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Les Savelli / Savelly de Rome et de Puisaye

R. M. Koutlidis, Septembre 2001

En 1993 s’éteignait Charles Savelly, dernier porteur du nom à Montillot et dans la région. Ceci avait bien intrigué le Chanoine de Sens Jacques Léviste, auteur d’un article dans les cahiers généalogiques de l’Yonne en 1993 (tome IX): « Des palais romains aux manoirs de Puisaye, l’étrange destinée des Princes Savelli », qui avait fait une importante étude généalogique de cette illustre famille italienne dont l’un des membres émigra en France, mais qui arrêtait sa généalogie à la descendance connue, exclusivement féminine, de François Savelli (1670-1761), dont une fille était domiciliée à Montillot. 

Reprenons et résumons ce travail du Chanoine Léviste.

Qui étaient ces Savelli romains ?

Sanzovino dans son ouvrage « de l’origine et des fastes des illustres familles d’Italie », imprimé à Venise en 1609, faisait remonter au temps du déluge l’origine de la famille Savelli. Hors ces origines imaginaires, on sait que cette famille possédait sur l’Aventin un domaine fortifié au XIe siècle. Au IXe siècle déjà les Savelli tenaient à Rome une place remarquée et un certain Guido Savelli, trop turbulent aux yeux du pape, fut envoyé en Corse pour y travailler à la pacification de l’île : ses descendants y sont demeurés jusqu’à ce jour, constituant désormais la seule branche subsistante de la famille.

A compter du XIe siècle, les Savelli devaient donner deux grands papes à l’Eglise : Honorius III (1216-1227) et Honorius IV (1285-1287), et une suite importante de cardinaux. Les Savelli furent mêlés aux grands évènements de l’histoire de la papauté et du monde latin, tour à tour ambassadeurs, chefs militaires, sénateurs ou médiateurs. Une visite aux monuments civils et aux innombrables églises de Rome peut suffire à donner une idée de la place importante de cette famille dans l’histoire de la ville : leur blason figure partout.

Il s’agit d’un « écu coupé, le chef d’argent à deux lions affrontés de gueules, tenant entre leurs pattes une rose de même, surmontée d’un oiseau aussi de gueules ; et la pointe bandée d’argent et de gueules de 6 pièces, et une face d’or brochant sur le tout, chargée d’une anguille d’azur ». La dernière demeure des Savelli se trouve tout près du palais, dans l’église de l’Ara Coeli, à l’emplacement du temple de Junon. Un sarcophage antique occupe le centre du monument.

La généalogie de cette famille Romaine, de 1150 à 1712, est détaillée par le Chanoine Léviste dans son article. Le dernier du nom, Jules Savelli, prince d’Albano, duc de Venafro et de Marsi, grand d’Espagne, Chevalier de la Toison d’Or, Maréchal de la sainte Eglise, est mort sans postérité à 87 ans le 5 mars 1712. Plusieurs copies de lettres du XVIIIe siècle, conservées dans des archives familiales du Colombier à Etais-la -Sauvin , font allusion à la correspondance échangée entre les Savelli de Puisaye et le Prince Jules Savelli (et son frère le Cardinal Paolo Savelli), dont ils sollicitaient les faveurs.

Peu après la mort du prince Jules Savelli, se présenta à sa veuve un gentilhomme Français se faisant fort de prouver qu’il était le seul héritier du nom, des armes, des titres et des biens des Savelli, celui qui désormais allait signer ses lettres du nom de « Prince Dominique Philippe Savelli ». Il est en cette année 1715 âgé de 62 ans ( ?) . Un modeste document de la bibliothèque nationale brièvement rédigé par d’Hozier signale cet épisode. Malgré une recherche et un échange  de correspondance important, conservé à la Bibliothèque Nationale au dossier Savelli, il fût impossible au prince Dominique Savelli d’établir avec certitude sa filiation avec les Savelli romains, et sa téméraire tentative échoua.

Au vu de ce que nous connaissons aujourd’hui de cette généalogie, il semble qu’il eut été pour lui plus juste, et plus sage,  de se rattacher  par son bisaïeul Horace Savelli, premier du nom en France, non pas à Giovanni Savelli, maréchal du Conclave, époux de Livie Orsini en 1601, et grand oncle du dernier prince défunt, mais à Giovanni Savelli de la génération précédente, soldat de Cosino Premier, et dont on ne connaît que les activités durant la guerre de Sienne au XVIe siècle. Mais bien sûr les prétentions alors devenaient moindres. Quoi qu’il en soit, le Prince Dominique Savelli ne revint pas en Puisaye: les registres paroissiaux ne gardent aucun souvenir de lui. Dans les archives du Colombier, à Etais- la- Sauvin, une note manuscrite informe, de la fin du XVIIIe siècle, signale qu’il serait resté discrètement à Rome et y serait mort en 1741. Cependant, un troublant document laisse supposer que malgré cet échec les parents français ne furent pas oubliés dans le partage des biens du prince Jules Savelli. Il s’agit d’une donation entre vifs faite le 26 avril 1716 par demoiselle Elisabeth de Richouffz, … « cédant ses droits mobiliaires et immobiliaires qui lui étaient échus par le décès de Très Haut et Très Excellent seigneur le prince Jules de Savelly…sur toutes les principautés, duchés, comtés, terres et seigneuries…qui étaient tous situés hors de France dans les Etats de l’église, de sa majesté Impériale… »

C’est en 1562 que la présence de Savelli est notée à Toucy, en Auxerrois. Horace est présent au baptême de sa fille Edmée le 9 mars 1562, née d’une première alliance dont on ne connaît rien de plus. Pourquoi ce Savelli « natif de Rome et retiré en cestuy nostre royaulme pour y finir ses jours » aux dires des lettres de naturalité accordées en mars 1593 par Henri IV est-il venu s’installer à Toucy? La réponse a été apportée par une lettre adressée au cardinal Jules Savelli en 1641 par la mère Anne de Richouffz de St-Michel, du couvent de Chaillot, petite fille de « Messire Horace de Savelli ». Elle nous apprend qu’à la mort de Horace, son oncle était très jeune ; c’est de la bouche de son ami intime Mr de Richouffz, oncle de la mère Anne de Richouffz, qu’il apprit que Horace s’était battu en duel avec un grand seigneur d’Italie, et qu’il l’aurait tué sur place, l’obligeant à se réfugier en France où il vint avec un seigneur d’Italie nommé Gonzagues de Médicis. Quelques temps après, le Comte de Chaume, ayant été ambassadeur à Rome, connaissant son extraction, le pris avec lui et le maria en 1590 avec mademoiselle Charlotte de Montbeton, fille de Guy de Montbeton écuyer, seigneur de Celles en Champagne, et de Champeaux, fief situé sur la commune de Toucy. Ce mariage l’obligea à faire un séjour en France ; le Roi Henri IV lui donna ses lettres de naturalité, en le reconnaissant issu de l’illustre race des Savelli. La mère Anne de Richouffz note par ailleurs la similarité des armes utilisées par son grand-père (cachet de lettres) et des armes des Savelli Romains.

La généalogie des Savelli Auxerrois a été établie d’après les registres paroissiaux de Toucy, Thury, Lainsecq et Etais- La- Sauvin.

Horace Savelli eut une fille d’un premier mariage, et six enfants du second, dont Charlotte Savelli, mère d’Anne de Richouffz, Charles Savelli né en 1595 et François Savelli.

Charles Savelli est écuyer, capitaine des gardes du maréchal de Chatillon, et parrain à Toucy en 1647. Il aura quatre enfants dont Philippe Alexandre, parrain à Toucy en 1646 et décédé en 1698. Ce dernier est écuyer, seigneur de Champeaux et de son mariage avec Elisabeth de Biencourt est issue la branche « de Savelle » qui s’éteint à Toucy en 1745.

François Savelli est né en 1601. Il eu 6 enfants de son épouse Françoise de Soyer, dont Dominique Savelli, et Charlotte et Anne Savelli, toutes deux citées dans la généalogie de d’Hozier.

Dominique Savelli,  fils du précédent, est écuyer, seigneur de Champeaux en partie et de la Grangette. Il est déjà mort en 1712. Il épousa à Thury le 25 février 1667 Jeanne de Drouard, dame du Verger, fille d’Edme de Drouard seigneur de Curly, dont il aura quatre enfants, dont François Savelli, Dominique Philippe Savelli dit « le Prince », parti pour Rome pour briguer la succession des Savelli Romains, où il mourut, et Laurent Dominique Savelli, capitaine au régiment Royal Rousillon , Cavalerie en 1740, chevalier de Saint-Louis, qui épousa en 1749 Jeanne Françoise de Richouffz et mourut le 27 novembre 1765.

François Savelli, petit-fils du premier, est seigneur de Maupertuis en 1709-1726, et de la Guirtelle (Lainsecq). Il fût baptisé à Thury le 20 novembre 1670, et mourût chez sa fille dans le domaine du Colombier à Etais-la -Sauvin à un âge très avancé pour l’époque, en 1761.

domaine du Colombier à Etais-la -Sauvin

Il épouse le 31 Août 1706 à Brosses Elisabeth de Burdelot, fille de François de Burdelot écuyer seigneur de Fontenille, et de Marie de la Bussière. Veuf neuf ans après son mariage, il aura 4 enfants légitimes dont seules deux filles auront descendance : Marie Elisabeth, baptisée à Thury le 20 novembre1706, qui épouse à Lainsecq le 17 février 1722 Bon de la Borde, écuyer, seigneur du Faye et de Montillot ; Marie-Jeanne, baptisée à Thury le 19 novembre 1707, décédée au Colombier à Etais-la -Sauvin , domaine de son époux, pendant la révolution ; elle avait épousé le 7 janvier 1727, à Lalande, Nicolas François de Mullot de Villenaut, et son fils Louis Nicolas Mullot de Villenaut, marié à Elisabeth de la Borde, est l’ancêtre des Mullot de Villenaut  d’aujourd’hui.

le château de Montillot

Mais l’étude des registres de Montillot nous apprend que le 10 février 1749, lors de la publication des bancs de son mariage avec Claudine Guttin, un dénommé Morice Guiard né le 22 septembre 1721 de Marguerite Guiard demeurant à Etais-la -Sauvin, servante chez madame de Villenaut, et de père inconnu, ainsi qu’il apparaît sur son acte de baptême à Lain, près de Lainsecq, ce dit Morice Guiard est reconnu par son père François Savelli, écuyer à Etais-la -Sauvin, qui lui donne son nom. Sa femme ne survivra pas à sa seconde grossesse, ni ses enfants. Il épouse en seconde noces Jeanne Guilloux, en 1805, dont sont issus les derniers Savelly de Puisaye, orthographié en « Y », domiciliés à Montillot, et dont l’arbre généalogique avait été dressé d’après les registres conservés en mairie jusqu’à une date récente.

Pour la petite histoire, on note que c’est le 24 Juillet 1750, soient 17 mois après la reconnaissance de Morice Guiard-Savelli, qu’est dressé un acte de succession-partage entre vifs de François Savelli en faveur de ses deux filles, veuves, Jeanne de Savelli et Marie-Louise de Savelli « …ses deux filles et ses seuls enfants et héritiers …», conservé dans les archives du château à Montillot. Moyennant quoi les relations entre les deux branches légitime et illégitime de Montillot ont été normalisées, puisque l’on retrouve des parrains et marraines de la première pour la seconde, dans les générations suivantes…

Acte de Succession-Partage

des biens de François Savelli entre ses deux filles Marie-Louise et Jeanne

Monteliot 24 Juillet 1750

(traduction)

L’an mil sept cent cinquante le vingt quatre / Juillet a Monteliot après midy, en la maison de dame Marie Louise / de Savelly, veuve de Messire Bon de la Borde, et pardevant moy Vincent / Baudot, nottaire royal résidant et etably a Vézelay soussigné expres mandé / avec mes témoins cy bas nommés, est comparu en personne Messire / François de Savelly ecuyer Seigneur de Mauperthuy demeurant a present / a Monteliot chez laditte dame de la Borde, sa fille, lequel se voyant avancé / en age, et désirant laisser la paix dans sa famille, et craignant / la division entre les deux dames ses filles cy après nommées au sujet / du partage de ses Biens, il a résolu de son vivant de faire le partage / des Biens dont il jouy actuellement, Entredames Marie Louise / de Savelly, veuve du Sieur Bon de la Borde, et Jeanne de Savelly, / veuve de Nicolas Mulot ecuyer Seigneur de Villenault, Capitaine de Cavallerie / au Régiment Daumon, ses deux filles et ses seuls enfans et héritières / Pour a quoy parvenir, il a ordonné aux dittes dames ses deux filles / de faire entre elles l’estimation de ses biens dont elles ont connoissances / plus particulières que luy même. A quoyayans obeÿ, elles en ont / fait deux lots qui ont été tirés au sort par un enfant passant. /

Le premier desquels est écheu a la ditte dame Marie Louise de Savelly et sera / composé des biens cy après

Scavoir de la Terre et  Seigneurie de Mauperthuy, en quoy qu elle consiste / sans aucune reserve, seituées en la parroisse de Druye Election de Clamecy, / Monnante de Monsieur le Duc de Nevers, consistante en un domaine sans / bastiments, en un Terrier, Terrages, Bois, Buissons, chaumes et / Terres vaines et vagues.

Plusen un contract sur le Trésor royal suivant la quittance de finance / du quatre mars mil sept cent un, créé par Edit du mois de décembre mil sept / cent, produisant actuellement suivant la déduction par arrest du conseil du / onze octobre mil sept cent vingt trois, quatre vingt quinze livres cinq sols , lequel / contract quittance de finance, et arrest de reduction, le dit Sieur de Savelly a déclaré …///

///…estre actuellement entre les mains de Monsieur le Marquis Danlezy qui en / couche les arrérages depuis quelques années pour ledit Sieur de Savelly qui / a déclaré que le dit contract sur le Trésor Royal est, autant qu’il peut se le / rappeller, de la somme de deux mil cinq cent livres en principal.

Plus un contract de constitution de rente de vingt cinq livres par an au / vingt trois janvier, au principal de cinq cent livres créé au proffit du dit Sieur / de Savelly par contract reçu Joynon et Collin, nottaires, le vingt trois / janvier mil sept cent trente, controllé à Thury  le trente un du dit mois / par le Sieur Jacques De la Coudre, ecuyer, capitaine au régiment de Lachenelays, demeurant a Grangette, parroisse de Thury.

Plusd’une autre rente de cinq cent livres de principal aux arrérages / de vingt livres par an et deux poulets, payable au jour de Saint André / de chacque année, reconnue au proffit du dit Sieur de Savelly par contract / receu Bertrand, nottaire au duché de Nivernois, résidant a Tingy le / onze Septembre mil sept cent vingt six, controllé a Druye le vingt un / du dit mois par Trémeau, par Jean Goubinat, laboureur demeurant a la / Fontenelle, parroisse de Tingy; et en trois cent livres de soulte qui seront / payées par le lot cy après, ainsy et comme il sera dit.

Le Second Lot  est echeu a la dite dame Jeanne de Savelly, veuve Mulot / de Villenaut, et sera composé du bien de la Guiretelle, parroisse de Linsecq, / consistant en bastiments, prez, terres et vignes sans en rien excepter n’y / reserver, tel et tout ainsy qu’en a jouit le dit Sieur de Savelly, et qu’en / jouy actuellement ou doit jouir Edme Petit, fermier actuel, lequel lot rendra / et resoultera pour plus value au premier lot la somme de trois cent livres qui / seront payés au premier lot arrivé a la ditte dame veuve de la Borde après / le déceds du dit Sieur de Savelly; et faute de payer et rembourser les dits trois cent / livres trois mois après le dit déceds les interests au taux de l’ordonnance en seront // payés a compter depuis le déceds .

Les dettes que peut devoir le dit Sieur de Savelly sont a la charge des dittes deux / dames ses filles par moitié, et seront par elles payées après son déceds .

Se réserve positivement le dit Sieur de Savelly la jouissance sa vie durant / de tous les biens qui font la matière du present partage.

Ce fait, le Sieur de Savelly a fait venir les dittes deux dames ses filles ausquelles / de son ordre j’ay fait lecture en presence de mes témoins cy bas nommez …///

///… du partage cy dessus, et après avoir ouy la lecture, elles ont humblement / remercié le dit Sieur de Savelly leur père, loué, approuvé et ratiffiés le dit / partage et consenty chacune vis a vis d’elle qu il  ayson execution, sauf l’usufruit / des dits biens au dit Sieur de Savelly sa vie durant, se demettant dès a present / en faveur de ses dittes filles de la propriété des dits biens partagés, se reservant,/ de jouir et disposer des revenuës d iceux pendant sa vie ainsy qu’il  … , / ce qui a été unanimement consenty, convenu et accepté, entre toutes les partyes / qui ont déclarés que les biens présentement partagés sont de valeur y / compris les rentes, de neuf mil livres. Les lots seront garantis les uns / envers les autres de la garantie ordinaire. Car ainsyet ce promettant, et ce obligeant et ce renonçant, fait, lû et passé audit Monteliot en la maison / de la ditte dame Veuve de la Borde en présence de Me Claude Grossot de Vercy / conseiller du roy, Elu en l’Election de Vézelay, demeurant audit Vézelay, et de / Claude Porcheron, taillandier, demeurant en ce lieu de Monteliot, témoins / a ce requis et appellés qui ont signés avec les dittes parties et moy nottaire / susdit et soussigné. Ainsy signés a la minutte des présentes F.Savelly, / Savelly de la borde, Savelly de Villenaut, Grossot de Vercy, C.Pourcheron, / et Baudot, nottaire susdit et soussigné. A la marge est écrit « Controllé / a Vézelay le vingt huit Juillet mil sept cent cinquante, receu cinquante / quatre livres douze sols, sauf le suplément de drois de controlle a percevoir / sur l’excédent qui se trouvera de dix neuf cent cinq livres, principal de la rente / de quatre vingts quinze livres cinq sols, qui est surement d’un plus hault / principal, par la quittance de finance du quatre mars mil sept cent un, / énoncée audit partage , qui sera représentée en ce bureau a cet effet le plus / promptement que faire se poura par la dame de Savelly veuve du Sieur de la Borde .

Ainsy signé Duverger avec paraphe

                                                                                                  BAUDOT

…je reconoist avoire resue de madame de Vilenot ma tante ma portion des troix sans livere portée aus presand partage dou je la tiens quite

aux Coulonbier ce senque novambre mile sept cent souesante e un

                                                                                                   Boulé  

…nous sousigné Elizabete et Françoise de la Borde reconnaissons avoir reçu de madame de Villenaut notre tante la somme de deux cent livres portés au presant partage Sous quitance a Monteliot ce onze septembre mil sept cent soixante dix

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Montillot…et ses environs, de l’an 1500 à l’an 1800

André Buet †, mars 2017

« Après une longue période de guerres, de luttes intestines, de peste et de famine, la fin du 15ème siècle et le début du 16ème se présentent pour le royaume de France comme un retour à une ère de prospérité »(cf B.PUJO)

La riche Italie attire les convoitises ; sous le prétexte de reconquérir d’anciennes possessions, nos rois successifs Charles VIII, Louis XII et François 1er, franchissent les Alpes avec leurs chevaliers, atteignant Florence, Rome et Naples. Mais leurs victoires sont sans lendemain, en face de la puissance grandissante de Charles Quint et de son « Saint Empire Romain Germanique ». François 1er est fait prisonnier à Pavie en 1525 ; il est libéré par le traité De Madrid en janvier 1526.

En 1521, allant de Sancerre à Avallon, François 1er avait fait étape à Vézelay. L’abbé Dieudonné de Beduer sollicita auprès de lui la sécularisation de l’abbaye, l’affluence des fidèles étant de plus en plus incompatible avec la solitude permettant le respect des règles monastiques. Ce n’est qu’en 1537 que le pape Paul III accéda à cette demande présentée par le roi de France. La Madeleine devint une collégiale avec 12 chanoines et un abbé séculier.

Monteluot et ses fortifications (cf «Les fortifications de Montillot accordées par François 1er »).

Des places fortifiées existent depuis longtemps dans les vallées : autour de Vézelay et de sa position dominante, Pierre-Perthuis, Saint-Moré, Chatel-Censoir…

Mais même les villages « de l’intérieur » étaient perturbés :

–       Les guerres entre le roi de France et le duc de Bourgogne ont fait de l’Avallonnais, aire frontalière, une zone de combats.

–       Les multiples trêves libéraient des combattants qui, désoeuvrés et sans ressources, se répandaient dans les campagnes.

–       Des famines dues aux mauvaises récoltes jetaient sur les routes des milliers d’indigents, volant ou diffusant des maladies.

–       Pour éviter la contagion dans les périodes d’épidémie – surtout de la peste …- on exilait les malades à l’extérieur des bourgs…

La plupart des villages de la région ont donc obtenu du roi, entre 1520 et 1550, des « lettres patentes » les autorisant à se protéger par de hauts murs et des portes fortifiées : Tharoiseau, Asquins, Voutenay, Précy-le-Sec, Pontaubert…

Montillot, cadastre Napoléon

C’est en juin 1527 que les « habitans et manans » de Monteluot adressent leur supplique au roi François 1er. Celui-ci demande une enquête au bailli d’Auxerre et l’accord final est donné en octobre…Murailles, tours, fossés, canonnières, ponts-levis, barbacanes…sont autorisés.

Mais ces constructions devaient être faites sans subventions, au frais des villageois. En examinant les vestiges actuels, on ne peut donc s’étonner de la modestie de la solution retenue : un simple mur, – dont le tracé a imposé le dessin du village jusqu’au 19ème siècle -,avec des portes, aujourd’hui disparues, permettant le contrôle des entrées et sorties…

Les guerres de religion dans l’Avallonnais.

Au cours de la 2ème moitié du 16ème siècle, Vézelay « redevint une place forte, un lieu de violence et de haine ».

Le moine Luther, initiateur d’une « religion épurée », avait été excommunié en 1520. Ses idées avaient été reprises et développées par Calvin, qui s’était installé à Genève comme « pasteur de l’Eglise protestante ». En 1536. Il y fut rejoint par des disciples, dont Théodore de Bèze, originaire de Vézelay.

« Le protestantisme s’est implanté très tôt dans les vallées de l’Yonne et de la Cure, dans l’Auxerrois et le Morvan »(B.PUJO)…et les persécutions commencèrent (cf E.PETIT) :

En 1538, un médecin et sa femme « accusés d’hérésie et de secte luthérienne », sont brûlés à Auxerre, place de le Fénerie.

En 1542, un gibet est dressé à demeure à Vermenton.

Quelques années plus tard, le château de Girolles fut pris par une troupe d’environ  300 protestants qui rançonnèrent les habitants de la région.

Des églises réformées s’installent, en 1547 à Corbigny, en 1555 à Vézelay.

En 1560, la collégiale de Vézelay échoit à Odet de Coligny, cardinal de Châtillon ; en 1561, après avoir assisté au colloque de Poissy, – où Catherine de Médicis réunit en vain des responsables catholiques et protestants -, il se convertit à la religion protestante, est excommunié en 1563 et rallie l’armée huguenotte.

En mars 1569, une troupe de 12000 protestants s’emparent de Vézelay, puis, pillant et rançonnant les environs, prennent « Mailly-le-Château, Mailly-la-Ville et quelques forteresses de la Puisaye mais échouent devant Joux-la-Ville ».

A Asquins, ils massacrent le curé, ainsi que « des religieux franciscains et des catholiques réfugiés dans l’église ».

Après la paix de St Germain (8/8/1570), la garnison protestante de Vézelay rejoint La Charité, place forte accordée aux protestants par Charles IX.

Le 24 août 1572, St Barthélemy, à Paris, massacre de chefs protestants et de leurs partisans, plus de 3000 victimes.

La France se divise, entre des « ultra-catholiques » qui créent la « Sainte-Ligue » autour du Duc Henri de Guise, et le parti protestant, dirigé par Henri de Bourbon, roi de Navarre, – futur Henri IV .

Vézelay, avec comme abbé Louis de Guise, et en 1585 Joachim de Rochefort comme gouverneur, devient un bastion de la Ligue.

« En 1587, des Suisses et des Allemands, alliés des Protestants, traversent la Bourgogne et rançonnent Tonnerre, Mailly-la-Ville et Vermenton » (cf PUJO).

Le duc de Guise est assassiné en décembre 1588.

Une bataille près de Montillot  (cf PETIT et BAUDOUIN) : Au printemps 1589, un officier ligueur, François de Beaujeu, sieur de Jaulges, part d’Auxerre avec des troupes – infanterie, cuirassiers à cheval, arquebusiers et 2 pièces de canon -, et pour mission de conquérir les petites places de l’Auxerrois et de l’Avallonnais. Visant d’abord Mailly-la-Ville, il pille Migé et Chastenay. François de Rivière, seigneur de Champlemy, lieutenant général pour le roi en Nivernais, avait mis une cinquantaine de soldats pour défendre Mailly-la-Ville.

Joachim de Rochefort, gouverneur ligueur de  Vézelay, venu par le Sud vers Mailly, fut rejoint par les ligueurs d’Avallon, et « un engagement meurtrier eut lieu près de Montillot contre les troupes royalistes de Champlemy » (16 juillet 1589). La petite garnison de Mailly-la-Ville se rendit sans combat. Ensuite les Ligueurs incendièrent le village d’Annay-la-Côte et massacrèrent les habitants. L’approche de troupes royalistes les obligea à renoncer à attaquer Girolles et à se replier sur Auxerre.

 Le 1er août 1589 Henri III est assassiné par le moine Jacques Clément. Le 11 août, le duc de Nevers attaque le bourg fortifié d’Asquins, qui fut « livré au pillage et la garnison passée au fil de l’épée » (cf CHALLE). L’attaque de Vézelay est suspendue.

En 1590, Edme de Rochefort succède à son père et reste attaché à la Ligue jusqu’en 1593 et la conversion d’Henri IV ; les garnisons de Vézelay et Mailly-le Château se soumettent. Les habitants d’Avallon s’entêtèrent plus longtemps et ne cédèrent que le 31 mai 1594, par l’entremise d’Edme de Rochefort qui, après avoir franchi la Porte Auxerroise, fut « reçu par Sébastien FILZJEAN, le plus ancien avocat de la ville » (cf E.PETIT).

Mais le pays reste peu sûr ; plusieurs « capitaines » travaillent pour leur compte, pillant les villages…

Finalement, les royalistes reprennent en 1595 Epoisses, Montréal, Thizy, Girolles, Noyers, Arcy, Tharoiseau, Mailly-la-Ville, Châtel-Censoir…

Les guerres de la Ligue se terminent…mais en 1596 «  la peste sévissait avec une grande recrudescence à Avallon »… « les habitants se retirèrent dans les pays voisins » (cf E.PETIT), comme en 1588. ( d’autres épidémies ont été signalées en 1577, 1583 et 1586).

Après l’Edit de Nantes (13/4/1598), « la paix revient dans les campagnes » (cf PUJO) , et ensuite « les importants évènements qui se sont déroulés dans le royaume au cours du premier tiers du 17ème siècle n’ont guère eu d’écho sur la colline de Vézelay : l’assassinat d’Henri IV (1610),la régence de Marie de Médicis, la prise de pouvoir du jeune Louis XIII »…(cf B.PUJO). 

Les documents administratifs

Le 16ème siècle est marqué par le perfectionnement des organes de gouvernement, qui « donnent aux rois les moyens d’exercer leur autorité absolue » (cf Hist. Louis Girard).

Des lois organisent l’armée, les finances, la justice.

En 1539, par l’Ordonnance de Villers-Cotterets, François 1er prend 2 mesures importantes : il crée un « état-civil » en prescrivant aux curés d’enregistrer les baptêmes et les enterrements. Et il favorise l’unité linguistique du royaume en ordonnant l’emploi du français à la place du latin dans les actes judiciaires.

Tout cela s’ajoutant à l’expansion de l’imprimerie depuis le siècle précédent, bouleverse les conditions de transmission du savoir et élargit les publics.

Les actes administratifs  en particulier  se traduisent par des documents écrits, paraphés par des responsables, et archivés.

Plusieurs siècles plus tard, il nous est donc possible de  retrouver dans les rayons de nos « Archives départementales » – et, plus récemment, sur Internet – des actes de naissances, de mariages et d’inhumation, des contrats d’achat et de vente de propriétés….qui permettent de reconstituer la vie des familles de nos villages.

Enfin des nouvelles de Montilliot…ou Monteluot

En examinant systématiquement les Archives de l’Yonne, on a pu trouver et déchiffrer des documents de cette époque, relatant des évènements concernant des habitants de notre village.

L’impôt dû au curé par les paroissiens

On a – sous la cote ADY G2547 – une copie faite en 1722 d’un rapport de l’huissier de Vézelay Gabriel MILIER, « sergent royal à cheval », venu le 22 décembre 1571 faire connaître à chacun des chefs de famille de Montilliot la sentence du 7 août précédent prononcée par la Cour du Parlement de Paris, leur ordonnant de payer à la « vénérable et discrète personne Me Philipe Broté prêtre Bachelier en droit curé de l’Eglise paroissiale de la Ville et fauxbourg de Montilliot », « pour 3 années d’arrérages échues » :

  • Pour ceux d’entre eux « laboureurs et menans charrues », au nombre de 31 nommés: «  par chacun an au jour et fête de Saint-Rémi », « une quarte de blé seigle » et «  5 deniers tournois ».
  • Pour ceux « non labourans n’y menans charrues », au nombre de 54 nommés, « une quarte d’avoine » et 5 deniers. 

Incident aux Magnes-Vattaire

En 1595, le jour de la Pentecôte, Gilles Gay, Edme Laboureau et Gabriel de Lannes, armés de pied en cap, creusent des fossés pour détourner l’eau de la mare située aux Magnes-Vattaire,- propriété des chanoines de Vézelay -, et pour en détourner les poissons. Ils sont poursuivis par le bailli de Monteliot, puis par celui d’Auxerre…

17ème siècle  

Familles nobles du Vézélien.

Les Longueville et les La Borde

De nombreux documents conservés dans les archives privées du « château » de Montillot (maintenant déposés à Auxerre – fonds YAHER) ont pu être exploités, nous permettant de mieux connaître les familles nobles de notre région et leurs propriétés.

Par exemple, par un acte de 1614, le notaire T. PERNOT, de « Montelluot », établit un contrat d’amodiation (location avec bail), du moulin de Fontenille par son propriétaire Philippe de BURDELOT, « escuyer, seigneur de Fontenilles-les Forests (aujourd’hui le domaine de la COUR), paroisse de Brosses », au meunier Nicolas JOSMIER.

A partir de 1639, on trouve, rédigés et signés de Jean PERNOT, puis de Estienne GROSSOT, la plupart des documents de constitution du patrimoine terrien de cette petite noblesse locale.

On commence par Jacques de LONGUEVILLE, seigneur de Sarrigny (près de Poilly sur Tholon) qui, en 1639, habitait « en partie » à Montelluot

Il avait épousé Barbe de LA BORDE.  La Borde est aujourd’hui encore une grande bâtisse isolée, dans une petite plaine de cultures, au milieu des bois, à 2,5 km à l’ouest d’Asquins et à 4 km au sud de Montillot. Les LA BORDE ont pris le titre de « seigneurs de Montelluot » (sans qu’il s’agisse d’un « fief », les abbés de Vézelay restant les vrais « seigneurs »).

Un partage fait par Me Léger PINARD, notaire à « Asquien », le 29 Mars 1640, a attribué à Barbe de LABORDE un huitième des propriétés dites alors de « La Borde Roncin » ou « la Vieille Borde », comprenant bâtiments, vergers, jardins, colombier, terres, prés, bois, buissons et bestiaux, ceux-ci tenus par le métayer Estienne FORESTIER.

En juin 1639, Jacques de LONGUEVILLE avait acheté quelques terres, puis un ensemble plus important de propriétés, bâtiments et terres attenantes au lieudit « Toucheboeuf », – qui porte encore ce nom aujourd’hui – et qui était alors considéré comme un faubourg de « Montelluot », puisque situé au-delà du « Chemin de Ronde ». Il s’agit de l’emplacement du manoir actuel, manoir encore appelé « château » par les gens du village.

A l’époque, il y avait là un « bastiment… consistant en trois chambres, grenier dessus, un verger attenant, une cour, aysances et appartenances ». Prix d’achat : 155 Livres Tournois, payées comptant à Jacques JOYAULT, laboureur à Malfontaine, Anne JOYAULT et leurs époux, les précédents propriétaires.

En 1648 : Bon de LA BORDE, frère de Barbe de LA BORDE, habitant jusque-là à La Vieille Borde, achète les terres et bâtiments acquis par de LONGUEVILLE à Montillot de 1639 à 1641, pour 1000 livres Tournois. Il prend aussi le titre de « Sieur du Fez » (ou Fey, ou Faÿ) qui figure dans les actes à partir de mai 1648 (Le bois du Fey – dit aujourd’hui le Fège – est limitrophe des terres de Toucheboeuf).

Le dit « Sieur de LABORDE » habite Montelluot à partir de 1649 et ce jusqu’à sa mort, fin 1661 ou début 1662 ; il achète un certain nombre d’autres terres, la plupart dans le même secteur de Toucheboeuf, tandis que Jacques de LONGUEVILLE demeure à La Brosse Conche (aujourd’hui « la Brosse Conge »), près de Sermizelles.

Le 24 Juin 1659, un contrat d’achat d’une terre de Toucheboeuf à la veuve BERTOU est signé du notaire Jean PERNOT. A partir du 16 Novembre 1659, les actes sont signés « Estienne GROSSOT, nottaire tabellion Royal gardenottes contrôleur Héréditaire » à Montluot. Bon de LA BORDE continuera d’acheter des terres dans la plaine de Monteliot.

Les Savelli

Le 9 mars 1562, a été baptisée à Toucy, Edmée, fille d’Horace SAVELLI.

Celui-ci venait d’Italie, dont il s’était échappé après un duel, laissant pour mort son adversaire; il s’est remarié en 1590 avec Charlotte de Montbeton, de Champeaux, près de Toucy. Il a fait l’objet d’une « lettre de naturalité » du roi Henri IV en 1593. Horace était issu d’une très ancienne famille d’Italie qui, au 11ème siècle, avait donné à l‘Eglise les papes HONORIUS III et IV. Les registres paroissiaux de Toucy, Thury, Lainsecq et Etais-la Sauvin permettent de reconstituer la généalogie des Savelli de Puisaye jusqu’à nos jours. On y trouve plusieurs « seigneurs de Champeaux, Grangette, Maupertuis, la Guirtelle… ».

Certains d’entre eux se sont alliés avec des familles nobles de l’Avallonnais, tels que les BURDELOT, « seigneurs de Fontenille » et les LA BORDE, « seigneurs de Montillot et du Faye ». (NB: c’est le chanoine LEVISTE, de Sens, qui a publié en 1993 dans les Cahiers généalogiques de l’Yonne, un premier article intitulé « Des palais romains aux manoirs de Puisaye ; l’étrange destinée des Princes Savelli » .

Les autres notables

Edme BROTHEY, le curé guérisseur

C’est aux Archives Départementales d’Auxerre que l’on trouve un document manuscrit de 37 pages intitulé « Années 1602-1603. Procès-verbal des témoignages rendus en faveur d’Edme BROTHEY, curé de Monteluot, poursuivi à la requête des chirurgiens et barbiers d’Auxerre, pour raison des cures qu’il a faites ».

Il s’agit du deuxième curé identifié dans notre paroisse à la fin du 16ème siècle.

En plus de son ministère, il utilise largement ses dons de « rebouteux » au profit de très nombreux patients : il les guérit au moyen de manipulations et d’onguents ; il se déplace quand on l’appelle à l’aide ; mais il accueille aussi les malades en son presbytère, les nourrit et les soigne sans rien exiger des plus pauvres…

Dans ce procès-verbal, 15 témoignages sont transcrits par 2 notaires d’Auxerre pour assurer sa défense ; on trouve ainsi un drapier et un vigneron qui ont glissé sur la glace et se sont fracturés l’épaule, une servante tombée dans un escalier, une femme revenant des champs tombant de sa charrette dont le cheval s’est emballé, un charpentier tombé d’un échafaudage…

L’authenticité des personnages cités a été confirmée par l’exploitation des fiches de la Société Généalogique de l’Yonne (« Genea89 N°96).

Le curé COLLAS

Après les curés BROTHEY (ou Broté… ?), il y eut Jean POURCIER, inhumé dans l’église en 1634 ; Denis DELAPLACE, qui a participé en 1648 au baptême d’une cloche ; Edme ( ?) DELAPLACE, cité dans un acte notarié en 1653 ; X…PIOT, cité vers 1654 comme « curé de Montillot, recteur du Collège de Vézelay ; Lazare GOURLET, décédé fin 1671 et inhumé dans l’église ; et, de janvier 1672 à sa mort en novembre 1715, Guillaume COLLAS.

Nous disposons de quelques détails sur le ministère COLLAS aux Archives de l’Yonne, dans le dossier « Abbaie de Vezelai-Cure de Monteliot »(cote H1976) ; les textes originaux en latin , traduits au 20ème siècle, ont été transcrits en 2003 (doc ARCH0314 sous le titre « histoire de l’abbé Collas).

On sait ainsi que sa nomination a été proposée en janvier 1672 à l’abbé de Vézelay par les membres du chapitre de « l’insigne église de la bienheureuse Marie Magdeleine de Vézelay ».

On peut lire aux Archives de Saône-et-Loire un rapport rédigé par le curé Collas vers 1680 à la demande de l’évêque d’Autun sur « l’Estat de la parroisse de l’Eglise de Monteliot » ; « Saint Laurend martir » y est fêté le 6 mai… ; il y a 3 autels, « le grand autel, l’autel de la Ste Vierge et l’autre de Ste Brigide »…Tous les accessoires liturgiques y sont énumérés et décrits : ciboires, calices, chandeliers, chasubles, croix, lampes, images, nappes… « Le chœur de l’église est voûté. La neffe ne l’est pas. Il y a deux cloches…Le cimetière est attenant à l’église, fermé et une croix de bois au milieu »… « Il y a deux cent quarante cinq communians »…

Un autre rapport, daté d’août 1692, précise les ressources du curé desservant : « le revenu est de la portion congrue par composition faicte a l’aimable avec Messieurs du Chapitre de Vezelay qui possèdent les dixmes de bled et revenus de la dite paroisse d’où ils tirent près de six cent livres ». Une précision : « il y a une chapelle ruinée que l’on appelle vulgairement le prioré et qui a onze bichets et demy de bled, moityé froment et avoine, de rente…possédée par Messieurs du Chapitre de Vézelay ».

A citer aussi , deux rapports d’inspection de 1689 et 1692, rédigés par le curé de Saisy, archiprêtre de Vézelay, en présence d’habitants du village, dont « messire Dieudonné de Laborde, escuyer fabricien » ; constat : les instruments liturgiques sont bien entretenus …

Le curé COLLAS et la noblesse locale: l’affaire des bancs de l’église (à partir de 1698).

Chaque dimanche, Dieudonné de la Borde et sa famille – dont son épouse Elizabeth de Burdelot et leurs 4 enfants, avec sa sœur célibataire Germaine de la Borde -, assistent à la messe dans l’église St Laurent.

Depuis plusieurs dizaines d’années, une habitude est prise : en tant que seule famille noble du village, et bien qu’ils ne soient pas les vrais « seigneurs » de ce lieu, ils disposent d’un banc dans le chœur même de l’église. Mais la famille de la Borde, avec ses 4 enfants, devient « encombrante » et le curé COLLAS leur « remontre  que le chœur de son église était fort petit » et leur demande de reculer leur banc hors du chœur. Attachés à leurs privilèges, les de la Borde refusent et les incidents commencent : après des avertisssements en chaire, le curé, aidé par des paroissiens, retire le banc du chœur…Le curé se plaint par écrit à l’évêque d’Autun et de la Borde au Chapitre de Vézelay.

Les moines du Chapitre donnent raison aux de la Borde, tandis que l’évêché paraît sensible à la proximité de « personnes du sexe » vis-à-vis du pupitre du prêtre, parle « d’incommodité et de notable indécence », et propose un partage en deux groupes…

L’application de cette mesure fut très discutée, et on ne sait pas ce qu’il en advint avant le décès du curé COLLAS en 1715…

Pour plus de détails, voir sur le site l’article intitulé « L’affaire des bancs de Monteliot » rédigé en 1996 à partir de documents archivés au « Château ».

Le curé COLLAS rédacteur des registres paroissiaux

En 1539, François 1er avait ordonné l’enregistrement des baptêmes ; en 1579, Henri III exigea la tenue de registres de sépultures et de mariages. En 1667, Louis XIV définit plus précisément la rédaction des registres et prévoit la remise d’un double à l’administration civile ( le baillage). Ce dernier règlement fut mieux respecté, ce qui nous permet aujourd’hui de consulter dans tous nos villages des listes de baptêmes, mariages et décès datant de cette époque…Pour commencer,  le curé COLLAS nous rapporte le 9 avril 1672,  le baptême de 2 jumeaux, Edme et Jacques COUTURIER d’une famille de Tameron.Dans la période qui suit, – 1672 à 1699 soit 28 ans -, il a rédigé pour la paroisse de Montillot 948 actes, dont 467 baptêmes, 100 mariages et 381 sépultures.N.B. : Ces actes, comme ceux des périodes suivantes – jusqu’en 1823 – ont été transcrits dans des cahiers – 8 au total -, dont un exemplaire est déposé à la mairie de Montillot.

Le curé COLLAS et les chanoines de Vézelay

Le roi Louis XIV avait décidé en 1685 que les gros « décimateurs » – ceux qui prélevaient la dîme – devaient donner aux curés des paroisses de leur ressort une somme suffisante pour les faire vivre ; c’est ce qu’on appela la « portion congrue », qui était de 300 livres. Aussitôt que fut publié cet édit royal, le curé de Monteliot fit, par ministère d’huissier, sommer les chanoines de Vézelay de lui payer la portion congrue, s’offrant à abandonner en échange les biens qui dépendaient de sa cure. Le 6 juin 1686, les chanoines déclarent laisser au dit curé les revenus de sa cure et lui abandonnent en outre 30 bichets de grain pour parfaire le total de sa portion congrue.

Les notaires 

Toussaint FERRAND (1633-1704), époux de Marie DE TROTAS, après avoir été huissier royal.

Jean PERNOT a succédé à son père Jean PERNOT en 1634

Estienne GROSSOT : Sur de nombreux actes d’état civil co-existent les signatures du curé Collas de Maître Grossot, notaire et homme de loi, résident à Monteliot, parfois noté marguillier.

18ème siècle

Début de siècle à Vézelay

Dans cette période  « la colline de Vézelay vit entièrement à l’écart de l’histoire du royaume » (B.Pujo). L’abbaye a été attribuée en 1702, sur recommandation de Vauban à l’abbé de Tencin ( ensuite archevêque, puis cardinal, décédé en 1758) . En 1740, après la guerre de succession d’Autriche, arrivèrent à Vézelay et St Père des prisonniers hollandais. Durant l’été 1718, ne disposant pas assez d’eau à Vézelay pour éteindre un incendie, on a dû « défoncer des barriques de vin pour maîtriser le sinistre » ; la municipalité décida ensuite de construire 4 citernes pour recevoir les eaux pluviales…

1700: un nouveau maître est nommé à Monteliot (240 habitants).

…ce sont les archives de l’évêché d’Autun qui nous l’apprennent :  … « Les habitants ont nommé pour marguillier, chantre et maistre d’école dans la paroisse le sieur Guillaume DEFER » ; il sera rémunéré chaque mois par les familles en fonction de leur situation. Il n’est pas précisé si filles et garçons étaient ou non dans les mêmes classes ; l’Eglise ne le permettait pas à l’époque.

Voir détails dans l’article l’école publique à Montillot au 19ème siècle.

Le grand Hiver de 1709

Les historiens ont évalué l’effet des famines autour de 1,3 million de décès pour 1693-1694, et 600000 pour celle de 1709, soit 3% de la population de la France de l’époque. Nous n’avons pas de relation de l’hiver de 1709 à Montillot ; à la différence de certains autres curés, l’abbé COLLAS ne commentant pas l’actualité dans ses registres paroissiaux…

A proximité, nous disposons des « recherches historiques sur Asquins », de l’abbé PISSIER, curé de St Père de 1894 à 1934. Il  rappelle la lourde charge pesant sur le peuple à la fin du règne de Louis XIV et ajoute « le terrible hiver de 1709 mit le comble aux souffrances de tous ».

A partir d’octobre 1708, vent violent, puis pluies continues, alternant avec neige et gelées. « Le 6  janvier 1709, le froid redouble »… « blés et vignes sont gelés »… « pendant 35 jours, le froid est des plus intenses »…. « après ce terrible hiver la famine fut extrême »… « les pauvres ne vivaient que d’herbages et de racines…aussi vit-on partout une grande mortalité »….le 18 avril «  les paroisses de Vézelay, Asquins, St Père, Fontenay et Chamoux s’assemblèrent et allèrent en procession à St Lazare d’Avallon ».

Même constat dans la plupart des villages…Ainsi à Migennes, près d’Auxerre, un chercheur a relevé 11 décès en 1707, 27 en 1708 et 45 en 1709, dont 23 enfants au-dessous de 15 ans.

Plus impressionnants les chiffres fournis par l’historien Max QUANTIN pour Vermenton : « il mourut en cette année 1709, du 1er janvier au 31 décembre, 319 personnes »

A Montillot, il y avait eu une pointe importante en 1704 : 43 décès dont 22 enfants, la cause en est inconnue… seulement 17 en 1708 et 1709, dont 11 enfants (9 de moins de 2 ans…).

état civil de Montillot, 1700-1709

1752- Contestations des habitants de Montillot

Lorsque les habitants du village, à la suite de la sécularisation de l’abbaye de Vézelay en 1537, furent devenus les vassaux des chanoines, ils se crurent affranchis de certains impôts, – droit de bourgeoisie, droits de corvée, taille…-, et refusèrent de les payer à leurs nouveaux maîtres. D’où des contestations périodiques, sanctionnées par des condamnations,  jusqu’à la Révolution.

L’une des dernières, en 1752, concernait le paiement de la taille : le 30 mars, à la requête du Doyen du Chapitre, Jacques DAILLY, premier huissier audiencier à l’Election de Vézelay, apporte à chacun des 55 chefs de famille de Montelliot, l’assignation à payer ce qu’il doit…Le document présentant la liste des destinataires nous permet de connaître les métiers de chacun d’eux (ils sont reportés dans le doc ARCH0303 intitulé  « Noms de familles relevés à Montillot aux 16ème, 17ème et 18ème siècles ») ; on remarque qu’on trouve au bourg surtout des manœuvres, des laboureurs et des blatiers – ou blatayers, des marchands de grains -…et au « Vaudongeon », – alors dans la paroisse d’Asquins -, surtout des vignerons… ; on imagine les « côtats » plantés de vignes à cette époque…

1767- Incident dans les bois de Brosses

Le 18 juin, le troupeau des frères BERTHOUX, laboureurs demeurant à Bouteau, a été surpris par des gardes, en train de paître des jeunes pousses de chêne.

La propriétaire Edmée Françoise de la Borde, domiciliée au « château » de Montillot, fait convoquer les contrevenants devant la « Justice et seigneurie de Malfontaine, Fontenille les Forests, Bouteau et dépendants ». A l’époque de Louis XIV, il y avait en effet à Malfontaine, ainsi qu’au Gué de Combre voisin, de l’autre côté du ru de Brosses, plusieurs maisons, et même un notaire…

Les pièces de ce dossier ont été conservées dans les archives du « château ».

Les BERTHOUX expliquent d’abord qu’ils étaient seulement de passage, évitant un chemin impraticable ; mais au cours d’une visite commune des lieux, ils sont confondus par les gardes. Le 28 août , en audience à Malfontaine, ils sont condamnés à une amende de 15 livres. Ils refusent de payer et font appel auprès du baillage d’Auxerre. Cet appel est jugé non valable à Auxerre et reporté vers le Procureur général du Roy aux Eaux et Forests de France à Paris …Nous ne connaissons pas la suite…( voir plus de détails sur l’article intitulé : « huit bœufs et une vache dans un bois taillis »). Aux Archives de l’Yonne, on trouve le texte d’une sentence délivrée en 1648 par ce même organisme royal pour un délit aussi insignifiant commis dans les bois de Vaulanne….

1768- Anecdote : les habitants du Vaudongeon veulent une chapelle .

L’église d’Asquins, leur paroisse, se trouvant à plus de 3 km, les représentants des 42 ménages du Vaudongeon, avec l’accord de leur curé B.GROGNOT, adressent à l’Evêque d’Autun une « supplique » exposant les difficultés  qu’ils rencontrent, surtout en hiver, pour se rendre à la prière, et demandant la construction d’une chapelle toute proche. En juillet 1768, l’archiprêtre de Vézelay est allé sur place et a reconnu le bien fondé de cette demande.

La chapelle a donc été construite vers 1770.

En fait, cette chapelle, si ardemment souhaitée par les habitants de ce hameau, n’aura été un lieu de culte qu’une vingtaine d’années. Car la Révolution est arrivée, les biens ecclésistiques ont été nationalisés ; l’adjudication définitive de ce bâtiment à Denis COLAS, cultivateur, a eu lieu en 1799.

Le document ARCH0313 présente les détails de cette affaire sous ce même titre, ainsi que la liste des propriétaires successifs jusqu’à nos jours.

1789 – Début de la Révolution. Le cahier de doléances de Montillot.

Les cahiers de doléances ont été écrits, à la suite de l’ordonnance royale du 24 janvier 1789, par la Noblesse, le Clergé et le Tiers-État, pour servir à l’assemblée des États généraux convoqués par Louis XVI, le 1er mai 1789.

Les « habitants de la paroisse et communauté de Montillot » ont donc rédigé un « cahier des plaintes et doléances » pour « proposer tout ce qu’ils croient utile pour le bien général du royaume ».

Le texte intégral en a été reproduit dans le « Bulletin de la Sosiété des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne » de 1885.

Retenons-en les points principaux…

  • Il faut supprimer les trop nombreux intermédiaires chargés de la collecte des impôts.
  • Il faut supprimer certains impôts : les « aides » qui gênent le commerce et les « gabelles »qui font le sel « trop cher pour les gens de la campagne ».
  • …Créer un impôt territorial fonction du seul revenu des propriétés.
  • …Simplifier et unifier les procédures de justice, dont la durée «  ruine quelquefois les parties ».
  •  …Que l’impôt appelé « droit de corvée » récemment créé, soit utilisé pour l’entretien des chemins publics.

Le 15 mars 1789, ont signé 17 habitants : P., L. et Charles Carillon ; E. Pernot ; Jean Brisdoux ; C. Guilliou ; Marcelot ; M. Porcheron ; D. et P. Guilloux ;  Pernot ; G. Luly ; A. Mercier ; P. Degoix ; Defert ; Defert (ancien praticien).

1789-1790 – La Révolution à Montillot : nationalisation des biens ecclésiastiques.

Il s’agit d’une décision prise par l’Assemblée Constituante le 2 novembre 1789 dans le but de renflouer les caisses de l’Etat : « Tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation »… Ils prennent le nom de « biens nationaux ». Il en résulte des opérations étalées sur une dizaine d’années au moins : inventaires, estimations et adjudications, avec une comptabilité rigoureuse…

Les biens « nationalisés » appartenaient sous l’Ancien Régime, soit au Chapitre de Vézelay, soit à la cure de Montillot, soit à la fabrique, – organisme de gestion (entretien de la nef et autres biens rattachés à l’église) composé d’un groupe d’habitants élus-.

Les acheteurs sont, soit des bourgeois de la région, soit, souvent regroupés, les paysans et laboureurs du village, nos ancêtres…

Les dossiers de ces opérations sont classés aux ADY-série Q.

On en relève ici les points caractéristiques :

  • Le 1er septembre 1790 : inventaire des biens de la cure et de la fabrique, dont l’église du village et la chapelle du Vaudongeon.
  • En juin 1791, estimation des biens de la cure de Montillot.
  • En décembre 1791, adjudication définitive des biens de la cure de Montillot, partagés entre des notaires de la région et des habitants du village.
  • En juin 1791, adjudication définitive des biens du Chapitre.
  • En janvier 1794, inventaire du mobilier de l’église par un délégué du district d’Avallon.
  • En janvier 1795, adjudication définitive des biens de la Fabrique à des habitants du village.
  • En juillet 1796, adjudication définitive du presbytère (proche de l’église) au citoyen François MAUPIN.
  • En juin 1799, estimation de la chapelle de Vaudonjon.
  • En juillet 1799, adjudication définitive de la « chapelle du Vaudongeon » à Denis COLAS et 3 autres cultivateurs.

1789-1790 : Réorganisation de l’Administration civile.

En novembre et décembre 1789, l’Assemblée Constituante a supprimé les provinces et créé 83 départements divisés en districts et eux-mêmes en cantons.

Le 14 décembre 1789, sont créées les communes.

Vézelay devient chef-lieu de canton, avec les communes de Asquins, Givry, Blannay, Foissy, Pierre-Perthuis, Fontenay, Domecy-sur Cure, Tharoiseau.

Montillot, agrandi du Vaudonjon et des Hérodats, est rattaché au canton de Châtel-Censoir – devenu « Sensoir sur Yonne », qui sera supprimé sous l’Empire (1801).

Le premier maire élu pour 2 ans en janvier ou février 1790, selon la procédure  définie par l’Assemblée Constituante – élection par les citoyens « actifs » imposés au dessus du seuil de 10 journées -, fut Louis Nicolas Marie MULLOT de VILLENAUT, propriétaire du « château » depuis son mariage en 1771 avec Elizabeth de la BORDE, fille de Bon de la BORDE et de Marie Louise SAVELLI .

 Pierre CARILLON lui succède début 1792, et le maire précédent est désigné comme « officier public » chargé de dresser les actes d’état-civil. Ensuite, selon leur disponibilité, on trouve d’autres rédacteurs des actes : Jean PORCHERON, Antoine Jacques DEFERT, Jean BRISDOUX …

1790 : nouvelle organisation du Clergé.

L’Assemblée Constituante, emportée par son élan réformiste a voulu calquer l’organisation de l’Eglise de France sur celle du royaume ; de plus, elle a voulu « libérer » le Clergé de l’autorité du pape, considéré comme « puissance étrangère ».

Le 13 février 1790, les Constituants s’attaquent au clergé régulier : la loi ne reconnaît plus les vœux monastiques perpétuels et supprime les congrégations où les vœux solennels étaient prononcés. Les moines sont incités à démissionner.

Le 12 juillet 1790, une loi définit la « Constitution civile du Clergé » et réorganise le clergé séculier.

Il est créé 10 « arrondissements métropolitains » avec des « évêques métropolitains » et 83 évêques (un par département). A tous les niveaux, les titulaires deviennent des fonctionnaires de l’Etat, élus comme les députés,  et doivent prêter serment « à la nation, à la loi et au roi », sous peine de poursuites. Ces mesures entraînent des troubles importants dans certaines régions. Mais dans le district d’Avallon, 7 prêtres seulement sur 70 refusent de prêter serment…

L’abbaye de Vézelay est particulièrement pénalisée par les lois révolutionnaires .

Le Chapitre, organe de gestion des villages de la « poté », – dont Montillot -, est dissous. Ses propriétés deviennent « biens nationaux » ; l’inventaire en est fait en mars 1790. Les chanoines ne prêtent pas serment, mais ils ne sont arrêtés qu’en 1793 . Dix chanoines sont condamnés à la déportation. Les 2 paroisses de Vézelay, St Pierre et St Etienne, sont dissoutes et leurs églises fermées.

A Montillot, le curé de la paroisse Jacques Anne DESAUTELS, avait succédé à l’Abbé GOUREAU en janvier 1764 . Les actes de baptême, mariage et sépulture sont écrits par lui sur les registres paroissiaux jusqu’en octobre 1792 , l’Assemblée Législative ayant confié aux Municipalités le 20 septembre 1792 la tenue de « registres d’état-civil ». Comme la majorité des prêtres de l’Avallonnais, il a prêté serment à la Constitution.

En juillet 1795, on retrouve l’écriture du curé DESAUTELS, se présentant comme « secrétairegreffier, au deffaut de membre du Conseil Général qui sache écrire ». Il meurt le 18 Août 1796 à Montillot à 78 ans.

Les comptes de gestion de la commune de Montillot en 1789 et 1790.

Ce document a été rédigé puis archivé par son auteur sous le titre « Compte que rend aux citoyens formant le Conseil général de la Commune de Montillot le Citoyen Nicolas Villenaut, maire de la dite commune pendant les années 1789 et 1790 ».

L’exploitation détaillée de ce texte a été effectuée dans le document ARCH9828., sous le titre « comptes de gestion de la commune de Montillot en 1789 et 1790 ».

Il s’agit d’une comptabilité sérieuse des recettes et dépenses :

–       Les recettes proviennent de la vente de coupes de bois communaux.

–       Les dépenses sont liées aux besoins courants de la communauté : entretien des chemins, transport de matériaux, achat de mobilier, paiement des gages des employés, règlement des impôts dus par la commune…

Une autre partie de ces archives réunit les lettres adressées au maire par les autorités de tutelle : il s’agit à cette époque des Services administratifs de la Généralité de Paris, représentés par « le Sieur MACART d’ARC, Sous-Chef du Bureau des Domaines du Roi ».  Les premières lettres de cet organisme sont adressées au ‘Sindic de la Communauté de Montillot et Vaudonjon », et, à partir de 1790, au « Maire de Montillot».

Ce fonctionnaire contrôle dans les moindres détails les comptes de la commune.


Anecdote : 5 avril 1793 – César Lavirotte, futur inspecteur des finances, arrive à pied à Montillot.  

Un historien amateur de Côte d’Or, M. Bernard LEBLANC, – qui s’est intéressé aux personnalités originaires du canton d’Arnay-le Duc -, a attiré en  2003 l’attention de la mairie de Montillot sur la publication récente par les éditions « la Vouivre » d’un ouvrage où notre village était cité.Il s’agit d’un manuscrit ancien rédigé par un dénommé César LAVIROTTE ( 1773-1859), né à Arnay-le-Duc dans une famille de la petite noblesse provinciale, qui, après une formation en école d’artillerie, passa d’abord 17 ans aux Armées, sous le Directoire, le Consulat et l’Empire. Recruté ensuite vers 1810 dans le corps des Inspecteurs du Trésor, il prendra sa retraite d’Inspecteur des Finances 1ére Classe en 1830, puis sa retraite définitive en 1846. Il est élu maire de Champignolles en 1852.Ce sont 2 inspecteurs des Finances qui ont retrouvé son manuscrit à la fin du 20ème siècle.Etant royaliste, il eut quelques problèmes pendant la Révolution, et dut échapper plusieurs fois à des poursuites…C’est ainsi qu’en 1793, il chercha refuge auprès d’un ami de son père, Mr de Villenaut, à Montillot. Il raconte dans ses Mémoires : « Enfin, après trois heures de marche dans ces pays inconnus de moi, j’atteignis le village de Montillot situé au milieu d’une plaine fertile… ».Son récit nous présente des « instantanés » très vivants de l’intérieur d’une maison de Montillot il y a plus de 2 siècles ; les personnages nous sont connus : à côté du maître de maison, son épouse Edmée de la Borde, sa mère Marie Jeanne de Savelly, sa fille Françoise Mullot de Villenaut… L’article du site Internet retrace l’évolution des bâtiments du « Château depuis le 17ème siècle).En octobre 2009, a été commémoré à Champignolles le 150ème anniversaire de la mort de César Lavirotte.