.6)- 09-12-1701: jugement rendu par le Bailly d’AUXERRE.

Réf.7)- 17-12-1701: jugement rendu par l’évêché d’AUTUN, Officialité de MOULINS.

Réf.8)- 14-05-1724: quittance des sommes dues par Simon DELABORDE à l’église de Monteliot. 

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Histoire(s) de l’Abbé collas (1672…)

Chapitre 1: 27 Janvier 1672 – Un nouveau curé est nommé à MONTELIOT

On trouve ce document aux Archives de l’Yonne, dans le dossier « Abbaie de Vezelai – Cure de Monteliot » , sous la cote H 1976 . Il s’agit du compte-rendu de la nomination du curé COLLAS par le Chapitre de Vézelay. Le texte original en latin a été traduit par Mr Gilles Boutte, bénévole du groupe « Entraide Francegenweb ».

« A l’illustrissime et révérendissime seigneur Abbé de l’insigne église de la Bienheureuse Marie Magdeleine de Vézelay, en aucun diocèse, et en l’absence de sa personne , au vicaire général du doyenné canonique et au chapitre de la dite église, Salut avec tous honneurs et  révérence dûs. La présentation ou droit patronal à l’église paroissiale Saint Laurent de Montillot, dépendant de votre pouvoir et territoire, en cas de vacance de celle-ci, nous appartenant à nous (…) de notre dit Chapitre, la collation ou provision et toute autre disposition vous appartenant de toute antiquité pour raison de votre dignité abbatiale, la dite église paroissiale étant pour lors libre et vacante par suite du décès de messire Lazare Gourlet, dernier possesseur en paix de la dite église, nous vous proposons notre bien-aimé messire Guillaume Colas, prêtre éduen, suffisamment capable et idoine pour obtenir, gérer et gouverner la dite église paroissiale Saint Laurent de Monteliot, en requérant et demandant de recevoir et admettre notre candidat, le dit Guillaume Colas, et notre présentation, et de vouloir et juger digne de faire et expédier , ou de faire faire et faire expédier les lettres de collation et de provision à notre dit candidat, notre droit et tout autre étant toujours sauf.

En foi de quoi nous aurons soin que les présentes lettres, soussignées de notre main, soient signées par Messire Claude Berthion , chanoine et secrétaire de ce Chapitre, et soient munies du sceau de notre Chapitre. Fait à Vézelay, au lieu habituel pour la réunion conventuelle des chanoines en la susdite église de la Bienheureuse Marie Madeleine de Vézelay , l’an du Seigneur mil six cent soixante-douze et le vingt-sept janvier. 

( Signatures : P. Anthoine ; R. Gault ; P. Ragon ; Trineau ; Berthion, chanoine secrétaire )

Commentaires : on a ici le texte de présentation à l’Abbé de Vézelay du candidat à la cure de Monteliot par un groupe de chanoines de son Chapitre ( autrement dit son « Conseil d’Administration »).

Il s’agissait de succéder au prêtre Lazare GOURLET, décédé récemment.

Guillaume COLLAS est dit « prêtre éduen », ce qui signifie qu’il appartient au diocèse d’Autun ( pour mémoire, les Eduens étaient un peuple Gaulois dont le territoire avait pour capitale Bibracte (Mont Beuvrey) et était approximativement limité par les villes actuelles de Moulins, Nevers, Mâcon, Beaune et Avallon)..

Par d’autres documents, nous savons qu’il était né à Corbigny et qu’il avait environ 28 ans.

C’est le curé COLLAS  qui a tenu les registres paroissiaux de notre village, les plus anciens conservés jusqu’à nos jours  (actuellement aux Archives départementales de l’Yonne). Le 9 Avril 1672, il avait baptisé 2 jumeaux, Edme et Jacques COUTURIER, nés à Tameron.

Chapitre 2: L’église de Monteliot et son curé sont inspectés  

Sous l’Ancien Régime, les évêchés faisaient inspecter les églises chaque année pour s’assurer de leur bon entretien.

Dans le diocèse d’Autun, l’Archiprêtre de Vézelay  demandait un rapport à chaque curé de son secteur, allait  lui-même visiter chaque paroisse et fournissait ensuite par écrit ses propres impressions.

On trouve un certain nombre de ces documents dans les liasses 2G11 et 2G12, de « l’Archidiaconé d’Avallon- Archiprêtré de Vézelay » déposées aux Archives Départementales de Saône-et-Loire, à Mâcon. Ils  présentent une description de notre église au 17ème siècle.

a) – Voici d’abord un rapport rédigé par le curé COLLAS  vers 1680. (Archives départementales de Saône-et-Loire – Cote 2G12)

Estat de la parroisse de l’Eglise de St Laurent de Monteliot Diocese d’Autun : Premieremens l’Eglise est dediée au bienheureux SaintLaurend martir et  la dedicace se Sollennise le 6 MayMessieurs du chapitre de Vézelay sont presentateurs de laCure comme patrons.Il y a dans la dicte Eglise trois autels Scavoir le grand autelL’autel de la Ste Vierge, et l’autre de Ste Brigide.Le grand autel est orné d’un tabernacle garny d’images, a cottéd’Iceluy il y a deux images de pierre, l’un de la Ste Viergedu costé de l’Epoi.g.., et du costé de l’Evangile celuy de StLaurend, et dans le tabernacle il y a un ciboire, une custodeEt un soleil d’argent.Il y a un calice et une patene d’argent.Il y a quatre chandeliers d’estain et trois chandeleiers de cuivre.Il y a cinq chasubles neufves, desquels il y en a deux dedamas caffard, l’une blanche et l’autre rouge, une violette,une verte et une noire de Camelot garnies toutes de leurestole manipulé  voile vols et bourres de couleur auxchasubles.Il y a deux devant d’autel, l’un blanc de damas caffard, l’autre Rouge de camelot, et deux chapes, l’une rouge de damasCaffard neufve et l’autre de Camelot de mesme couleur.Il y a deux croix de cuivre et deux lampes de cuivre.L’autel de Ste Brigide est orné de deux images de pierre, l’unDe Ste Brigide et l’autre de St Antoine avec un couvre table .L’autel de la Ste Vierge est orné d’un vieil tabernacle etD’un grand tableau de la dicte Vierge.Le Chœur de l’église est voulté. La neffe ne l’est pas.Il y a deux cloches dans le clocher de la dicte église.Il y a douze nappes d’autel, quatre aubes, quatre corporauxFaict  purificatoires, et quatre surplis tels quels ….Le cimetière est attenant à l’église, fermé  et une croix de boisau milieu.Le curé est Guillaume Collas, prestre de ce diocèse, natif deCorbigny, âgé de trente cinq ans et dix mois.Il y a deux cent quarante cinq communians

Commentaires :

–          la « dédicace » était la fête patronale, passée depuis lors du 6 mai au 10 Août …

–          le cimetière était alors à côté de l’église, sur le flanc sud ; seuls les nobles et les notables étaient inhumés à l’intérieur.

–          Le « corporal » est le linge béni sur lequel l’oficiant pose le calice et les fragments d’hostie.

–          Il y avait 2 cloches ; ceci nous rappelle que l’une d’elles avait été mise en place en 1648, sous le ministère du curé Denis DELAPLACE. Nous le savons par l’inscrption gravée sur cette cloche ; le texte ci-après est archivé au Ministère de la Culture :

Chapitre 2 (suite): L’Eglise de Montillot et son curé sont inspectés

b) – Voici   un autre rapport rédigé par le curé COLLAS en août 1692.

Monteliot

Je mapelle  Guillaume Collas âgé de quarante

Huict ans, natif de Corbigny, diocèze

 d’Autun, curé du dict Monteliot depuis vingt

et an ou environ. Il y a deux cents

quarante communians. Le revenu est

de la portion congrue par composition

faicte a l’aimable faicte avec Messieurs

du Chapitre de Vézelay qui possèdent les

dixmes de bled et revenus de la dite paroisse

et d’où ils tirent près de six cent

livres. L’Eglise parroissialle est dédiée à

St Laurent. Messieurs du Chapitre sont les

présentateurs de ladicte cure, du Presidial

d’Auxerre, du Parlement et de l’Intendance

de Paris. On y faict exactement le cathéchisme

suivant l’Ordonnance . Il y a une chapelle

ruinée que l’on appelle vulgairement

le prioré et qui a onze bichets et demy

de bled, moityé froment et avoine, de rente

au raport des anciens, possédée par Messieurs

du Chapitre de Vézelay. Le surplus n’est point

du faict de la dite cure . Faict ce vingt

huictième aoust mil six cent quatre vingt douze 

                                 G.Collas                                  Curé de Monteliot

Commentaires   

–          240 communiants :  ceci marque une  importante fréquentation de la messe dominicale ; rappelons que , d’après le recensement de Vauban, il y avait en 1696, 363 habitants à Monteliot, dont 66 hommes et 83 femmes veufs ou mariés, 40 filles de plus de 12 ans et et 47 garçons de plus de 14 ans, 14 valets et servantes…

–          Portion congrue : il s’agit de la pension annuelle que touche le prêtre , un « salaire minimum » tout juste suffisant pour vivre ( du latin « congruens » = juste, convenable…). La dîme est un impôt en nature exigé par l’Eglise pour assurer l’entretien des prêtres desservants ; elle pèse surtout sur les produits de la terre ( prélevée dans le champ, sitôt la récolte terminée), et de l’élevage. Elle ne représente pas forcément le 1/10 des récoltes , mais le 1/12, le 1/15 ou le 1/20éme, selon les paroisses et les périodes. L’organisme qui perçoit les dimes est le « décimateur ». C’est rarement le prêtre de la paroisse, mais l’institution qui le « patronne » . Ici, c’est l’abbaye de Vézelay qui « reverse » aux curés de la « poté » – dont Monteliot – une partie du produit de la dîme.

Le pouvoir royal a toujours assuré un rôle « régulateur » : des édits successifs ont fixé la portion congrue en 1571 à 120 livres, en 1632 à 200, en 1686 à 300. En mai 1768 , le montant est indexé sur le prix du blé, et fixé à « 27 septiers mesure de Paris » soit alors 500 livres…

Le curé COLLAS parle d’un accord « a l’aimable » avec le Chapitre de Vézelay…Mais nous verrons qu’il n’a pas hésité à engager une procédure contre le dit Chapitre pour toucher son dû !

Plus tard, Voltaire nous a dit sa pitié à l’égard de ces petits prêtres de campagne …et son peu d’indulgence envers les dignitaires ecclésiatiques de l’époque . Dans son « Dictionnaire philosophique », on lit :

…..«  Je plains encore davantage le curé à portion congrue, a qui des moines, nommés gros décimateurs, osent donner un salaire de quarante ducats pour aller faire, pendant toute l’année, à deux ou trois milles de sa maison, le jour, la nuit, au soleil, à la pluie, dans les neiges, au milieu des glaces, les fonctions les plus désagréables, et souvent les plus inutiles. Cependant l’abbé, gros décimateur, boit son vin de Volnay, de Beaune, de Chambertin, de Sillery, mange ses perdrix et ses faisans, dort sur le duvet avec sa voisine, et fait bâtir un palais. La disproportion est trop grande. ». 

–          Le « prioré » , chapelle ruinée 

Le curé COLLAS ne précise pas . Il écrit simplement : … « il y a une chapelle » ! 

On pourrait supposer (cf Pierre GUTTIN) qu’il s’agit du bâtiment à toit incliné, accolé au chœur côté Sud, utilisé maintenant comme sacristie. La structure des murs, la nature du dallage montrent que sa construction date de la même époque que le chœur et la base du clocher.

On y accède depuis le chœur par une porte en bois massif ; 30 ou 40 personnes pouvaient y tenir debout pour des messes basses ou diverses dévotions. Une porte, aujourd’hui murée donnait à l’arrière du Chœur vers le presbytère, maintenant maison de maître, qu’on appelle « le Prieuré ». Une fenêtre, côté Sud, donnait sur le passage reliant le cimetière au presbytère. Côté Ouest, une porte à 2 battants donne sur le cimetière. Le Chapitre de Vézelay propriétaire de cette chapelle ne paraissait pas s’intéresser à son entretien et la laissait tomber en ruines… !  

Même en des temps plus récents l’entretien du toit a souvent laissé à désirer, faute de moyens…

 (Ci-dessus le plan actuel de l’église et des maisons proches).

Chapitre 2 (suite et fin): L’église de Monteliot et son curé sont inspectés 

Ci-après , la transcription de deux rapports  du curé de Saisy, archiprêtre de Vézelay,   après inspection de l’église de Monteliot.

Commentaires   

« Fabrique et fabriciens » : sous l’Ancien Régime, l’entretien des églises paroissiales était partagé entre les « décimateurs principaux » et les habitants du village ; aux premiers le chœur, aux autres la nef.

Les habitants désignaient donc un « conseil de fabrique »  pour administrer les biens et revenus résultant de donations diverses, et organiser les travaux d’entretien.

A l’origine, le mot « fabrique » était lié à la construction même de l’église ; il en a recouvert ensuite l’entretien . Les membres de ce Conseil étaient les « fabriciens ».

A Montillot, il semble que cette organisation ait fonctionné jusqu’au début du 20ème siècle. En Alsace-Lorraine, elle subsiste de par la législation concordataire (aujourd’hui, les Conseils de fabrique de cette région ont fréquemment  un site Internet pour faire appel aux généreux donateurs… !).

Le premier texte ci-dessus nous rapporte que les « inspecteurs » ont rencontré avec le curé COLLAS quelques « fabriciens ». Nous connaissons par les registres paroissiaux les 2 frères TRIOU ( ou TRIJOU, nom alors assez fréquent dans la région lié aux plus anciennes familles. Pierre était cordonnier,  mari de Claudine PERNOT ; beau-frère de Jean PERNOT, « praticien » (procureur judiciaire) et beau-père d’Edme POURCHERON ; François, époux de Léonarde BARBUT, était le beau-père de Jacque CARILLON. Nés entre 1620 et 1625 , ils sont décédés en mars et avril 1694.

Le deuxième texte rapporte la rencontre des inspecteurs avec Dieudonné de la Borde, dit « escuyer fabricien », qui joue le rôle de comptable de la fabrique. Il représente une famille de la petite noblesse locale, sans prérogatives seigneuriales sur le village , bien que s’étant attribué le titre de « seigneur du Feys et de la Borde » ( fiefs sans consistance réelle puisque le Feys est notre « Fège » actuel et la Borde est une ferme fortifiée dans les bois d’Asquins). Son père Bon de la Borde a  acheté en 1648 la propriété de Toucheboeuf, ancienne maison d’un laboureur, aménagée progressivement et devenue dans la tradition locale le « Château de Montillot ». Lui-même, né en 1647, s’est marié en 1674 à Brosses avec Elisabeth de Burdelot, fille d’Olivier, « seigneur de Fontenille et Malfontaine ».

Il existe d’autres rapports d’inspection ; tous louent le bon entretien de l’église par le curé et les fabriciens, « cette église paroit être en très bon état, bien pourvue de tout »…

En 1695, il est signalé : « point de sage-femme dans la paroisse »…et « il faut décharger De la Borde de sa charge de fabricien ( il le demande ) ; il devra remettre la somme de 20 livres 14 sols ».

Peut-être des différents étaient–ils déjà apparus entre Dieudonné d’une part, le curé COLLAS et les habitants d’autre part si l’on en croit « l’affaire du banc de l’église », qui suit…

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FORTIFICATIONS DE MONTELUOT

Le document d’Archive:

Lettre patente de François 1er – Octobre 1527

Juin 1527   –  Les habitants de Monteluot demandent au roi de France la permission de fortifier leur village.

Octobre 1527: François Premier est d’accord…

François à tous presens et advenir Salut. Comme dès le quinzième jour de juing dernier passé, les manans et habitans [1] du lieu et villaige…

…de Monteluot deppendant de l’abbaye de la Magdelaine de Veszelay Nous eussent présenté requête tenent (?) afin d’avoir permission de fere cloure [2] et …

… fermer le dit lieu et villaige de Monteluot, qui est assis en notre bailliage d’Auxerre, en bon et fort pais [3] et de vinoble [4] , près de notre Duché de…

… Bourgongne d’une lieue envyron [5] . Et pour la décoration [6]   et augmentation d’icelluy seureté et garde du pais [7] , prouffict et utillité de nous et de la chose publique…

… d’environ [8] le fortiffier de murs, tours, foussez [9] et autres choses neccessaires à fortiffication. Sur laquelle requête eussions ordonné estre informé par le Bailly d’Auxerre…

… ou son lieutenant, de la commodité ou incommodité de nous et de la chose publique, appellez [10] les gens nobles du pais et autres qui feroient  à appeler [11]  . Et icelle information …

… ensemble l’advis de luy et de nos procureurs et officiers renvoyez par devers nous pour y pourveoir [12]   comme de raison faire que auroit esté fait. Et le tout  par nous…

… renvoyez par devers noz amez et feaulx [13] conseillers les gens de notre Grant Conseil, lesquelz ont semblablement donné leur advis. Savoir faisons par nous…

… desirant subvenir à noz subgectz et chose publique de notre Royaume, selon l’exigence  des cas, inclinans à la supplication et requête des dits suppliants, et en en suyvant…

… l’advis des gens de notre dit Grant Conseil, A Iceulx manans et habitans supplians ……..et autres ………….avons donné et octroyé, donnons et octroyons de …

… grace especiale par ces dites présentes congé, licence et permission de clourer [14] et faire clourer et fortiffier ce dit lieu et villaige de Monteluot, de murailles, tours, foussez, …

… canonnières, ponts leviz, barbacanes et autres choses requises et necessaires à fortiffication. Si donnons en mandement par ces dites présentes au dit Bailly d’Auxerre ou …

…  son lieutenant et à tous noz autres justiciers et officiers ou à leurs intimations [15] présentes et advenir et à chacun d’eulx ….à luy appartenant que de nos presens grace, …

…  congé et permission  ilz  facent, souffrent et laissent les dits manans et habitans supplians joyr et user plainement et paisiblement sans leur…

…  faire mectre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné auccun trouble, destourbier [16] ne [17] empeschement aux dites présentes, Lequel si fait, mis ou donné, leur avoit…

…  esté ou estoit, le leur mectent ou facent mectre incontinent et sans delay a plaine delivrance [18] . Car ainsi nous plaist-il estre fait nonobstant …

…  quelzconques ordonnances, mandemens, restraicts [19] ou deffences à ce ……….et affin que ce soit chose ferme et establi a tous………nous avons…

…  fait mectre notre seel [20] à ces dites présentes. Sauf en autres choses notre droict et l’autry en toutes (?). Donné à Chantilly au moys de octobre …

… l’an de grace mil cinq cent  vingt-sept, et de notre règne le 13ème. Signé par le Roy : Gedoy ; Visa contentor : Coufier.

réf: archives nationales Paris. Cote JJ243- folio 388

[1] – manans et habitans : d’après Froissart , le « manant »  serait « celui qui habite dans une ville, qu’il soit bourgeois ou artisan » ; l’habitant étant l’homme du pays, à demeure fixe, le paysan  ( ?…).

[2] – fere cloure : faire clore

[3] –  fort pais = pays (région) rude, difficile

[4] – vinoble = vignoble.

[5] – près de notre Duché de Bourgongne d’une lieue envyron : la rive droite de la Cure, au niveau du Gué-Pavé, était en Bourgogne ; la rive gauche faisant partie de la « poté » de Vézelay. ( => voir « Commentaires » ci-après).

[6] –  décoration : se disait des ornements d’architecture.

[7] –  seureté et garde du pais : il s’agit d’accroître la sécurité du village, mais les raisons de ce besoin, certainement exprimées dans la demande des habitants, ne sont pas rappelées ici ( => voir « Commentaires «  ci-après ).

[8] –  d’environ : autour de, tout autour.                                                                                                                          

[9] –  foussez  = fossés.

[10] –  appelez : appelés, consultés pour avis.                                                                     

[11] – feraient a appeler = pourraient être consultés.

[12] – pourveoir : examiner, réfléchir, aviser.

[13] – amez et feaulx : amis et fidèles.

[14] – clourer = clôturer .

[15] – intimation : acte de procédure tel que signification par magistrat ou appel en justice.

[16] – destourbier : trouble, empêchement, ennui, tourment …

[17] – ne  = ni

[18] – a plaine delivrance = affranchi de toute difficulté.

[19] –  restraicts = restriction, contrainte.

[20] –  seel = sceau.

Commentaires

– Le contexte documentaire

Trois documents, – dont deux déjà anciens -, d’histoire locale, citent des lettres de François 1er autorisant des villages de la région à construire des murailles de protection .

a)-  Recherches sur l’Histoire de THAROISEAU, par l’Abbé A.PISSIER, curé de Saint-Père   (Bulletin de la Société d’Etudes d’Avallon – 1910).

En septembre 1537, le roi François 1er  autorise les habitants à «  clore et fermer de murailles, tours, portaulx et fossez, ponts levys et autres choses requises à forteresse le dict bourg de Tharosault ».  Il avait en effet reçu dans ce sens « lumble supplication des manans et habitans », souhaitant « obvier aux insidiacions des larrons, pillards et insidiateurs… », « …par lesquels ilz ont esté violantement, et leurs femmes et enfans et mesnaige, souventes foys envahiz, forcez, oultraigez, pillez et robez… »

L’abbé Pissier ajoute : « Asquins, Montillot, Menades furent fortifiés vers la même époque … »

(D’après le doc. coté JJ 254- folio 42 aux Archives Nationales.)

b)-  Recherches historiques sur ASQUINS avant 1789  , par l’Abbé PISSIER  (1909) , complété en 1998 par Pierre HAASÉ.

En juillet 1539, François 1er  répond aussi favorablement à la prière des habitants qui, se disant « eux et leurs femmes, enfans et mesnaige souventes fois envahiz, forcez, oultraigez ; pillez et robez… » et  « …feroient voluntiers à leurs despens clorre et fermer de murailles …le dist lieu, bourg et villaige d’Asquien ».

(D’après le doc. coté JJ 254- folio58 aux Archives Nationales.)

c)- « Fortifications de villages en pays de Vézelay » , remarquable étude du professeur Pierre Haasé présentée en 1998.

II –  Recherches de documents anciens concernant Montillot

Le Centre Historique des Archives Nationales (C.H.A.N.), Hôtel de Soubise, présente, parfaitement classés dans son « Trésor des Chartes », les milliers de textes de signature royale du 13ème siècle à la Révolution.

Des registres manuscrits présentent en latin, pour chaque cote, le sujet traité par le texte royal.

On trouve, par exemple :

–          les privilèges des chirurgiens, barbiers, arquebusiers, charpentiers, tailleurs de pierre, serruriers et cloutiers …

–          les autorisations de création de marchés hebdomadaires

–          les autorisations de construction de colombiers et clapiers

–          les naturalisations

–          les « rémissions » – très nombreuses au 16ème siècle – qui étaient des annulations de peine pour des forfaits commis …

Et on arrive en JJ 243 – folio 388 à « Licentia data habitantibus loci de Monteluot claudendi dictum burgum » ( permission donnée aux habitants du lieu de Monteluot de clore le dit bourg). Au passage, on note des lettres patentes analogues concernant Voutenay, Précy-le-Seq, Annay-la-Côte, Pontaubert …

III –  Le contexte historique

 Quelle est l’origine de ce besoin pressant de protection exprimé à cette époque par les villages de l’Avallonnais ? Il nous faut remonter assez loin en arrière dans l’Histoire pour décrire les conflits entre les puissances de l’époque et leurs répercussions sur nos campagnes de l’Avallonnais et du Vézelien…

a)- Les limites territoriales à la fin du Moyen Age

La première carte ci-dessous – dressée vers 1600 par des cartographes d’Amsterdam, Guillaume et Jean BLAEUW -, est limitée aux environs proches de Vézelay . Les  « frontières » approximatives de la « poté » sont indiquées. On voit à quel point celle-ci est « coincée » entre les comtés d’Auxerre et de Nevers et le Duché de Bourgogne. On voit aussi que la rive droite de la Cure, au niveau du Gué-Pavé, – donc à 4 km de Monteluot -, fait partie du Duché de Bourgogne.

On comprend qu’aux 12ème et 13 e siècles, les comtes de Nevers aient cherché par tous les moyens à s’emparer de Vézelay, qui, sous l’autorité de l’Abbé de la Madeleine, dépendait directement du pape.

La « Poté » de Vézelay

C’est en 1280 que Vézelay est devenu une « terre du royaume », le roi de France Philippe le Hardi déclarant par ordonnance qu’il assume la garde et le contrôle de l’abbaye et du fief de Vézelay ; cette décision a été confirmée en 1377 par Charles V ;

La carte ci-contre, montrant les territoires de Bourgogne au 14éme siècle est l’une des rares où apparaît la « poté »., enclave minuscule entre ses grands voisins.

On voit le Duché de Bourgogne, et de l’autre côté de la Saône, le Comté de Bourgogne, devenu ensuite la Franche-Comté.

b)-  L’histoire de l’Avallonnais  du 14ème  au 16ème siècle.

fortifications d’avallon

Notre région a souffert de la Guerre de Cent Ans ( environ 1350 à 1450) pour plusieurs raisons

– dans la première phase des hostilités entre la France et l’Angleterre, les combats avaient lieu dans l’Ouest, mais les impôts ont augmenté dans tout le royaume.

– puis après la bataille de Poitiers en 1356 où le roi Jean le bon fut fait prisonnier, non seulement une forte rançon doit être réunie (4 millions d’écus pour le royaume dont 400 « moutons d’or », – soit 500 livres Tournois -, pour la poté), mais les troupes libérées par la trêve conclue avec l’Angleterre pillent, rançonnent et font régner l’insécurité entre Seine et Loire ; « par quoi nul n’osait aller  entre Paris et Montargis » écrit Froissart, chroniqueur du 14 e siècle….

– il faut savoir que la guerre est intermittente ; négociations et trêves suspendent les combats, souvent sur plusieurs années ou dizaines d’années ;  les armées, des deux côtés, sont composées pour une large part de mercenaires, dont la guerre est le métier, et que la paix prive de gagne-pain. Ils opèrent alors pour leur compte, volent, pillent, rançonnent villages, villes, châteaux, abbayes…

– même l’intendance des armées régulières est basée sur le pillage ; pour les armées françaises, c’est la « prise », réquisition mal payée ; quant à l’armée anglaise, loin de ses bases, elle vit sur le pays …

– de plus, famines et épidémies (peste, dysenterie,…) sévissent périodiquement (en 1348, Givry aurait perdu 650 habitants sur 1300 !).

Plusieurs historiens locaux ( cités en fin de texte) ont tiré patiemment des archives des villes le récit des évènements de cette époque. Nous nous sommes permis de « picorer » dans leurs ouvrages. Bien que Montillot ne soit pas  mentionné avant la fin du 16ème siècle, on peut être certain que les graves difficultés  rencontrées par les villages  du Duché de Bourgogne tout proche, n’ont pas épargné ses habitants…L’énumération qui suit est assez longue, mais elle est nécessaire pour bien comprendre dans quel état d’esprit nos ancêtres de l’Avallonnais et du Vézélien ont abordé le 16ème siècle.

1- En 1359, les Anglais et les Navarrais prennent Auxerre, rançonnent les habitants puis pillent et incendient les villages voisins. Les portes de Vermenton sont forcées et l’église pillée. Avallon est épargnée, du seul fait que la peste y décime la population ; les alentours sont pillés et beaucoup de terres resteront incultes plusieurs années.

En janvier 1360, le roi d’Angleterre Edouard III lui-même, à la tête de son armée, arrive par Tonnerre et Noyers et attaque les forces du duc de Bourgogne massées à Montréal. Les combats sont sanglants. Edouard III s’installe dans le château de Guillon, et lance des incursions alentour. Le 10 mars, le traité de Guillon est signé, par lequel, contre une somme de 200.000 « deniers d’or au mouton », les Anglais s’engagent à quitter le pays.

Edouard III se dirige vers Paris, en passant par Vézelay, « destroussant partout où il allait »…

Ses chefs de guerre donnent congé à leurs gens, qui vivent de brigandage dans la campagne.

En mai 1360, le traité de Brétigny cède au roi d’Angleterre tout le Sud-Ouest de la France.

Une troupe de bandits anglais s’installe au château de Pierre-Perthuis ; le jeune duc de Bourgogne Philippe de Rouvre, vient lui-même aider les habitants de Vézelay à les chasser. Mais ils reviennent ; les combattants bourguignons et vézeliens, aidés de mercenaires allemands, reprennent la place forte.

En 1361, on voit de plus en plus les brigands regroupés en « Grandes Compagnies » : « Bretons » et « Gascons » sévissent en Auxois , Lorrains et Allemands en Champagne…Les « Bretons » établissent leur quartier-général à Arcy-sur-Cure, d’où ils rançonnent la contrée.

7000 « routiers » envahissent la région, occupent PrécyFoissyPierre-Perthuis, et attaquent Vézelay qui, fortifié par ses habitants en 1356, leur résiste.

En 1368, les habitants de Vermenton obtiennent, par lettre royale de Charles V, l’autorisation d’entourer la ville de murailles ( entre autres raisons « les bons vins qui servent à la provision de Paris et d’autre slieux »…).

Les Anglais reviennent en 1372 et prennent Vaux (Vault-de-Lugny) et Pontaubert.

La peste sévit dans l’Avallonnais de 1380 à 1382, puis en 1392 ; la mortalité est telle qu’il reste moins de 100 « feux » ( foyers) à Avallon…

A partir de 1407, la guerre civile s’ajoute à la guerre étrangère. Pour raisons de succession au trône (le roi et le duc de Bourgogne sont cousins-germains…), la Cour se partage en 2 factions, les « Armagnacs » et les « Bourguignons », qui cherchent à maîtriser Paris et neutraliser le roi, devenu fou en 1392.

Après  avoir battu l’armée  de Charles VI à Azincourt (Pas-de-Calais) en octobre 1415, le roi d’Angleterre Henri V entreprend l’occupation méthodique du territoire français qu’il considère comme son royaume : la Normandie d’abord, puis l’Ile de France en partie.

En 1417,  Vézelay se met du côté du duc de Bourgogne Jean sans Peur, et, après l’assassinat de celui-ci à Montereau en 1419 par le clan « armagnac » entourant le Dauphin, suit son fils Philippe le Bon dans son alliance vengeresse avec les Anglais.

La défense de la frontière Ouest de la Bourgogne s’organise à partir des « villes forteresses » Avallon, Montréal, Châtel-Gérard, Noyers …et des « forteresses secondaires » Voutenay, Arcy, Pierre-Perthuis, Vault-de-Lugny, Chastellux, Maraut, Villarnoux, Epoisses…

En 1418 (ou 1419 ?), Voutenay est pris par les Armagnacs ; en 1421 , Mailly-le-ChâteauArcy et Coulanges.

En 1420, Philippe le Bon signe avec Henri V le traité de Troyes, qui livre la France aux Anglais ; Henri V épousant Catherine de France, fille de Charles VI, devient l’héritier de celui-ci.  .

Charles VI et Henri V meurent tous les deux en 1422.

En août 1422, les deux alliés, le duc de Bedford, régent d’Angleterre, et le duc de Bourgogne regroupent leurs troupes à Vézelay.

En février 1423, Cravant est occupé par les  troupes royales, puis repris par les Bourguignons quelques jours après. En juillet, les Armagnacs mettent le siège devant Cravant, mais sont repoussés. De même Montréal est pris et repris.

En septembre 1424, Philippe le Bon décide de rompre avec l’Angleterre et de s’allier avec le roi de France ; il y gagnera plus tard les comtés d’Auxerre et de Mâcon. Mais le faible Charles VII reste dominé par son entourage, et les hostilités continuent entre Armagnacs et Bourguignons.

En 1426 Mailly-le-Château est pris par les Armagnacs, Joux-la-Ville est ravagé par le feu, la réserve de grain de l’église de Sermizelles est pillée. Le château de Voutenay est pris puis racheté pour 800 écus d’or imposés aux habitants de l’Avallonnais.

En 1427, Châtel-Censoir est « prise, saccagée et brûlée avec son château-fort », sa « population presque entière a péri », et « il n’est resté ni garnison, ni habitants, ni chanoines ». Sur 122 chefs de famille précédemment imposables et habitant la ville, il n’en restait plus un seul »…

2- C’est en 1429 qu’apparaît Jeanne d’Arc ; la petite paysanne-chef de guerre ramène la confiance dans le camp du « Roi de Bourges ». Le 17 juillet Charles VII est enfin sacré à Reims. Livrée aux Anglais par les Bourguignons, Jeanne est brûlée comme sorcière à Rouen le 30 mai 1431. En décembre, Henri VI d’Angleterre se fait couronner roi de France à la cathédrale de Paris. La situation reste confuse …

Fin 1432, Jacques d’Espailly, ex-capitaine des armées du Roi devenu le chef de bande Fortépice, prendAvallon par surprise, puis MarautVieux-ChâteauMagnyClamecyChâtel-Gérard…Plusieurs villages des bords de l’Armançon sont brûlés.

Philippe le Bon

Le duc  Philippe le Bon, qui séjournait  dans ses terres de Flandre, revient, regroupe des troupes et après de durs combats reprend Avallon en octobre 1433, puis le Château de Pierre-Perthuis. Fortépice abandonneCoulanges moyennant 5000 écus…

En 1435, au Congrès d’Arras, Philippe le Bon fait définitivement la paix avec le roi Charles VII ; en récompense, il  n’en sera plus le vassal sa vie durant . Il se fait alors appeler « Grand Duc d’Occident »…

Mais une fois encore, les troupes ainsi libérées continuent la guerre pour leur compte . Des bandes se constituent, qu’on baptise les « Ecorcheurs » ; et alors que la Normandie et l’Ile de France se libèrent des Anglais, la Basse-Bourgogne est à nouveau ravagée …

Un ex-capitaine de Charles VII, Robert Floquet, bailly d’Evreux, vient en juin 1438 occuper l’Avallonnais avec 1000 chevaux , s’installe à Pontaubert et au Vaux, et commence à couper les blés pas mûrs pour soumettre Avallon et les villages voisins  à rançon …L’Auxois est aussi envahi ; partout on pille, massacre et viole; de nombreux documents l’attestent.

A la fin de l’année, famine et peste s’ajoutent aux malheurs de l’Avallonnais ; des cadavres jonchent les rues, « les loups, habitués à se nourrir de la viande des morts, entraient dans la ville et dévoraient même les vivants », lit-on dans les annales des Carmes de Semur.

Prudents, les pillards se retirent dans le Charolais, mais reviennent et prennent Guillon et Montréal en février 1440. En 1441, ils logent leurs chevaux dans la Madeleine de Vézelay ; en novembre, le Maréchal de Bourgogne les chasse. Ils occupent le château de Pierre-Perthuis de 1440 à 1443.

Vers 1444, les chanoines et quelques habitants reviennent à Châtel-Censoir

Une trêve est signée à Tours en mai 1444 entre Français et Anglais : elle dure jusqu’en 1449 . Charles VII en profite pour réorganiser les affaires du royaume, en particulier sa défense. A partir des milices féodales indisciplinées il crée les « compagnies d’ordonnance », première « armée permanente » d’Europe, qu’il peut entretenir en levant chaque année un impôt appelé « taille » ; de plus il met en place une puissante artillerie ( la cavalerie ne sera plus la « reine des batailles »). Il punit sévèrement quelques criminels « Escorcheurs », il en entraîne une partie dans des combats meurtriers en Suisse et en Alsace, et amnistie  ceux qui restent  pour mieux se les attacher…

Il peut alors entreprendre une guerre de reconquête contre les Anglais. En 1437,  il était rentré à Paris ;  en 1449 il reprend Rouen, en 1451, Bordeaux et Bayonne. En juillet 1453, la bataille de Castillon ( sur les bords de la Dordogne) se solde pr 9000 morts mais marque la fin de la guerre de Cent ans. Les Anglais sont chassés de tout le continent à l’exception de Calais.

En 1461, Louis XI devient roi de France et en 1467 Charles le Téméraire  duc de Bourgogne .

Une ère de paix – relative …- commence ; les campagnes devraient pouvoir se relever lentement des désastres de la guerre. 

Mais Louis et Charles sont tous deux autoritaires, durs et ambitieux, n’ayant qu’un seul but: agrandir son propre royaume.

Charles a hérité de son père Philippe le Bon un grand Etat, formé de deux groupes de territoires, séparés par la Lorraine indépendante : les Pays-Bas ( de la mer du Nord au Luxembourg) et la Bourgogne (avec ses annexes Charolais, Auxerrois et Mâconnais) , avec un Chancelier, un Parlement et des Etats-Généraux. Il voudrait conquérir la Lorraine et les villes d’Alsace, constituer une coalition contre Louis XI et obtenir ensuite une couronne royale !

Tous les prétextes de discorde leurs seront bons…

 En 1465,  Charles s’était déjà associé à une ligue de princes français en révolte contre Louis XI (Guerre du « Bien public »). En 1468, il épouse la sœur du roi d’Angleterre Edouard IV, lequel vient d’annoncer son intention de passer la Manche et de revendiquer la couronne de France. 

En octobre, il retient prisonnier par surprise à Péronne le roi de France qui avait fomenté une révolte des Liégeois contre lui, et lui arrache des promesses qui ne seront pas tenues.  

En 1467, les troupes du roi font des incursions à l’ouest du Duché, menaçant TonnerreChablisSt Florentin…, vendangent quelques vignes et taxent les populations

Avallon et Noyers renforcent leurs défenses.

En 1470 et 1471, Louis XI lance des attaques en Picardie et en Chalonnais …Trêve en 1471 et 1472…mais les escarmouches ne cessent pas. Les gens d’Avallon sont inquiets car Tonnerre est occupé par les « ennemis Français » en novembre. En 1473, « l’Auxois, l’Avallonnais et l’Auxerrois sont attaqués sur tous les points à la fois » ; Girolles et Voutenay sont pris. En janvier 1475, quatre cents hommes de guerre s’emparent de Vézelay. Une garnison française campe à Pierre-Perthuis.

Charles le Téméraire  attaque la Lorraine puis l’annexe fin 1475; mais il est battu par les Suisses en 1476 et par le duc René de Lorraine devant Nancy le 5 janvier 1477 ; son cadavre à demi dévoré par les loups est retrouvé deux jours après. Louis XI met la main sur la Bourgogne, l’Artois et la Picardie ; il y installe de nouveaux gouverneurs et capitaines et mate brutalement les récalcitrants.

Mais la Bourgogne est en piteux état, « commerce anéanti, pillage des campagnes, partout des ruines et la désolation ». On n’est en sûreté nulle part. A l’entrée des places fortifiées, on fait le guet pour arrêter les mendiants organisés en grandes bandes. Les villes et les bourgs sont obligés d’héberger les troupes qui passent chaque jour, Français, Ecossais, Allemands …Famine et peste s’ajoutent à ces malheurs.

Louis XI meurt en 1483 ; son fils Charles VIII n’a que 13 ans et sa sœur aînée Anne de Beaujeu assure la régence, avec sagesse et fermeté. La France commence à se rétablir et sa population augmente…Mais quand le jeune roi prend le pouvoir, il est attiré par l’Italie et ses richesses ; il fait valoir ses droits de succession sur le royaume de Naples et commence les « guerres d’Italie » qui , poursuivies par ses successeurs Louis XII et François 1er  , dureront 24 ans…,  .

La peste sévit encore à Avallon en 1517, puis en 1523, – où l’on paye les malades pour les faire sortir de la ville -, et en 1526, où les habitants de Vézelay « vinrent prossessionnellement à Avallon implorer la fin de ces malheurs » (extrait des comptes de la châtellenie d’Avallon).

Des bandes d’aventuriers et de brigands courent encore les campagnes  périodiquement…

Pourtant, dans l’ensemble, la fin du 15ème et le début du 16ème siècles permettent à la France un retour à la prospérité, d’autant plus que les ardeurs guerrières des jeunes nobles sont canalisées vers des territoires étrangers !  

c)- Le règne de François 1er avant 1527.

Né à Cognac  en septembre 1494, de Louise de Savoie et de Charles d’Angoulême. Le roi Louis XII mourant le 1er janvier 1515, François d’Angoulême devient le roi François 1er, sacré à Reims le 25 janvier . Continuant le rêve de ses prédécesseurs, il veut conquérir de nouveaux territoires en Italie ; dès août 1515 (il a à peine 21 ans !), il traverse les Alpes au col de l’Argentière.  Attaqué par les Suisses, alliés des Milanais, en septembre, il les bat à Marignan, près de Milan, avec l’aide des Vénitiens . La paix conclue en 1516 rend à la France le Milanais, perdu par Louis XII.

Mais cette paix, dite « perpétuelle », ne dure que 5 ans. L’empereur germanique Maximilien meurt et Charles d’Espagne – préféré à François Ier, autre candidat – , est élu à sa succession sous le nom de Charles Quint. Celui-ci se trouve à la tête d’un territoire immense, résultant de plusieurs héritages : Alsace, Autriche, Pays-Bas, Franche-Comté, Sicile, Naples, Aragon, Castille et les possessions espagnoles d’Amérique du Sud, …Il veut reconquérir la Bourgogne qu’avait possédée son ancêtre Charles le Téméraire.

Les hostilités reprennent en 1521, les Français sont chassés du Milanais, et François Ier est fait prisonnier devant Pavie en 1525. Il est libéré par le traité de Madrid, en janvier 1526, par lequel il renonce au Milanais , à la Flandre et à l’Artois, et s’engage même à céder la Bourgogne. Mais il oublie vite ses promesses et la lutte contre Charles-Quint se poursuivra jusqu’à  la fin de son règne et  continuera avec son fils Henri II ….

d)- Après 1527 …en bref…

 Le mouvement de la Réforme apparaît en 1520 en Allemagne et s’étend progressivement en France et en Angleterre.

Le protestantisme s’est implanté très tôt dans les vallées de l’Yonne et de la Cure . En 1555, une église réformée s’ouvre à Vézelay…Un abbé de Vézelay devenu huguenot est excommunié en 1563…

Tout le reste du 16ème  siècle est marqué par des guerres de religion, qui renouvellent les  affres de la guerre de Cent Ans,  ravages, massacres, fausses trêves, pestes, famines…Les protestants se font aider de troupes suisses et allemandes.

A partir de 1576 apparaît un 3ème parti, celui des « catholiques-ultras », la Sainte-Ligue, dirigée par le duc de Guise, qui s’allie avec le roi d’Espagne, lève des troupes et s’arme.

C’est dans ce cadre qu’un engagement meurtrier a lieu en juillet 1589 près de Montillot, les troupes de la Ligue, qui tenaient Avallon et Vézelay, voulant reprendre Mailly-la-Ville tenu par les royalistes …

IV – Les motivations de l’ « enclosure »

Elles ressortent  avec évidence du récit ci-dessus et Mr P. Haasé les a parfaitement décrites dans son étude de 1998 :

–          les méfaits continuels des « gens de guerre » vivant sur le pays, qu’ils soient amis ou ennemis

–          le passage de mendiants et autres populations nomades, soupçonnés de vols et de diffusion de maladies ; ces errances étant dues à la précarité et la malnutrition provoquées par les mauvaises récoltes. Il est arrivé que des  famines jettent sur les routes des milliers d’indigents.

–          le passage de loups et de chiens errants souvent enragés..

–          les épidémies périodiques et en particulier la peste, ont fait des milliers de victimes. Or à cette époque, la lutte contre la maladie consistait surtout à éviter la contagion, en exilant les malades à l’extérieur du bourg, et en interdisant l’entrée à des voyageurs étrangers.

V – Le cas de Montillot

Monteluot  est situé sur un plateau entre la Cure et l’Yonne. On pourrait penser qu’il a été épargné par les guerres, du fait que les troupes qui rejoignent des zones de combats suivent de préférence les vallées.

On trouve  en effet très tôt des places fortifiées le long de ces vallées : Vézelay – avantagé par sa position dominante -, Pierre-Perthuis,  Saint Moré, Châtel-Censoir …

Mais il se trouve que

–          d’une part, les guerres entre le roi de France et le duc de Bourgogne ont fait de l’Avallonnais, aire frontalière, une zone de combats.

–          d’autre part, les multiples trêves « libéraient » des combattants qui, désoeuvrés et sans ressources,  se répandaient dans les campagnes environnantes.

–          on peut ajouter pour Montillot un fait  essentiel : une voie de communication importante y passe : le « Grand Chemin » d’Auxerre à Vézelay, passant par Mailly-la-Ville et Brosses, longe le bois du Fège, à l’ouest du village. Cette voie est citée dans le Cartulaire de Vézelay qui fait en 1464 l’inventaire des propriétés de l’Abbaye .

On peut donc affirmer qu’aucun village n’a pu échapper à ces errances …

La première solution a consisté à réserver aux habitants un espace réduit où ils pouvaient se réfugier en cas de menace, ou au moins y garer leurs biens les plus précieux, ne serait-ce que la récolte de grains. Une église ou une tour a souvent joué ce rôle.

A Montillot, d’après P.Haasé, la partie inférieure du « clocher fortifié  roman, aux longues archères ( ouvertures verticales étroites permettant de tirer à l’arc),  dominant l’ancien prieuré, est manifestement l’œuvre du 13ème siècle finissant ». Elle a pu servir de réserve …

En cas de grave danger, on pouvait aller se réfugier dans les forêts proches.

Au début du  16ème siècle, la paix revenue, le souvenir des horreurs des guerres était encore cuisant, et l’exigence de « seureté et garde du pais » primordiale. Depuis Louis XI, toute construction non autorisée devait être rasée et  toute demande devait être suivie d’une enquête faite par le bailli.

En 1501 et 1513, Louis XII était passé à Avallon ; en 1521 ce fut François 1er , montrant ainsi qu’ils s’intéressaient aux territoires bourguignons réunis à la Couronne par Louis XI.

En juin 1527, les « habitans et manans » de Monteluot adressent leur supplique au Roi ; celui-ci demande une enquête au Bailli d’Auxerre ; le résultat est soumis pour avis à son « Grand Conseil » et l’accord final est donné en octobre…

L’autorisation est donnée de construire toutes clôtures et fortifications nécessaires, et sont cités : murailles, tours, fossés, canonnières, pont-levis, barbacanes …Mais ces constructions devaient être faites sans subventions, aux frais des villageois. On ne peut donc s’étonner de la simplicité de la solution retenue : un simple mur avec des portes permettant le contrôle des entrées et sorties …
Il reste très peu de vestiges, sinon le tracé qui, depuis cette époque a imposé le dessin du village. Sur le plan ci-joint, tiré du « cadastre Napoléon » on constate que vers 1810, il y avait encore très peu de maisons en dehors de cette enceinte.

Les pierres de construction de ce mur ont dû être utilisées petit à petit pour la construction des maisons, surtout au début du 19ème siècle.

La longueur totale est de l’ordre de 1000 mètres.  Pour  d’autres villages,  on parle de largeur de 1 m au moins et d’une hauteur de 5 à 7 m. Ici rien ne permet d’estimer ces dimensions…

On peut supposer qu’il y avait 4 portes, aux endroits où les voies principales débouchent sur l’enceinte ; on trouve des noms dans des actes anciens : la Porte de la Chally à l’est, la Porte d’Emont et la Porte du Cloux au Sud,…

Il est certain que la protection était limitée à des vagabonds peu armés ; les portes étaient certainement fermées de nuit, une fois les récoltes et le bétail rentrés après l’Angélus du soir.  

BIBLIOGRAPHIE

–          Ernest PETIT  – « Avallon et l’Avallonnais. Etude historique » – GALLOT – Auxerre – 1867.

–          Georges DUBY – « Histoire de la France de 1348 à 1852 » – LARPOUSSE – 1991.

–          Louis GIRARD – «  Du Moyen Age aux temps modernes »  – BORDAS 1968.

–          Regionis – « Bourgogne » – MSM – 2002.

–          Bertrand SCHNERB – « L’Etat bourguignon 1363-1477» – PERRIN – 1999.

–          Alfred TURGOT – „ Histoire de la Ville et Abbaye de Vézelay“- Pas de l’Ane – 1997.

–          Max QUANTIN – « Histoire et institutions de la ville de Vermenton » – Res Universis – 1993.

–          E. PALLIER – « Recherches sur l’histoire de Châtel-Censoir » – LAFFITTE – Marseille – 1981.

–          CRDP Dijon – «  L’Yonne un département » – 1984.

–          Cadastre Napoléon. Archives Départementales de l’Yonne.

–          Site « Portail Bourgogne et Franche-Comté »:  http://gilles.maillet.free.fr/

–          Site http://www.herodote.net/histoire11020.htm

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histoire régionale

Les Grossot et Grossot de Vercy … de Montillot à Vézelay (1620-1820)

Régine Morizot-Koutlidis, 2017

C’est en voulant retracer l’histoire d’une maison, à Montillot, parfois décrite abusivement comme une « maison-forte » dans des dépliants locaux, que sont apparus les noms de GROSSOT et GROSSOT DE VERCY.  

Singulière au village par son pigeonnier carré et ses hauts murs de pierre entourant la cour et le verger, hors-les-murs représentés par l’ancien chemin de ronde du village dont il ne reste que le tracé, à proximité d’une ancienne carrière de calcaire, en bas du village et près d’un puits, elle méritait que l’on s’y attarde un peu plus qu’en passant par le chemin balisé par la FFRP qui la longe (« la boucle de Malfontaine »).

Connue localement comme l’ancien presbytère, mais éloignée de l’église, elle fut vendue à la commune en 1820 (pour remédier à l’absence de presbytère au village depuis la révolution, et la réquisition puis la vente des biens du clergé dont faisait partie la maison accolée à l’église). Les derniers actes notariés mentionnaient que les vendeurs étaient les époux RABIER et GROSSOT DE VEREY.

Le patronyme « GROSSOT » revient régulièrement dans les registres paroissiaux du village, aux XVIIe et XVIIIe siècles et  dans les archives privées de la famille de LENFERNAT largement exploitées par André BUET. Mais ce nom n’existe plus à Montillot ni à Vézelay depuis plusieurs générations, et aucun fil d’Ariane ne permet de le retrouver… de mémoire d’homme.

Qu’est-ce qui a conduit à leur départ ? Pourquoi et pendant combien de temps leur nom a-t-il été lié à la vie de la région ?

Trois documents découverts aux archives départementales de l’Yonne (ADY) ont permis de comprendre un peu mieux cette histoire: l’acte authentique de vente à la mairie de Montillot, datant de 1820, un dossier notarié et hypothécaire datant de 1811 et  l’inventaire après décès d’un ancêtre (1755), à Vézelay.

Remontons le temps…

Le 23 septembre 1986, les héritiers de Mle M. D. vendaient un bien à Montillot connu sous le nom d’ancien presbytère.  Ce bien était «une maison d’habitation construite à flancs de coteaux, comportant un rez-de-chaussée composé d’une cave voutée, un vestibule pour accéder au premier étage, d’une chambre de débarras. Un premier étage qui ne se trouve élevé du côté nord que de 1m, 1m50 du sol, et composé d’une cuisine, une desserte, trois chambres, une salle à manger, deux penderies, et un vestibule. Un grenier carrelé au-dessus. Un jardin de 30 ares environ entouré de murs. Devant l’immeuble une cour, le tout entouré de murs avec une porte cochère. Communs : une grange, une remise, une ancienne écurie ». Me M. D.  l’avait acquise de sa mère, le 27 avril 1976, qui elle-même  avait acheté la maison le 21 mars 1953 à la commune de Montillot, représentée par son maire Mary LAURIN.

La décision de mettre en vente le presbytère était prise dès le 9 juillet 1946, sous le mandat du maire Alfred DEFERT.  En avril 1948 deux lots sont créés et l’administration des domaines fixe la mise à prix à 280000 et 200000F. En l’absence d’offre d’achat, le conseil municipal demande l’autorisation de vente à l’amiable. Pour cela, la municipalité choisit de céder le bâtiment d’habitation, ancien presbytère, et de conserver l’autre partie de granges et ferme. Peu après, en mars 1950, il est créé dans ce dernier local la salle des fêtes et un foyer rural. Le bien dont il est question était en effet déjà composé depuis longtemps de deux parties distinctes, dont jouissait d’une part le curé du village dans le bâtiment principal, autrement dit « le presbytère », et la seconde partie dévolue à différentes fonctions: elle a en particulier abrité l’école des garçons et la mairie, avant la construction d’un nouveau bâtiment neuf à l’entrée du village puis l’école des filles avant son transfert dans d’autres lieux.

Le bien avait été acquis par la commune en 1820, du sieur Germain RABIER notaire Royal demeurant à Corbigny, et son épouse Eugénie GROSSOT DE  « VEREY » demeurant avec lui, selon un acte de vente  établi par maître MONTSAINGEON notaire à Vézelay, ainsi qu’il est noté dans la rubrique « origine antérieure » du dernier acte de vente; une ordonnance signée Louis, le roi, au château des tuileries, en date du 13 octobre 1819 autorise le maire de la commune à acquérir cette maison au nom de cette commune pour servir de presbytère, de maison commune et d’école (ADY, série O).

Dans cet acte de vente une clause stipule « … la promesse de garantie d’aucun trouble quelconque sous les pièces de droit au surplus franc d’aucune hypothèque sauf de celle légale prise en faveur du mineur de defunt sieur Adrien ? ou Edme ? GROSSOT au bureau des hypothèques d’Avallon sur les objets qui forment la présente vente (…) ». C’est dire qu’il s’agissait d’un bien commun, familial.

Le nom de GROSSOT ne figure pas, à Montillot, ni aujourd’hui, ni dans les listes du premier recensement datant de 1836. Le cartulaire de Vézelay  de 1464, probablement le premier recueil assez complet énumérant les familles de Montillot assujetties au chapitre de Vézelay, ne mentionne pas non plus ce patronyme.

Mais 200 ans plus tard, de 1659 à 1680 sont passés  devant « Estienne GROSSOT, notaire à Monteliot»,  de nombreux actes de vente de diverses parcelles (A. BUET, archives Bon de la BORDE, versées aux ADY). Le nom d’Estienne GROSSOT, « praticien et notaire royal », ou « notaire royal demeurant à Montillot» figure aussi au titre de témoin ou parrain dans les registres paroissiaux, dès 1672 (date des premiers relevés conservés à Montillot), et jusqu’en octobre 1690, date à laquelle il décède au village. 

Les sites de généalogie ont permis de dérouler l’arbre généalogique descendant d’Estienne GROSSOT (1626-1690) jusqu’à Edme Claude Jacques GROSSOT DE VERCY (1757- 1825).  Les registres paroissiaux de Montillot, Vézelay, et divers villages de l’Yonne et de la Nièvre, ont confirmé et complété ces données.

En 1690, donc, les archives de l’état civil  (BMS) de Montillot recèlent  l’acte de décès de «maître Estienne GROSSOT notaire Royal, à l’âge de 64 ans» , …

… et les arabesques de sa signature sur les registres paroissiaux…

qui n’avaient rien à envier à celles de l’abbé COLLAS curé alors en exercice,  sont ensuite remplacées par celles de son fils Claude GROSSOT (1671-1724).

Catherine GROSSOT la sœur ainée de Claude demeure à Montillot ; elle se marie en 1685 avec Denis SEGUIN dont elle n’aura pas de descendance ; elle signe de très nombreux actes au titre de marraine cela dès 1676. Son petit frère Guillaume, bachelier en théologie en 1728, sera curé de Lucy. Françoise, une autre sœur née en 1671 se marie à Bazoches avec Charles Boussière. Claudine Grossot, quant à elle, née en 1672, épouse en 1705 Etienne Moreau (Moireau?), docteur en médecine à Clamecy ; leur fils Etienne, chirurgien, résidera à Montillot. 

Dans le terrier de Bois d’Arcy, en 1692, on cite Barbe GOURLET, propriétaire, veuve Estienne GROSSOT notaire à Montillot.

Barbe est elle-même décédée à Montillot en 1702,  et ses enfants Guillaume et Claude, son gendre Charles BOUSSIERE, son frère Jacques GOURLET « procureur du roy au grenier à sel », et son neveu Claude GOURLET notaire à Vézelay assistent à ses funérailles.

Barbe et Estienne représentent le premier maillon identifié dont sont issus les membres de cette famille dans le Vézelien.

Le 22 novembre 1701 se marient à Voutenay maitre Claude GROSSOT notaire et lieutenant de « montliau », marguillier et syndic perpétuel de la paroisse de Monteliot, assisté de Barbe GOURLET sa mère, veuve de maitre Estienne GROSSOT son père, Claudine GROSSOT sa sœur et quelques autres, et Marie LEBLANC. (ADY, BMS, Voutenay).

On retrouve à Montillot l’acte de naissance de Claude GROSSOT leur fils (nous diront Claude II), le 15 septembre 1703, ayant pour marraine « honneste fille Claudine GROSSOT », toujours célibataire, et pour parrain noble Claude GOURLET, sieur de la Gravière, « (?) souhaitant rester pour le voyage en l’élection de Vézelay » : il s’agit du neveu de Barbe, notaire et conseiller du roy eslu en l’élection de Vézelay. Guillaume (II) (dit « le jeune »), frère de Claude II, est né en 1707 ; il portera plus tard le nom de Guillaume GROSSOT DES PERRUCHES. Au décès du père les garçons sont émancipés, et l’oncle Guillaume (I), théologien, est leur curateur en 1728.

Claude GROSSOT (I), lieutenant au bailliage de Montillot, se remarie à Avallon le 6 avril 1712, un an après le décès de sa première épouse, avec Marie-Anne MINARD, fille d’Etienne, avocat, et d’Anne AMANJARD » (cité par le  Bulletin de la Société d’études d’Avallon,Edité en 1906) ; ils n’auront pas d’enfants.

Claude GROSSOT (II) épouse Germaine GRILLOT et s’installe à Vézelay ; il était avocat au parlement et conseiller du roi eslu en l’élection de Vézelay ; il porte alors le nom de GROSSOT DE VERCY.  De ses trois fils, Claude Jacques, l’aîné, né en 1730, est bourgeois à Vézelay; Guillaume (III), né en 1736, héritier de Guillaume GROSSOT DES PERRUCHES, décède prématurément en 1755 peu avant son père; Achille est curé à Chablis en 1746.

Claude Jacques se marie avec Germaine Bernier, à Clamecy  en 1756, un an après le décès de son père . Parmi les proches du marié on note Etienne Guillaume MOREAU, docteur en médecine, probable petit-fils d’Etienne MOREAU et Claudine GROSSOT, et Marguerite DEVERCY sa mère. Il était homme de loi, et banquier en 1769, date de la naissance de son plus jeune fils Edme Claude.

Edme Claude Jacques GROSSOT DE VERCY est son fils ainé; né en 1757, il est baptisé dans la paroisse Saint-Pierre de Vézelay. Il se marie en 1783 avec Marie-Reine RAGON à Corbigny, et sera président du grenier à sel de Vézelay. Marguerite Eugénie GROSSOT DE VERCY est sa fille : ce sont les registres paroissiaux de Vézelay qui recèlent l’acte filiatif de mariage, en l’église Saint-Pierre de Vézelay, le 28 avril 1813, de Louis Germain RABIER, fils de Germain RABIER notaire impérial à Corbigny et dame Louise Françoise GUENOT, avec Marguerite GROSSOT DEVERCY, (et non DE VEREY ainsi que transcrit à tort), fille de Edme Claude Jacques GROSSOT DEVERCY, propriétaire, demeurant à Vézelay  et dame Marie-Reine RAGON.

Jacques, dit « Vatha » (ou « Voltaire », selon les transcriptions), né à Vézelay en 1764, vivra à Paris où il décèdera ; il est grand-père de Camille, sculpteur.

Edme Claude, « dit Plessis », né en 1769 à Vézelay, colonel, marié à Marie-Louise Bergh, est à l’origine d’une branche en Belgique ; tué à la bataille d’Eckmul, il est le père de Casimir, lieutenant-colonel d’infanterie, décoré de l’ordre de Léopold.

Marguerite, née en 1756, épouse d’Adrien PENNIER, notaire à Vézelay, veuve assez tôt, décède en 1810 dans la demeure de ses sœur et beau-frère à Saint-Pierre le Moustier (58). Cette dernière, Madeleine, née en 1766, épouse Louis François MASLIN maire de Saint Parize le Chastel en 1797. 

L’arbre ascendant d’Estienne GROSSOT et Barbe  GOURLET (GOURLAY) n’a pas (encore) été reconstitué.

Jacques GOURLET, procureur du Roy en 1663 à Vézelay, est avec certitude le frère de Barbe GOURLET. On retrouve plusieurs actes notariés le mentionnant à Montillot : achat passé en 1662 devant Me DAUDIER de Brosses siégeant à Monteluot d’une maison en Toucheboeuf (voisin cité : DE LA BORDE) pour le compte de Jacques GOURLET ; Acte daté du 4 mai 1663 établi par Me Estienne GROSSOT notaire, pour le compte de la famille DE LA BORDE avec pour témoin  Me Jacques GOURLET procureur du roi au grenier à sel de Vézelay, demeurant à Monteluot. D’autres GOURLET demeurent à Monteluot à cette époque : Le 19 avril 1667, sur un acte notarié établi à Monteluot par Estienne GROSSOT est cité le voisin « Veuve Claude GOURLET », et Lazare GOURLET prêtre et curé de Montillot, est témoin le 15 juin 1663 sur un acte de vente établi par Estienne GROSSOT.

Si les GOURLET sont une famille anciennement connue à Monteluot, comme elle le fut et l’est encore dans le Vézelien, le côté GROSSOT reste le côté obscur.

Un dénommé Jacques GROSSOT était  cependant curé de Vézelay en 1631 ainsi qu’en témoigne un acte d’achat qu’il effectue alors…

On retient que les descendants de la famille GROSSOT étaient en 1820 vendeurs de ce domaine, mais que de nombreux membres de cette famille demeuraient à Montillot depuis la fin du XVIIe siècle.  Hommes de loy ou notaires, ils ont contracté mariage dans des familles apparentées, dans les générations successives.

Pour décrypter le lien existant entre la famille GROSSOT et ce qu’ils ont eux-mêmes dénommé « le domaine de Montillot », il fallut d’abord se pencher sur un acte de donation établi le 16 aout 1814, en faveur des époux Rabier.

Jacques GROSSOT DE VERCY, propriétaire, et Marie- Reine RAGON son épouse, demeurent à Montillot ; l’objet de la donation est à Montillot une maison ainsi décrite : «maison de maître et de métayer, grange, écurie, jardin, verger et petit morceau de terre à chennevière», ces biens ayant été acquis au terme d’une vente par licitation permettant le règlement d’une succession. Que sait-on de plus sur l’acquisition faite par  « jugement d’adjudication rendu au tribunal civil d’Avallon le 24.10.1811 » ainsi que stipulé dans la donation ?

L’histoire est un peu compliquée.

Le 28.4.1811 s’ouvrait la succession de leur mère Germaine BERNIER (veuve du défunt Claude Jacques GROSSOT DE VERCY)  et de leur sœur Marguerite, veuve du sieur Adrien Jean  PEIGNIER, ces derniers semblant être décédés sans enfants.

Leur mère est décédée le 20 avril 1810 à l’âge de 82 ans ; elle demeurait (et est décédée) à Monteliot.

Leur sœur est, elle, décédée le 17 avril 1810 à l’âge de 52 ans (archives départementales de la Nièvre AD58), soit 3 jours avant sa mère, dans la maison du sieur MASLIN son beau-frère,  à Saint-Pierre le Moustier (58) ; son époux Adrien PENNIER était noté de son « vivant notaire de la commune de Vézelay », mais son nom ne figure pas dans les registres des ADY. Si leur acte de mariage est à ce jour introuvable (à Montillot, à Vézelay), on sait que Marguerite GROSSOT DEVERCY était déjà mariée en 1780,  (sa signature (DEVERCY PEINNIER) en tant que témoin est retrouvée sur un acte de mariage à Vézelay  à cette date), et « veuve PEIGNIER » en 1807, date à laquelle elle établit une hypothèque conventionnelle sur une terre à Monteliot.

La succession se fera par la vente des biens sur licitation le 24.10.1811 au profit de Claude Jacques GROSSOT DE VERCY demeurant à Vézelay, payé sur les deniers provenant de la vente qu’il a faite conjointement avec dame Marie Reine RAGON son épouse d’un domaine situé à Saizy (58), ainsi que d’autres propriétés, lesquels biens étaient propres à son épouse.

On sait que Edme Claude Jacques GROSSOT DE VERCY et Marie-Reine RAGON, alors mineure, s’étaient mariés le 22 décembre 1783 dans la Nièvre, dans la commune de Magny ; le père de la mariée, Simon François RAGON, bourgeois, était bailli de cette paroisse. On comprend que Marie-Reine RAGON possédait 25 ans plus tard des biens dans cette région, par dot ou par héritage. Elle a cédé tout ou partie de ces biens pour permettre l’acquisition de ceux situés à Montillot. Attachement familial ? Rentabilité ?

Dans les archives  hypothécaires et notariales, aux ADY, divers documents attestent de cette vente (4Q2/6, 4Q2/18). S’en suit l’acte de donation proprement dit qui est enregistré  aux hypothèques d’Avallon  (ADY 4Q2/Vol 18, N° 22) le 3.9.1814. Ces biens, leur appartenant, comportaient (1) ce « domaine » (et c’est là que ces biens sont définis de la sorte) situé à Montillot et que le dit sieur déclare appartenir à son épouse …: maison d’habitation bâtiment d’exploitation, cour, aisance, jardin, pré, terre et bestiaux garnissant le dit bien, harnais de labour et tout ce qui en dépens sans réserves ; (2) « une maison située à Vézelay, rue saint-Pierre, tenant du midi aux bâtiments de Me veuve BERT, au septentrion à la maison de Mr BOROT, et d’autre part « au grande rue» de Vézelay, sans réserve, cette maison appartenant à monsieur DE VERCY comme héritier de son père et de sa mère » ; (3) une vigne à Vézelay, en vertu de l’acquisition qu’ils en ont faite le 28 décembre 1809 de Me veuve MARTIN, finage de Vézelay, acte reçu par maitre GUENOT notaire à Saizy… (4) procédure judiciaire en cours à Clamecy dans la Nièvre ; (5) ce qui peut leur revenir de la succession de feu Mademoiselle RAGON tante de la dite dame DE VERCY son héritière… » Il est précisé que c’est la nue-propriété du domaine de Montillot qui est donnée, se confondant à l’usufruit au décès de l’un des deux donateurs, le devenir du conjoint survivant en ce domaine est précisément détaillé. En outre il existe des dettes hypothécaires sur ce domaine (et lui seul) au profit d’un enfant mineur, le fils de Edme Claude GROSSOT DE VERCY dont Edme Claude Jacques est le tuteur. Le sieur et dame RABIER paieront les intérêts annuels jusqu’à la majorité de l’enfant, et le principal pourra être réglé par la vente de ce domaine auquel il leur est demandé de joindre la vigne et l’enclos donnés en dot à la dite dame RABIER, éventuellement la coupe d’un petit bois du domaine, réservé à cet effet, dans le cas d’un excédent de créance.

Ces différents actes étaient prémonitoires : Marie-Reine RAGON est décédée à Montillot peu de temps après, en 1816. Son époux Edme Claude Jacques GROSSOT DEVERCY lui survit jusqu’en 1825, et décède lui aussi à Montillot. Il avait alors 68 ans. A cette date le domaine était déjà vendu à la commune, et un nouveau curé avait été nommé (Père François Joseph GIRARD): on peut penser que le presbytère remplissait alors ses fonctions. Selon les clauses du contrat de la donation, Claude Jacques GROSSOT DE VERCY avait une autre résidence, et recevait annuellement de sa fille et son époux 300 francs, correspondant à la moitié du rendement annuel du domaine. A comparer par exemple au revenu annuel d’un instituteur de l’époque, de 300 à 500 franc, dont le salaire était réputé assez bas.

Si cette démarche de donation/ partage entre vifs était courante, on peut penser qu’elle fut pratiquée aussi par les parents de Edme Claude Jacques GROSSOT de VERCY, les époux GROSSOT DE VERCY/BERNIER : alors ce couple peut avoir laissé la demeure de Vézelay au fils ainé Edme Claude Jacques, se réservant la jouissance de la maison de Montillot. Les décès quasi-simultanés de Germaine BERNIER, et de sa fille Marguerite GROSSOT de VERCY  libèrent le domaine sur lequel ont des prétentions les frère et sœur Edme Claude Jacques, l’ainé, Magdeleine, et un enfant mineur orphelin en 1810, fils de Edme Claude GROSSOT DE VERCY (donc probablement Casimir ? dont le père colonel « dit Plessis »  est décédé en 1809 à la bataille d’Eckhmul en Bavière). On note que Claude Jacques « dit Vatha » (1764-1836) ne participe pas à ce partage.

Le domaine de Montillot était un bien familial. Le règlement de la succession a conduit à sa vente sur licitation, puis à son rachat par Edme Claude Jacques GROSSOT DE VERCY sur les deniers de son épouse. Ce qui permet au bien de rester dans la famille, jusqu’en 1820, date à laquelle les donataires se résolvent à le vendre, et s’acquittent de l’hypothèque qui le grevait.

Entre 1755 et la vente à la commune, le domaine était exploité par des fermiers ; le dernier en date est signalé dans l’acte d’amodiation, qui a précédé la vente : il fallait « laisser au fermier l’accès au puits, ne pas empiéter sur les biens dont il était locataire ». Le bâtiment principal était réservé à l’usage des propriétaires. Cet usage devait être occasionnel puisqu’ils résidaient à Vézelay.

Au moment de la révolution peu d’informations ont filtré. La famille GROSSOT DE VERCY a gardé la jouissance du domaine. A ce moment le sieur Claude Jacques GROSSOT DEVERCY a fait soumission pour acquérir plusieurs parcelles  tenant d’un bout à d’autres lui appartenant ; un demi- arpent de vigne en « Vaubière » ; «  132 perches de terre au lieudit champ du lac et les 33 perches au champ Gauthier, estimées respectivement à 160 et à 30 livres, allouées au sieur GROSSOT DE VERCY pour 630 et 175 livres ». C’est dire que ces parcelles étaient convoitées.

Claude GROSSOT DE VERCY son père, conseiller élu en l’élection de Vézelay décède en février 1755 à l’âge de 52 ans; il a été inhumé « le même jour » en la chapelle de la Sainte Vierge de l’église Saint-Pierre, sa paroisse.

De cette église bâtie en 1152 et détruite en 1804 ne subsiste que la tour de l’horloge (restauré en 1841) ; elle s’étendait au niveau de l’actuelle place Borot.

La lecture de l’inventaire après décès (ADY, 3E 54 252, 20.02.1755) nous apporte de précieuses indications.

A Vézelay, il résidait rue St Pierre ; il laisse des enfants mineurs (au moins Guillaume III et Claude Jacques) et sa veuve Germaine GRILLOT. On y trouve en particulier des titres et contrats appartenant à la succession de feu le sieur Guillaume (II) GROSSOT DES PERRUCHES son frère, décédé lui aussi en 1755,  à 53 ans, avec  un état et mémoire des biens, meubles et immeubles signé par lui datant du 30.03.1744; d’anciennes minutes de feu Claude GROSSOT son père et  l’inventaire après décès des meubles, effets, titres, papiers et enseignements délaissés par maître Claude GROSSOT passé devant maître Baudot notaire royal à Vézelay le 17.11.1724; les provisions et prise de possession d’un canonicat de la collégiale de Chably, le 7.3.1746 contrôlé à Chably le même jour, par le sieur Jacques Achille GROSSOT fils du dit défunt ; six pièces formant dossier de procédure à la requête du sieur Guillaume (III) GROSSOT DE VERCY héritier de Guillaume (II) GROSSOT DES PERRUCHES ; des livres de droit, de matière criminelle, de coutumes, de mathématique, dictionnaire, et l’esprit des lois ; le mémoire alphabétique des tailles, la coutume du nivernais en parchemin, l’ordonnance de gabelle, le droit canon, des livres en latin…

A Montillot, c’est Guillaume qui comparait pour sa mère. La maison décrite comprend une grande chambre (avec un vieux châlit cassé), un vestibule avec un moyeu de bois, bêche, râteau, rôtissoire et arrosoir, une chambre qui a la vue sur la grande cour, avec une cheminée, table, pliant, chaise, châlit, puis grenier au-dessus de la chambre. Cette description correspond à l’habitation du métayer, mais pas à celle de la maison principale. Cette dernière pouvait avoir fait l’objet  d’une donation ou d’un héritage préalable, à Guillaume (II) GROSSOT DES PERRUCHES, transmise à son décès à son neveu Guillaume (III), ce qui expliquerait son absence à l’inventaire.

A ce moment le domaine avait été morcelé, une part allant probablement à Guillaume (II) GROSSOT DES PERRUCHES, une part restant à Claude GROSSOT DE VERCY. Mais le hasard des décès prématurés fait que le domaine se retrouve sur les épaules de Claude Jacques en 1755.

Entre 1720 et 1754, des actes de notaires successifs nous apprennent que le domaine de Montillot est loué (amodié) à des métayers, avec plus ou moins de bonheur, tandis que la maison principale est réservée à l’usage du propriétaire.

Le 25 juin 1720, un acte d’amodiation est établi pour 9 années consécutives de maître Claude GROSSOT (qui demeure à Monteliot), à Edme B. et François J. tous deux laboureurs demeurant à Bouteau paroisse de Brosses. Le bien est ainsi décrit : « un domaine et métairie au dit GROSSOT appartenant tant comme héritier de cet – qu’à cause des biens dont il s’est emparé procédant de defunt Claude J. (…) consistant en un bâtiment de granges et une étable, une maison y attenant en maigne jardin, verger, chennevière, terre labourable et chaume tant au dit lieu de Boutaut, que finage de Monteliot et Malfontaine ».  Il est précisé que « la moitié des récoltes de fruits appartiendront  au bailleur, cueillis ou abattus par le preneur, la moitié des récoltes en grain, et des rentes iront au seigneur. A la charge du bailleur les réparations de couverture et menues réparations. Les preneurs ne pourront tenir de chetel autre bestiaux que ceux  fournis par le bailleur : avec 400 livres les preneurs ont déclaré avoir acquis 8 bœufs de trait à poil rouge et bouchart de cage de 4, 5, 6, 7, 8 et 9 ans »… Le 26.7.1724, un acte de vente est établi par maitre DEFERT pour l’achat par Claude GROSSOT pour son métayer J. d’un cheptel composé d’une vache de 5 ans environ, un porc, 5 brebis, 3 agneaux.

Claude GROSSOT  décède peu après, en 1724. Sa seconde épouse Marie-Anne MINARD renonce à la communauté de son défunt époux au profit des enfants (Claude et Guillaume II) et parallèlement sont publiés les « actes d’émancipation » de ces derniers.  C’est finalement le fils aîné Claude GROSSOT DE VERCY qui hérite du domaine de Montillot. Prenant donc seul en main sa gestion (il demeurait à Vézelay), il établit plusieurs ventes et achats de divers biens situés au lieu-dit la coignotte: Le 25.09.1729 il fait l’acquisition (de DEFERT) d’une petite hâte à chènevière au lieu-dit le petit puits,  le 26 un canton de verger à la coignotte (ou champ du lac) et hâte de terre à chènevière en Berguereau (à proximité), de MELOT et Marie DEFERT.  Le 31 8 1730 il acquiert un morceau de terre à chènevière au petit puits de Claude DUFOUR et sa femme, passé devant maître BAUDOT, notaire et contrôlé le même jour. Tous ces lieux-dits (le petit puits, berguereau, la coignotte, le champ du lac, les Costes) renvoient au même endroit, ils sont encore en usage aujourd’hui.

En septembre 1754, un épais dossier dans les actes du notaire RENE à Vézelay (ADY, 3 E 16 385) nous donne quelques précisons sur les différents biens du domaine. Il contient la plainte de  Claude GROSSOT de VERCY contre son métayer qui l’exploitait depuis 1747. Il se trouve que ce dernier faisait paître ses bestiaux dans un terrain de 3 ou 4 arpents au lieu-dit Les Costes, appartenant au sieur GROSSOT DE VERCY et ne faisant pas partie du bail. De même il occupait la plus grande partie des locaux que le propriétaire se réservait. En ce qui concerne les récoltes, alors qu’il devait une « tierce » au propriétaire, tous les ans, il avait pris l’habitude d’en cacher une partie, ce qui diminuait d’autant la tierce due. En revanche, il avait agrandi ses pâtures de différentes façons, aux dépens du propriétaire et aux dépens du seigneur du lieu, le Chapitre de Vézelay, son voisin. Elément intéressant, il y a eu vol de bois de charpentes, planches et outils de maçon, parce que le sieur GROSSOT DE VERCY « faisait bâtir »  dans son domaine.

La recherche de l’inventaire après le décès de Claude GROSSOT rédigé le 30 novembre 1724 par le notaire BAUDOT, à Vézelay, probablement Philippe BAUDOT, s’est avérée infructueuse : ses archives n’ont pas été versées aux ADY. Cet inventaire avait été fait à la réquisition de Marie-Anne MINARD sa seconde épouse, au profit des enfants, pour une somme de 16 060 livres et 17 sols.

Et avant 1720 ?

On sait qu’Estienne GROSSOT est décédé à Montillot…

Mais comment est-il arrivé à Montillot, et où a eu lieu son mariage avec Barbe GOURLET ? On n’en trouve trace ni à Montillot, ni à Vézelay, pas même dans les villages environnant (Voutenay, St Moré, Arcy s/cure, Brosses, Chatel Censoir, Mailly la ville) autour de 1670,  année de naissance des premiers enfants. Son épouse Barbe était sœur de Jacques GOURLET, sieur de la Gravière, procureur du roy au grenier à sel de Vézelay en 1663 et demeurant à Montillot ; il est pourtant probable que ce mariage ait eu lieu dans la région. Il n’est pas exclu que le couple ait fait l’acquisition du domaine à ce moment et peut-être en dot. La famille de Barbe GOURLET appartenait à cette noblesse de robe, si puissante à l’époque, avec les pouvoirs liés à la fonction.

Comment aller plus loin ?

Dans les années qui ont précédé, à partir de 1563 et jusqu’en 1625, une vaste campagne avait été lancé sur les biens ecclésiastiques pour renflouer le trésor royal appauvri par des années de guerre : impôt de « sacrifice », a-t-on dit ; c’est le «projet d‘aliénation des biens de l’église», sous Charles IX et Henri III. Mettre aux enchères des fiefs, choisis par l’église, c’était permettre à l’échéance de trois générations l’anoblissement au plus offrant et dernier enchérisseur roturier. En 1579 (ordonnance de Blois) la désignation des propriétés était laissée au choix des particuliers qui s’en portaient acquéreurs ; les plus nombreux des adjudicateurs appartenant à la noblesse de robe. (Victor Carrère, les épreuves de l’église de France au XVIe siècle, dans « revue de l’histoire de l’église de France », 1925, Vol 11, N°52, 332-362.) La collusion était possible entre l’acquéreur et l’adjudicateur, aux dépens de l’église. C’est d’ailleurs à cette époque qu’une nouvelle classe sociale, bourgeoise, s’est développée.

Depuis la création du monastère, Montillot faisait partie de la « poté » de Vézelay ; l’abbé de Vézelay et le chapître étaient seigneurs de Montillot. Dans les archives de Vézelay figure l’inventaire des titres et papiers (ADY, H1941-2) de l’abbaye, du moins ceux qui n’ont pas été perdus. On y trouve quelques ventes de biens de l’église, et par exemple: en 1540, d’une maison à Vézelay près de la porte neuve ; en 1609, d’une métairie « de Versaulce », et la maison ; la même année, 434 arpents de bois abandonnés aux habitants de Monteliot, moyennant une redevance de 5 sous tournois par an. Rappelons que l’entretien même des bâtiments de l’abbaye devenait problématique et qu’il fallait aussi trouver l’argent nécessaire pour sauver ce qui pouvait l’être.

En 1543 on y trouve un dossier intéressant, requête du cardinal de Meudon Antoine SANGUIN, abbé de Vézelay, à Léonard LERANDAT, abbé, Jean LERANDAT et Agnès veuve Jean LERANDAT, leur mère, de Monteliot, détenteurs de la métairie du puits de Versy (ou Bersy) contenant environ 10 arpents, finage de Monteliot, justice de Morey, pour s’en désister. Faut-il y voir l’origine du nom de VERCY, à Montillot ?

A ce stade voici ce que nous pouvons dire.

Les GROSSOT sont apparus à Montillot en fin du XVIIe siècle, avec Estienne GROSSOT, notaire royal,  mais ce patronyme n’était pas présent sur les documents antérieurs du village ; son épouse Barbe GOURLET appartenait à une famille de notaire et procureur du roy, à Vézelay. Estienne, puis Claude GROSSOT occupent les charges de notaire royal, tabellion, marguillier, greffier royal, puis syndic perpétuel de la commune de Montillot. Claude II, le fils de Claude I, acquiert le patronyme GROSSOT DE VERCY, et est conseiller du roi élu en l’élection de Vézelay, où il réside et décède; il est inhumé dans l’église Saint-Pierre. Claude Jacques, son fils aîné, est dit homme de Loy et réside à Montillot. Edme Claude Jacques de la génération suivante est président du grenier à sel à Vézelay en 1789, mais décède, ainsi que sa femme, à Montillot : il est le père de Marguerite Eugénie qui vendra à la commune de Montillot la maison du domaine pour en faire le presbytère, une école et une maison communale ; elle a pour conjoint Louis Germain RABIER , originaire de Saizy dans la Nièvre : région limitrophe d’où viennent et où repartent ces familles (Claude Jacques GROSSOT DE VERCY et Germaine BERNIER se sont mariés à Clamecy en 1756 ; Marie-Reine RAGON s’est mariée à Magny en 1783 et a vendu un domaine lui appartenant à Saizy (58) pour racheter le domaine de Montillot en 1810 ; Marguerite GROSSOT DE VERCY, fille de Claude Jacques est décédée chez son beau- frère MASLIN à Saint- Pierre le Moustiers (58) en 1810 ; Eugénie est repartie avec son époux Louis Germain RABIER à Corbigny (58) en 1813.)

Depuis le départ des époux RABIER en 1820, rien ne reste de cette famille à Vézelay ni à Montillot.

Si ce n’est le souvenir d’une maison, en héritage.

Montillot : Monteliot,   Monteluot, Montirueth dans les terminologies anciennes

ADY : archives départementales de l’Yonne

AD58 : archives départementales de la Nièvre.

Arbre généalogique des Grossot/Grossot de Vercy de Montillot et de Vézelay

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Le testament de Girart de Roussillon

Les archives des châtelains de Montillot sont constituées principalement d’actes notariés – achats, ventes et échanges de propriété immobilières -. Ces documents se terminent souvent par quelques lignes d’une écriture différente de celle du notaire : « je soubsigné, confesse avoir repceu les droicts de lots et ventes du contract cy dessus » ; signé « le recepveur de Messieurs les Vénérables du Chapitre de Vézelay ».

Qui étaient ces moines qui prélevaient des impôts sur nos ancêtres ?

Et pourquoi de Vézelay ?

Nous avons consulté les travaux de plusieurs historiens de la région…

« Au nom de la Sainte et indivisible Trinité, Père, Fils et Saint- Esprit. Commencement de la charte ou testament du comte Girart, fondateur des monastères de Pothières et Vézelay, en vertu des privilèges de l’autorité apostolique désignés ci-dessous, lesquels valident et corroborent à perpétuité ce même testament… » 

C’est la première phrase de la traduction d’un texte latin, dont une copie effectuée en 1170 sur parchemin avec enluminure, d’après l’original rédigé vers 858, est déposée à la Bibliothèque municipale d’Auxerre. (un fragment de photographie de la 1ère page est reproduit ci-contre).

C’est donc Girart de Roussillon qui aurait fondé le monastère de Vézelay, par ce testament.

Rappel Historique

Où  situer ce Girart dans notre Histoire de France ? Feuilletons rapidement nos livres d’école, en cherchant les grands repères de cette époque…  

En 771, Charlemagne avait succédé à Pépin le Bref. Combattant les envahisseurs  Avars, Slaves, Saxons et Bretons, il devint le maître d’un territoire immense rappelant l’ Empire romain d’ Occident, disparu 3 siècles auparavant.

Roi chrétien, il imposa sa religion aux peuples Germains et assura la protection des possessions du pape Léon III, qui le couronna Empereur à Rome en l’ An 800.

Mort en 814, son fils Louis le Pieux (appelé aussi « le Débonnaire ») lui succède, et pour conserver l’unité du territoire, ce dernier élève son fils aîné Lothaire à la dignité d’ Empereur, ce qui mécontente gravement les 2 autres fils qu’il eut de sa première femme Ermengarde. Et sa seconde femme Judith de Bavière lui donne en 823 un autre fils Charles (le futur Charles le Chauve), à qui elle veut naturellement faire attribuer une part de la succession impériale !

Des clans se créent entre les prétendants et les nobles qui les soutiennent. L’insurrection éclate dans le pays et le règne de Louis le Pieux se termine dans la confusion. La guerre se poursuit entre les frères, aboutissant à la défaite de Lothaire en juin 841 à Fontenoy- en- Puisaye  (à 25 km d’ Auxerre ; un obélisque nous rappelle cette bataille). En 843, le traité de Verdun partage l’ Empire de Charlemagne en 3 parties :

  • à Charles II le Chauve la Francie occidentale
  • à Louis II le Germanique la Francie orientale ou Germanie
  • à Lothaire 1er un territoire intercalé entre ses 2 frères, la Lotharingie (la future Lorraine, sujet de dispute entre France et Allemagne…). 

Les invasions normandes ajoutent à la confusion : en 843, une flotte remonte la Loire ; les Vikings s’emparent de Nantes et massacrent l’Évêque. D’autres flottes atteignent Toulouse la même année …et Paris le dimanche de Pâques 845…Chartres est prise en 858…Le Midi de la France n’est pas épargné.

858: C’est justement l’année du testament de Girart et de sa femme Berthe.

Son nom s’écrivait Gher- hard et signifiait « tout- à- fait brave ».  Il devint célèbre dans les romans de chevalerie ; un  poète anonyme 12 siècle,  s’inspirant de la tradition orale, a traduit sa vie et ses exploits dans  «  la Geste de Girart de Roussillon » en langue d’oc et d’oïl.

Il a donc fallu trier la part de la légende et celle de l’ Histoire …

Girart faisait partie de la haute noblesse de l’époque, descendant de ces « Maires du Palais » , ces chefs de la Maison Royale qui, – tels Pépin de Herstal, puis son bâtard Charles Martel -,  ont profité de la décadence des Mérovingiens pour prendre petit à petit le pouvoir dans la 1ère partie du 8ème siècle et créer la dynastie des Carolingiens.

Il avait hérité d’un titre familial : « Comte de Paris et de Soissons ».

Avant 818, il avait épousé Berthe, fille du Comte Hugo de Tours et sœur de l’épouse Ermengarde de Lothaire  1er, qui avait alors le titre d’ « Empereur d’ Occident ».

Son beau-père le charge de l’administration de l’ Avallonnais et du Lassois ; il en profite pour y  acquérir plusieurs domaines.

En particulier,  entre 820 et 840, par faveur spéciale de Louis le Pieux, sur recommandation de son épouse Judith, – dont il était proche parent par Berthe -, il obtient le domaine royal « Villam Vezeliacum ». On a retrouvé dans des documents anciens la trace de ce domaine à l’époque gallo-romaine (« Vercellacus »), puis de son affectation à l’ Abbaye St Germain d’ Auxerre (cartulaire daté de 572), sous le nom de « Videliacus ».

Il faut bien voir qu’il ne s’agit pas de notre colline de Vézelay, mais d’un territoire compris entre l’actuel village de St Père et le site dit « des Fontaines Salées », qui fut utilisé par l’homme depuis bien longtemps : on y a retrouvé les vestiges d’un lieu de culte celte, de puits en troncs de chênes pour la collecte de l’eau salée, de thermes romains, de villa gallo-romaine et d’un chemin rejoignant le centre sidérurgique proche… Ce fut d’abord «  Vézelay sur Chors » (pour « Cure ») puis St Pierre le Bas avant d’arriver à St Pierre, devenu St Père…

Ces propriétés avallonnaises sont menacées dans la période de querelles d’héritages qui suit la mort de Louis le Pieux. Girart  prend parti pour son beau-frère Lothaire 1er , qui lui confie l’administration des comtés de Lyon et de Vienne, puis la gérance du royaume de Provence. Il a fort à faire là-bas pour se défendre des prétentions de Charles le Chauve, rival victorieux de Lothaire, et pour repousser les Normands, parvenus en 860 jusqu’à Valence !

Il réussit  dans le même temps à conserver et à accroître ses acquisitions dans le Comté d’Avallon.

Mais un problème de succession se pose : le fils unique de Girart et Berthe était mort très jeune et leur fille se destine à l’ Eglise.

Et il faut empêcher Charles le Chauve d’annexer ces domaines, qui se trouvent dans son royaume… !

Girart et son épouse trouvent la solution : animés de sentiments très religieux, ils fondent 2 monastères dans leurs propriétés, l’un à Pothières, en « Pays Lassois » ( proche de Châtillon-sur-Seine), l’autre à Vézelay, au bord de la Cure ; soumis à la règle de Saint Benoît, le premier accueillera des hommes et le second des femmes. A ces 2 monastères ils firent don de leurs autres biens de l’ Avallonnais, du Tonnerrois et du Sénonais (« …avec cette réserve que nous en gardons l’usufruit tant que durera notre vie dans la chair… »)

 On trouve au folio 23 du manuscrit :

« Ensuite nous avons donné le domaine de Dornecy, celui de Cisternas, de Fontenay (près Vézelay), et de Molnitum, et tout ce que nous avons acquis dans le pagus d’ Avallon déjà nommé, ou celui de Tonnerre, avec toutes les dépendances … »

Certains historiens de la région ont traduit « Molnitus » par Montillot… ; ce n’est pas évident …D’ailleurs Ernest PETIT, dans son « Etude historique » de l’ Avallonnais, nous fournit (page 129), d’après un document du 8ème siècle, une liste des noms latins des villages du « pagus » d’ Avallon : Molnitum y désigne Montlay (en Auxois), dans le canton de Saulieu…Notre village sera cité plus clairement dans des textes ultérieurs.

Le Testament

Puis ils eurent l’idée de mettre ces fondations sous la protection directe du pape, les rendant ainsi inviolables. Folio 24 :

«…nous avons soumis ce monastère et l’autre susdit, avec tous leurs biens, aux très saints apôtres réunis à Rome et par acte de testamentaire confirmé pour toujours, nous les avons confiés aux saints évêques de la Ville qui occuperont ce siège année après année, afin qu’ils les administrent (sans qu’ils soient pour autant autorisés à les donner en bénéfice ou les échanger avec qui que ce soit), qu’ils en disposent à perpétuité et que, par leur zèle appliqué ainsi que par leur gestion vigilante, selon notre dévotion, une religion de piété et de vertu s’y développe toujours, pour la gloire de Dieu… »

De plus, tous les biens de ces monastères demeureront  « par la garantie de ce même testament perpétuel, sans aucune charge extérieure ni taxe d’assujettissement… », « …à ceci près que chaque année, comme présent au très  vénérable siège des bienheureux apôtres auxquels nous avons soumis ces sanctuaires , ils verseront deux livres d’argent au bienheureux évêque de la Ville de Rome… » (folio 23).

Enfin, autre disposition importante : « nous insistons fermement … », écrit Girart, «   pour que, lorsque l’abbé ou l’abbesse …aura quitté la lumière de ce monde, …ces communautés…aient ce pouvoir…de procéder…à l’élection d’un autre abbé ou d’une autre abbesse de bonne vie et de bon témoignage, d’un commun accord…et avec, sur ce sujet, l’approbation ultérieure de l’évêque qui, à ce moment-là, aura mérité le siège apostolique… » .

Encore fallait-il faire accepter cette Charte-testament par les autorités intéressées …

Girart dû faire preuve de diplomatie, puisque d’une part, le pape Nicolas 1er accepte la donation et confirme par une bulle, en mai 863, que les monastères jouiront de la protection du Saint- Siège, et d’autre part,  – ce qui est plus surprenant – , Charles le Chauve, par un diplôme royal , confirme ces fondations en 868 et s’engage, pour lui et ses successeurs, à défendre les « immunités » de ces monastères…

Conservant l’usufruit sa vie durant, Girart devait assurer la protection de ses récentes fondations ; mais sa charge le retenait entre Lyon et la Provence …Les moniales de Vézelay , en butte à l’hostilité ambiante et aux attaques de bandes, se replient vers d’autres maisons de leur ordre au bout d’une quinzaine d’années. Girart les remplace par des Bénédictins venant d’Autun, sous la direction de l’abbé Eudes

Les invasions des Normands continuent…En 885, ils assiègent Paris ; mais le roi Charles le Gros pour éviter le combat, autorise le chef des Vikings à aller ravager la Bourgogne ! Une flottille arrive donc dans la vallée de la Cure au début de 887, détruit le monastère de Vézelay (sur Cure) et poursuit vers le Morvan.

Mais avant l’arrivée des Normands, les moines et les habitants de la vallée de la Cure sont montés se réfugier sur la colline proche. Girart étant mort en 877, c’est l’abbé Eudes qui prend la décision d’y implanter définitivement  le monastère.

Qu’est devenu le monastère après la mort de Girard de Roussillon?

Le monastère s’implante définitivement sur la colline. On ne sait s’il y avait là, déjà, des constructions à ce moment ; on suppose qu’il existait une sorte d’enceinte de murailles pouvant servir de refuge.

Tite-Live aurait fait allusion à cet endroit dans son « Histoire de Rome », en l’appelant « mons scorpionis », ou mont du Scorpion ; on voit là une allusion à la forme particulière de la colline, plus évidente en vue aérienne, qu’en la gravissant à pied !

Ce qui semble sûr, c’est que le Vézelay actuel est vraiment rentré dans l’ Histoire en cette année 887 …

Une partie des habitants de la vallée est montée sur la colline avec les moines ; un sanctuaire est rapidement édifié et dès 888, Eudes  obtient du roi le transfert des privilèges accordés à l’ancien monastère. Le pape Etienne VI renouvelle lui aussi le privilège pontifical en 897 et précise que le « castellum » doit servir de refuge aux moines, à leur serviteurs et à la population avoisinante…

Un bourg se crée et se développe autour de l’abbaye. Il prend le nom de Vézelay, le village resté au bord de la Cure devenant le « Vieux- Vézelay ».Le temps passe, marqué par des gestions plus ou moins rigoureuses selon les abbés ; mais dès leur élection ceux-ci prenaient bien soin de faire confirmer par le Saint- Siège les privilèges accordés à leur abbaye…

Divers événements se répercutent sur la vie du bourg : l’angoisse due à l’approche de l’ An 1000, l’affaiblissement de la dynastie carolingienne suivi de l’élection du premier des Capétiens en 987, la guerre du roi de France Robert II le Pieux pour « récupérer » le Duché de Bourgogne, avec siège d’ Auxerre en 1003, puis d’ Avallon, et massacre d’une partie des  habitants de cette ville, en 1005 …

Autun; Le paradis terrestre

D’autres touchent très directement Vézelay : destruction du monastère par un incendie (entre 910 et 940), prise de pouvoir temporaire par un groupe de moines de l’abbaye de Cluny en 1027 profitant d’une période de désordre … On voyait déjà s’amorcer les luttes d’influence qui ont secoué cette abbaye pendant plusieurs siècles : le comte de Nevers considérait que son autorité seigneuriale devait s’appliquer à cette parcelle de son comté, et l’évêque d’Autun, bien que sachant parfaitement que Vézelay relevait directement du Saint- Siège, admettait difficilement de ne pas participer à la gestion d’une   Abbaye située dans les limites de son diocèse…  

C’est que ce monastère faisait des envieux : riche au départ grâce aux dons de Girart, elle continuait à recevoir de pieuses donations…  

Et vint un abbé qui eut une heureuse  inspiration …C’est  Geoffroy, élu en 1037. Depuis plusieurs années, attirés par des rumeurs de « prodiges », des pèlerins accouraient de plus en plus à Vézelay.  Entre 1020 et 1040, pour lutter contre les multiples guerres locales, l’ Eglise de France proclame une « Trêve de Dieu ». C’est alors que profitant de ce mouvement vers une « paix chrétienne », Geoffroy promeut le culte de Sainte Marie-Madeleine, la pécheresse amie de Jésus. Des foules venant de l’ Europe entière accourent, demandant l’aide de la sainte à toutes les victimes des guerres et des injustices…La présence de reliques fait l’objet de contestations et de plusieurs explications différentes …mais cela  ne décourage pas les pèlerins.  

un pèlerin

Les marchands affluent à Vézelay ; les ressources de l’ Abbaye s’accroissent, ainsi que son patrimoine immobilier. Pour accueillir les foules, l’église abbatiale ne suffit plus ; l’abbé Artaud, élu en 1096, lance la construction de la grande basilique romane, construction qui, rencontrant de nombreuses difficultés, s’est étalée sur un siècle et demi. ( Il faut noter que les pierres blanches utilisées dans cette construction auraient été tirées de la carrière de Montillot, tandis que les pierres brunes – calcaire mélangé d’oxyde de fer -,  viendraient de Tharoiseau).

Le patrimoine de l’Abbaye

Le patrimoine de l’abbaye ?

Le testament de Girart citait quelques villages des environs : Dornecy, Fontenay, Montlay, Vézelay (le Bas…)…

Des copies des bulles papales du 12ème siècles qui confirmaient les privilèges de l’ Abbaye sont déposées aux Archives d’ Auxerre ; certaines ont été transcrites dans le bulletin de la Société des Sciences de l’ Yonne de l’année 1868 ; elles sont rédigées dans un latin médiéval ecclésiastique qui pose des problèmes aux traducteurs…Ces textes présentent l’inventaire des possessions du moment :  on y voit donc , non seulement l’étonnante expansion de ces biens au fil des années, mais aussi l’ordre dans lequel les villages proches – dont le nôtre – sont venus se ranger sous la juridiction directe de Vézelay.

Les bulles de 1102, 1169, 1182 et 1245.

1)- Bulle du pape Pascal II   (21 Novembre 1102)

On trouve dans l’inventaire des églises, donc des paroisses, du diocèse d’Autun : St Père, Vergigny, St Pierre et St Symphorien de Dornecy, St Sulpice d’Asnières, St Germain de Fontenay-sous-Vézelay, St Pierre de Blanay, St Georges de l’Isle- sous- Serain, St Syagrius de Flay, St Léger de Fourcheret (futur St Léger- Vauban) et St Andeux en Morvan.  

2)- Bulle d’Alexandre III  (16 Février 1169)

Diocèse d’Autun : 8 acquisitions nouvelles  => Précy ; Givry ; Voutenay ; Montillot (« Montirueth ») ; Brecy( ?) avec son domaine, ses  granges et ses revenus ; Chamoux.

Diocèse d’Auxerre : Trucy, avec son église et tous ses biens ; Sacy ; Mailly- la- Ville et Mailly- le– Château ; Arcy, Bessy avec son église et tous ses biens.

Il faut ajouter à cela : 9 églises dans le diocèse de Nevers, une sur Mâcon ; 6 sur Clermont ; 4 sur Bourges ; 4 sur Poitiers ; 2 sur le Mans ; 2 sur Saintes ; 19 sur Sens ; une trentaine sur Beauvais ; 7 sur Noyon ; 3 sur Parme et 2 sur Imola (Italie)… 

3)- Bulle de Lucius III  (19 Décembre 1182)

Ce texte ne reprend pas l’inventaire ; il précise certains points des statuts :   « l’évêque diocésain ne pourra ni faire des processions, ni dire publiquement la messe, ni faire acte de juridiction, ni prononcer l’interdit sans l’agrément de l’abbé ou de ses moines, dans le monastère, dans la ville, dans les églises d’Asquins et de Saint Père qui (… sunt in radice montus ipsius villae sitae …) sont au pied même de la  montagne… »

4)- Bulle d’Innocent IV  (janvier 1245)

Même remarque sur l’inventaire ; mais sur l’interdiction d’officier adressée à l’évêque d’Autun, sont citées en plus de St Père et Asquins les églises de Châtel-Censoir, l ’Isle (sur Serein) et Montillot (…in ecclesiis Castri, Insulae et  Monterione… ). Pour justifier l’orthographe, on peut imaginer simplement que le copiste soit d’origine italienne !

La « poté »

Ainsi  un groupe de  paroisses entourant Vézelay s’est trouvé soumis à l’autorité civile, administrative et judiciaire des abbés. On appelait « poté », – du latin  « potestas » = « pouvoir » – , le territoire ainsi contrôlé par un pouvoir seigneurial. Des bornes de pierre en marquaient en principe les limites.

Mr B. PUJO, en annexe de son ouvrage « Histoire de Vézelay » cite des « textes officiels » définissant la « poté » de Vézelay :

– dans le cartulaire présenté le 12 février 1463 au prévôt de Sens, qui dénombre les biens de l’abbaye, on lit que:

  • se trouvent dans la « poté » les villages de Vézelay, Saint-Père, Nanchèvres, Fontette et Morond, Tharot (Tharoiseau), Asnières, Montillot, Asquins.
  • sont situés hors de la « poté », les villages de Brosses et Fontenille, Chamoux et Cray, Fontenay …

– dans une lettre du  1er décembre 1531 de François 1er, demandant la sécularisation de l’abbaye , il est précisé que celle-ci dispose « d’un territoire de trois lieues ou environ de longueur et de largeur, non sujet immédiatement à autre qu’au dit Saint- Siège ».

Quelques pas dans la suite de l’histoire

La deuxième partie du 12ème siècle et le début du 13ème marquent l’apogée de Vézelay: non seulement des foules de pèlerins y accourent , mais des événements importants y ont lieu , avec la venue de hauts personnages…

Bernard de Clairvaux

Le jour de Pâques 1146, Bernard de Clairvaux, du haut de la colline, face à Asquins, appelle le peuple chrétien à la défense des lieux saints (2ère croisade).

A la Pentecôte 1166, l’Archevêque de Cantorbéry Thomas Becket célèbre une messe solennelle à la Madeleine.

En 1190, Philippe- Auguste et Richard Cœur de Lion se donnent rendez-vous à Vézelay pour un départ vers Jérusalem (3ème croisade).

Entre 1244 et 1270, le roi Louis IX (Saint-Louis) vient à 4 reprises…

Pourtant, à la même époque, la vie du monastère est agitée…

Les différends avec le Comte de Nevers sont incessants ; en 1152 , les habitants de Vézelay, mécontents de leur Abbé, appellent le Comte à leur aide et constituent une « commune » libre ! Le roi Louis VII résout le conflit en donnant raison à l’ Abbé…Les rois de France interviennent de plus en plus souvent : en 1280, Philippe III le Hardi place l’abbaye sous sa garde, sans que le Saint- Siège conteste cette décision. En 1312, l’indépendance judiciaire et administrative est perdue : Vézelay et sa « poté » sont rattachées au bailliage de Sens. L’enclave autonome devient une « possession de la couronne ».

L’abbé conserve la « justice haute, moyenne et basse » mais doit l’exercer dans le cadre des ordonnances royales. Il peut continuer à lever des impôts : cens, champart, droit de banalité (usage des pressoirs et des moulins), taille (qui s’ajoute à la taille royale), dîmes, droit de pêche…

Il est probable que Montillot ait été moins perturbé que les villages de la vallée par les évènements qui ont secoué Vézelay. Nos ancêtres ont certainement bien accueilli, comme les habitants des autres villages, les concessions accordées en 1136 par l’abbé Albéric par un texte qui fut une charte   d’affranchissement : la principale mesure, marquant la fin du régime de « servage » portait sur l’abolition de la « main-morte ». Les biens des hommes mourant sans héritiers directs ne reviendront plus au seigneur, mais pourront être légués aux plus proches parents légitimes ; en compensation, cette charte rappelait les divers impôts dus à l’ Abbaye…

La suite ?…

Aux Archives départementales de l’ Yonne, on peut consulter un dossier intitulé « Chapitre de Vezelai – Seigneurie de Monteliot (réf : H1997) et on y trouve les documents les plus divers.

Datant du 12 Février 1464 (recopié en 1753, donc lisible sans difficulté…) : le Chapitre 29 du Cartulaire de l’ Église de Vézelay, intitulé « Monteilliot », fixant « pour taille » à chaque famille un maximum de 15 sols…

Un document de 1575 compte 82 ménages « non compris ceux de Marault… »

Un acte de vente, daté du 29 Août 1660, d’une terre de François TRIJOU, vigneron, à Edme DETHIRE, boulanger, établi par le notaire GROSSOT, en présence de Me Jacques GOURLET, procureur au bailliage.

Du 5 Avril 1686, une sommation au Chapitre de Vézelay, de la part de « vénérable et discrète personne Me Guillaume COLLAS, prestre- curé de Monteluot (c.f . l’histoire du banc de l’église…), …demandant le paiement de 300 livres pour  « portion congrue »…

De 1749 à 1762 , le dossier du procès entre le Chapitre et les habitants de Montillot au sujet des « bourgeoisies » (l’une des impositions…)

…De multiples petites histoires qui font la vie d’un village au cours des siècles…

Bibliographie

  • Alfred TURGOT : « Histoire de la Ville et abbaye de Vézelay » – 1826
  • Ernest PETIT : « Avallon et l’Avallonnais, étude historique » – Auxerre 1867.
  • Bulletin de la Société des Sciences de l’Yonne – 1868.
  • M. SOMMET : « Ville de Vézelay , topographie, statistique, histoire » – Auxerre 1879.
  • Abbé A. PISSIER :  « Recherches historiques sur Asquins » – Bulletin de la Société d’Études d’Avallon – 1908.
  • Collection « Le patrimoine mondial » : « Le patrimoine de la Basilique de Vézelay » – Flohic Éditions 1999.
  • La chanson de geste de Girart de Roussillon
  • Bernard PUJO : « Histoire de Vézelay » – Perrin – 2000.

 

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Montillot en 1464, d’après Le cartulaire de Vézelay

A. Buet †, mai 2014

Le « Cartulaire de Vézelay » est un procès-verbal établi par les Commissaires royaux en 1463 et 1464, à la demande du roi Louis XI. Il dresse la liste des biens de l’Abbaye de Vézelay et des impôts levés sur chaque terre ou maison.

Ce texte a été transcrit en 1772 par les soins de l’abbé CUREAU. (cote ADY : H 1941-1).

Il est suivi de commentaires, permettant de mieux comprendre le village et ses habitants.

Folio 20 (recto)

….Item  la ditte Eglise[1] a un autre Etang nommé l’Etang de Marrault, lequel peut contenir environ six arpents au dessous de la chaussée duquel y a une forge à faire fer qui peut valloir par communes années quinze livres tournois.

MONTELIOT

Item la ditte Eglise a un village en la ditte poté [2] nommé Monteliot auquel village y a une maison, une grange avec tout le pourpris[3], auquel pourpris y a un jardin, qui peut contenir environ un arpent [4] de terre, auquel y a plusieurs arbres…

Folio 20  (verso)

…et de plusieurs manières et en espaliers, y a aussi abondance de serises, en laquelle maison , pourpris et village les dits religieux y ont toutes justices, haute, moyenne et basse, laquelle se gouverne par un prévôt duquel les appellations viennent devant le bailli de Vezelai et ses assise au dit lieu de Vézelai, et peuvent valloir les exploits de justice par communes années, compris la Sergenterie environ cinquante sols tournois [5].

Item au dit  village y a un four bannal [6] lequel  ….  par communes années cent sols.

Item un chacun chef d’hotel [7] demeurant au dit village pour leurs tailles[8] ont les peut imposer jusqu’à la somme de quinze sols et au dessous, et y peut avoir environ trente ménages, mais pour la pauvreté d’eux, et aussi pour les grandes charges qu ils ont des Tailles du roi, les dittes tailles ne peuvent monter par an que environ la somme de dix livres au plus.

Item derrière la ditte maison y a un Cloux[9] de vigne contenant environ trois arpents, lequel par communes années ne paie pas ses façons[10] pour lequel est en grand danger de gelée, et en cette présente année n y a eu que environ deux muids[11] de vin duquel on ne sauroit avoir   soixante sols du muid.

Item hors du dit village en tirant en Vaudonjon, et contre la rivière de Queure[12], y a une autre vigne appelée la Vigne blanche, autrement la plante Colas, et  contenant environ…

Folio 21 (recto)

… un arpent, et ne croît que vin blanc, espère donner rapport pour ce qu’elle est un lieu qui gèle volontiers, et cette présente année 64 n y a pas eu le 6ème d’un muid de vin.

Item hors du dit Village en tirant à Mailli la Ville, y a deux petits prez[13] qui sont pour l’aisance[14] de la ditte maison et aucune fois se vendent et au plus trente sols tournois.

Item alentour de la ditte maison y a plusieurs terres labourables qui se baillent a moisson de bled[15], et avec les prez dessus dits qui se baillent aux laboureurs, peuvent valoir par communes années six septiers[16] de bled par moitié froment et avoine au plus.

Item y a encore un autre pré a environ deux arpents appartenant a la ditte maison séant au bout des Courvées[17] d’Asquiens en tirant a Blannai, et sont assez près la rivière de Cure, lesquelles terres et prez sont à deux diés ( ?) quatre francs deux septiers et demi de bled a la mesure de Paris par moitié froment et avoine.

Item a cause de la ditte maison alentour du dit village y avoit plusieurs terres, vigne et jardins que de présent sont en bois et buissons sur lesquelles terres les dits religieux y avoient menues censives[18] en argent qui pouvoient bien monter par an à soixante sols tournois.

Et aussi y avait coutume[19] d’avoine qui pouvoient bien monter jusqu’à la quantité d’environ dix septiers d’avoine a la ditte mesure de Paris, et depuis pour les causes dessus dittes …. Néant.

Item au dit Monteliot y a de menues…

ls

Folio 21  (verso)

… censives d’argent ou d’avoine sur maisons qui ont été refaites, sur  jardins, et sur terres qu’on a esbuissonnées, lesquels censives en argent peuvent bien monter environ neuf sols six deniers et en avoine environ quatre septiers a la ditte mesure de Paris.

Sensuit la Déclaration des dites menues censives séantes au finage et territoire du dit Monteliot .

                                       Premièrement

Guillaume Hugotte pour demi arpent tenant a la chaume derrière la Croisette, et d’autre part à Regnault Girardot ……1 d.(denier)  parisis….

Regnault Girardot pour un autre arpent  de plante, tenant à Jean Robin d’un costé et d’autre costé au dit Guillemin Hugotte …. 2 d. p.

Jean Robin, pour un autre arpent de plante séant dessus la plante du prioré du dit  lieu, tenant à Regnault Girardot, d’une part, et à Jean Ogier d’autre part ….1 d. p.

Jean Ogier pour demi arpent séant au dit lieu tenant à Jean Robin d’une part et à Guillemin Thomas d’autre part …1 d. p.

Guillemin Thomas pour un autre demi arpent séant au dit lieu tenant à Jean Ogier d’une part et d’autre part à Mathier Labour  …ci…1 d. p.

Mathier Labour pour un demi-arpent tenant d’une part à Guillemin Thomas et d’autre part à Guillemin Porcheron l’ancien …2 d. p.

Folio 22 (recto)

Guillemin Porcheron l’ancien pour un arpent et demi de plante tenant à Mathier Labour d’une part, et à Regnaut Picard d’autre part ….3 d. p.

Regnaut Picard pour trois quartiers de chaume[20] tenant au dit Guillemin Porcheron et à Jean Jonart d’autre part …2 d. Tournois[21].

Jean Jonart pour trois quartiers[22] tenant au dit Regnaut Picard, et à Simon Malinet d’autre part ….2 d. T.

Simon Molinet pour demy arpent tenant à Jean Jonart d’une part et à Simon de Busset d’autre part ….1 d. p.

Simon Busset pour un arpent de plante tenant d’une part à Simon Molinet et à Guillemin Porcheron le Jeune …2 d. p.

Guillemin Porcheron le Jeune pour demi arpent tenant à Simon Busset d’une part et à Jean Busset d’autre …1 d. p.

Jean Busset pour un demi arpent tenant d’une part à Guillemin Porcheron le Jeune et à Guillemin Hugotte…..1 d. p.

Guillemin Huguotte pour demi arpent tenant d’une part à Jean Busset et à Thévenin Hugotte d’autre part …1 d. p

Thévenin Huguote pour un autre demi arpent tenant d’une part au dit Guillemin Hugotte, et à Pernot Ogier d’autre part ….1 d. p.

Pernot Ogier pour un demi arpent tenant…

Folio 22 (verso)

… à Thévenin Hugotte et à Regnault Dethire  d’autre …1 d. p.

Regnaut de Thire pour un arpent tenant à Pernot Ogier d’une part et à Philippe Jonat d’autre part …1 d. p.

Philippe Jonat  pour trois quartiers tenant à Regnaut de Thire d’une part et à Jean Pasquot d’autre part   … 2 d.

Jean Pasquot pour demi arpent tenant à Philippe Jonat d’une part et à Jean Thibe d’autre part …1 d. p.

Jean Thibe pour demi arpent tenant d’une part à Jean Pasquot et à Girard Thomas d’autre part …1 d. p.

Girard Thomas pour trois quartiers de plante, tenant à Jean Thibe d’une part et à Jean Thomas d’autre part …2 d. T.

Jean Thomas, pour un demi arpent tenant de Girard Thomas d’une part et à Jeannot Preau d’autre part …1 d. p.

Jeannot Perreau, pour demi arpent tenant à Jean Thomas d’une part, et à Jean Soulard d’autre part …1 d. p.

Jean Soulard pour un autre demi arpent ,  tenant à Jeannot Préau d’autre part ……..1 d. p.

Jean Goireau pour un autre demi arpent de plante tenant à Jean Soulard d’une part et à Pernot de Thire d’autre part …1 d. p.

Pernot de Thire pour trois quartiers tenant à Jean Goireau d’une part et à la Chaume…

Folio23 (recto)

… d’autre part ….2 d. T.

Jean Pacquot doit un denier pour son verger, tenant à Monsieur[23]  des deux parts ;

Item pour sa part du champ des Lebois tenant au grand chemin de Mailli le Château[24].

Item trois quartes avoine pour sa part du champ des Assens, tenant à Pernot Seguin, et aux hoirs[25] Bernard Le Denorat d’autre part.

Item doit le dit Jean pour sa part de la maison et du Tenement[26] tenant à la femme Guérin Robin, et au dit Jean d’autre part …18 d. , 4 maitons[27] avoine et trois quarts de géline[28].

Item une pagine[29]  pour sa maison où il demeure, tenant à Regnaut Picard et à la femme Jacquot Breuillard, d’autre part et à Regnaut Picard.

Item la moitié de trois pagines pour sa part du verger derrière l’huis[30] Perrin Robin tenans à la femme Guillemin Thire et à la femme feu Thomas Thomas.

Item ob. pour son verger ès Maréchaux.

Item deux deniers pour sa part du champ de la brosse de Farge.

Item trois quartes avoine pour sa part du pré Dubin tenant à Mon dit Sieur l’abbé et à Pernot Seguin d’autre part.

Item pour sa part de la maison qui fut à la chaume, tenant à Guillaume Charbonnier et à Jean Goin (?) d’autre part.

Item un boisseau avoine et les deux parts d’une quarte.

Item doit à cause de Mariote sa femme sur la grange devant le moitier[31] (?) tenant à Pernot Seguin et les hoirs Bernard le Denorat d’autre part …16 d. T .

Item une quarte Rée[32] avoine et un quart de géline pour son verger tenant de Guillaume…

Folio 23 (verso)

… Le Gauquelat et à la femme  Jean Chappelin d’autre part.

Regnault Picard doit pour sa part du champ de la Côte, tenant au grand chemin d’Auxerre ……ci…………une quarte d’avoine.

Item pour sa part du champ des Obouats (?) prets( ?) arnal ( ?) et du champ de la Lebois  ob…

Item le tiers d’un boisseau avoine pour sa part du champ des Absents , tenants ès hoirs Bernard Le Denorat.

 Item neuf deniers et deux boisseaux d’avoine et un quart de géline pour sa part du tenement tenant à Jean Picard et à la femme Perrin Robin d’autre part.

 Item trois Pogines (?) pour la maison où il demeure, tenant à Jean Picard.

 Item pour sa part du verger derrière l’huis Perrin Robin, la moitié de pogy[33] ( ?) et demi.

Item pour sa part du tenement qui fut à la chaume  une quarte et le tiers d’une quarte.

Item pour sa part du champ de la Côte de Farge ….un denier.

Item pour sa part du verger ès Maréchaux, pagy ( ?).

Le Curé de Monteliot doit demie géline de l’ouche[34] du Lac[35], tenant du long à l’ouche Perrin Robin, et d’autre part au dit Lac .

Item cinq quartes rées pour le champ et pré qui furent à la femme Jean Adat, tenant au champ Girard Le Rogerat et d’autre part au pré Jeannot Chapotot.

Item trois deniers de la vigne du Cloux, tenant au Cloux de Monsieur, et au champ Gillaume Dangeau.

Item une quarte rée avoine du pré du Lac, tenant au pré ès Hoirs Huguenot Garrault, et d’autre part au dit Curé.

Item demi bichet d’avoine de l oche qui fut Clemant des Côtes tenant au grand Chemin et d’autre part au pré Bernard Le Denorat.

Item ob. du  verger derrière l’huis à la Pétaude  tenant au verger du dit Curé, et d’autre part à Jean Thomas.

Folio 24 (recto)

Item   six deniers pour la vigne qui fut Guéraut tenant d’une part et d’autre au dit Curé.

Item ob. de la vigne du Cloux qui fut Girard de Vézelai, tenant de toutes parts au dit Curé.

Item deux deniers pour une hâte[36] de pré tenant à Girard Jouin, et ès enfants Thévenin Le Comte.

Item une quarte Rez avoine du pré du Lac tenant au pré Simon Chapotot et au pré à la femme Robert Pillin.

Item demie quarte avoine de l’ouche derrière l’huis à la dite Colas Robin, tenant à Simon Jouin et à Girard Perreau.

Item un denier du pré derrière la maison de Tuchebeuf, tenant au pré Jannot Joucaut et au patis[37] de Tuchebeuf.

Item une quarte rez avoine du pré du Puits Martin, tenant au champ Jeannot Joucaut, et au pré Pernot Guiotte.

Item un quartier de géline sur la maison de Tuchebeuf tenant au verger Jean Porcheron et au mesnage[38]  Guillaume Bolache.

Item  une quarte rez avoine du Champ du lac, tenant au champ ès enfans Simon Chorle, et d’autre part au champ Girard Perreau.

Item deux deniers pagez[39]  pour la part de la maison devant le pressoir tenant au cimetière.

Item un denier pour sa part du champ de la porte du Cloux, tenant au grand chemin de Vezelai.

Item pour sa part du pré tenant au champ Guillaume Balache, deux quartes avoine et les deux parts d’une quarte avoine.

Jean Jardin doit pour la moitié d’une maison de Tuchebeuf tenant à Guillemin Chapotot et au grand chemin d’autre part, demie quarte comble avoine, un quartyier de géline.

Item un miton rez avoine du pré de Bourguereau, tenant à Bernard Le Denorant et à Guillaume Charbonnier.

Folio 24 (verso)

Mathier doit un denier de la maison dite « le four » tenant au dit four ;… ci ….1 d. T.

Le tiers d’une quarte rez avoine pour sa part du Champ de la Côte tenant à Jean Roblin et au champ du pré d’autre part.

Item le tiers de deux boisseaux avoine et le tiers du tiers d’une géline de l’Ouche Blanchon , tenant à la femme Chapelain et à Jean Moireau d’autre part.

Renault de Thire doit du champ et verger de Bourguereau, demi quart de géline, tenant à Jean Jalli.

Item pour sa maison et verger tenant à la femme Simon Ogier et à Guillaume Charbonnier d’autre part … demie quarte  rez  avoine et demi quart de géline.

Item sur les dessus dits de Touchebeuf tenant à Billon d’une part et à Simon Thomas d’autre part ….demi quart comble avoine, trois pagez..

Item un miton rez avoine du Champ tenant à Jean Colier  et à la Mailacte ( ?) d’autre part.

Item demi bichet avoine du champ Bourguereau tenant à Jeannot Perreau et à Girard Bertin d’autre part.

Item un bichet et demi et une géline du champ et verger de Bourguereau, tenant à Jeannot Perreau et à Jeannot Colier  d’autre part et cinq pagez .

Item trois obolles de sa grange où il demeure tenant à Jean Gally et à Perrin Labournot d’autre part.

Item trois obolles et demi bichet[40] d’avoine du verger tenant à la ditte Simonne et à Perrin Labourneau d’autre part.

Pernot et Jean Ogier doivent deux deniers du champ de la Croix tenant à Thévenin …………………………………………………….. ?

Folio 25 (recto)

Item deux deniers du Verger des Maréchaux tenant à Porcheron et à Pernot Jeannot d’autre part

Item demi quarte comble et un quartier de géline pour la moitié de la maison de Tuchebeuf, tenant à Guillemain Chapotot et au grand Chemin d’autre part.

Item trois pagez du pré Avault  tenant à Monsieur  et aux hoirs Rogalier d’autre part.

Item deux mitons rez avoine et une quarte comble du pré et champ de Tuchebeuf tenant à Jean Thibe et à André Le Bernard d’autre part.

Item demie quarte rez avoine du champ derière le prioré[41] tenant à la Terre de Monsieur et à Guillaume Le Gagnelat d’autre part.

Item doit pour la moitié du Tenement de Tuchebeuf, c’est à scavoir maison, grange, pré, verger, tenant ès hoirs Chapelot et par dessus ès hoirs Millot Rainbault d’autre part.  11 d. pagez et demie, trois moitons avoine, trois quartes et la moitié de demi quart de géline.

Item une quarte avoine et demie pour sa part du verger tenant ès hoirs Thévenin Le Comte et à Jean Jali  d’autre part.

Beri doit une quarte avoine à cause du Champ de la Côte, tenant au grand Chemin de Vezelai et au champ de Monsieur.

Item un denier demie pagez de la maison tenant au chemin d’Auxerre et à Guillaume Charbonnier et à la femme Guillemain de Thire d’autre part.

Item demie quarte avoine du champ de la Coste, tenant à la femme Beri, et à lui d’autre part .

Item un bichet avoine pour la moitié du pré Jubin, tenant au pré de Monsieur et au grand chemin d’autre part.

Folio 25 (verso)

Jean Le Plot doit quatre deniers de la vigne des Brières tenant à Guillaume Charbonnier, et à Jeannot Perreau d’autre part.

Item  pagez  du Verger Roubeau tenant à Jean Jali, et à Ragotin d’autre part.

Item un miton rez avoine et le sixième d’une géline pour l ouche Blanchon tenant à SimonThomas , et à la petite Marion d’autre part.

Item  page du verger de Thuchebeuf tenant à Guillaume Charbonnier, et ès hoirs Baleuche d’autre part.

Item une quarte rez du pré du Lac tenant au Curé de Monteliot et ès hoirs Guillaume Julien d’autre part.

Item de la maison  tenant ès hoirs André Du Four  et à Jean Picard d’autre part …ob pagez(?)… 2 d  et les deux quarts d’un quartier de géline.

Item pour le verger de Tuchebeuf tenant au Verger Bolaiche… pagez .

Girardot  doit une quarte rez d’avoine, du verger devant le grand puits tenant à Jean Jalli et au grand chemin.

Item un bichet avoine du champ et verger de Bourguereau tenant à la femme Girard Bachet (?) et ès hoirs André Bernard.

Item pour sa maison devant le pressoir tenant au grand chemin, et à Jean Thibe…deux deniers T.

Simon Collier doit un bichet d’avoine …

Folio 26 (recto)

…et demie géline de Bourguereau tenant à Billon et à Simon Thomas d’autre part.

Item pagez du Courtis[42] de Thuchebeuf tenant à Guillaume Le Goguelat et au grand chemein d’autre part.

Item une pagez et demie du verger tenant à Guillaume Charbonnier et à Guillemin Chapotot d’autre part.

Item un boisseau avoine trois obolles de la grange tenant à Jeannot Perreau et à la femme Droin Chappelin d’autre part.

Jean Guinault  alias Caneau doit trois oboles et pagez de la maison tenant à Guillemain Chapotot et à Girard Perreau d’autre part.

Item pagez de la maison tenant à Jeannot Perreau et au dit Guinault d’autre part.

Simon Collier pour tous ses prés des Bruères, tenant d’une part à la femme Droin Chappelain et au chemin és pors d’autre part, … 10 deniers ob.

Item demi bichet avoine de l’ouche de Bourguereau, tenant d’une part à Guillaume Boleuche, et à Perrin Bonnot d’autre.

Item deux deniers de l’ouche du Lac, tenant d’une part à Thévenin Thibe.

Item trois deniers pour sa vigne de la Route des Noyers, tenant d’une part à Pierre Guiotte et au grand Chemin par lequel on va à Blannai d’autre part.

Item deux deniers, un miton avoine du Verger devant sa maison où il demeure tenant au grand chemin d’Auxerre d’une part et à Pernot Seguin d’autre part.

Item pour son pré des prez Jubin tenant au pré…

Folio 26   (verso)

… de Monsieur et à Guillaume Juin un demi bichet avoine.

Item de son toit, tenant d’une part au curé de Monteliot et au dit Guillaume d’autre part…pagez.

Item obole, de la maison où il demeure, tenant d’une part ès hoirs Bernard Le Dénorat et à Thomas Denizo Hugue d’autre part.

Item trois deniers du champ des Sauléies tenant d’une part à Thibault Bourgoing, et à Perrin Lebornat d’autre part.

Item ob. du verger derrière l’huis Thomas Denizo Hugues, tenant à Biétrix femme Girard Bretin et à Chappotot d’autre part.

Item, demi quart de géline pour sa part du verger tenant au grand chemin d’Auxerre et à Jeanne, femme Guillaume Grélon.

Item une quarte avoine de l’ouche du Lac, tenant au Curé de Monteliot, et au Lac d’autre part.

 Item une quarte comble avoine, du verger tenant à la femme Simon Ogier et à la grande Jeanne.

Guillaume Porcheron dit Grélon à cause de sa femme, cinq mitons avoine, c’est à scavoir du champ derrière l’huis Pernot Guiotte tenant à la femme Guillemin De Thire.

Item deux deniers obole, du verger , et menage séante au verger, et ménage Jean Thiby, et à la Rüe[43]

Folio 27 (recto)

…de Bourguereau.

Item trois deniers obole, de la ménage qui fut au Bernard, tenant à Jean Guiotte, et à la femme Jacob  Quillard.

Item demi quartier de géline et demi parisis, de l’oche de Tuchebeuf, tenant à Jean Jouot et à Jean Joucout ( ?).

Item ob. du champ du Pois Martin, tenant à Jeannot Roblin et à Jean Joucaut.

Item ob. pour sa part de La Grange devant l’huis Thévenin Le Comte, tenant à Girard Perreau et André Bernard.

Item un denier pour sa part de la maison tenant à la maison Guillemette femme Hugue Collier, et à la Cour Simon Thomas.

Pernot Seguin ob.pagez et une géline pour sa maison tenant au cimetière et à Guillaume Charbonnier.

Item trois deniers, un miton avoine pour la maison de la Grand Rüe tenant à Jeannot Perreau, et à la femme Simon Ogier d’autre part.

Item deux deniers du Champ du Poirier, tenant à Jeanne Perreau et au chemin du four, d’autre part.

Item deux mitons rez avoine du champ derrière le grand Chemin d’Auxerre, tenant à André Bernard et à la femme Gauthier d’autre part.

Item trois quartes rez avoine de l’ouche tenant au pré Jubin, et à André Bernard  d’autre part.

Item neuf deniers de la maison neuve tenant à Guillemin De Thire d’une part.

Item deux deniers pour la maison et verger tenant à la femme Philippe Moireau et aux hoirs Bernard Le Dénorat.

Item  …

Folio 27 (verso)

… deux deniers obole du Verger Semillot, tenant à Jean Jalli et ès hoirs Bernard Le Dénorat d’autre part.

Item pour sa vigne des Costes qui fut Girard Saubin tenant ès hoirs Perrin Higotte et à la femme Thomas Thomas… deux deniers pagez.

Item un miton avoine du champ de la Cour, tenant à Perrin Collier d’une part , ès hoirs Bernard Le Dénorat.

Item un miton avoine du champ des Absents ; tenant à Jean Picard et à Jean Jardin d’autre part.

Item demi bichet avoine du pré et champ devant la Ville, tenant à Perrin Collier et ès hoirs Bernard le Dénorat d’autre part.

Sensuit la déclaration des terres labourables appartenants à la ditte Maison de Monteliot.

Premt huit journeaux[44] de terre tenant au dit finage au lieu dit ès Vielles Courvées, tenant d’un côté au pré Jean Thomas et d’autre côté au chemin qui va à l’Etang.

Item en ce même lieu, de l’autre côté du chemin, treize journeaux.

Item au lieu dit à la Route des Noyers, six journeaux tenant au chemin de Blannai et d’autre part ès hoirs Jossier (?).

Folio 28 (recto)

Item cinq journeaux séant en la Côme du Vaudonjon, tenant au chemin d arci au long, et d’autre côté devant Aigremont.

Item trois journeaux séant en la Coste tenant à Simon Collier d’un costé et à Simon Seguin d’autre costé.

Item trois autres journeaux séant derrière la porte du prioré du dit Lieu.

Item trente six journeaux de terre séant en la Courvée du chemin d’Auxerre, tenant à la terre de Monsieur le Comte de Vivre[45].

 …………………………………………………………………………………………………………………………..

 Folio 171 (recto)

Guillaume Porcheron sur Regnault, fils de Mathieu Laveugle sur sa vigne de Vaubion appelée Beaunoir, contenant l’ouvre[46] de cinq hommes , tenant à Girard Thomas d’une part et d’autre part à la chaume Huguenin Colin……quatre deniers………..4d. 

Lui sur Jeanne femme Jeannot Compin pour sa vigne séant en Vaubion qui fut Guillemain Jonin…

Folio 171 (verso)

…tenant à Guillaume Robilin Le jeune d’une part et d’autre part à Guillaume Charbonnier….un denier………………………………………………………………1 d.

Lui pour son champ séant en Chambray, contenant environ deux journaux, tenant au champ du linaire[47] de l’église d’une part et hoirs de Philippe Roigera d’autre part  …3 d.

Lui pour un désert séant au dit Vaulbion qui fut Jeannot Compin, contenant l’ouvre de quatre hommes tenant d’une part à Guillaume Roblin, et au dit Guillaume d’autre part…1 d.

Lui pour un autre désert[48] de vigne séant au dit lieu appelé la Côte Caffard contenant six ouvrées tenant d’une part ès hoirs Perrenot Seguin, et d’autre part à la vigne Notre Dame, et à Jean Joneau et fut Jeanne, femme feu Jeannot Compin, et soulait devoir sept deniers trois pog. baillée pour deux deniers, cy …………………………………………………………2 d.

Le dit Guillaume sur Perrenot Guivele pour le quart du champ du Perrier qui fut André Thomas, contenant en tout quatre journaux tenant et partant à Jaquot de La Grange à cause de sa femme et à Guillaume Picart et Benoiste sa sœur, et doit quatre deniers pour ce, pour sa part, un denier……………………………………………………………………………….1 d.

Lui sur Simon Thomas pour la moitié de la vigne de Vaubion appelé la Côte Armolin, contenant trois ouvrées qui doivent trois deniers pog, tenant et partant à Girard Thomas et au dit Guillaume d’autre part, trois ob. deniers pog……………………………….3 ob.d.pog.

Lui pour un journal de terre ou environ, séant au finage du Crot de la Tempeste, tenant d’un côté ès hoirs Perrin Tribolot, et d’autre côté à Huguenin le Mormat………..2 d.

Folio 172 (recto)

Le dit sur Jean Hugotte pour sa part du Champ des vielles Courvées contenant trois journaux, tenant d’une part à Guillaume Thomas et d’autre part au champ à la Maison Dieu…un denier parisis ……………………………………………………………..1 d. par.

Jean Thibe pour la moitié de la vigne de la côte Arnolain, séant en Vaulbion sur Jeannot Thomas contenant deux ouvrées et demie, tenant et partant à Guillaume Royer et à Girard Thomas d’autre part …………………………………………………………1 ob. d. pog.

Lui pour son champ du Crot à la Tempeste, qui fut Jeanne, femme Jeannot Compin, contenant deux journaux, tenant à Regnot Picart d’un côté et à Guillemette, femme Jeannin le Naistre…deux deniers…………………………………………………………………2 d.

Lui sur Girard Tibe pour son champ appelé grand champ au bas de la Baillye, contenant trois journaux, tenant et partant à Jean Bernot d’une part, et à Philippe Moireau a cause de sa femme  d’autre part………………………………………………………..3 ob.

Lui pour son champ du Perier qui fut à Girard Tibe, contenant trois journaux tenant à Simone, fille Hugues Colier d’une part, et à Hugues et Guillemain Goreault et Guillaume Royer ….deux deniers ………………………………………………………………..2 d.

Lui sur Pernotte,, femme feu Jacquot Broullard pour le tiers du champ de champaigne appelé les Bruaires et contient trois journaux qui doivent trois deniers dont le dit Tibe doit un denier, Guillaume Royer l’autre et Jeannot Thomas l’autre denier, tenant à Hugues Lemormat d’un côté, et d’autre part à la chaume qui fut Milot Rimbeau, …pour sa part …un denier …………………………………………………………………………………. 1 d.

Lui sur Perrenot Le Bornot pour son champ des Corberats contenant deux journaux et doit deux deniers pog. Tenant et partant à Jean Bornot et tenant d’autre part à Perrenot Chapotot….un denier demi Pog.

Le dit Tibe pour le tiers de la vigne de Vaulcaille, contenant toutte la pièce quatre ouvrées tenant d’une…..

Folio 172 (verso)

…part à Isabeau , femme feu Jean Hugotte, et d’autre part à la vigne qui fut Guillaume Ramer….un denier pog………………………………………………………1 d.pog.

Jean Robin sur Guillaume Robin pour le champ séant au Vauldonjon, contenant deux journaux, tenant et partant à Jeannot Perreau pardessus et d’autre part au chemin qui va au Gué Pavé ….deux deniers…………………………………………………………………2 d.

Lui sur Jeannot Jouneau pour son champ de Tournemotte, contenant un journal, tenant par dessous à la Courvée de Monsieur, et d’autre part à …  …………………….3 ob. d.

Lui sur Perrin Robin pour le champ de Lobepin qui fut Juillien Ragotin, contenant trois journaux tenant la courvée de Monsieur d’une part, et à Jean Hugotte d’autre part………quatre deniers…………………………………………………………………..4 d.

Lui pour son tiers du champ qui fut Juillien Ragotin, séant au Crot de la Comme, contenant un journal tenant au champ au Curé de Monteluot d’une part ……………….1 d.

Lui pour les deux parts de la vigne et chaume de la route des noyers, tenant par dessus au chemin qui va à Blannay et d’autre côté au curé de Monteliot, et ès filles Jean Villiers d’autre part, et fut l’une des parties à Perrin Robin, et l’autre à Jean Ragotin un denier ob. pog…………………………………………………………………………………….1 d.ob.pog.

Lui pour demi arpent de chaume séant en Vaulcail, tenant à Guillaume Robelin Lejeune d’un côté, et d’autre côté à Regneau Picard…deux deniers ob…………….2 d. ob.

Guillaume Robin pour une ouvrée de vigne séant en Vaulcaille, qui fut Huguenin le Mormat, tenant au dit Huguenin d’une part et par dessus à Jaquot Sareau…………….ob.

Collas Sareau à cause de Hugotte sa femme, fille de la fille Philippes Le Roigerat pour la comme appelée champ séant en Lignere, contenant un journal ou environ tenant …3 ob.

Folio 173 (recto)

Lui pour trois ouvrées de vignes qui est de présent en chaume, séant en Vaulbion, tenant à Guillaume Thomas Le Jeune par dessus et d’un côté au long de l’héritage[49] de l’Eglise de Montiluot ……………………………………………………………………demi parisis.

Lui pour une autre chaume séant en Vaulbion, contenant une ouvrée, tenant à la vigne dessus ditte d’une part et ès chaumes de Monsieur……………………………pog.

Lui  pour le champ de la plante Colas contenant environ un journal, tenant à la femme feu Aubert Porcheron al.  Besy d’une part, et d’autre part à la femme Jacquot Delagrange …deux deniers……………………………………………………………………….2 d.

Lui sur Thévenin Lecomte pour le champ de Linière contenant un journal, tenant ès hoirs de Jean Picard et Jossier, et d’autre part au bois….deux deniers……………2 d.    

Lui pour sa vigne des champs appelés Coutance contenant un arpent tenant à Jean Tibe d’une part, et d’autre part au chemin qui va au Vaucaille…trois ob…………3 ob.

Lui pour un champ séant en Perrier-Durant contenant deux journaux, tenant à la rüe qui va en Combray d’une part, et d’autre part à la masse Carde (?)….un denier….1 d.

Lui pour son champ des Crots séant ès champ du Perrier, contenant deux journaux ou environ, tenant à Philbert Perreau d’une part, et à Pernot Chapotot d’autre part…3 d.

Regnault Picard sur Perrenot Guiotte pour son champ du Perrier contenant deux journaux, tenant à Colas Sareau à cause de sa femme d’une part, et à Jean Tibe d’autre part, et à Perrenot Chapotot …..quatre deniers ……………………………………………4 d.

Lui pour le champ de la Baillye contenant environ trois journaux tenant à Pernel femme de Pernot Detibes et d’autre part au comte de la Brosse[50]…quatre deniers……4 d.

Lui pour le quart du champ du Crot de la Reine et de la vigne contenant tout trois journaux tenant et partant à Philippes Picard et ès hoirs Jean Jossié d’autre…

Folio 173 (verso)

…pour sa part …trois pog………………………………………………………..3 pog.

Lui pour un quart de vigne séant au Carroge[51] des champs, contenant environ ouvre de trois hommes tenant au chemin des Champs d’une part, et par dessus à Perrenot Chapottot …un parisis………………………………………………………………………………1 par.

Lui pour un désert de vigne séant en Vaucaille, qui fut Jean, Philippes et Regnault  Picard, contenant en tout l’ouvre de quatre hommes, tenant à Guiot Gaucher d’une part et par dessous à Girard Bretin ….trois ob………………………………………………………3 ob.

Lui pour deux ouvrées de vignes séant entre la Croix de Monteliot et les champs tenant à la petite rüe qui vient de Cugeboeuf au grand chemin de Monteliot…trois ob……….3 ob.

Lui pour deux arpents de chaume séant en Vocaille, tenant à Guillaume Roblin le jeune d’un côté par devers le bois, et d’autre côté à Guillaume Jossier…dix deniers…………10 d.

Lui pour un quartier de chaume séant au dit Vocaille tenant d’une part à Guillaume Roblin, d’autre côté ès chaumes …un denier…………………………………………….1 d.

Les hoirs feu Jean Picard et Jossier pour le quart du champ de la Comme contenant le dit champ trois journaux ; pour leur part, environ demi journal tenant et partant à Regnault Picard ….. trois pog ……………………………………………………….     3 pog.

Eux sur Philippes Picard pour le quart du champ dessus dit, tenant à Philippes Moireau d’un côté, et d’autre part à eux-mêmes …trois pog…………………………….3 pog.

Eux pour la moitié du champ du Perrier qui fut  Adam Lepiquard et depuis Perrenot Lecomte contenant six journaux tenant et partant à Guillaume Royer d’une part et à Monsieur d’autre part….trois deniers……cy…………………………………………..3 d.

Folio174 (recto)

Eux sur Pernot Comte pour le quart du champ et de la vigne du Crot de la Renne contenant trois journaux tenant et partant à Jean Picard et à Philippes Picard ……….3 pog.

Eux sur Pernot Guiotte, à cause de Bonotte, sa femme, pour le champ du Perrier contenant six journaux qui doivent quatre deniers tenant et partant par moitié à Guillaume Porcheron et à la femme Jaquot Delagrange, et tenant d’autre part à la courvée de Monsieur, et n’en tiennent que la moitié, pour ce, …deux deniers ……………………………..2 d.

Lui pour un arpent de chaume séant en Vocaille tenant par dessous au petit Guillaume, et par dessus au chemin …qui va à Blannay….cinq deniers mutets (?)……………..5 d.

Les hoirs de feu Jean Villiers et Agnès sa femme, fille de feu Guillaume Juillien, c’est à scavoir Jeanne et Colecte leurs filles, sur Perrenot Guiotte et sur Guillaume Juillien pour le champ du Perrier tor (?) qui fut Guiot Jouneau et pour un autre champ entre tenant, qui fut Juillien Ragotain contenant deux journaux tenant à …..trois ob. pog……………..3 ob .pog.

Eux pour un champ qui fut vigne, appelé la Comme, qui fut Pierre Ragot et depuis à Guillaume Ragotin contenant trois journaux ou environ tenant par dessous au chemin qui va à Arcy….trois deniers……………………………………………………………….3 d.

Jean Jolly  pour le champ des Arables dont la moitié fut à Guillaume Boleche et l’autre à Perrenot Chapotot, contenant en tout trois journaux, tenant à Regnault Dethire et à Colas Sareau d’autre part, et au chemin de Longue Roye d’autre part……………2 d.

Folio 174 (verso)

Lui pour son champ séant en Linière, contenant six journaux ou environ, tenant à Perrenot Chapotot d’une part, et d’autre part à Colas Sareau, à cause de sa femme ..3 d.

Lui sur Huguin Juing pour trois arpents et demi de désert séant au lieu de l’Echange, tenant au grand chemin d’Asquins à Chamoux, et d’autre part ès chaumes, et soulait devoir quatre sols six deniers baillés de nouvel pour dix deniers ……………………………10 d.

Guillaume Thomas Chaumel sur Droin Chapollin, pour les deux parts du champ du Crot de la Renne, contenant trois journaux tenant et partant à Jean Leplot, et tenant à la plante Colas et à Pernot Detire, pour sa part  ….deux deniers …………………………2 d.

Lui pour les deux parts d’un quartier de vigne séant en Vaulbion, et pour le tiers de la vigne qui fut Jean Darcy, contenant six ouvrées, touttes les dittes pièces entre tenant, tenant et partant à la R… fille de Mathieu Lalouat, femme de Guillemain Detire, et tenant d’autre part à Etienne Bellin ; pour les dittes deux parts….deux deniers ob.pog………………2 d/ob/pog.

Lui pour les deux parts du champ des Vielles Courvées, contenant environ deux journaux tenant et partant à Jean Leplot, et tenant d’autre part à Marion Sede, et doit trois pog. Pour sa part pog………………………………………………………………….pog.

Lui pour les deux parts du champ des Rouées tenant et partant à Jean Leplot, et tenant à la courvée de Monsieur, et à Girard Bertans  …………………………….ob.pog.et demie.

Item pour une vigne séant en Vaucaille, tenant d’une part au dit Guillaume, et d’autre part à Regnault de Thire…..trois deniers …………………………………………….3 d.

Jean Leplot sur Jean Chapelin pour le tiers du champ du Crot de la Raine contenant toutte la pièce, trois journaux tenant et partant à Guillaume Thomas, et doit trois deniers, pour son tiers…un denier ……………………………………………………………..1 d.

Lui pour le tiers du champ des Vielles Courvées, contenant en tout deux journaux tenant et partant au dit Guillaume Thomas et tenant à Marion Sede …

Folio 175 (recto)

…et doit trois pog. pour son tiers……………………………………………………pog.

Lui pour le tiers du champ des Rouées tenant et partant au dit Guillaume, tenant à la Courvée de Monsieur, et doit un parisis pour son tiers………………………..pog. et demie.

Regnault de Tirre  sur Guillemain de Thire son père, pour son champ du Crot de la Reine contenant quatre journaux tenant à Perrenot De Thire par dessus et par dessous au Comte de la Brosse, et au chemin qui va ès vignes d’autre part……………………3 d.

Lui pour sa vigne de la Comme de Vauldebion, contenant quatre ouvrées tenant à Guillaume Jonin d’une part, et d’autre part à Perrenot De Thire, et par dessus à Guillaume Thomas….quatre deniers…………………………………………………………….4 d.

Lui pour la moitié de son champ séant au long du chemin de Longue Roye, contenant deux journaux, tenant par dessous au dit chemin, et d’autre part à Jean Jolly…….ob.

Lui pour son champ de la Côte, contenant quatre journaux tenant au Sentier de Linière par dessus, et d’autre part à Girard Thomas …un denier……………………………1 d.

Lui pour un arpent  de chaume séant dessus Vaucaille, tenant à la rüe des Meulots d’une part, et par dessus à Jaquot Sareau, et par dessous à Simon Seguin….un denier…..1 d.

Item pour la tierce partie d’une vigne séant en Vaulebion, tenant et partant à Guillaume Thomas L’…(?)  et d’autre part tient à Etienne Belin, de Chamou……..3 ob.

Le dit sur Guillaume Thomas pour son tiers du champ de Champeigne, contenant un journal tenant à Girard Jomin d’une part, et d’autre part à Jean Colin……………..1 d.

Jean Forgot pour le quartier de Vaucail qui fut Girard Tibe, contenant six ouvrées tenant à Simon…

Folio 175 (verso)

…Seguin d’une part, et d’autre part à Guillaume Thomas l’ainé…trois deniers..3 d.

Girard Thomas al. Bretin à cause de Bietrix sa femme, fille de feu André Dufour, pour la Vigne Blanche contenant l’ouvre de quatre hommes tenant à Guillaume Thomas par dessus, et d’autre part à Guillaume Thomas le Jeune…six deniers………………..6 d.

Lui pour le champ de Chambray tenant ès Chaumes d’une part et à Guillaume Josnin …..1 d.

Lui pour le tiers de la Vigne Blanche qui fut Simon Thomas tenant et partant à Jean Goireau, et tenant par dessus à Jeanne, femme de feu Besy ; et doit onze deniers ; ainsy trois deniers ob. et tiers de ob………………..…………………………………………3 d.ob.1/3ob.

Lui pour la moitié de la vigne du Crot des Champs, contenant tout six ouvrées, tenant et partant à Jean Goireau, et tenant par dessus à la plante Colas, et doit trois ob. :…sa part 3 pog.

Lui pour la moitié de la vigne de Vaulbion, appelée la Côte Arnolain, contenant trois ouvrées, tenant et partant à Guillaume Porcheron l’ainé et à Jean Tibe et au chemin de Vaulbion, et doit trois deniers pog. ;  pour sa part…………………… trois ob. deniers pog.

Lui pour sa vigne séant en Digne Chien, contenant toutte la pièce, une ouvrée et demie, et doit pour un sol parisis tenant à Guillaume Thevenon de Givri, et d’autre part à Jean Thomas, et se part en cinq parties, dont il en tient la cinquième…pour ce………………pog.

Lui pour six journaux de terre, séant en Plante Foulé, tenant au chemin des prenots (?) et de touttes autres parts à Monsieur…..trois deniers………………………………………..3 d.

Lui pour deux arpents de terre à faire du pré, séant en la Valée des Assungs, tenant d’une part à la fille Hugues Colin, et d’autre part au grand Chemin…

Folio 176 (recto)

…par où l’on va à Mailly par le bou dessous tenant aux fossés des prés d’Avaux …10 d.

Lui pour un désert séant en Vignechien contenant l’ouvre de deux hommes tenant à Pernot Dethire, et d’autre part à Jean Leplat…un denier…………………………….1 d.

Lui pour deux arpents de terres séant contre la valée d’Amon, tenant à ………3 d.

Philippes Goneau sur Pernot Le Bornot pour la moitié de la vigne de Veaulbion contenant en tout six ouvrées, tenant et partant à Jean Joneau, et tenant à Jean Forgeot et à Jean Viliers, et doit trois deniers, ainsy à sa part …trois ob. …………………………..3 ob.

Item pour la moitié du champ de la Comme de Prildeloue, contenant deux journaux et doit trois ob., tenant et partant à Guiot Gauthier à cause de sa mère, et d’autre part ès chaumes …ob.pog. …………………………………………………………………………………..ob pog.

Lui pour le champ du bas de la Baillye, appelé Grand Champ, contenant un journal et demy, tenant à Jean Tibe d’une part, et à Pernot Dethire d’autre part………………….3 pog.

Lui pour deux arpents de terre séant en la valée d’Ameron, tenant à Girard Thomas et ès chaumes de Monsieur…un denier………………………………………………………1 d.

Lui pour un arpent de terre séant en Vaulbion, tenant au chemin de Blannay……1 d.

Lui pour un autre arpent de terre séant au dit lieu, tenant audit pardessous………2 d.

Lui pour un arpent de terre séant en……

Perrenot Ogier pour le champ de Liniaire qui fut Jean Jolly et Simon Ogier, contenant deux journaux tenant et partant ès enfants de feu Jean Ogier son frère, et doit tout trois deniers ; pour sa part …trois ob. ……………………………………………………….3 ob.

Folio 176 (verso)

Lui sur Guillaume Bolaiche pour le champ du Crot de la Raine, contenant un journal, tenant au curé de Monteluot d’une part, et a …trois ob. ………………………………3 ob.

Lui pour son champ séant en la Côte, contenant quatre journaux, tenant et partant ès dits enfants d’une part, et à Simon Seguin par dessus, et doit cinq deniers ; pour sa moitié…deux deniers ob. …………………………………………………………………2 d.ob.

Lui sur Jean Jolly et Simon Ogier pour la moitié de trois champs, séants à Dignechien, contenant six journaux, tout tenant et partant à l’autre moitié des dits enfants, et au chemin qui va au Vaudonjon et doit sept deniers ;  pour sa part…trois deniers ob……………. 3 d.ob.

Lui pour le champ du Perrier, qui fut en dessus dit, contenant trois journaux et doit trois deniers, tenant et partant ès dits enfants et à Jean Berry d’autre part…………….3 ob.

Les enfants feu Jean Ogier pour le champ de Lignières, qui fut Jean Jolly et Simon Ogier, contenant deux journaux, tenant et partant à Pernot Ogier d’une part, et doit trois deniers ; pour leur part…trois oboles…………………………………………………….3 ob.

Eux pour la moitié du champ séant en la Côte, contenant quatre journaux, tenant et partant au dit Perrenot, leur oncle, et doit cinq deniers : pour leur part…………………2 d. ob.

Eux sur Jean Jolly et Simon Ogier pour la moitié de trois champs, séant en Dignechien, contenant toutte la pièce, six journaux, tenant et partant au dit Perrenot, et doivent sept deniers ; pour leur part…trois deniers ob. ………………………………………………..3 d. ob.

Eux pour deux champs du Perrier, qui fut …de susdit, contenant tout trois journaux, et doit trois deniers, tenant et partant au dit Perrenot Ogier ; pour la moitié…trois ob…….3 ob.

Folio 177 (recto)

Regnault Berthelon , à cause de Jeanne, sa femme, fille de feu Jeannot Robin, pour le champ séant au chemin du Vauldonjon au Perrier Durent contenant deux journaux, tenant d’une part au champ Jeannot Perre            au, et d’autre part au chemin de Longue Roye …..un denier ob………………………………………………………………………….1 d.ob.

Lui pour la vigne de Dignechien, contenant quatre ouvrées tenant au chemin de Digne Chien, et d’autre part …un denier ………………….1 d.

Jean Jardrin dit le Sonoye à cause de Jeanne sa femme , sur Jean Jolly pour le champ du Perrier Durant tenant au chemin du Vaudonjon d’une part, et à Thévenin Hugotte, et contient environ trois journaux…un denier ……………………………………………1 d.

Lui sur Jean Robin pour le champ de Linière contenant deux journaux tenant à Perrenot Chapotot al. Dethires d’une part, et d’autre part à Jean Jolly…………  ….1 d. 3 pog.  

Lui pour le champ du Perrier Durant, qui fut Jean Robin, contenant deux journaux, tenant au chemin du Vaudonjon d’une part, et par dessous à Thévenin Hugotte……..2 d.

Lui à cause de Jeanne sa femme, pour une pièce de désert qui fut vigne, séant en Vaubon et fut à Joffron Lecomte, et depuis à Perrenot Gauthier, tenant à Jean Forgeot d’une part, et à Thévenin Lecomte et au chemin de Vassy (ou Vany?)…………………………..ob. 

Lui pour un quartier de vigne séant en la route des Noyers contenant environ sept ouvrées, tenant au chemin de Blannay d’une part, et par dessus à Hugues Colier ………1 d. 

Lui pour un quartier de désert de vigne, séant en Vocaille qui fut Gilot Dangeant, tenant au désert Jaquot Sareau et pardessus tient au bois, et par dessous à Guillaume…

Folio 177 (verso)

…Robelin à cause de sa fille, et contient l’ouvre de deux hommes…………………. 1 d.

Simon Seguin à cause de sa mère la Seguine pour les deux parts de la moitié de la vigne de Monvron, dit Maupertuit, qui fut Guiot Guichard, tenant et partant à Marie de la Vachère, et tenant par dessous à Etienne Talvard, et doit toutte la pièce dix deniers ob. ; pour ses deux parts…deux deniers ob., les deux parts de ob. et les deux parts de pog.

Lui sur Perrenot Seguin son père, pour la cinquième partie d’une vigne séant en Vaulbeon, contenant une ouvrée tenant aux hoirs feu Girard Jouin d’une part, et à Guillaume Porcheron L’annuelle (?) d’autre part …un parisis……………………………………..1 par.

Lui pour les deux parts d’une vigne appelée la Côte Dame Agnès, séant en Vaucaille, contenant demi arpent tenant à Guiot Gauché d’une part, et d’autre part à Jean Hugotte ……..deux deniers trois pog.  ………………………………………………………..2 d. 3 pog.

Lui pour l’autre partie de la dite vigne, appelée la Côte, contenant six ouvrées, tenant à Colas Sareau, à cause de la femme Jean Sareau, et d’autre part à l’héritage qui fut Thomas Noblot ………….trois deniers……………………………………………………………..3 d.

Lui pour son champ du Crot de la Renne, contenant demi journal, tenant à … ;..pog.

Lui pour son champ séant en la Côte de la Croix, contenant deux journaux, tenant à Simon Colier d’une part, et à Perrenot Ogier et  à Monsieur  d’autre part…………2 d. 3 pog.

Le dit Simon pour sa vigne séant ès champs…

Folio 178 (recto)

…qui est un chaume tenant à Guillaume Royer d’une part, et à Jean Thomas d’autre part …un denier……………………………………………………………………………1 d.

Lui pour un quart de vigne séant en Vaulbion tenant à la vigne Guillaume Thomas  le jeune par dessus et par dessous à Philippes Jouraux …ob………………………………..ob.

Lui sur Jean Sireault pour deux quartiers de vigne séant en Vocaille ; appelée la Côte Dame Agnès et sont en chaume , l’un tenant à Guiot Gauthier d’une part, et Arnault Picard d’autre ;, et l’autre quartier tenant au dit Gauthier, et d’autre part au dit Simon …….4 d. pog.

Lui pour le champ de Vielle Courvée, contenant un journau et demi, tenant à Guillaume Royer d’une part et d’autre part … ; un denier ………………………….1 d.

Jean Goireau sur Simon Thomas, pour la terre de la Vigne Blanche contenant toutte douze ouvrées qui doivent onze deniers, tenant et partant à Girard Thomas et au chemin du bas du Vaudonjon pour son tiers….trois deniers ob. tiers de ob.    ……………..3 d.ob. 1/3 ob.

Lui pour les trois parts de la Vigne Blanche contenant toutte la pièce, trois ouvrées, et doit quatre deniers ob., tenant et partant à Guillien Gouchard à cause de sa femme d’une part, et à Perrin Robin d’autre part ; pour son tiers …trois deniers pog.denier ………3 d. pog.   

Lui pour la moitié de la vigne du Crot des Champs, contenant toutte six ouvrées qui doivent trois ob. , tenant et partant à Girard Thomas, et tenant à la plante Colas ; pour sa part …trois pog. ………………………………………………………………………….3 pog.

Lui pour les trois parts de la route de la vigne des noyers, contenant toutte quatre ouvrées  qui doivent trois deniers tenant et partant à Guillien Goussard, à cause de sa femme, et tenant au Curé de Monteluot d’autre part ; pour sa part …deux deniers pog. …2 d. pog.

Lui pour demi arpent de chaume à faire vigne …

Folio 178 (verso)

…séant en Vocaille, tenant à Guillaume Perreau d’un côté et d’autre côté ès chaumes de Monsieur …deux deniers ob. ………………………………………………………..2 d. ob.

Simon Lemormat al. Colier sur Guillaume Thomas pour la vigne de VaulBeon contenant environ demi arpent tenant d’une part à Regnault Dethire, et d’autre part à Guillaume Thomas le jeune … trois deniers ………………………………………..3 d.

Lui pour le champ du Crot de la Renne, contenant quatre journaux, dont il tient les trois parts tenant à Guillaume Thomas le Jeune d’un côté, et d’autre part à Philippes Josneau et à Regnault Dethire, et doit toutte la pièce quatre deniers ; pour son tiers ……….3 d.

Lui pour sa vigne de la routte des Noyers, contenant environ quatre ouvrées tenant à Jean Goireau d’un côté, et au chemin de Vaulbeon d’autre côté ……………………3 ob.

Item Pernet pour un arpent de chaume séant en Vaucaille, tenant par dessous au chemin qui va à Blannay, et d’autre côté à Regnault Dethire ……………………….5 d.

Guillaume Join al. Royer, pour la moitié de la vigne séant en Vaulbeon, appelé le Crot Chastelus, contenant huit ouvrées, tenant d’une part à Prenot Ogier, et d’autre part à Regnault Dethire ……trois deniers ob. ………………………………………………..3 d. ob.

Lui pour le champ appelé le Crot des Vielles Courvées, contenant environ trois journaux, tenant d’une part à Perrier Bornot, et d’autre part à Jean Goireau ………2 d.

Lui pour le champ du Perrier qui fut au Champenois, contenant quatre journaux, tenant d’une part à Simonne, fille Huguenin Collier …

Folio 179 (recto)

…et d’autre part à Bonnotte, fille Jean Picard …cinq deniers ………………….5 d.

Lui sur Jeannot Thomas pour sa part de la vigne de Vaulbion, appelée la Côte Arnolin, contenant toutte deux ouvrées et demies, qui doivent deux deniers pog. ; dont Jean Tibe tient la moitié et Guiotte Sayerolge un quart ; pour sa part demie ouvrée et le huitième, qui doivent  ob. quart de pog. ……………………………………………………………..ob. ¼ pog.

Guillaume Dethire  pour demi arpent de chaume pour mettre à vigne, séant en Vocaille, tenant d’une part à Regnault Dethire, et d’autre part ès chaumes, et par dessous à Jaquot Savreau … deux deniers …………………………………………………………2 d.

Regnault Girardot sur Guillaume Legoguelat, pour un champ séant au Crot de la Renne contenant un journal, tenant d’une part à Jean Tibe, et d’autre part , par le bout, à Prenot Chapotot … trois ob. …………………………………………………………..3 ob.

Lui sur Girard Perreau, pour une vigne séant en Dignechient, contenant l’ouvre de deux hommes ou environ, qui furent Guillaume Legoguelat, tenant les deux parties en une pièce, tenant d’une part à Pernot, et de touttes parts aux bois …deux deniers ………2 d.

Lui pour la moitié du champ du Perrier qui fut Jean Lemorinat, contenant tout 4 journaux qui doivent deux deniers tenant et partant au Curé de Monteliot, et d’autre part à Simonne, fille Hugues Colier … un denier ……………………………………………1 d.

Lui pour le quart d’un champ séant au Perrier, que Huguenin Lemormat lui a vendu, contenant trois journaux, tenant d’une part au dit Girardot, et d’autre part au dit Hugues Lemormat, et le dit Hugues tient les trois autres parts, et doit le dit champ quatre deniers ob. ; pour son quart … un denier et quartier de pog. ………………………………….1 d. et ¼ pog.

Lui pour un champ séant en Lignère, contenant …

Folio 179 (verso)

…environ deux journaux tenant à Pernot Ogier, et aux héritiers de Jean Ogier, et d’autre part à Guillaume Thomas le Jeune … deux deniers ………………………….2 d.

Lui pour un champ séant en Lignère, contenant environ deux journaux ,  tenant au bois de la Renne de la Croix, et d’autre côté à lui-même

Thévenin Hugotte pour le champ du Perrier, contenant environ trois journaux, tenant d’une part et par dessous à la Courvée de Monsieur, et d’autre part au Grand Chemin qui va de Monteliot à Voutenay … deux deniers ……………………………………….2 d.

Lui sur Simon Hugotte pour sa vigne et chaume, séant au Clou de Chatelu, contenant cinq ouvrées, tenant d’une part à Regnault Dethire et d’autre part à Huguenin Lemormat ……deux deniers …………………………………………………………………………2 d.

Lui pour sa vigne de Pissevin, contenant un quartier, qui doit trois deniers, tenant et partant à Guiot Sede à cause de sa femme, et tenant d’autre part au désert …………..2 d. pog.

Huguenin Le Mormat  pour son champ des Vielles Courvées contenant un journal, tenant d’une part à Ysabeau, femme Philippes Moireau, et d’autre part à … ; ………..2 d.

Lui pour sa vigne de Vaubion, contenant l’ouvre de six hommes, tenant au chemin de Vocaille, et d’autre part aux bois ………………………………………………………….3 ob.

Lui pour la moitié de sa vigne de Vocaille, contenant trois ouvrées tenant d’une part à Girard Perreau, et d’autre part et par dessus à Jaquot Sareau ………………………….3 ob.

Lui pour son champ des Vielles Courvées contenant trois journaux, tenant d’une part au dit Huguenin et d’autre part ès filles Adam Lebornot … deux deniers ….………….2 d.

Lui pour sa vigne de la route des Noyers, contenant …

Folio 180 (recto)

…six ouvrées tenant à Guillaume Porcheron l’ainé et d’autrev part à Perrin Robin, et par dessous à Jean Goreau, et furent au dit Mormat, et à Jean Odot, et devoit chacun partie …trois ob., pour ce … trois deniers ……………………………………………………….3 d.

Item pour sa chaume séant à la Grand Brosse, qui fut à la femme Jean Odot, tenant au chemin de Vocaille, et d’autre part à Girard Thomas … deux deniers ob. ……………2 d. ob.

Lui pour son champ des Bruaires contenant deux journaux tenant à Jean Gorot d’une part, et d’autre part au Chemin qui va à Voutenay… quatre deniers …………………….4 d.

Lui pour sa vigne du Cloux Junequin tenant Simon Seguin à cause de Guiot Guichard, d’une part, et d’autre part tient ès enfants Gourbin par dessus et contient un arpent …..1 d.

Lui pour sa vigne des Champs qui fut Guillaume Josnin, séant en Digne Chien, contenant une ouvrée, tenant à Jean Leplot d’un côté, et d’autre côté à Perrenot Chapotot ….un denier …………………………………………………………………………………1 d.

Simon Dubuinoy à cause de Simone sa femme, fille Huguenin Lemormat pour la vigne de Vaubion appellé la Coste Gassot, et fut Jeanne, femme Jeannot Compin, contenant six ouvrées tenant d’une part à Simon Seguin, et d’autre part à la vigne Notre Dame … sept deniers trois pog . ……………………………………………………………………7 d. 3 pog.

Item pour son champ séant en Dignechien, contenant environ deux journaux et demi, tenant au chemin de Longue Roye d’un côté, et d’autre part à Jean Foijot ………………2 d.

Item pour un champ séant ès champs du Perrier, contenant trois journaux, tenant d’une part au champ Regnault Girardot, et d’autre part à guillaume Jomin…………4 d. ob.

Item pour un journal de terre séant au Perrier Durand, tenant à Thévenin Hugotte d’une part, à Jean Forgeot par l’un des bouts … trois ob. ………………………………3 ob.

Folio 180 (verso)

Item le dit pour deux ouvrées de vigne, séant en Dignechien, tenant d’une part à Guiot Ogier, d’autre part aux enfants Jean Ogier … un denier ob. ………………………….1 d. ob.

Guillemain Gonet et Millot Robergat pour la quatrième partie de la Vigne Blanche, contenant toutte trois ouvrées qui doivent quatre deniers ob., tenant et partant à Jean Goreau, et tenant d’autre part à Simon Colier et au chemin de Vocaille par dessus ; pour sa part … un denier et demie pog. ……………………………………………………1 d. et  ½ pog.

Eux pour la quatrième partie de la route des Noyers, contenant toutte quatre ouvrées qui doivent trois deniers, tenant et partant au dit Jean Goreau, tenant d’autre part au chemin de Veauldonjon pour leur part … ob. pog. …………………………………………….ob. pog.

Jeannot Perreau pour un journau de terre séant au Perrier Durant, tenant au Grand Chemin du Veaudonjon d’une part, et d’autre part au désert de la Côte Jean Mathier …un denier parisis …………………………………………………………………………….1 d. par.

Item pour une pièce de vigne séant en la côte des Noyers, tenant au chemin qui va à Blannay d’une part, et d’autre part à Guillaume Porcheron le Jeune, et par dessous à la Courvée de Monsieur …. Trois ob. ………………………………………………………..3 ob.

Guiot Gauthier pour son champ des Commes de Linière, derrière bobuy(?) contenant trois journaux tenant au chemin de Vaudonjon d’ue part, et d’autre part aux déserts du Crot Bidier … quatre deniers  …………………………………………………………………..4 d.

Item deux quartiers de vigne appellée la Côte Dame Ogier, séant en Vocaille, contenant cinq ouvrées, les deux quartiers, l’un tenant à Simon …

Folio 181 (recto)

Seguin d’une part et l’autre tenant à Thévenin Freault d’une part ……….5 d. 3 pog.

Thibault Chaumin d’Anière pour la moitié du Champ au Perrier Durant, contenant un journal qui fut à Margueritte , femme Odot Chapotot, tenant à … ; ………………..3 pog.

Item sur Guillaume Chaumin pour son champ du Vaultdonjon contenant un journal tenant à … ; deux deniers …………………………………………………………………2 d.

Guillaume Porcheron Le Jeune pour un arpent de terre séant en la Valée des Prés Ancault (?) , tenant par dessous à la Fontaine saint Jean, et par dessus ès hoirs de Girard Lepycardot (?) d’une part tient au champ Dame Jeanne que tenait Ragotain, et d’autre part au champ de Monsieur … dix deniers  ………………………………………………..10 d.

Le dit pour un champ séant au Champ du Gros Boison appellé le champ de la Baillye, tenant à Regnault Dethire d’un côté, et d’autre côté à Pernot Dethire , et contient un demi journal de terre ou environ …deux deniers ……………………………………… …2 d.

Jean Thomas sur Thomas Thomas son père, pour la cinquième partie de la Vigne Blanche séant en Vaulbéon qui fut Jaquote Boucharde, contenant environ quinze ouvrées, tenant à Simon Thomas, et d’autre côté à Guillaume Thomas …un parisis ………..1 par.

Lui pour une pièce de vigne séant ès Champs, contenant environ cinq ouvrées, tenant au chemin de Dignechien, et ès hoirs Girard Leroigerat …deux deniers ……………2 d.

Lui pour le champ des Corberat, qui fut à Aubert Guille, contenant une ouvrée, tenant à Girard Perreau …

Folio 181 (verso)

…d’une part …un denier …………………………………………………………1 d.

Lui pour la moitié de la vigne qui fut Dame Jaques contenant quatre ouvrées tenant à la femme Guillemain Milon  et d’autre part à Simon Seguin…deux deniers ………….2 d.

Lui pour la vigne de Vocaille, qui fut Colas Larchier, contenant six ouvrées, tenant à Simon Seguin … un denier ………………………………………………………………1 d.

Guillemain Dethire pour demi arpent de chaume séant en Vocaille, tenant à Jean Selastre d’un côté, et d’autre côté à Guillaume Perreau pour …………………………2 d. ob.

Guillaume Perreau pour demi arpent de chaume à faire vigne, séant en Vocaille, tenant à Guillemain Dethire d’un côté, et par dessus au chemin ès Mulles ……………2 d. ob.

Thévenin Jouneau pour une chaume à faire vigne séant en Vocaille, contenant demi arpent tenant à Jean Jouneau d’une part, et ès Chaumes d’autre part, et le prix le sixième jour d’octobre (mil) quatre cent soixante quatre …deux deniers ob. ………………………..2 d. ob.

Jean Jouneau dit Moireau, pour trois quartiers de Chaume séant en Vocaille tenant à Thévenin Jouneau d’une part, et à Regnault Berthelon d’autre part, et la prise le jour et l’an que susdit …trois deniers ob. pog. …………………………………………………3 d. ob. pog.  

Guillaume Hugotte pour un désert séant en Vaulbion, contenant environ trois ouvrées tenant à Regnault Laveugle d’un côté, et d’autre côté à Simon Lemornat …….3 d.

Folio 182 (recto)

Touttes lesquelles censives derban (?) de la ditte Ville de Vézelay et de tous les villages dessus dits devant les guerres soulaient bien valoir de quatre vingt à cent livres tournois, mais de présent pour ce que la plupart des héritages qui devoient censives, sont en bois et buissons, et du présent n y a que les héritages dessus déclarés ne peuvent valoir compris les dits villages de Foisy et Mouron, qui sont au bailliage de Saint Pierre le Moutier, que vingt deux livres ou environ, et appartiennent à la Salle de l’abbé. 

NOTA : les explications présentées sur les mots anciens sont pour la plupart tirées du « Dictionnaire  du monde rural ; les mots du passé » – Marcel LACHIVER –  Ed. Fayard


[1] – Eglise = l’Abbaye de Vézelay, « seigneur du lieu »

[2] – Poté = le territoire sur lequel s’exerçait le pouvoir (lat. « potentia ») de l’Abbaye.

[3] – Pourpris = enclos, terrain, verger, dépendant immédiatement de l’habitation.

[4] – Arpent = unité de surface des terres valant 100 perches carrées de 18 à 22 pieds de côté selon les régions ; on peut l’estimer voisine de 50 ares ( valeur encore retenue à Montillot au début du 20ème siècle).

[5] – Sols Tournois = il y avait la monnaie de Tours – d’où le mot « tournois » -, et la monnaie de Paris, d’où « parisis » ; la livre valait 20 sols, le sol 12 deniers, le denier 2 oboles.

[6] – Four bannal = ce qui était « banal » était soumis à la juridiction du suzerain ; il s’agit ici de ce qui est mis par le seigneur à la disposition des habitants du village, moyennant rétribution. Il était alors interdit d’installer un four chez soi.

[7] – Chef d’Hotel = on appelait « hostel » la demeure, la maison, le chez-soi ; le « chef d’hotel » était donc le chef de famille, personne morale imposable.

[8]  – Tailles : la « taille royale » est un impôt établi en 1439 pour les besoins de l’armée ; elle est répartie entre généralités, puis élections , puis paroisses puis entre les habitants. Mais il   y a aussi  une « taille seigneuriale ».

[9]  – Cloux  = enclos

[10] – Façons  = travaux effectués pour cultiver la vigne.

[11] – Muid = unité de volume de liquide ; en 1478, le muid de Paris valait 36 sétiers, soit environ 292 litres.

[12] – la Queure  = la Cure

[13] – prez  = prés.

[14] – aisance = dépendances.

[15] – bailler a moisson de bled = louer pour la récolte de céréales ; le mot « bled » couvre l’ensemble des grains ; notre « blé » était alors le « froment ».

[16] – Septier = unité de volume, qui, pour les grains, valait à Paris 2 « mines » ou 4 « minots », ou 12 « boisseaux » de 13 livres, soit environ 156 litres.

[17] – Courvée  = peut venir de « corvée » ou de « courbe » ; il y a encore entre Asquins et Gué-Pavé un lieu dit « les Corvées », proche de méandres de la Cure ( ?).

[18] – Censive = redevance en argent ou en der=nrées due au seigneur ; le même mot désigne quelquefois la terre soumise au cens.

[19] – Coutume = règle de droit coutumier.

[20] – Chaume  = portion de la tige des céréales qui reste en terre  après récolte ; par extension, la terre elle-même après récolte

[21] – Deniers  = il était admis que 4 deniers parisis valaient 5 deniers tournois, ceci résultant du taux de métal précieux  (argent) dans ces pièces.

[22] – Quartier = le quart de l’arpent.

[23] – Monsieur = il s’agit de Monsieur l’Abbé de Vézelay.

[24] – Grand Chemin de Maiily-le Château = il s’agit du chemin ( « grand » parce que sous juridiction royale) qui joignait Vézelay à Brosses et Mailly-la-Ville, puis Auxerre, en passant à l’ouest de Montillot, le long du bois du Fège .

[25] – Hoirs = héritiers.

[26] – Tenement  = ensemble de terres qui se tiennent.

[27] – Maiton ou miton = unité de volume de grain : valeur ?

[28] – Géline = poule pondeuse ; dans les décomptes des impositions, on la partageait en quartiers !

[29] – Pagine = ou « pogine » ou « poge » ou « pougeoise » ! il s’agit de monnaie de faible valeur ; l’ « obole » valait un demi denier et  la pagine  une demi-obole.

[30] – Huis =  en principe, c’était la porte de la maison, par opposition à la porte de la grange ou à la porte cochère. En Morvan, c’est un petit hameau de 3 ou 4 maisons. Ici on peut prendre « huis Perrin Robin » au sens de « maison à Perrin Robin ».

[31] – Moitier = si ce mot est mis pour « moutier », il signifie « monastère » ( celui dit « de la St Jean ?) ; mais il peut aussi désigner une église …

[32] – Quarte rée ou rez = quarte « rase » ; les mesures de grain pouvaient être « rases » ou « combles » ; dans ce dernier cas ; la mesure contenait tout le grain qu’elle pouvait porter sans qu’il s’en répandït par terre .

[33] – Pogy ou pagy  = pour « pogine » ou « pagine ».

[34] – ouche = on lit aussi « oche » ou « osche » ou « hoche » = terrain clos proche de la maison, différent du jardin, avec arbres fruitiers, plantes textiles (chanvre). Bien fumée, cette parcelle était toujours très soignée.

[35] – le Lac  = c’était déjà notre « Lac » !

[36] – Hâte  = petite parcelle étroite qui correspond à une allée et venue de semeur.

[37] – Pâtis  = terre en friche où l’on faisait paître les bestiaux, en particulier dans les périodes où l’accès des prairies fauchables est interdit.

[38] – Mesnage ou « menaige » ou « manège », ou « manaige » = mot normalement utilisé pour désigner toutes les personnes dont une famille est composée ; ici il s’agit probablement de la transcription approximative du mot « manage » désignant dans le centre de la France une habitation familiale.

[39] – denier pagez = denier pagine = pagine = ½ obole.

[40] – Bichet  = valait 2 boisseaux à Clamecy, soit 26 litres ; selon les régions, de 20 à 40 litres.

[41] – Prioré  = « prieuré ». Le « prieur » régit des religieux en communauté. On appelait « prieuré-cure » une cure desservie par un religieux dépendant d’un monastère. Il semble qu’il s’agisse ici de l’habitation du curé, le presbytère.

[42] – Courtis  = ou « courtil » , petit jardin entouré de murs ou de haies attenant à une maison de paysan.

[43] – Rüe  = il s’agit d’un chemin de culture, d’un passge, d’une cour, d’une issue…utilisée pour l’exploitation.

[44] – Journal  = unité de surface des terres égale à 67,5 perches carrées, soit de 30 à 35 ares, aire qu’on était sensé pouvoir « travailler » dans une journée. Au début du 20 ème siècle, on utilisait encore le mot « journal » pour désigner 33 ares.

[45] – Comte de Vivre  = compte tenu du niveau de noblesse, il ne s’agit certainement pas du seigneur du lieu. Depuis cette époque, il semble que l’on ne trouve pas ce patronyme dans l’Yonne. Recherches en cours…

[46] – Ouvre ou ouvrée = le verbe « ouvrer » signifie « besogner », travailler ;  le mot « ouvrée » désigne la surface de vigne qui peut être « façonnée » par un homme => valeur à préciser….

[47] – Linaire  =  désignerait le « lin sauvage » qui ressemble au lin…Ici il s’agit peut-être d’un jardin planté de lin, par analogie avec la chénevière, plantée de chanvre ? (cf « Linière » et « Lignère »)

[48] – Désert  = terre abandonnée depuis longtemps.

[49] – Héritage =  ce qui est venu par hérédité ou succession (ou, pour l’Eglise, par donation ?).

[50] –  Comte de la Brosse = même remarque que pour le Comte de Vivre => recherche à faire.

[51] –  Carroge  = peut-être à rapprocher de « carruge » qui désignait en Bourgogne une place communale à l’intérieur d’un village ; par extension => croisement, carrefour ?

Commentaires

Le « Cartulaire de Vézelay » est un relevé, – établi par les Commissaires royaux en 1463 et 1464 à la demande du roi Louis XI – des biens de l’Abbaye de Vézelay et des impôts levés sur chaque terre ou maison. Ce texte a été transcrit en 1772 par les soins de l’abbé CUREAU et conservé aux Archives de l’Yonne sous la cote H 1941-1.

Chaque paroisse de la « poté » y est traitée en détail.

La partie consacrée à Monteliot comporte après transcription actuelle, une vingtaine de pages. Elle a le grand intérêt de présenter une première description du village. Pour chaque propriétaire, on lit la désignation de son bien, avec une indication de sa situation géographique, soit par le nom du lieu-dit, soit par celui de ses proches voisins.

Pour exemple, voici le début de l’énumération :

« Sensuit la Déclaration des dites menues censives séantes au finage et territoire du dit Monteliot.

Premièrement

Guillaume Hugotte pour demi arpent tenant au chaume derrière la Croisette, et d’autre part à Regnault Girardot …1 denier parisis …                               1 d. p.

Regnault Girardot pour un autre arpent de plante, tenant à Jean Robin d’un costé, et d’autre costé au dit Guillaume Hugotte…                                       2 d. p.

Jean Robin, pour un autre arpent de plante séant dessus la plante du prioré du dit lieu, tenant à Regnault Girardot d’une part, et Jean Ogier d’autre part     1 d. p.  … »

Quelques mots de français de l’époque dont le sens doit être précisé :

– la censive est la redevance en argent ou en denrée (blé, avoine, volaille…) due au seigneur.

– l’arpent valait 50 ares

– la chaume désigne la terre après récolte de céréales.

– la plante est une vigne nouvellement plantée

– le prioré doit désigner le prieuré, ou l’habitation du curé ou presbytère, en général près de l’église ; on peut se demander si la « plante du prioré » est à côté de celui-ci …

– denier parisis : il y avait la monnaie de Tours (dans certains textes on utilise la « livre tournois ») et la monnaie de Paris, d’où le mot « parisis ». Le taux de métal précieux était différent dans les 2 monnaies. La livre valait 20 sols, le sol 12 deniers, le denier 2 oboles et l’obole 2 pagines…

– la Croisette est une petite croix, dont l’emplacement n’est pas connu…

L’Abbaye de Vézelay, seigneur du lieu, impose donc les habitants de Monteliot par la « taille seigneuriale ». Mais ceux-ci sont aussi pressurés par le Roi : la « taille royale » est un impôt établi en 1439 pour les besoins de l’armée ; elle est répartie entre les « généralités », puis les « élections », puis les paroisses, puis les habitants. Une phrase du cartulaire montre que les abbés tiennent compte de cette double charge :

… « un chacun chef d’hotel demeurant au dit village pour leurs tailles ont les peut imposer jusqu’à la somme de quinze sols et au-dessous, et y peut avoir environ trente ménages, mais pour la pauvreté d’eux, et aussi pour les grandes charges qu ils ont des Tailles du roi, les dittes tailles ne peuvent monter par an qu’environ la somme de dix livres au plus. »

On appelait « hostel » la demeure, la maison, le chez-soi…Le « chef d’hostel » était donc le chef de famille, personne morale imposable. On note :

– qu’il y avait alors 30 foyers dans le village, ce qui peut correspondre à une population de 100 à 150 personnes.

– l’impôt seigneurial, qui aurait pu dépasser 20 livres, a été limité à 10 livres.

Propriétés de l’abbaye de Vézelay 

Celle-ci est probablement le principal propriétaire du village ; ses biens sont énumérés pour l’imposition royale :

– une maison, avec un enclos proche, un jardin d’un arpent, avec des arbres fruitiers – …y a aussi abondance de cerises…-

– un « clos » de 3 arpents de vigne derrière la maison.

– une vigne de raisin blanc, la « Vigne blanche », au bord de la Cure, en « un lieu qui gèle volontiers »

–  2 petits prés, loués à des laboureurs, « qui sont pour l’aisance de la ditte maison, hors du dit village, en tirant à Mailly-la-Ville ».

– plusieurs terres labourables « alentour de la ditte maison », louées d’après la récolte de blé.

– 74 « journeaux » de terres labourables, – soit environ 25 ha !  En divers endroits de la paroisse

– un « four bannal », mis par le seigneur, moyennant paiement, à la disposition des habitants pour cuire leur pain, et rapportant en moyenne 100 sols par an. Il y avait aussi deux pressoirs, – « banals » eux aussi – l’un près du cimetière, donc de l’église, l’autre en Toucheboeuf, « tenant au Grand Chemin ».

– plusieurs terres, vignes et jardins, « …alentour du dit village ».

– un étang « nommé l’Etang de Marrault », avec 6 arpents de terre et « une forge à faire fer » …

Cette maison devait héberger le personnel chargé de la gestion de toutes ces propriétés. Le texte du cartulaire ne précise ni son importance ni sa situation. Pour cette dernière, on a quelques indices…

Deux prés assurent l’« aisance de la ditte maison ». En vieux français, le mot « aisance » supposait une possibilité d’accès, et désignait donc les dépendances de la maison.

Dans cette hypothèse de proximité, cette «  maison »  se trouverait donc, comme ces deux prés, au Nord-Ouest du village actuel – sur le flanc de la colline du Crot-Blanc et du Mont Ciboule – en allant depuis le Champ du Lac vers le «  Grand Chemin »  qui joignait alors Vézelay à Mailly-la-Ville  , «  chemin »  qui emprunte le tracé d’une voie romaine, qui est cité dans de nombreux actes notariés du 18ème siècle et qui figure dans le premier cadastre officiel, le «  napoléonien » , comme relevant de la juridiction royale.

Les lieux-dits actuels, « Champs de la St Jean », « Croix Bouchet », « Meurger aux Moines » …sont assez évocateurs…et remettent en mémoire des témoignages anciens de laboureurs, qui auraient mis à jour des vestiges de fondations dans cette zone…

Propriétés du curé

Le curé est imposé pour les biens dont il assure la gestion pendant son mandat, comme les paysans du village :

– 2 « ouches », très petites parcelles closes, avec arbres fruitiers ou chanvre, l’une près du « Lac », l’autre près du « Grand Chemin ».

– une terre au « Pré du Lac ».

– une vigne au « Cloux », – le « Clos » actuel – à la sortie Sud du village, entre les chemins de la Croix des Bois et du Font du Charme.

– une maison en Toucheboeuf, « tenant au verger Jean Porcheron » et un pré derrière…

– une part de « la maison devant le pressoir tenant au cimetière »

Cette dernière se trouve donc près de l’église. Question : était-elle distincte du « prioré »  -presbytère ?…

Les familles du village

Au long de l’énumération des propriétés imposables, on peut relever les noms d’environ 200 individus différents, – dont 30 à 40 décédés, cités comme anciens propriétaires – avec environ 110 patronymes différents. Un seul patronyme de cette époque, – Porcheron – est encore représenté à Montillot, une filiation directe pouvant être vérifiée depuis le 17ème siècle. Un autre, – Forgeot – l’était encore au siècle dernier. D’autres ont figuré dans les registres paroissiaux du village ou des villages voisins dans la même période : Busset, Bretin, Chapotot, Colin, Dethire, Dufour, Gauthier, Girardot, Hugotte, Lemorinat, Ogier, Picard, Perreau, Robin, Seguin, Thomas, …

Nature des propriétés :

A côté de près de 300 parcelles de terres, vergers et vignes, on relève seulement une quinzaine de maisons et 6 « parts » de maisons dans la première moitié du document, alors que dans la deuxième partie, plus de 20 propriétaires n’auraient que des terres, ce qui laisse supposer que le document parvenu jusqu’à nous depuis le 15ème siècle est incomplet… Un certain nombre de maisons sont signalées en Toucheboeuf, à proximité du « Grand Chemin ».  Toutes ont jardin et verger à proximité…

On ne relève pas moins de 70 parcelles de vigne, essentiellement dans la plaine, route des Noyers, et près de Vaudonjon, en Vaubion et Vaucaille, mais aussi en Toucheboeuf.

Les lieux-dits

On peut comparer leurs noms de l’époque avec ceux du cadastre actuel mais aussi avec ceux du cadastre napoléonien, daté de 1819 pour Montillot et accessible par Internet sur le site des Archives départementales de l’Yonne (A.D.Y.).

On trouve déjà le Champ et le Pré du Lac, la Brosse de Farge, le Puits Martin, Toucheboeuf (et son puits), Beurguereau, les Côtes, le Cloux (pour le Clos), la Grand Rue, le Champ de la Côte, la Côme de Vaudonjon, Longue Roye (pour Longue Raie), Aigremont, Vaubion, Vaucaille, Pissevin (en allant sur Asquins) …

Les « Saulées » sont proches des « Saules », « linière » de « Lignère », le « Champ des Assens » des « Essences », la « route des Noyers » rappelle un ancien lieudit de la plaine de la Chally …

D’autres restent à situer : le Champ du Poirier, le pré Jubin, le Champ des Obouats, les Brières, les Maréchaux, les Vieilles Courvées, la Courvée du Chemin d’Auxerre…

Les noms des chemins permettent de les situer : en plus du « Grand Chemin » souvent cité, on trouve le Chemin qui va à l’Etang (de Marot), la route des Noyers, le chemin de Blannay, le Chemin d’Arci, le Chemin de « Longue Roye » , la Rüe de Beurguereau, la « petite rüe de Toucheboeuf au Grand Chemin » , le sentier de Linière, la route de la vigne des noyers, le chemin qui va en Vaucaille…

Un point attire l’attention : le dénommé Regnault Picard possède « deux ouvrées de vignes séant entre la Croix de Monteliot et les champs tenant à la petite rüe qui vient de Cugeboeuf au grand Chemin… ». Il

Le « Cartulaire de Vézelay » est un relevé, – établi par les Commissaires royaux en 1463 et 1464 à la demande du roi Louis XI – des biens de l’Abbaye de Vézelay et des impôts levés sur chaque terre ou maison. Ce texte a été transcrit en 1772 par les soins de l’abbé CUREAU et conservé aux Archives de l’Yonne sous la cote H 1941-1.

Chaque paroisse de la « poté » y est traitée en détail.

La partie consacrée à Monteliot comporte après transcription actuelle, une vingtaine de pages. Elle a le grand intérêt de présenter une première description du village. Pour chaque propriétaire, on lit la désignation de son bien, avec une indication de sa situation géographique, soit par le nom du lieu-dit, soit par celui de ses proches voisins.

Pour exemple, voici le début de l’énumération :

« Sensuit la Déclaration des dites menues censives séantes au finage et territoire du dit Monteliot.

Premièrement

Guillaume Hugotte pour demi arpent tenant au chaume derrière la Croisette, et d’autre part à Regnault Girardot …1 denier parisis …                               1 d. p.

Regnault Girardot pour un autre arpent de plante, tenant à Jean Robin d’un costé, et d’autre costé au dit Guillaume Hugotte…                                       2 d. p.

Jean Robin, pour un autre arpent de plante séant dessus la plante du prioré du dit lieu, tenant à Regnault Girardot d’une part, et Jean Ogier d’autre part     1 d. p.  … »

Quelques mots de français de l’époque dont le sens doit être précisé :

– la censive est la redevance en argent ou en denrée (blé, avoine, volaille…) due au seigneur.

– l’arpent valait 50 ares

– la chaume désigne la terre après récolte de céréales.

– la plante est une vigne nouvellement plantée

– le prioré doit désigner le prieuré, ou l’habitation du curé ou presbytère, en général près de l’église ; on peut se demander si la « plante du prioré » est à côté de celui-ci …

– denier parisis : il y avait la monnaie de Tours (dans certains textes on utilise la « livre tournois ») et la monnaie de Paris, d’où le mot « parisis ». Le taux de métal précieux était différent dans les 2 monnaies. La livre valait 20 sols, le sol 12 deniers, le denier 2 oboles et l’obole 2 pagines…

– la Croisette est une petite croix, dont l’emplacement n’est pas connu…

L’Abbaye de Vézelay, seigneur du lieu, impose donc les habitants de Monteliot par la « taille seigneuriale ». Mais ceux-ci sont aussi pressurés par le Roi : la « taille royale » est un impôt établi en 1439 pour les besoins de l’armée ; elle est répartie entre les « généralités », puis les « élections », puis les paroisses, puis les habitants. Une phrase du cartulaire montre que les abbés tiennent compte de cette double charge :

… « un chacun chef d’hotel demeurant au dit village pour leurs tailles ont les peut imposer jusqu’à la somme de quinze sols et au-dessous, et y peut avoir environ trente ménages, mais pour la pauvreté d’eux, et aussi pour les grandes charges qu ils ont des Tailles du roi, les dittes tailles ne peuvent monter par an qu’environ la somme de dix livres au plus. »

On appelait « hostel » la demeure, la maison, le chez-soi…Le « chef d’hostel » était donc le chef de famille, personne morale imposable. On note :

– qu’il y avait alors 30 foyers dans le village, ce qui peut correspondre à une population de 100 à 150 personnes.

– l’impôt seigneurial, qui aurait pu dépasser 20 livres, a été limité à 10 livres.

Propriétés de l’abbaye de Vézelay 

Celle-ci est probablement le principal propriétaire du village ; ses biens sont énumérés pour l’imposition royale :

– une maison, avec un enclos proche, un jardin d’un arpent, avec des arbres fruitiers – …y a aussi abondance de cerises…-

– un « clos » de 3 arpents de vigne derrière la maison.

– une vigne de raisin blanc, la « Vigne blanche », au bord de la Cure, en « un lieu qui gèle volontiers »

–  2 petits prés, loués à des laboureurs, « qui sont pour l’aisance de la ditte maison, hors du dit village, en tirant à Mailly-la-Ville ».

– plusieurs terres labourables « alentour de la ditte maison », louées d’après la récolte de blé.

– 74 « journeaux » de terres labourables, – soit environ 25 ha !  En divers endroits de la paroisse

– un « four bannal », mis par le seigneur, moyennant paiement, à la disposition des habitants pour cuire leur pain, et rapportant en moyenne 100 sols par an. Il y avait aussi deux pressoirs, – « banals » eux aussi – l’un près du cimetière, donc de l’église, l’autre en Toucheboeuf, « tenant au Grand Chemin ».

– plusieurs terres, vignes et jardins, « …alentour du dit village ».

– un étang « nommé l’Etang de Marrault », avec 6 arpents de terre et « une forge à faire fer » …

Cette maison devait héberger le personnel chargé de la gestion de toutes ces propriétés. Le texte du cartulaire ne précise ni son importance ni sa situation. Pour cette dernière, on a quelques indices…

Deux prés assurent l’« aisance de la ditte maison ». En vieux français, le mot « aisance » supposait une possibilité d’accès, et désignait donc les dépendances de la maison.

Dans cette hypothèse de proximité, cette «  maison »  se trouverait donc, comme ces deux prés, au Nord-Ouest du village actuel – sur le flanc de la colline du Crot-Blanc et du Mont Ciboule – en allant depuis le Champ du Lac vers le «  Grand Chemin »  qui joignait alors Vézelay à Mailly-la-Ville  , «  chemin »  qui emprunte le tracé d’une voie romaine, qui est cité dans de nombreux actes notariés du 18ème siècle et qui figure dans le premier cadastre officiel, le «  napoléonien » , comme relevant de la juridiction royale.

Les lieux-dits actuels, « Champs de la St Jean », « Croix Bouchet », « Meurger aux Moines » …sont assez évocateurs…et remettent en mémoire des témoignages anciens de laboureurs, qui auraient mis à jour des vestiges de fondations dans cette zone…

Propriétés du curé

Le curé est imposé pour les biens dont il assure la gestion pendant son mandat, comme les paysans du village :

– 2 « ouches », très petites parcelles closes, avec arbres fruitiers ou chanvre, l’une près du « Lac », l’autre près du « Grand Chemin ».

– une terre au « Pré du Lac ».

– une vigne au « Cloux », – le « Clos » actuel – à la sortie Sud du village, entre les chemins de la Croix des Bois et du Font du Charme.

– une maison en Toucheboeuf, « tenant au verger Jean Porcheron » et un pré derrière…

– une part de « la maison devant le pressoir tenant au cimetière »

Cette dernière se trouve donc près de l’église. Question: était-elle distincte du « prioré »  -presbytère?.

Les familles du village

Au long de l’énumération des propriétés imposables, on peut relever les noms d’environ 200 individus différents, – dont 30 à 40 décédés, cités comme anciens propriétaires – avec environ 110 patronymes différents. Un seul patronyme de cette époque, – Porcheron – est encore représenté à Montillot, une filiation directe pouvant être vérifiée depuis le 17ème siècle. Un autre, – Forgeot – l’était encore au siècle dernier. D’autres ont figuré dans les registres paroissiaux du village ou des villages voisins dans la même période : Busset, Bretin, Chapotot, Colin, Dethire, Dufour, Gauthier, Girardot, Hugotte, Lemorinat, Ogier, Picard, Perreau, Robin, Seguin, Thomas, …

Nature des propriétés :

A côté de près de 300 parcelles de terres, vergers et vignes, on relève seulement une quinzaine de maisons et 6 « parts » de maisons dans la première moitié du document, alors que dans la deuxième partie, plus de 20 propriétaires n’auraient que des terres, ce qui laisse supposer que le document parvenu jusqu’à nous depuis le 15ème siècle est incomplet… Un certain nombre de maisons sont signalées en Toucheboeuf, à proximité du « Grand Chemin ».  Toutes ont jardin et verger à proximité…

On ne relève pas moins de 70 parcelles de vigne, essentiellement dans la plaine, route des Noyers, et près de Vaudonjon, en Vaubion et Vaucaille, mais aussi en Toucheboeuf.

Les lieux-dits

On peut comparer leurs noms de l’époque avec ceux du cadastre actuel mais aussi avec ceux du cadastre napoléonien, daté de 1819 pour Montillot et accessible par Internet sur le site des Archives départementales de l’Yonne (A.D.Y.).

On trouve déjà le Champ et le Pré du Lac, la Brosse de Farge, le Puits Martin, Toucheboeuf (et son puits), Beurguereau, les Côtes, le Cloux (pour le Clos), la Grand Rue, le Champ de la Côte, la Côme de Vaudonjon, Longue Roye (pour Longue Raie), Aigremont, Vaubion, Vaucaille, Pissevin (en allant sur Asquins) …

Les « Saulées » sont proches des « Saules », « linière » de « Lignère », le « Champ des Assens » des « Essences », la « route des Noyers » rappelle un ancien lieudit de la plaine de la Chally …

D’autres restent à situer : le Champ du Poirier, le pré Jubin, le Champ des Obouats, les Brières, les Maréchaux, les Vieilles Courvées, la Courvée du Chemin d’Auxerre…

Les noms des chemins permettent de les situer : en plus du « Grand Chemin » souvent cité, on trouve le Chemin qui va à l’Etang (de Marot), la route des Noyers, le chemin de Blannay, le Chemin d’Arci, le Chemin de « Longue Roye » , la Rüe de Beurguereau, la « petite rüe de Toucheboeuf au Grand Chemin » , le sentier de Linière, la route de la vigne des noyers, le chemin qui va en Vaucaille…

Un point attire l’attention : le dénommé Regnault Picard possède « deux ouvrées de vignes séant entre la Croix de Monteliot et les champs tenant à la petite rüe qui vient de Cugeboeuf au grand Chemin… ».

Il existe bien encore une croix au coin du Chemin du Font du Charme, mais on n’a pas souvenir d’une croix située plus près du « Grand Chemin » …sauf si on examine le cadastre Napoléonien, où figure très nettement une croix au carrefour de la Duite !

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A. Buet, mai 2016

1169 : Entrée de Montillot dans l’Histoire

An 1000…Où en sommes-nous dans notre « Vézélien » ?

On a vu que, au tout début du 11ème siècle, une guerre se déroulait dans notre région : le  roi de France Robert II cherchait en novembre 1003 à reprendre le Duché de Bourgogne, dont l’héritage lui avait échappé au profit d’Otte-Guillaume. Avec son allié Richard de Normandie, ils échouent devant Auxerre ; pour se venger, ils ravagent la Bourgogne jusqu’à la Saône, détruisant au passage la place forte d’Avallon et massacrant ses habitants. Finalement, Otte-Guillaume se soumet, et renonce au Duché, qui revient à la France en 1004.

On ne sait si Vézelay et les villages voisins, situés en bordure du Comté d’Avallon, ont été directement affectés par ces batailles… C’est très probable : l’historien Alfred TURGOT écrit au sujet du « Siège d’Avallon » :… « Richard de Normandie occupait la campagne aux environs. Ses soldats, – ou plutôt ses bandes -, mettaient tout au pillage. » Rappelons aussi que le monastère de Vézelay, – fondé initialement au bord de la Cure par donation-testament rédigée en 858 par Girart de Roussillon et son épouse Berthe -, avait été mis sous la protection directe du Saint-Siège, acceptée par une bulle du pape Nicolas Ier de mai 863. Suite à sa destruction par les Normands en 887, l’Abbé Eudes a réimplanté le monastère en haut de la colline proche… Mais le statut privilégié de ce monastère – riche au départ des donations de Girart, et par la suite de celles de riches fidèles -, était mal supporté par les puissances temporelles et spirituelles voisines, le comte de Nevers et l’évêque d’Autun , dont les luttes d’influence ont secoué cette abbaye pendant plusieurs siècles. Ainsi, l’abbé Aimon, élu en 1011, a été chassé en 1027 par le comte de Nevers, remplacé par un moine de l’abbaye de Cluny, puis rétabli suite à l’intervention de l’évêque d’Autun.

Cette richesse très jalousée ne cesse de s’accroître : l’abbé Geoffroy, élu en 1037, a – cf B. Pujo – « l’heureuse inspiration de promouvoir à Vézelay, – en plus de celui de la Vierge Marie -, le culte de Ste Marie-Madeleine, la pécheresse amie de Jésus », avec l’accord du pape Léon X par une bulle du 27 avril 1050. Une autre bulle, d’Etienne X, en mars 1058, attestera même que le corps de Marie-Madeleine était bien dans l’église abbatiale de Vézelay…

Le but poursuivi fut atteint : les pèlerins affluent de toute l’Europe. Des marchands s’installent – cabaretiers, merciers, changeurs…-. Certains, venant de Pologne, Hongrie ou Allemagne se rassemblent à Vézelay pour prendre le chemin de St Jacques de Compostelle. L’église abbatiale ne suffit plus pour accueillir tout ce monde…

L’abbé Arthaud, élu en 1096, lance la construction d’une grande basilique romane ; les travaux ont duré plus d’un siècle, sous les gouvernements des huit abbés suivants, lesquels ont dans le même temps, dû affronter de grandes difficultés de gestion. Toutes les archives relatives à cette construction ayant été détruites, seule la tradition orale nous renseigne sur l’origine des pierres utilisées pour cette construction. B. PUJO nous la rapporte : « la pierre blanche était un calcaire extrait sans doute à Montillot, tandis que la pierre brune, un autre calcaire coloré de l’oxyde de fer, était trouvé à Tharoiseau »….et le matériau destiné aux sculptures venait de Coutarnoux. Un chercheur du Centre d’Etudes Médiévales d’Auxerre, ayant visité il y a quelques années les vestiges de la carrière de notre Crot-Blanc, a confirmé qu’on y trouvait une pierre tout à fait comparable à celle utilisée pour les sculptures du portail de la nef.

Une première partie de la nouvelle église, – chœur et transept -, fut consacrée en 1104 .

narthex et nef de la basilique de Vézelay.

Mais en 1106, les habitants de Vézelay, surchargés d’impôts, se révoltent, et l’abbé Arthaud est tué dans une échauffourée. C’est Albéric, moine clunisien, abbé de Vézelay de 1131 à 1138, qui fit terminer la nef romane.

Son successeur de 1138 à 1161, Ponce de Montboissier, fit réaliser de 1140 à 1150, une avant-nef, ou narthex, très vaste, en fait « une véritable église où les pèlerins pouvaient se reposer ».

Plus tard, c’est Girard d’Arcy, abbé de 1171 à 1198, qui aurait décidé de remplacer le chœur roman par un chœur et un transept de style gothique, technique nouvelle où « l’ogive remplace le plein cintre roman » (l’arc brisé au lieu du demi-cercle).Chœur et transept gothiques ne seront terminés qu’en 1215…

Extension du patrimoine de l’abbaye

Des bulles papales, confirmant les privilèges de l’abbaye accordés en 863, recensent périodiquement son patrimoine. Un groupe de paroisses entourant Vézelay, s’est trouvé petit à petit soumis de fait à l’autorité civile, administrative et judiciaire des abbés.                                                                   

On appelait « poté », – du latin « potestas » = « pouvoir », le territoire ainsi contrôlé par ce pouvoir seigneurial. Des bornes de pierre en marquaient en principe les limites.

1-     Bulle du pape Pascal II, le 21 novembre 1102

Dans le diocèse d’Autun, ce texte énumère, comme possessions du monastère de Vézelay : les paroisses de Saint-Père, de Vergigny ( village maintenant disparu, situé au lieu-dit actuel « Champ des Eglises », près du Gué-Pavé, sur la rive gauche de la Cure), de Saint-Pierre et Saint Symphorien de Dornecy, de St Sulpice d’Asnières, de St Germain de Fontenay sous Vézelay, de St Pierre de Blannay, de St Georges de l’Isle sur Serein, de St Léger de Fourcheret (futur St Léger- Vauban),…

2-     Bulle du pape Alexandre III, le 16 février 1169

Ce document fait état de très nombreuses acquisitions nouvelles de l’Abbaye, situées dans les diocèses d’Autun, Auxerre, Nevers, Langres, Mâcon,  Clermont, Saintes, et même en Italie (Parme et Imola…).

A proximité de Vézelay, – diocèse d’Autun -, sont cités à la suite : le domaine de Précy-le-Sec (« Pressiacus »), avec église et biens, l’église de Givry (« Gribiacus »), le domaine de Voutenay (« Vulturnacus ») et la moitié de ses biens, celui de Blannay (« Blanniacus ») avec église et biens, l’église de Bessy (« Brescia ») avec domaines, granges et revenus, l’église d’Asnières (« Asinarüs ») avec la moitié du domaine…

C’est dans cette liste que l’on trouve pour la première fois « …ecclesiam de Montirueth », que, vu la proximité des autres villages, l’on croit désigner notre actuel « Montillot ».

Le texte de cette bulle ayant été restitué vers 1863 pour le bulletin de la Société des Sciences de l’Yonne (B.S.S.Y.) par Aimé CHEREST, avocat auxerrois, d’après des transcriptions partielles du 15ème siècle, des erreurs de copistes ont pu intervenir…Notre compatriote G. Ducros lirait plutôt « Montirucht » et rattacherait ainsi  ce nom au vieux français « rucht », qui désignait une carrière de pierre…

On a tracé ci-dessous sur une carte ancienne, les contours  approximatifs de la « poté », à cheval sur les comtés de Nevers et d’Auxerre, et limitrophe du duché de Bourgogne.

3- Autres bulles papales

Les bulles de Lucius III du 19 décembre 1182 et de Innocent IV de janvier 1245 confirment les privilèges de l’Abbaye de Vézelay. Elles ne reprennent pas l’inventaire des paroisses, mais insistent sur le principe selon lequel l’abbaye était « exempte de toute juridiction épiscopale », ce qui entraînait l’interdiction  pour l’évêque d’Autun d’officier personnellement dans les églises de la poté, Lucius III en cite explicitement deux, celles de nos villages actuels d’Asquins et Saint-Père, et Innocent IV en cite cinq, celles de Asquins, Saint-Père, Châtel-Censoir, l’Isle-sur-Serein et Montillot… « in ecclesiis Asconii et St Petri,….et in ecclesiis Casti, Insulae et Monterione… », ce dernier nom supposé « romanisé » par un copiste d’origine italienne ( ?) (cf G.Ducros).

Concession de franchises aux habitants de Vézelay. « Charte » de 1137

 L’affluence des étrangers, ainsi que les foires, donnaient, nous dit l’historien Augustin Thierry, «  à un bourg de quelques milliers d’âmes, une importance presqu’égale à celle des grandes villes du temps »…

Mais quelle était la situation sociale des paysans et ouvriers de l’époque ?

 L’abbé Pissier, dans ses « Recherches historiques sur Asquins », – publiées par la S.E.A en 1908 – nous rappelle que « les conquérants romains avaient totalement supprimé les petits propriétaires fonciers de la Gaule, et à tous les vaincus ils avaient imposé des conditions absolues ». Même situation après l’invasion des Burgondes et des Francs : «  le peuple, au milieu de ces bouleversements, était resté esclave, c’est-à-dire n’ayant ni famille, ni maison, ni terre, ni patrie »…Avec l’avènement du christianisme, «  l’Eglise prit à cœur la défense des opprimés », et petit à petit « à l’esclavage succéda le servage ».

Ce qui représentait un grand progrès, car les serfs avaient alors « une famille dont les membres étaient unis par des liens sacrés, une maison plus ou moins commode, des terres à cultiver pour le compte du seigneur, mais sur lesquelles ils vivaient, et qui étaient leur petite patrie : il ne leur manquait que la liberté de disposer de cette terre et de cette maison ».

 Donc en ce début du 12ème siècle, la situation des habitants des principales localités de la « poté » fut ainsi décrite par David Boudin, dans ses « Pages d’histoire du Moyen Age » : « Quoique serfs de l’abbaye de Sainte-Madeleine, les habitants de Vézelay et de Dornecy, à mesure qu’ils s’enrichirent par l’industrie et le commerce, avaient vu s’améliorer graduellement leur condition civile ; ils étaient devenus, à la fin, propriétaires d’immeubles qu’ils pouvaient vendre, donner ou léguer, il est vrai sous diverses conditions, et pour eux le servage  se trouvait réduit à des redevances plus ou moins arbitraires, à des taxes gênantes pour l’industrie, et à l’obligation de porter leur pain, leur blé et leur vendange, aux fours, moulins et pressoirs publics, tous tenus ou affermés par l’abbaye à laquelle ils appartenaient »… 

Il n’est donc pas surprenant que les révoltes des « bourgeois de Vézelay » furent de plus en plus fréquentes. C’est dans le but d’apaiser les relations entre l’abbaye et les habitants, que l’abbé Alberic – déjà cité -, organisa en 1137 une rencontre où les « bourgeois » purent exposer leurs griefs, en présence d’arbitres, tels que l’évêque d’Auxerre et les abbés de Pontigny, Rigny, Tréfontaine et Clairvaux. En conclusion de leurs échanges, Alberic a rédigé une charte, résumant leurs points d’accord . Cette énumération évoque avec réalisme la nature et le style des relations quotidiennes entre l’abbé et les habitants de la poté:

  • droit de gîte : les bourgeois devront loger tous les hôtes de l’abbé les jours de fêtes, une année sur 2…et non pas un année sur 4 comme ils le souhaitaient et comme leur aurait concédé un précédent abbé.
  • cens des vignes, ou « herbage » : il sera payé en vin de bonne qualité, ou en argent au cours le plus élevé, pour la St Martin d’hiver, alors que les bourgeois cherchaient à se dérober à cette obligation.
  • il ne sera permis à personne, ni au doyen, ni à personne autre, de cueillir les raisins des bourgeois sans leur consentement… alors que le doyen envoyait ses serviteurs dans les vignes à leur insu .
  • le « maréchal de l’abbé » ( chargé du soin de ses chevaux) recevra, de chaque habitant de la poté de Vézelay, propriétaire d’un pré, une « trousse d’herbe » ( …une « botte »…), – mais pas de foin -, pour la nourriture des bêtes…alors que les bourgeois contestaient à l’abbé le « droit personnel » de prélever de l’herbe – fauchée ou non – surtout quand il n’était pas à Vézelay.
  • il ne sera levé aucune taxe sur les jeunes filles qui se marieront, à condition que l’abbé ou ses officiers (doyen ou prévôt) soient informés du mariage, afin d’éviter « qu’elles ne vinssent par fraude à tomber en puissance de mari appartenant à une autre poté ou seigneurie, …cause assez fréquente de scandale » …alors que, précédemment, «  les filles en se mariant étaient obligées de payer une taxe au Doyen et au Prévôt ».
  • «  à l’égard de la pêche dans les eaux de la rivière (la Cure), il fut dit qu’à l’exception des gourdsles Bourgeois et les Villains  (les paysans) pourraient y pêcher, avec toutes sortes d’engins, les filets exceptés ;  que s’ils prenaient un saumon, ils le porteraient aux officiers de l’abbé,  et quant aux autres poissons, qu’ils seraient tenus de les présenter d’abord au Celerier (responsable du cellier, donc de l’approvisionnement de l’abbaye) et de les lui vendre au prix qu’ils auraient offert de les vendre à d’autres… », alors que le droit de pêcher librement leur avait été contesté par l’Abbé.
  • Sur le paiement des dîmes sur le vin, le blé, les brebis, agneaux, veaux et porcs, il a été convenu qu’on s’en tiendrait à « la pratique universelle de l’église et des paroisses des environs »,alors que l’abbé se plaignait que les bourgeois refusaient souvent de payer, et que ceux-ci reprochaient à l’abbé de vouloir prélever « un agneau sur quatre »…

Les discussions se sont poursuivies un autre jour, en présence de quelques nouveaux arbitres : le Comte de Nevers, les vicomtes de Clamecy et de Pierre-Perthuis, Guillaume de Chastellux, Robert de Chamoux, Gaufroy d’Asnières…

  • Point important : la « main-morte », c’est-à-dire l’incapacité dont étaient frappés les serfs au Moyen âge de transmettre librement leurs biens à leur décès. Il a été décidé que les hommes libres qui mourraient sans enfant légitime, pourraient disposer de leurs biens « en faveur de leurs plus proches parents légitimes et de condition libre, pourvu que ceux-ci se fixent à Vézelay et qu’ils adoptent la coutume de la ville », alors qu’auparavant, il leur était interdit de «  tester en faveur de leurs frères ou sœurs, ou de tels autres de leurs parents », et en conséquence, leurs biens revenaient à l’Eglise.
  • Il a été aussi décidé que la sépulture religieuse serait donnée aux morts sans aucune rétribution…contrairement aux habitudes des précédents abbés…
  • Enfin, il fut confirmé que l’abbé pourrait continuer à faire lever la taille  (impôt dépendant des revenus de chaque contribuable) sur les bourgeois et les paysans par ses officiers, sans prendre l’avis des bourgeois, …alors que ceux-ci demandaient que le Doyen et le Prévôt s’adjoignent quatre bourgeois élus afin d’apporter plus de justice dans l’évaluation des impositions.

Toutes ces dispositions devaient être appliquées, «  non seulement à Vézelay, mais dans toutes les paroisses soumises à la domination de l’abbaye, comme à Dornecy, Saint-Père, Asquins et autres »… dont Montillot. De plus, elles eurent suffisamment de retentissement pour servir un peu plus tard de  modèle à des seigneuries voisines. Ainsi, le duc de Bourgogne Eudes III établit en 1200, au profit des serfs d’Avallon, une charte d’affranchissement, « telle que celle des habitants de Vézelay ». De même en 1222 à Mont-Saint-Jean et à Montréal…

Alors, ces heureuses décisions furent-elles suivies d’effet dans la poté ? Hélas non, si l’on en croit les « Pages d’histoire du Moyen Age » :

«Les évènements qui suivirent prouvent qu’il n’en fut pas ainsi.  Les démêlés entre l’abbé de Vézelay et les bourgeois renaissent toujours. L’acte appelé Transaction ne fut pas respecté ; on le considéra, peu de temps après sa rédaction, comme entaché de nullité et non avenu ».

Il arrivait aussi que les différends des abbés avec le comte de Nevers encouragent les bourgeois dans leurs revendications. Par exemple, lorsque le Comte refusait que ses vassaux payent une redevance à l’abbaye lorsqu’ils exposaient leurs marchandises pour les vendre dans les rues de Vézelay. Et lorsque l’abbé Ponce de Montboissier,- qui avait succédé à Alberic en 1138 -, s’opposa à l’exigence supplémentaire du comte Guillaume III d’intervenir dans les affaires judiciaires de la poté, le conflit s’envenima et le comte fit bloquer  les routes d’accès à Vézelay (cf B.PUJO) . L’abbé fit une fois de plus appel à la protection du pape, et Eugène III organisa à Bessy-sur-Cure la réunion d’un tribunal d’arbitrage présidé par l’abbé de Clairvaux. Un accord temporaire fut conclu quelques jours avant Pâques 1146…

Quant à la levée de la main-morte, il suffit de signaler qu’il fallut attendre 300 ans, pour qu’en 1442 l’abbé Aubert établisse un nouvel acte dans ce sens en faveur des « manants de Cray et de Chamoux » .

De l’Apogée au Déclin

L’apogée de Vézelay.

Le succès des pèlerinages n’est pas perturbé par ces difficultés de « gestion interne » de la poté… Non seulement des foules gravissent la colline, mais des évènements importants y ont lieu, et on a pu dire que Vézelay entra vraiment dans l’Histoire de France le jour de Pâques 1146.

Ce jour là, l’abbé Bernard de Clairvaux, du haut de la colline, face à Asquins, prêche la 2ème Croisade, appelant le peuple chrétien à la défense des lieux saints ; et, à côté de lui, partant pour la même aventure, le Roi de France Louis VII et la reine Aliénor d’Aquitaine.

A la Pentecôte 1166, l’Archevêque de Cantorbery Thomas Becket, au titre de légat du pape,célèbre une messe solennelle à la Madeleine. En 1190, le roi Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion (pour mémoire…fils de Henri II d’Angleterre et d’Aliénor) se donnent rendez-vous à Vézelay pour un départ vers Jérusalem (3ème Croisade).

Nous n’avons pas d’éléments d’information nous permettant de connaître les répercussions de cet afflux de pélerins sur la vie des villages moins proches de Vézelay que Saint-Père ou Asquins. Mais il est très probable que des files de piétons se sont croisées sur les chemins de la région convergeant vers la basilique, telles que celui venant de Mailly-la-Ville qui, se dirigeant vers Asquins, longeait Montillot près du bois du Fège. Un certain nombre de paysans venaient certainement, – comme ceux qui ont été cités venant de Dornecy -, vendre les produits de leurs terres, jardins, clapiers et poulaillers, dans les rues de Vézelay…

Dans la suite  du récit, nous relèverons systématiquement tous les problèmes rencontrés dans des villages proches de Montillot, qu’ils appartiennent ou non à la poté. 

13ème siècle. Déclin de l’abbaye.

Après l’abbé Ponce, et ses successeurs Guillaume de Mello puis Girart d’Arcy, les moines élirent en 1198 à l’unanimité un dénommé Hugues, qu’ils connaissaient bien puisqu’il avait été élevé à l’abbaye depuis l’âge de 8 ans…Mais, nous dit B.Pujo, « il dévoila sa vraie personnalité…en moins de dix ans, Hugues réussit à dilapider en partie le trésor de l’abbaye ». De plus, il vendait des charges écclésiatiques et avait une vie dissolue. Si bien que le pape Innocent III, alerté, le destitua en 1207…

Son successeur Gauthier dut gérer de nouvelles agressions du comte de Nevers, – blocus des routes, saisie de bestiaux, empêchement de l’accès à la Cure et des vendanges… -, et eut recours  à l’arbitrage d’Innocent III en 1213.

La situation de l’abbaye continuait à se dégrader ; une lettre du pape Clément IV à son légat en France , y dénonça endettement et corruption. Les raisons ?… En plus des problèmes de gestion interne, il y avait un fait plus grave : l’abandon progressif de Vézelay comme lieu de pèlerinage. En effet, depuis la fin du 12ème siècle, une rumeur se répandait selon laquelle les véritables reliques de Marie-Madeleine étaient en Provence, dans une grotte près de Saint-Maximin. Même le roi Louis IX (St Louis) se rendit à la Ste Baume en 1254… C’est l’abbé Jean d’Auxerre, élu en 1252, qui réagit le plus efficacement :  en octobre 1265 , il fit sortir de la crypte par des terrassiers, les ossements et un parchemin, en présence de deux légats du pape – dont l’évêque d’Auxerre – qui les examinèrent. Une seconde cérémonie, le 24 avril 1267, présidée par le roi Louis IX lui-même eut pour objet la translation solennelle des reliques. Mais les moines de St Maximin ont organisé en 1279 des manifestations tout à fait semblables à celles de Vézelay. Ils eurent plus de chance, puisqu’en 1295, le pape Boniface VIII confirma l’exclusivité des reliques provençales !

Parmi les pélerins, on ne trouvera plus que quelques anciens fidèles à la Colline et ceux qui passeront en allant en Compostelle…Néanmoins « le monastère était toujours propriétaire d’un important domaine foncier et de nombreuses églises ou prieurés sur lesquels il percevait des dîmes écclésiastiques » (cf B.Pujo). 

Fin du 13ème siècle. Changement de statut de l’abbaye.

En 1280, Philippe III le Hardi, fils de St Louis, estimant que Vézelay peut être une position défensive importante aux limites du domaine royal, prend par ordonnance le contrôle de l’abbaye et de son fief, sans que le pape Martin IV ne s’y oppose. En 1312, Vézelay est rattaché au bailliage de Sens. L’abbé conserve l’exercice de la justice sur toute la poté, mais dans le cadre des ordonnances royales.

La poté est devenue une possession de la couronne.

L’abbatiat d’Hugues d’Auxois, de 1290 à 1316 marqua une époque tranquille pour Vézelay, laquelle se prolongea pendant la première moitié du 14ème siècle.

14ème siècle. La guerre de Cent ans (1337-1453).

C’est une querelle dynastique qui fut à l’origine de la guerre dite « de Cent Ans » : après le décès du dernier fils de Philippe le Bel, la couronne revint à son neveu Philippe VI de Valois ; mais le roi d’Angleterre  Edouard III, petit-fils du même Philippe le Bel par sa mère Isabelle de France, s’estimait plus proche du trône de France…S’y ajoute un conflit permanent sur la Guyenne, devenue – depuis le remariage d’Aliénor – propriété du roi d’Angleterre, qui est donc vassal du roi de France pour ce Duché.

Après avoir débarqué dans le Cotentin, les Anglais dévastent les environs de Caen, puis écrasent les troupes françaises à Crécy ( dans la Somme actuelle) en août 1346 et établissent une base à Calais.
Des trêves sont alors signées, car les deux royaumes sont ravagés par la peste noire ; ce fléau aurait tué un habitant sur 3 en Europe en 3 ou 4 ans. B.Pujo nous rapporte que Givry aurait perdu la moitié de ses habitants en 1348, et E.Petit, historien de l’Avallonnais, cite un dicton de l’époque : « an l’an mil trois cent quarante neuf – de cent ne demeurait que neuf »

En novembre 1356, à Poitiers, les archers Anglais, venus par la Guyenne, battent à nouveau la cavalerie française; le roi de France Jean II le Bon, fils de Philippe VI, est fait prisonnier, ainsi que les nobles bourguignons qui l’entouraient, dont Jean de Noyers et l’abbé de Vézelay Hugues de Maison-Comte. Le seigneur de Pierre-Perthuis, Geoffroy de Charny, est tué aux côtés du roi.

Les « gens du peuple » – bien que leurs noms ne soient pas cités -, prenaient leur part dans ces combats : c’est  Pierre de Bierry, l’écuyer du sire de Noyers, qui, en 1355, avait été «  chargé par lui de réunir les gens d’armes du Tonnerrois et d’une partie de l’Avallonnais (cf E.Petit).

Ils participeront aussi au règlement de l’énorme rançon du roi : 5 millions d’écus d’or …dont 400 deniers d’or pour la poté…( c’était une clause du  traité de Brétigny qui cèda en 1360 tout le Sud-Ouest du royaume au roi d’Angleterre).

La trêve de 2 ans signée en 1357, libère des bandes de mercenaires, aventuriers recrutés par les rois en temps de guerre. Avec des bandes anglaises, ces brigands constituent les « Grandes Compagnies » et se répandent d’abord dans les pays situés entre Seine et Loire, pillant villes et campagnes.

De 1358 à 1360, ils dévastent la Bourgogne, en particulier  l’Auxerrois et le Nivernais. Après la trêve, c’est une armée anglaise, commandée par Edouard III, qui, venue par Calais, prend Tonnerre, épargne Noyers et ravage Montréal, prend Flavigny et pille l’Avallonnais. « Les terres restèrent plusieurs années incultes » et « bon nombre d’habitants émigrèrent ». En « mars 1359, la ville d’Auxerre fut attaquée, prise et pillée », ses remparts détruits. Les habitants de Vermenton furent rançonnés plusieurs fois. Le château de Voutenay faillit être livré par son capitaine moyennant finance, mais il en fut empêché par des gens d’armes du Duc de Bourgogne (cf E.Petit). La place de Pierre-Perthuis est prise par les Anglais puis délivrée par le Duc de Bourgogne avec l’aide des habitants de Vézelay.

En février 1360, après de durs combats près de Montréal contre les seigneurs bourguignons, Edouard III s’installe à Guillon, et pille Avallon et tous les villages voisins. La ville d’Avallon fut abandonnée par ses habitants pendant plusieurs années. En mars 1360, fut signé le traité de Guillon entre Edouard III et Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne ; les Bourguignons obtinrent une trêve de 3 ans, contre 200 000 écus d’or. Edouard III repartit vers Paris par Vézelay… C’est en mai 1360 que fut signé le traité de Brétigny, entre Edouard III et Charles V, fils de Jean le Bon. Moyennant d’importantes concessions, Edouard III renonce au trône de France.

Mais les mercenaires démobilisés continuent leurs forfaits…Une bande « s’empare du château d’Arcy-sur-Cure, puis de celui de Vésigneux ainsi que de la place de Montréal » (B.Pujo). Vézelay, grâce à ses murailles, n’est pas menacé.           

En 1364 Charles V charge Du Guesclin de délivrer le royaume des groupes de mercenaires en les faisant participer à une guerre civile en Castille. Mais dès leur retour en 1365, ils reprennent Vermenton et Cravant. L’une des bandes, les « Bretons », établit son quartier-général à Arcy-sur-Cure, d’où ils ont rançonné la contrée et  ravagé Châtel-Gérard, Lucy-le Bois, Marmeaux…Montréal et Guillon furent pris et libérés par les seigneurs Bourguignons…La peste sévit à nouveau dans l’Avallonnais. Le calme revint entre 1367 et 1371.

Quelques années plus tard, en 1373, les Anglais, commandés par le duc de Lancaster, ravagent les environs de Vézelay, s’emparant en particulier de Pontaubert et Vault-de-Lugny.

« Puis la guerre s’éloigna de cette région, qui put revivre en paix jusqu’au départ des Anglais du sol de France en 1380. »

Mais on ne peut ignorer les ravages terribles dus à des épidémies de peste, sans interruption de 1380 à 1382, puis dix ans plus tard dans l’Auxerrois, l’Avallonnais et l’Autunois… Les  relevés de comptes ont permis de mesurer la diminution du nombre de foyers : plus que 94 à Avallon, 7 aux Cousins, 164 à Autun.

Administration locale

Dans cette période troublée, il se trouve que l’abbé de Vézelay Hugues de Maison-Comte fut un conseiller des rois Jean le Bon et Charles V. Dans le cadre de la protection royale confirmée, il a obtenu que, comme les villes épiscopales, Vézelay devienne le siège d’une élection , c’est-à-dire d’une circonscription pour la levée des impôts ; et aussi du « grenier à sel » pour l’impôt de la gabelle sur le sel. A cette occasion, « les Fontaines Salées…furent complètement comblées pour supprimer la contrebande locale du sel »(B.Pujo).

Première partie du 15ème siècle et fin de la guerre de 100 ans.

Charles VI succède à son père en 1380 ; il n’a que 12 ans ; après une régence  assurée par ses oncles, il prend le pouvoir en 1388. Malheureusement, il sombre dans la folie en 1392, après un accident en forêt du Mans. Il confie la Régence à son frère Louis d’Orléans, qu’une violente rivalité oppose aussitôt à son cousin Jean sans Peur, duc de Bourgogne.

En 1407, Jean sans Peur fait assassiner Louis d’Orléans…ce qui a pour conséquence une guerre civile entre les « Armagnacs », – derrière Bernard, comte d’Armagnac, beau-père de Charles d’Orléans, fils de Louis -, et les « Bourguignons », – derrière Jean sans Peur -. « les deux partis n’hésitent pas pour ce faire à négocier avec l’Angleterre, …qui tentera…de rétablir l’ancien empire des Plantagenet sur le continent »(Pujo).

Les Anglais débarquent à Honfleur, et, remontant vers Calais, battent la cavalerie française à Azincourt en octobre 1415.

En octobre 1417, Vézelay adhère au « Manifeste de Jean sans Peur, Mgr de Bourgogne » ; cette place forte devant servir « d’appui de la ligne avancée des forces anglo-bourguignonnes ».

En 1418, les Armagnacs prennent le château de Voutenay, puis s’installent à Arcy-sur-Cure, Mailly-le-Château et Coulanges, en évitant d’attaquer Vézelay.

En septembre 1419, Jean sans Peur est « occis » sur le pont de Montereau. Son fils Philippe le Bon, poussé par la vengeance, s’allie avec Henri V d’Angleterre contre le roi de France. En 1420 le désastreux traité de Troyes, en mariant Henri V à la fille de Charles VI, déshérite le dauphin Charles et livre la France au roi d’Angleterre. En 1422, Charles VI et Henri V meurent…

Henri VI, – 10 mois – est proclamé roi à Paris et le dauphin, fils de Charles VI, – 19 ans -, réfugié dans le Berry, se proclame Régent ( ses adversaires le diront « roi de Bourges »).

En 1422, le duc de Bourgogne reçoit le Duc de Bedford et ses troupes anglaises, à Vézelay.

Charles VII réussit à réunir une armée qui, venant du Berry, prend Mailly-le-Château et Cravant ; ces places sont reprises par les Bourguignons, commandés par le sire de Chastellux et Guy de Bar. En juillet 1423, l’armée royale, forte de 15000 hommes, dont 3000 écossais, fait le siège de Cravant, mais est finalement battue, subissant de lourdes pertes (6000 hommes ?).

En 1426, les royalistes reprennent Mailly-le Château et Voutenay et s’y maintiennent jusqu’à 1428.

Des bandes d’Armagnacs brûlent Joux-la-Ville, pillent l’église forte de Sermizelles et attaquent Noyers.

« Cependant, les malheurs de la guerre et les excès des Anglais font naître peu à peu la haine de l’envahisseur. Le sentiment national s’affirme » (cf texte et carte ci-jointe du manuel « Histoire Louis Girard »).

C’est justement là qu’arrive Jeanne d’Arc. Avec l’escorte fournie par son commandant local, la « bergère inspirée » , venant de Vaucouleurs, arrive à Auxerre par Chablis, y assiste à la messe du dimanche le 27 février 1429, puis rejoint Chinon par Toucy et Gien. Elle obtient la confiance de Charles VII, qui accepte qu’elle aille encourager les soldats assiégés à Orléans.Défiant les Anglais, elle les force à la retraite, puis les bat à Patay…Profitant de ce « nouvel élan », Charles VII, après son sacre à Reims, reprend petit à petit son domaine royal. 

Dans notre région, il fut d’abord aidé par les bandes du capitaine Jacques d’Espailly, dit « Fort-Epice » qui prit par surprise la ville d’Avallon en 1432, puis Pierre-Perthuis. Mais Philippe le Bon reprit ces places en 1433 et s’installa un mois à Vézelay. Après son départ, les bandes, sillonnant les vallées de l’Yonne et de la Cure, pillent tous les villages.

En novembre 1435, grâce à l’entremise du nouvel abbé de Vézelay, Alexandre, est conclu le traité d’Arras, qui met fin à la guerre civile : le duc de Bourgogne renonce à son alliance avec les Anglais et reconnaît Charles VII comme roi de France ; celui-ci rentre solennellement à Paris en 1436. Le 21 décembre 1435, le connétable Arthur de Richemont était rentré officiellement à Vézelay au nom du roi.

Mais des bandes de mercenaires se retrouvent sans emploi après le traité d’Arras. De 1438 à 1444, les « Ecorcheurs » terrorisent et pillent les petites places fortes des vallées de la Cure et de l’Yonne ils occupent les villages et souvent rançonnent et maltraitent les habitants de Clamecy, Mailly-le-Château, Voutenay, Vault-de-Lugny, Maraut, Pontaubert, Guillon, Epoisses,  Semur…Les seigneurs sont souvent amenés à composer avec eux. De plus, famine et peste ont alors ravagé l’Auxois et l’Avallonnais.

De nombreuses plaintes étant parvenues au roi, des forces royales éliminèrent ces bandes ; certains mercenaires furent incorporés dans l’armée régulière.

Après la fin de la trêve en 1449, Charles VII regagne rapidement le territoire perdu, la Normandie, puis la Guyenne et Bordeaux, par la bataille de Castillon, en 1453, qui marque la fin de la guerre de Cent Ans…

Fin du 15ème siècle

En 1457, la foudre détruit  le clocher de la tour St Michel de Vézelay ; le pape Pie II accorde des indulgences à tous ceux qui contribueront à la restauration de l’église.

En août 1461, Louis XI, fils aîné de Charles VII, est couronné. C’est le début d’une monarchie autoritaire.

Politique intérieure : pour faciliter le calcul des impôts, une ordonnance royale de juillet 1463 prescrit le recensement de tous les biens d’église. C’est le 12 février 1465 que l’abbé Aubert de la Châsse présente au prévôt de Sens, le ..

« Cartulaire des possessions de l’abbaye de Vézelay en 1464 », détaillé en annexe Toutes les paroisses de la « poté » y sont traitées successivement. Le chapitre concernant Monteliot a été transcrit (21 pages), et résumé ci-dessous. C’est le premier document nous permettant de faire connaissance avec nos ancêtres du 15ème siècle. Chaque chef de famille y est cité, ainsi que le montant de l’impôt prélevé par l’abbaye pour chacune de ses propriétés. On note qu’il y avait alors 30 foyers dans le village, ce qui peut correspondre à une population de 100 à 150 personnes.

Politique extérieure : Louis XI est finalement victorieux de Charles le Téméraire, mort au combat près de Nancy en janvier 1477. Il annexe la Bourgogne, l’Artois et la Picardie. « C’est la fin du grand Etat bourguignon », et le début d’une ére de prospérité pour la France. Charles VIII lui succède en 1483. Il meurt accidentellement à 27 ans en 1498, après avoir tenté en vain de conquérir le royaume de Naples ; le « mirage italien » sera poursuivi par ses successeurs…

Un document du 15ème siècle conservé à Montillot jusqu’à nos jours.

Les familles nobles ayant habité Montillot du 17ème au début du 20ème siècle, – depuis les de la Borde jusqu’aux de Lenfernat -, ont conservé leurs « papiers de famille », qui sont donc parvenus jusqu’à nous. Après exploitation pour l’histoire du village, ils ont été déposés en 2006 aux Archives Départementales (« fonds YAHER »- cote 82J ).

Le plus ancien est un acte notarié daté du 7 May 1483.

Il a été établi par Me Jehan MAILLARD, notaire attaché au « Garde des Sceaux » du Comte de Nevers.

Il traite d’une location avec bail (« admodiation »), par Alexandre ESCHARLETE, écuyer, seigneur d’Island et de Fontenilles de la moitié du moulin de Fontenilles (l’autre moitié appartenant au Chapitre des Abbés de Châtel-Censoir), aux dénommés Jehan RESMOND et Thiébaut MASQUIN, pour la somme annuelle de 31 sols tournois à verser chaque jour de Noël. Ils pourront ainsi « en joyr et posséder », et assurer le rôle de meunier pour la communauté voisine, avec « fraiz et esmoluments ». Ils auront l’obligation d’entretenir à  leurs frais le moulin, les meules et les dépendances. Ils devront hausser les rives de 2 pieds…et ne pas laisser baisser l’eau « en manière qui porterait préjudice ou dommage au poisson qui sera dedans »…