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César LAVIROTTE à Montillot

Commentaires divers (A. Buet †).

Le propriétaire actuel du manoir qui fut le « Château de Montillot » a bien voulu nous apporter, d’une part un commentaire, d’autre part une réponse à la question d’une internaute.  

1)- le commentaire : notre correspondant a été frappé de la ressemblance entre les aventures de jeunesse de LAVIROTTE et celles de son contemporain Henri BEYLE (1783-1842), devenu plus tard écrivain célèbre sous le nom de STENDHAL

… «    Même rôle dans la cavalerie à la suite d’un général protecteur, emploi similaire dans l’intendance, convalescences « au pays », vie mondaine en pays occupés – Italie, Saxe, Autriche…- « il ne manque que l’ennemi », écrit-il à sa sœur ! -. Et pour finir tous deux hauts fonctionnaires, l’un à l’Inspection des Finances et l’autre dans les Chancelleries, après être passé par le Conseil d’Etat du petit Corse… Et les exils à Autun et Civita-Vecchia ont bien des points communs ».

Notons qu’après de nombreux spécialistes «    beylistes »    et autres auteurs connus, – tels que Prosper MERIMEE (son ami…), André François-Poncet, Léon BLUM, Claude MAURIAC…- Jean LACOUTURE a publié en 2004 une nouvelle biographie, « Stendhal, le bonheur vagabond » (Seuil).

Et notons aussi, que si LAVIROTTE n’a laissé que quelques pages de mémoires, STENDHAL a beaucoup écrit : une abondante correspondance, des récits de voyage, des romans …Mais son œuvre littéraire ne fut reconnue que 50 ans après sa mort.

Avec LAVIROTTE, il avait aussi en commun l’amour des femmes – en particulier des Italiennes – ce qui lui valut, très jeune, une M.S.T. de l’époque qui abrégea sa vie , et une expérience approfondie des passions, qui lui permit une analyse fine de l’éclosion « de l’Amour » , baptisée par lui « cristallisation » ( par analogie aux cristaux brillants qui apparaissent petit à petit sur une branche jetée dans une mine de sel du Salzburg), et que l’on trouve encore dans les ouvrages de psychologie …

2)- la réponse à la question posée par une internaute icaunaise qui connaît Montillot – peut-on retrouver le « long bâtiment presque neuf » de 1793 – cité par César L. – dans les constructions d’aujourd’hui ? – est fournie par la photo actuelle du manoir et de ses dépendances, annotée et corrigée par le propriétaire selon les indications d’actes notariés anciens et les observations effectuées sur la structure des murs et des fondations.

L’histoire d’une maison.

le château, actuellement
les bâtiments anciens dits du gardien, actuellement

13 juin 1639 :

Devant Me Dieudonné GRINEAU, notaire à Vézelay, Jacques JOYAULT, laboureur à Malfontaine (/Brosses) et sa sœur Anne, épouse DEBUSSET, vendent à Jacques de LONGUEVILLE, «    escuyer Sieur de Sarrigny »  et à sa femme «    Damoiselle Barbe de LA BORDE », 

« ung bastiment assiz aux faubourgs de Monteluot appelé Toucheboeuf, consistant en trois chambres, grenier dessus avec le verger y attenant, et cour devant du gros du dict logis, aysances et apartenances… »    Plus «    ung verger assiz au dict lieu …tenant d’un long au grand chemin qui va de Monteluot au Faye, d’autre au chemin allant au puitz de Toucheboeuf » …plus quelques autres terres et vignes. Le paiement étant effectué avec une somme héritée d’une aïeule de Barbe de LA BORDE, la propriété « demeure propre à la dicte de LA BORDE ». Ce bâtiment, – le plus ancien – appareillé à la terre d’arène, existe toujours. Jusqu’en 1980, il comprenait trois chambres, – cuisine comprise – grenier et cave. Il était – toiture mise à part – pratiquement dans le même état qu’au 17ème siècle.

30 mars 1648

Devant Me Edme Massé, notaire à Blannay, Jacques de LONGUEVILLE vend pour 1000 livres tournois à son beau-frère Bon de LA BORDE l’ensemble des propriétés qu’il a acquises à Monteluot depuis 1639, dont la maison de Toucheboeuf. Le dit « Sieur de LA BORDE » habite Monteluot à partir de 1649, jusqu’à sa mort, vers 1662. La propriété de Toucheboeuf revient à son fils Dieudonné, né en 1647 à la Borde, dans la paroisse d’Asquins. Lui-même, marié en 1674 avec Elizabeth de BURDELOT, de Brosses, eut 9 enfants, dont 3 survivaient à son décès en 1724.

18 février 1724

Devant les notaires DEFERT et GROSSOT est effectué le partage des biens de Dieudonné entre Magdelenne, Simon et Bon de LA BORDE.

C’est à ce dernier que revient la maison où est décédé son père, « consistante en chambres basses… grenier dessus, cave, granges, étables, batiment de pressoir…colombier, …le tout enfermé dans une cour …vergers, terres labourables, prés, vignes … ». Peut-être y-a-t ’il déjà une prolongation vers l’ouest, amorce du grand bâtiment d’un niveau ? Tout cet ensemble, peu remanié, existe encore, sauf les nouvelles chambres de l’ouest qui seront démolies au 19ème siècle.

Vers 1750

Le bâtiment est prolongé de 30 m vers l’ouest, toujours sur un seul niveau, couvert d’un grenier et de galetas.

La cuisine est reportée à l’extrémité Ouest, jouxtant la salle de séjour.

5 avril 1793

C’est ce «  long bâtiment presque neuf au milieu d’une touffe d’arbres »    que découvre LAVIROTTE en arrivant à Toucheboeuf. En fait, seule l’aile Ouest est récente.

1810-1820

On dispose – grâce à Napoléon ! – du premier cadastre et de la première information graphique sur le domaine de Toucheboeuf.

Ce plan omet les annexes, tel le colombier, qui existent déjà depuis près d’un siècle, mais figure, isolé sur le côté ouest de la cour, un long bâtiment qui pourrait être « écurie-grange-étable ». Il disparaîtra au 19ème siècle lors de la création du jardin devant la maison principale à la place de la « cour agricole ». L’épaisseur des murs de cette aile (80 à 100 cm) atteste d’une construction du 18ème siècle appareillée à la terre d’arène.

 La suite ?

Vers 1850 : 

Transformation radicale : la partie Est de la nouvelle aile est démolie pour séparer les vieux bâtiments à destination agricole du corps de logis Ouest destiné à une occupation bourgeoise. Un étage est construit sur la partie restante de la nouvelle aile, comprenant quatre chambres desservies au Nord par un couloir. La toiture est à 4 pans, réutilisant la poutraison ; des mansardes sont ouvertes dans le comble.

Cette maison prend l’allure d’une classique demeure bourguignonne du 19ème siècle. Les anciens bâtiments du 17ème, cernés par une cour privative, gardent leur vocation agricole jusqu’au début du 20ème siècle, lorsqu’ils sont affectés au gardien-jardinier, les domestiques étant logés dans les mansardes de la maison principale. Elles ont remplacé le galetas qu’a connu LAVIROTTE à l’étage inférieur.

En 1923 

Construction sur le pignon Ouest de la maison principale d’une tour carrée d’un étage sur cave et citerne, et d’une tourelle semi-circulaire sur la façade Nord, donnant accès à la fois à la cave et à la chambre du 1er étage de la tour.

Fin 20ème siècle : adjonction de 2 pièces en rez-de-chaussée sur la façade Nord, nouveaux hangar et garage et enfin modernisation de l’ensemble Est, devenu le pavillon de la gardienne du domaine.

De l’ensemble des bâtiments qu’a connus LAVIROTTE, subsistent avec des remaniements modérés concernant l’aspect extérieur :

  • Le groupe du 17ème siècle dans son intégralité (le « pavillon »).
  • Le rez-de-chaussée de la maison principale, à l’Est de la Tour carrée et de la Tourelle.